Le musée expose des oeuvres de la première manufacture de porcelaine de Vienne créée en 1718 par Claudius Innocentius du Paquier. En 1744, celle-ci devient propriété impériale. Les porcelaines baroques du fondateur sont exposées à côté de pièces datant des époques roccoco, classique et Biedermeier. Ne sont exposées que les oeuvres créées avant l’année 1864 qui voit la fin de la manufacture de porcelaine impériale.
En boutique sont présentées à la vente les oeuvres récentes.
Partie haute du four (1870-1980) au centre de l’exposition
Les figures en porcelaine sont de réalisation des plus difficiles. Chaque section de la pièce a son propre moule. Les sections sont assemblées et maintenues par des ponts stratégiques afin d’éviter la fragmentation pendant la cuisson à basse température du dégourdi. Ensuite vient la pose de l’émail et des décorations colorées qui sont déposées au-dessous de l’émail ou par-dessus. Enfin vient le polissage.
Homme écrivant une lettre d’amour (18ème)
L’ARCANUM: la vraie porcelaine requiert 3 composants essentiels : l’argile blanche chinoise ou « kaolin », nommée d’après la montagne chinoise Gao Ling (50%); le quartz qui constitue le squelette de la pâte (25%); et le feldspath ou « pierre chinoise » au titre de fluidifiant (25%). Après lavage, le mélange est remué, battu, puis stocké pendant plusieurs mois avant d’être tourné, moulé, modelé ou sculpté. La première cuisson entre 900 et 1000°C transforme la pâte en un corps dur. La pièce peut alors être trempée dans l’émail et être décorée avec des couleurs sous-émail. La cuisson à haute température de 1400°C crée un corps dur et très dense de porcelaine qui se rétracte d’environ un cinquième. Une décoration sur-émail au crayon ou à la brosse avec des émaux colorés peut être appliquée sur l’émail et cuit en une ou plusieurs fois à 900°C. Pour la dorure, la poussière d’or est appliquée en mélange avec de l’huile de clou-de-girofle et cuit aux environs de 700°C.
Fin 18ème, les décorations s’enrichissent de motifs floraux ou animaliers.
La manufacture impériale de Vienne ferme en 1864.
En 1923 est créée la nouvelle manufacture Augarten AG.
Dans la boutique sont présentées les créations récentes
L’expo temporaire: « Earth and Soul »
met en valeur les oeuvres de l’artiste japonais Ohi Toshio Chozaemon XI, né en 1958, successeur d’une lignée de potiers de la cérémonie du thé depuis le 15ème siècle, dont l’oeuvre est principalement centrée sur les « tea-bowls ».
Un peu d’histoire: en 1666, le 1er Chozaemon, fondateur de le la célèbre famille d’artistes arrive à Kanazawa avec le maître de la cérémonie du thé Senso Soshito et commence à travailler avec de l’argile locale de haute qualité au village éponyme de Ohi. Très estimé pour son travail, il reçoit en cadeau un émail de couleur d’ambre de la famille Raku de Kyoto. Le principe était et persiste encore aujourd’hui de créer de la beauté, mais aussi un trait-d’union avec les traces de ce qui caractérise les formes et les surfaces des céramiques issues de l’esthétique wabi avec ses irrégularités et sa spécificité.
Atelier de Toshio Ohi à KanazawaToshio Ohi Chozaemon XI
Ci-dessous quelques exemples d’oeuvres exposées:
Commentaire: on est frappé par la différence presque caricaturale entre les pièces en porcelaine de la manufacture d’Augarten et les oeuvres de Tohio Ohi.
D’un côté, des statuettes, des assiettes, des pièces extrêmement fines, subtilement décorées, témoignages d’une période de l’histoire aux goûts raffinés.
De l’autre, des oeuvres que je califierais de « telluriques » avec des surfaces irrégulières, de couleur ambre ou dorée, issues d’une tradition séculaire de la cérémonie du thé.
Clin d’oeil : Toshio Ohi a créé, pour l’occasion de cette exposition, des pièces fines « dans l’esprit de Vienne », manière de montrer qu’il sait faire mais que sa culture est différente
07/01/2025 Achat d’un nouveau four électrique pour préparation des émaux
La création d’émaux nécessite de faire de multiples essais sur de petits volumes, sur des tuiles, des tessons et les fours électriques de 100L de l’atelier ne sont pas adaptés à cette utilisation.
Je cherche un four de 15 à 20L max, vertical ou frontal montant à 1300°C et dont le programmateur pourra me donner 6 programmes sur au moins 10 segments. Je souhaite aussi pouvoir faire varier la décroissance de température. Enfin, il doit permettre d’établir des paliers en descente comme en montée de température. Après enquête, je suis allé à Ceram Décor à StAgnan (Tarn) où j’ai commandé le Top16R de Nabertherm de contenance 16L, avec programmateur adéquat. Installation prévue dans 2 semaines.
Composer ses propres émaux est un travail de recherche et de laboratoire.
I/ Prenons un exemple concret qu’on appellera OA (Oak Ashes)
Objectif: créer un émail noir ou brun sombre, mat ou semi-mat à partir de cendres de chêne sur grès GSA ( grès de St-Amand ) La composition moyenne du GSA est : Si02 72,07-Al2O3 19,29- MgO 0,4 – Na2O 0,15 – CaO traces – K2O 2,07 – F2O3 1,95 – MnO 0,02 – TiO2 1,18) . Noter qu’elle contient 1,95 de Fe2O3 qui interagit avec l’émail. On essaiera aussi sur un grès blanc W11 (Ceram Decor).
Ia /Le travail de recherche : * Composition de base / **Ajout d’oxydes–
* la composition de base
Pour les émaux sombres, je choisis d’utiliser un émail dont la base sera : cendres de chêne 33% – Feldspath ice 33% – Kaolin 33%:
Composition des cendres de chênes de Céradel : SiO2 1- Na2O 2- K2O 35- MgO 17- CaO 23- P2O5 17- MnO 3- Fe2O3 2
Les 3 éléments de base pour appliquer le diagramme de Daniel de Montmolin sont: 0,4 KNaO / 0,28 CaO / 0,29 MgO : cet émail s’inscrit dans le diagramme N° 36
Dans ce diagramme, on place en ordonnées 1,36 SiO2 et en abcisse 0,39 Al2O3. Le rond rouge à l’intersection montre que cet émail est à l’intérieur du tracé. Ceci signifie que le champ de fusion de l’émail est optimal pour la fusion entre 1280° et 1300°. S’il était plus à gauche de la ligne verticale du diagramme, il serait nécessaire d’utiliser une fritte qui apporterait des alcalis.
