Choisir et préparer son argile

Il faut commencer par le commencement, choisir une argile. Du grès , de la faïence, de la porcelaine ça ne se cuit pas de la même façon et l'objectif est souvent différent selon qu'on veut faire des objets de déco ou des objets culinaires. Si on veut tourner, sculpter, modeler, on aura des argiles différentes. Pour faire des plats allant au four, encore une autre. Comment s'y retrouver?

Inutile de re-traiter les bases de ce sujet très vaste, il suffit de consulter des sites web tels que Faiencerie de la Doller ou celui de Sarah  le-blog-du-bol

Quand on a fait son choix de ce qu’on veut créer,  comparer les gammes et les tarifs et trouver le fournisseur le plus près de chez soi pour aller la chercher car livrer de l’argile coûte cher. Avant de se décider, interroger les réseaux ne coûte rien et évite bien de déboires surtout au débutant.

ceram-decor

solargil

ceradel

como-ceramique

cigale et fourmi

Ce qu’il ne faut surtout pas faire en raison des risques de mélange de terres:

1/ Stocker au même endroit la faïence, le grès ou la porcelaine 2/ Préparer ces 3 produits sur la même plaque de plâtre 3/ Les sécher au même endroit 4/ Les placer ensemble dans le four.

Donc une place à part pour chaque catégorie de ces 3 types de terre. De même, si on