Deux observations importantes:
Observe les 2 ratios donnés dans Glazy : 1/ ratio SiO2:Al2O3 = 3,46 placé en étoile dans le diagramme de Stull au sein des émaux de type mat ( ratio SiO2/Al2O3 <4 = mat, ratio ratio SiO2/Al2O3 >5 = brillant). 2/ ratio R2O : RO = 0.40 : 0.6 Ce ratio détermine la stabilité de l’émail se rapprochant du « nombre d’or » expliqué par Joëlle Swanett R2O: RO = 0.3 : 0,7
Note bien que la cendre de chêne contient du phosphore en quantité non négligeable. Le Phosphore agit dans les bleus de fer en oxydation « pour une concentration de 0,05 à 0,075, en maintenant la couleur et en intensifiant l’opacité de l’émail » ( cf Daniel de Montmolin page 196). Il paraît inutile d’en ajouter mais on va quand-même en faire varier la concentration pour en juger en ajoutant de la cendre d’os . Sa suppression donnerait un vert-bouteille pâle.
** L’ajout d’oxydes = choix de la couleur.
Le livre de John Britt sur les émaux haute-température et celui de Philippe Pirard sur les jus d’oxydes m’aident à me décider.
Je fais le choix du Fer Rouge Fe2O3. En oxydation à four électrique, il est possible d’obtenir des kakis (rouge sombre) ou des bleus de fer. Je choisis les bleus de fer et suis la recommandation de DDM de faire évoluer la formule vers le diagramme 25 (0,7 CaO, 0,3 KNaO). Mais ajouter de la craie aux cendres de chênes conduit à l’échec selon Glazy et les diagrammes DDM. Je vais donc rester dans les bruns-noirs-kakis.
J’ajoute un influenceur de couleur. L’oxyde de Cuivre ( CuO) est difficile à utiliser. Il abaisserait le point de fusion de la terre et peut donner des picots ou un aspect gondolé. Je vais plutôt utiliser le carbonate de cuivre (CCuO3) car c’est celui dont je dispose. L‘oxyde d’antimoine (Sb2O3) aurait une action illuminatrice surtout avec l’oxyde ferreux, prenant un aspect délavé.
Après la recherche, préparons le travail de laboratoire: 33 essais (Oak ashes), base identique : Cendres 33, Felsdspath Ice 33, Kaolin 33. OA1 : Base seule OA2-OA9: Fer Rouge 1-8% OA10-OA17: Fer Rouge 1-8% + Cendre Os 1-8% OA18-OA25: Fer Rouge 1-8% + Carb. Cuivre 1-8% OA26-OA34: Fer Rouge 1-8% + Oxyde d’antimoine 1-8%
Ci-dessous le tableau des 33 essais prévus: OA1, 2, 3…. A appliquer sur des tessons de 2 terres différentes soit 66 essais.
Liste des 33 essais à partir de la même base (cendres de chêne, feldspath, kaolin) en faisant varier l’oxyde de fer rouge
Ib – Le laboratoire
S’isoler pour 2 bonnes heures et couper le téléphone, il est capital de ne pas être dérangé.
Installer la balance, les mini-pots, les tessons déjà cuits en dégourdis des 2 terres GSA et W11. Marquer les tessons OA1…OA33 à l’engobe noire ou au crayon engobe (tessons préalablement cuits à 980°C)
Préparer 330g de base: 110g de cendres déjà lavées et tamisées (N°80), 110g de Feldspath ice et 110g de Kaolin. Mélanger le tout à sec dans une boîte hermétique. Prélever 10g du mélange pour chacun des 33 pots.
Préparation de la base 10g dans chaque pot en face de 2 tessons de même N° de 2 terres différentes: GSA et W11
Doser les oxydes: pour 1% d’oxyde, préparer [(1:100)x330]:33= 0,1g pour 8% d’oxyde, préparer [(8:100)x330]:33= 0,8g
Balance au millième de gramme
Utiliser une balance au millième avec collerette centrale pour déposer les oxydes
Dépôt des oxydes dans les pots et ajout de 8ml d’eau pour obtenir une densité de l’émail de 1,5
Ic – La courbe de cuisson
Il s’agit d’une cuisson en oxydation, au four électrique TR16 (Nabertherm) de 16 litres que je viens d’acheter spécialement pour la cuisson des essais voir chapitre four électrique). La courbe retenue est la suivante: 100°/h jusqu’à 900°C – 120°/h jusqu’à 1280°C – palier de 10min – palier de 10min à 1145°C puis refroidissement libre. On peut considérer qu’il s’agit d’une cuisson cône 8-9 à haute température
Id – Le résultat
OA1-OA9: Base + Oxyde de fer rouge en concentration croissante de 0% à 8%
Ajout progressif d’Oxyde de fer rouge de 0 à 8% de OA1 à OA9
Commentaires: cet émail est « réussi »
texture soyeuse de l’émail sur tous les tessons. Ne coule pas. Pas de différence entre le recto (2 couches d’émail) et le verso (3 couches)
Pas de différence de texture ou de couleur entre la terre blanche et la GSA
La couleur va de marron clair à marron foncé selon la concentration en Fer
Tesson retenus OA7, 8, 9
OA11-0A17 : Oxyde de fer rouge 1-8% et Cendre d’os 1-8%
Test sur l’apport de phosphore en ajoutant de la cendre d’os: OA10 à OA 17
Commentaires: Le but était de tester le même émail que ci-dessus contenant 1 à 8% d’oxyde de fer en ajoutant de la cendre d’os afin d’observer l’effet du phosphore, à priori inutile car la cendre de chêne en contient déjà. Ceci est confirmé par l’essai: cela ne change pas la texture de l’émail ni sa couleur. Par contre le phosphore abaisse le point de fusion et a fait couler l’émail. Aucun tesson retenu
OA18-OA25: Oxyde de fer rouge 1-8% + Carbonate de cuivre 1-8%
Test de l’apport de Carbonate de cuivre OA18 à OA 25
Commentaires: le marron vire au noir foncé à partir de 5% de carbonate de cuivre. OA21: à 4% de carbonate de cuivre, pas de coulage et couleur marron très foncé. Au delà, OA22 à 25: coulage de l’émail au bas du tesson. Donc le carbonate de cuivre abaisse le point de fusion et liquéfie l’émail mais il assombrit fortement la couleur de l’émail. Tesson retenu OA 21 à 4% Pour une concentration plus forte, tester une cuisson à 1250°C
OA26-OA34: Fer Rouge 1-8% + Oxyde d’antimoine 1-8%
Test de l’apport d’oxyde d’antimoine de OA26 à OA33
Commentaire: L’oxyde d’antimoine ne fait pas couler l’émail, il modifie les nuances de l’émail: il conserve la couleur due à l’apport d’oxyde de fer mais il lui donne un aspect « de cuir vieilli » un peu délavé, une couleur un peu inhomogène. Tessons retenus: OA 31-33 de 6 à 8%
21/01/2025 Préparation d’autres essais de cendres
Depuis quelques jours je recueille et tamise des cendres de bois de peuplier et d’eucalyptus . Je les lave, puis les sèche sur le poêle à bois de la maison et les re-tamise. Ci-dessous la préparation des essais
I/ Essai Cendres de peuplier
Pour la base, j’ai repris les essais réalisés en 2023 et retenu la base des 2 meilleurs que je nomme PA11 et PA21.
Essais Cendres Peuplier : Base + Variations Ox. Fer Rouge/Carb. Cuivre
* Kaolin calciné car les cendres de peuplier sont riches en calcium. Le kaolin calciné diminuerait le risque de tressaillage selon DDM (Daniel De Montmolin).
Composition des cendres de peuplier : CaCO3 64%, K2O 20%, P2O5 9%, SiO2 4%, MgO 1%, AL2O3 1%, Fe2O3 0,2%
Ils sont tous classés « brillants » dans le diagramme de Stull et répondent respectivement aux diagrammes DDM N°28, N°18 et N°36. Leur positionnement à gauche de la ligne verticale justifierait l’utilisation d’une fritte. Décidons de transgresser la règle et voyons le résultat.
Résultat: émail « réussi » , brillant, ce coule pas. Le plus lumineux est le peuplier, le plus doux au toucher est le chêne
Retenus: PC33-3 et CC33-3
15/02/2025 Résultat des essais avec courbe de cuisson Cône 7
Courbe de cuisson: 0-1100° en 11h; 1265° en 2h40, palier de nappage 1265° 30min
– Je retiens une dizaine des émaux les plus réussis et fais la même recette.
– Je fais des variations sur les 3 cendres de bois en conservant la base. V1CC, V2CC et V3CC: cendres de chêne, peuplier et eucalypyus avec 2g de carbonate de cuivre sans oxyde de fer.
– Je fais des apports de métaux broyés et calcinés à la même base des 3 cendres de bois: bronze et copeaux de Titane
– Enfin, je fais des superpositions d’émaux diverses et variées
Retour d’expérience:
Pas de différence notable sur l’ensemble des émaux concernant la cuisson qui est différente, ils sont stables et ne sont pas sous-cuits
Seuls deux émaux ont été retenus sur 150 essais:
# OA 23: cendres de chêne 33g – Feldspath ice 33g – Kaolin 33g- Oxyde de fer rouge 8g, Carbonate de cuivre 8g
La création de poteries peut-elle et doit-elle être éco-responsable?
Désormais, c’est un sujet bateau où l’écologie s’impose comme principe directeur de toute activité humaine sous peine de conséquences graves pour l’avenir de la planète, d’où:
Première conséquence:le greenwashing c’est-à-dire « une utilisation fallacieuse d’arguments écologiques pour redorer l’image de l’entreprise ».
Eviter le greenwashing
Deuxième conséquence: le greenbashing, « pratique consistant à ridiculiser les pratiques et les opinions écologistes et à se moquer de certains comportements jugés excessifs ou ridicules ». Donc…
Soyons concrets: le mieux est d’aborder ce sujet dans un sens pratique, dénué de toute idéologie, en se posant une question simple: puis-je améliorer mes pratiques en réduisant la facture énergétique, les consommables, les déchets et les risques, mais…
Récupérer les déchets
Pourquoi le faire? Parce-que c’est gagnant-gagnant pour mon compte personnel, pour ma santé en même temps que pour autrui et pour l’environnement.
Quel constat?: Nous utilisons l’électricité commune, achetons l’argile chez un fournisseur. On recycle l’argile avec l’eau de ville, de plus chauffée en hiver. On ne récupère pas les déchets d’émaillage, donc…
Les idées pour s’améliorer: Va voir le site d’Amandine potière à Gesves, en région namuroise. Elle te donnera des exemples concrets de ce qu’il est possible de faire au quotidien. Mais…
Pourquoi n’a-t-on pas encore appliqué ces principes louables? Je ne crois pas qu’on soit faignants ou négligents. C’est la force de l’habitude et l’absence de réelle motivation. Si tu espères créer un nouvel émail, tu es animé par le désir de création. Ici, l’argument intellectuel n’est pas assez motivant. Alors …
Qu’est-ce qui va changer?: Pour que ce soit réalisable, donnons-nous deux dates en 2025 pour deux objectifs et cet écrit a valeur d’engagement: en mai, utilisation de l’eau de pluie et en septembre, récupération des émaux
Nous rapportons ici un témoignage d’un court séjour en Andalousie sur les azulejos (carreaux de céramique émaillés) décorent de nombreux édifices tels que palais et cathédrales. La visite du quartier de Triana à Séville et de la ville de Rambla-Cordoue vaut le détour.
LES AZULEJOS
Les azulejos se retrouvent en mésopotamie, en Egypte et en Perse antique. Ils se sont développés au travers de la culture islamique. Leur développement a été favorisé par la conquête musulmane de la péninsule ibérique au VIIIe siècle.
Les techniques ont évolué au cours des siècles pour atteindre leur apogée au cours de la période nasride des XIIIè et XIVe siècles. C’était peu avant la reconquista et le retrait des musulmans, chassés d’Espagne par les rois de Castille et d’Aragon, leur dernier bastion étant la ville de Grenade.
L‘intrication étroite des cultures chrétienne et musulmane au cours de ces siècles de cohabitation se retrouve au travers de plusieurs édifices. Les plus célèbres sont l’Alhambra de Grenade, l’Alcazar et la Casa de Pilatos à Séville et surtout la mosquée-cathédrale de Cordoue. Il s’agit là d’un immense édifice à base romaine sur laquelle a été érigée une mosquée aux multiples colonnades modifiée enfin en cathédrale. On y découvre une admirable juxtaposition des modes d’expression architecturaux et décoratifs des civilisations musulmane et judéo-chrétienne. Mais..
Les Azulejos de la Casa de Pilatos , sont les plus célèbres et les plus riches. Il s’agit de la résidence seigneuriale la plus importante de Séville. Tous les murs en sont recouverts. Ils représentent divers motifs dont les thèmes floraux, héraldiques ou géométriques. Ces azulejos sont typiques de la renaissance espagnole en première partie du XVIe siècle.
Voici ci-dessous des miniatures des azulejos dont est paré le rez-de-chaussée de la casa de Pilatos:
Voici quelques aperçus de la visite:
Azuelos de l’Alcazar
Alcazar de SévilleAlcazar de Séville
Azulejos de la Casa de Pilatos
Casa de PilatosCasa de Pilatos
Et ici dans la rue, sur les murs d’églises, sur les panneaux indicateurs…
Comment les azulejos ont-ils été réalisés?
Cela peut consister en assemblage de mosaïques juxtaposées » les alicatados » où des pièces de céramique monochrome sont découpées selon un modèle préalablement dessiné. L’apogée de cette technique date du royaume nasride qui siégeait à L’Alhambra de Grenade. Puis…
La technique de la « corde sèche » est un procédé d’origine musulmane, plus économique et plus simple à réaliser. Développée surtout au XVe siècle, elle est encore utilisée aujourd’hui. Elle consiste à délimiter sur le biscuit (au moyen d’une poire à bec fin) les champs de couleur des azulejos par un trait (appelé improprement corde). Celui-ci se compose d’un mélange d’huile et de pigments en poudre tel que l’oxyde de manganèse. Enfin…
On arrive à la technique de l’arête où la délimitation des champs de couleur se fait par de fines arêtes en relief. Il n’y a que 2 cuissons, celle du biscuit qui se fait à 980°C et une 2ème cuisson à basse température entre 980-1080°C après la corde sèche et application des émaux.
Azulejos artisanaux peints ou « à la corde sèche » exposés à la vente
LA POTERIE ANDALOUSE
Triana, quartier de Séville s’étend au bord du fleuve Guadalquivir, lieu ancestral de production de faïences et d’azulejos. C’es un quartier très animé où se trouve le musée de la céramique et des boutiques ou des ateliers de potiers. Les usines ont définitivement fermé leurs portes, la dernière en 2012 étant celle de Manuel Garcia Montalvan.
Entrée du musée de la céramique à La Triana – SévilleIntérieur d’un four avec cagettes à azulejos au fond
Les époques de la céramique à Séville
La renaissance connut l’arrivée à Séville d’un italien Nicoloso Francisco Pisano mort en 1529 à Séville. Il apporte à Séville la connaissance de l’ornementation de la renaissance italienne. Il introduit la peinture au pinceau qui se poursuivra jusqu’à aujourd’hui. Il met en action sa vision commerciale et développe une production semi-industrielle en créant en particulier l’azulejo de arista. Il s’agit de la technique » à l’arête » qui s’est substituée à celle de la corde sèche. Elle a permis à partir d’un moule la reproduction des azulejos à l’identique, avec pour conséquence le développement d’un commerce massif.
La renaissance espagnole
L’époque baroque: après un déclin économique et social de 1650 à 1700 survient au milieu du XVIIIe siècle une extraordinaire vitalité des peintures sur faïence. Elle se manifeste par un équilibre entre une technique plus raffinée et une décoration plus expressive
La période baroque
La révolution industrielle des 19e et 20e siècles est représentée par les méthodes d’un anglais, Charles Pickman (1808-1893). Il introduit d’Angleterre de nouveaux concepts de fabrication, de transport et de stratégies commerciales. Cette période est appelée la seconde renaissance de la céramique sévillane.
La révolution industrielle
La contestation des méthodes industrielles apparait dès le milieu du 19ème siècle. La production industrielle massive s’accompagne rapidement d’une revendication de retour aux méthodes pré-industrielles qui favorise la création artistique
La période contemporaine
Les boutiques et ateliers à la sortie et dans les rues de Triana:
Elles remplacent les usines et proposent à la vente une grande variété de produits de caractère standardisé.
Le musée est construit à proximité du terrain où étaient extraits deux types d’argile depuis l’antiquité. Il donne à voir quelques vases antiques comme ci-dessous.
Vase campaniforme-fin du chalcolithique 2000 a.C.
Il organise chaque année un concours et expose premiers prix obtenus par les artistes avec une grande variété.
Plats ayant obtenu le 1er prix
Masque covid entièrement en céramique
A la sortie de la ville, la zone polygonale industrielle est occupée par de véritables supermarchés de la céramique contigus dont voici un exemple et…
On se sent submergé devant une telle abondance qui ne satisfait pas notre besoin de dénicher des objets simples décorés avec moins d’ostentation. Alors…
On s’arrête au forum de la céramique à Séville : un marché potiers se tient à deux pas de notre hôtel. Découverte d’un stand de vente de matériel « esmalte y barro » intéressant à des prix attractifs et de contact très sympa (le vendeur m’a offert deux outils de sculpture) mais il faut voir le coût du transport. Arrêt au stand de Beatriz Renfigo Ruiz, qui a son atelier à La Triana et à qui j’achète 2 azulejos en photo ci-dessous. Et…
Azulejos de Beatriz Renfigo Ruiz réalisés « à la corde » selon la méthode traditionnelle.
On termine avec le stand d’Isabel Garcia de Valencina de la concepcion (qui s’exprimait très bien en français) dont les poteries en grès nous ont plu, sobres, délicates avec des émaux « maison » de belle composition.
Il semble que ce soit une activité qui a le vent en poupe. Quand on n’y connaît rien, comment se lancer ? Comment savoir si ça va vraiment me plaire, est-ce que c’est cher, ai-je des aptitudes ou bien est-ce trop difficile pour moi, que me faudra-t-il comme équipement chez moi?…
A mon avis il ne faut pas s’emballer et tu peux commencer à la maison avec de l’argile auto-durcissante qui coûte 20€/5Kg ou bien acheter un pain de grès ou de faïence à 10€/10Kg et la faire durcir en l’enduisant d’huile de lin. Regarde des tutos sur internet et commence en façonnant des objets à la main, en étalant ta pâte au rouleau à pâtisserie ou en sculptant une motte avec des instruments de cuisine. Tu laisses cours à ton imagination et tu peux même partager cette activité entre amis. Navigues sur la toile et lis quelques articles
Si ça te plaît et que tu brûles d’envie d’aller plus loin alors le mieux est sans doute de s’inscrire à un cours de poterie près de chez toi en commençant par le tournage. Tu pourras ainsi répondre à toutes les questions énoncées plus haut. Le coût dépend de la durée du stage. Un cours d’une heure coûte environ 15 à 30€, c’est plus ou moins cher si c’est un cours individuel ou collectif, s’il faut apporter sa terre ou si elle est fournie mais qu’elle doit être achetée (le plus souvent). Un stage d’une journée coûte de 70 à 90€, un stage de 2 jours au cours d’un week-end coûte environ 150 à 200€ et une semaine coûte environ 280 à 350€. C’est cher sans aucun doute mais si tu veux t’équiper toi-même d’emblée tu vas payer plus cher encore car il te faudra acheter les équipements et la formation d’après les tutos sera beaucoup plus longue et laborieuse que si tu prends des cours. Essaie de trouver un stage d’abonnement au mois ce qui n’est pas mal car tu t’obliges à y aller régulièrement, la formation est progressive et les tarifs sont plus attractifs. Les cours te permettent de poser des tas de questions et de comparer tes progrès à ceux des autres ce qui est toujours enrichissant. Surtout, ne te décourage pas et dis toi que la poterie c’est une école de patience et d’humilité. Si tu échoues, tu recommences et c’est valable pour les débutant comme pour les professionnels car les obstacles sur la route sont multiples. Pour être un bon tourneur il faut 10 ans d’expérience au minimum, ceci m’a été confirmé par de nombreux professionnels. Sache que pour faire une série identique de pots, de bols ou autres poteries il te faudra aussi une bonne dizaine d’années de pratique et encore, beaucoup n’y arrivent pas. Tu as fait de jolies pièces, tu les mets à cuire et déception certaines sont fendues et inutilisables. C’est normal, ça nous arrive à tous car il y avait des bulles prisonnières dans l’argile, un défaut de tournage ou un défaut de séchage…
Bon d’accord, tu es mordu(e)s, tu veux t’équiper (tout en continuant les cours) et tu veux aller encore plus loin. Alors tu te poses et tu réfléchis: que veux-tu faire ? C’est pour le plaisir ou pour essayer d’en vivre? Dans tous les cas il te faut un local, un accès à l’eau et à l’électricité et un budget d’équipement pour disposer d’un tour et d’un four sans compter les outils et les consommables. Le local c’est important d’y réfléchir parce-que la cuisson au four électrique dégage des gaz et qu’il faut un local bien ventilé, un garage ou un appentis par exemple. Pense aussi au raccordement électrique car un four peut nécessiter une alimentation triphasée. L’eau c’est moins important de l’avoir à proximité car tu peux disposer de bassines ou de bidons pour l’apporter. Il te faut aussi des étagères à l’abri du soleil et des intempéries pour faire sécher tes pièces. Pense à disposer ton petit atelier en 2 parties distinctes: humide pour la préparation de l’argile et la confection des pièces et sèche pour la cuisson et la décoration. Le budget d’équipement va peut-être d’aider à réfléchir car la poterie c’est une activité relativement onéreuse. Un tour de potier on en trouve à 200€ certes mais si tu veux réellement travailler tous les jours ou du moins plusieurs fois par semaine, alors il te faudra acquérir un tour plus robuste pour un budget de 1200 à 1800€. Un four électrique c’est environ deux fois plus cher mais tu peux tomber sur une bonne occasion. Méfie toi, regarde bien l’état des céramiques à l’intérieur car si elles sont cassées le coût de la restauration sera élevé. Vérifie bien les résistances qui ont une durée de vie limitée selon le nombre de cuissons et dont le remplacement coûte environ 300€. Pense aussi à la consommation électrique qui est de 10€/ cuisson environ. Tu peux aussi faire cuire tes pièces à l’atelier où tu prends des cours mais attention au choix de la terre car la faïence et le grès ne se cuisent pas à la même température. Si c’est pour essayer d’en vivre, vois si tu peux bénéficier d’une formation financée et reporte-toi au chapitre « peut-on vivre de la poterie ? ». Surtout, ne quitte pas la proie pour l’ombre comme dit le dicton car si aveuglé(e) par ton désir de poterie au point que tu envisages de quitter ton emploi actuel (qui te fais vivre) réfléchis plutôt deux fois qu’une car ce n’est pas demain que tu pourras en vivre. Au début, conserve ton emploi, fais de la poterie ton activité de loisirs principale en attendant de faire le grand saut.
La décoration des pièces c’est encore une autre activité pour laquelle il te faudra t’instruire et disposer de livres, documents, ne pas hésiter là aussi à prendre des cours. Ce n’est pas comme pour le tournage où c’est la main qui apprend grâce au contact répété avec la terre. Pour la décoration il faut disposer de connaissances artistiques dans le graphisme, le dessin, la peinture et en somme tous les arts plastiques te seront utiles pour utiliser les engobes qui sont des colorants à base d’argile appliqués plutôt sur la faïence que sur du grès pour en faire des objets de décoration. Pour les émaux qui recouvrent le grès et qui servent à faire des objets utilitaires d’usage alimentaire, c’est très différent. Les émaux sont composés par assemblage de substances chimiques dans des proportions très rigoureuses et il te faudra donc acquérir des bases de chimie. Reporte-toi au chapitre « engobes-émaux« .
La création à partir de la porcelaine est souvent délicate et nécessite un apprentissage en particulier parce-que la porcelaine conserve la mémoire de la forme et qu’il faut savoir la tourner ou la modeler d’un seul jet sans avoir à s’y reprendre. D’autre-part elle est plus fragile que le grès à la cuisson et on a souvent de la casse.
On peut y remédier en utilisant de la porcelaine papier qu’on achète chez son fournisseur habituel, attention au coût : 40€ le pain! . Elle peut s’étaler au rouleau ou à la croûteuse en de fines lamelles avec lesquelles on façonne ses créations comme c-dessous
Porcelaine papier provenant d’AustralieFragment du pain posé sur la croûteuseAprès étalement de la pâte, découpe d’après schémaMontage d’un papillon pour applique murale
01/05/2024 La pièce s’est brisée en la prenant délicatement par le bord des ailes car très fragile en cours de séchage. Peut-être parce que je n’avais assemblé à la barbotine que le dessus des jonctions entre le corps et les ailes et pas encore le dessous mais comment faire pour la retourner sans prendre le risque de la briser? Bonne leçon, à refaire en plus solide dans les jonctions et plus délicat dans la manipulation.
DESCRIPTIF DES BONNES PRATIQUES DE FABRICATION DANS UN PETIT ATELIER DE CÉRAMIQUE
Nom de l’entreprise : CMSJ (Céramiques de Mont-St-Jean)
Adresse: 2, route du burgaud 82600 Aucamville
N° SIRET: 328 192 398 00225
Nom du gérant: PORTALEZ Daniel
(Document mis à jour au 17 juillet 2023)
MODE DE FABRICATION : Je fabrique dans mon atelier une production soit rattachée aux arts de la table soit artistique, entièrement faite à la main en pièce unique ou en très petites séries (en moyenne 15 à 20 pièces maximum). Chaque pièce sortant de mon atelier est passée entre mes mains et j’ai effectué manuellement toutes les opérations du début à la fin. Cela explique les différences que l’on peut noter d’une pièce à l’autre ce qui fait que se vérifie dans ma production le principe caractéristique des ateliers de métiers d’art : « le même n’est pas l’identique ». Ainsi deux bols qui pourraient sembler être les mêmes ne sont en aucun cas identiques comme le sont deux bols issus d’une chaîne de fabrication industrielle.
J’assure personnellement le contrôle qualité à toutes les étapes de la fabrication et écarte systématiquement les pièces défectueuses en les recyclant le cas échéant. Ce contrôle est extrêmement sévère : il en va de la réputation de mon entreprise et de sa survie dans un marché très pointu.
TECHNIQUE GÉNÉRALE UTILISÉE : Le règlement 2023/2006 CE du 22 décembre 2006 outre l’obligation de transformer les matières premières conformément aux « Bonnes Pratiques de Fabrication » (BPF)
La technique de fabrication que j’utilise conformément aux « Bonnes pratiques de Fabrication » (BPF) du règlement 2023/2006 CE du 10 décembre 2006, est inspirée de celle qu’employaient les artisans traditionnels de mon secteur géographique mais n’utilise ni les mêmes matières premières ni les mêmes processus de fabrication. Ce n’est donc pas une terre vernissée traditionnelle ou une terre à brique comme on la rencontrait dans cette région mais un grès de haute température tout à fait apte au service des arts de la table. Les matières premières utilisées sont toutes autorisées et conformes comme le montrent les fiches de données de sécurité jointes à ce dossier. Elles sont transformées en respectant strictement les préconisations des fournisseurs ainsi qu’il est expliqué dans le présent document. Les pièces que je mets sur le marché sont donc nécessairement conformes et ne présentent aucun risque pour le consommateur final. Le certificat de conformité joint à ce dossier l’atteste.
ARGILES utilisées : provient des fournisseurs Céram Décor et Solargil, utilisées selon le cas:
– pour le modelage, l’estampage et la sculpture : Witgert 11 sfo-0,2 chamotte 25% 0-0,2mm/ PRAF Sio-2 blanche/ PGRF Sio-2
FAÇONNAGE : L’argile est tournée, estampée ou modelée à la main. L’eau utilisée dans les processus de fabrication est celle délivrée par la commune d’Aucamville 82600 qui est déclarée potable et l’eau de pluie pour les émaux. Aucun adjuvant n’est ajouté à l’eau de façonnage.
SÉCHAGE : Les pièces sont séchées lentement et naturellement à l’air libre.
DÉCOR : Il est entièrement réalisé à la main par mes soins en sculptant dans la masse à l’aide d’un outil pointu
CUISSON DE BISCUIT : Les pièces sont cuites en four électrique en oxydation, une première fois à la température de 980°C. Cette température est celle préconisée pour la cuisson de biscuit par les fournisseurs de l’argile. Les deux fours que j’utilise sont équipés de la même régulation, pilotée par microprocesseur qui garantit une grande stabilité des courbes de cuisson et une précision au degré près de la température à l’intérieur du four, y compris celle de fin de cuisson.
ÉMAILLAGE : L’émaillage est fait manuellement par trempage compté à 5 pour les assiettes et objets plats et/ou par pulvérisation au pistolet en 2 à 4 couches successives avec séchage entre chaque application pour les pièces plus volumineuses. Les émaux utilisés sont fabriqués uniquement par mon entreprise qui n’utilise aucun matériau prohibé par les Directives Européennes. Les ratios R2O/RO sont compris entre 0.27 :0.73 et 0.50 :0.50 et les ratios SiO2 : Al2O3 sont compris entre 5.74 et 6.17. La densité (1.4-1.5) mesurée au moyen d’un densimètre garantit une bonne épaisseur et une couche d’émail suffisante en surface afin de ne pas avoir les inconvénients d’un émail trop « maigre ».
CUISSON D’ÉMAIL : La cuisson d’émail est faite en four électrique en oxydation. La température finale est de 1250°C, température de cuisson conseillée par les fournisseurs pour la terre. Pour l’émail, la température a été testée sur différents tessons à des degrés de cuisson différents mesurés par l’utilisation de cônes d’Orton : les cônes 8-10 à haute-température ont obtenu les meilleurs résultats en termes d’adhérence et d’homogénéité sur le support. La durée de cuisson est en moyenne de 24 h (refroidissement compris). Le palier final de 1 h, permet la parfaite fusion, nappage et inclusion des éléments fusibles et de ceux qui ne le sont pas. Le refroidissement se fait naturellement et lentement (12h minimum) et le défournement à une température toujours inférieure à 50°C. Tous les éléments minéraux inclus (décors) sont donc parfaitement silicatés et par conséquent parfaitement inertes.
ASSURANCE ET CONTRÔLE DE LA QUALITÉ :
Les émaux utilisés seront prochainement testés par le laboratoire SFC, Société Française de Céramique 6/8 rue de la réunion, Les Ulis, 91955 COURTABOEUF cedex https://ceramique.fr et auclerc.sfc@ceramique.fr(voir ci-dessous la réponse du laboratoire). Mon atelier de céramique, qui n’emploie pas de personnel, est un atelier de métiers d’art et a de ce fait une production limitée par le temps dont je dispose pour fabriquer moi-même les produits proposés à la vente. Dans un contexte de circuits courts et de ventes directes au consommateur, il en va de ma crédibilité et de la survie de mon entreprise de proposer un produit d’une qualité irréprochable. C’est pour cette raison qu’à toutes les étapes de la fabrication que j’effectue moi-même, chaque œuvre mise en vente passant entre mes mains, je contrôle scrupuleusement la qualité de mon travail, en écartant et détruisant systématiquement les pièces qui ne correspondent pas à l’idée que je me fais du travail bien fait. En particulier sont éliminés les produits fendus, fragmentés, ou dont l’émail est fendillé ou jugé insuffisamment épais. J’applique l’esprit des ateliers de métiers d’art où le geste, le temps passé, le savoir-faire complexe l’emportent sur toutes notions de productivité et de rentabilité. Ce faisant, je crois donc répondre parfaitement à l’article 5 du règlement (CE) n° 2023/2006 du 22 décembre 2006 des « bonnes pratiques de fabrication » à propos du contrôle qualité.
05/08/2023: Réponse du laboratoire
Sophie AUCLERC Responsable du Laboratoire LC2M – Caractérisations Chimiques, Microstructurales, Physiques et Contact Alimentaire
auclerc.sfc@ceramique.fr Société Française de Céramique
6 – 8 Rue de la réunion – Les Ulis – 91955 Courtaboeuf Cedex
Tel : +33 (0)6.74.79.60.31 www.ceramique.fr
Bonjour Mr Portalez
La réglementation européenne impose de vérifier l’innocuité des céramiques en recherchant le relargage éventuel de Plomb et Cadmium ; la DGCCRF, organe de contrôle du marché français impose quant à elle en plus des limites de relargage des éléments Aluminium, Cobalt, Arsenic depuis quelques années. Ces essais sont à réaliser même si vos matières premières ne sont pas censées contenir ces éléments et sur pièces prêtes à la vente.
Je vous transmets ci-dessous les tarifs des différents essais à réaliser par article à tester :- Migration spécifique du plomb et du cadmium sur 1 pièce (intérieur de pièce) : 60€HT soit 72€TTC – Réalisation de 2 contacts supplémentaires + dosage des éléments Al, Co, As au dernier contact : 111€HT soit 133,20€TTC – Migration spécifique du plomb et du cadmium sur 1 pièce portée à la bouche si l’extérieur est décoré différemment de l’intérieur (zone du buvant) : 60€HT soit 72€TTC
Si vous souhaitez réaliser ces essais, vous devez nous envoyer :
– 1 pièce de chaque référence que vous souhaitez tester accompagnée de sa désignation (identification que vous souhaitez voir apparaitre sur le rapport) – Le fichier client en pièce jointe rempli – votre règlement TTC par virement bancaire
A réception de l’ensemble, nous effectuerons les essais puis vous renverrons le rapport par mail (1 rapport/pièce testée) dans un délai d’une dizaine de jours à réception de vos pièces et règlement.
DÉCLARATION DE CONFORMITÉ A LA RÉGLEMENTATION RELATIVE AUX MATERIAUX, DES MATÉRIELS ET ÉQUIPEMENTS AU CONTACT DES DENRÉES ALIMENTAIRES, selon l’article 16 du Règlement (CE) N° 1935/2004
Je soussigné Monsieur : PORTALEZ Daniel Société:CMSJ- N° SIRET : 328 192 398 00225 Adresse : 2, Route du Burgaud agissant en qualité de directeur déclare que les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires et constitutifs de l’équipement référencé chez le client de la façon suivante appartiennent aux familles de matériaux listées dans le tableau ci-après. Je déclare ces matériaux conformes aux exigences :
du Règlement (CE) n°1935/2004 du 27 octobre 2004 modifié ;
du Règlement (CE) n°2023/2006 du 22 décembre 2006 modifié ;
des textes réglementaires et/ou autres textes de référence listés dans le tableau ci-dessous
Cocher les familles* de matériaux concernées
Préciser les différents textes complémentaires applicables ci-dessous.Si aucun texte n’est applicable pour les matériaux cochés, le préciser
🗹
Céramiques
Directive européenne 84/500/CE modifiée par la directive 2005/31/CE et arrêté du 7/11/1985 modifié par l’arrêté du 23/05/2006 (JO du 3/06/2006, texte 15/122)
*liste de l’Annexe 1 du Règlement (CE) n°1935/2004
Cette conformité s’entend : pour la référence de commande et sous réserve du respect des conditions de stockage, de manutention et d’utilisation préconisées par le déclarant et/ou définies au moment de l’appel d’offre : pour tous types d’aliments et tout mode opératoire de cuissons, transformations et nettoyages.
sous réserve de l’utilisation de pièces de rechange d’origine, et en tenant en compte des caractéristiques particulières du matériau ou de l’équipement.
Modèle de déclaration de conformité – Version V3 (07/2014)
Cette déclaration de conformité a été établie sur la base des éléments suivants (cocher les cases pertinentes) :
🗹 Déclaration(s) des fournisseurs de matériaux, traitements, revêtements de surface ou composants utilisés pour la fabrication des matériels et équipements objet de la déclaration.
☐ Analyses de migration globale
Si concerné, préciser le(s) simulant(s) et les conditions de test
Simulants
Temps
Température
☐ Analyses des substances sujettes à restriction (dont la migration spécifique)
Si concerné, préciser la ou les substances sujettes à restriction et la (ou les) limite(s) admissible(s).
Simulants
Conditions de test
Nom / Identification (CAS, EINECS, etc.)
Limite
☐ Utilisation d’additifs à double fonctionnalité (additif alimentaire E ou substance aromatisante FL)1
Si concerné, préciser la ou les substances concernées :
Noms
Numéro du E ou du FL
Identification (CAS, EINECS, etc.)
☐ Présence de matériaux plastiques recyclés
Si concerné par le Règlement (CE) n°282/2008, préciser le type de matériau et le numéro d’autorisation du procédé
de recyclage, mentionné dans le registre CE du procédé :
……………………………………………………………………………………………………………………
☐ Présence de matériaux actifs ou intelligents
Si concerné par le Règlement (CE) n°450/2009, préciser la substance utilisée et le numéro mentionné dans le
registre communautaire :
……………………………………………………………………………………………………………………
☐ Autres (ex : biocides, substances non intentionnellement ajoutées « NIAS »,…)
Si concerné, préciser les substances :
Noms
Identification (CAS, EINECS, etc.)
Cette déclaration est valable à la date de livraison du matériel ou de l’équipement. Elle devra être renouvelée dans tous les cas où la conformité à ce qui précède n’est plus assurée (changement de matériau, modification de la réglementation avant livraison du matériel ou de l’équipement).
Le déclarant tient à la disposition des autorités compétentes une documentation appropriée pour démontrer cette conformité.
Fait à ……………………..…, le ……………………
Signature et cachet de la société ou organisme
1 Règlement (CE) n°1333/2008 sur les additifs alimentaires et Règlement (CE) n°1334/2008 relatif aux arômes et à certains ingrédients
13/12/2023 Interrogation sur l’utilisation de l’oxyde de Cobalt dans les émaux de couleur bleue
J’ai lancé une question sur Facebook dans le groupe « Echange de recettes d’émaux grès haute température » : nous avons l’habitude de faire des émaux en se servant d’une faible concentration d’oxyde de Cobalt à 0,5-1% ce qui donne une belle couleur bleue, différente selon la base utilisée. 1/ Faut-il craindre pour un usage alimentaire ( plusieurs potiers rencontrés sur les marchés nous ont déclaré avoir supprimé cet oxyde de leurs émaux et 2/ Par quoi le remplacer éventuellement ?
Les réponses sont intéressantes provenant de Nicolas Michel, Didier Descamps, Jérome Chevallier, Emelyne Claeys, Pauline Tbeur céramique, Happy Veda, Daniel Boivinpot, Ana-Bélen Montero, Sol Danelle pour ne citer que les contributeurs ayant répondu directement à la question posée: usage alimentaire et remplacement?
En résumé: pour l’usage alimentaire, tous les contributeurs sont rassurants et en principe pas d’inquiétude en restant à des concentrations faibles de l’ordre de 1% et en tout cas <3% mais seul un test de laboratoire peut le certifier. Pour le remplacer: bleus de rutile, bleus de fer mais difficile de ne pas virer au marron, s’applique très épais, c’est plus clair que le bleu de cobalt. Aussi, bleu de zinc, bleu de titane très aléatoire et selon la source Alain Valat : Zinc-Nickel , beau bleu clair mais ce n’est pas selon le bleu profond donné par le cobalt. Et puis, se pencher aussi sur les « Jun » (ou « Chun »). Enfin, pour Sol Danelle, contournement du problème en mettant à l’intérieur un émail alimentaire avec ou sans étain ou zircon mais sans titane et à l’extérieur un émail au cobalt. Conseil donné d’aller sur le site ou de suivre le stage de Joëlle Swanet sur la chimie des métaux et de son mari qui est chimiste. Une remarque aussi sur le fait qu’on peut aussi changer son regard sur ce qui nous plait et qui implique d’utiliser tel ou tel matériau. Bannir certaines substances, pour des raisons éthiques (comme Ana-Bélen Montero qui a rejeté le cobalt en raison des conditions d’extraction au Congo) ou pour des risques alimentaires éventuels ou pour des raisons plus personnelles, telles que faire plus simple, moins polluant, plus naturel me paraît être une évolution souhaitable. En attendant je vais envoyer un test de laboratoire pour ce qui concerne la production en cours contenant du cobalt et rechercher une alternative en tenant compte de tous ces précieux conseils.
10/02/2024 Résultat du test de laboratoire
J’ai demandé une analyse à la Société Française de Céramique (Les Ulis-Courtaboeuf) en vue de son utilisation alimentaire. Pour cela, j’ai envoyé une coupelle revêtue de l’émail que nous utilisons le plus, un assemblage de 2 émaux en superposition qui donne une couleur bleue tirant un peu sur le vert et dont je n’ai pas la composition. Le test comporte 2 séries d’analyses pour un coût de 216€. Le résultat est revenu favorable, conforme à la législation pour les 2 analyses.
Pour les émaux de cendres que nous confectionnons nous-mêmes ou bien les recettes tirées de Glazy.org nous n’avons pas besoin d’une analyse de laboratoire car les compositions sont connues et il faut seulement s’assurer qu’elles ne contiennent pas des substances en désaccord avec la législation.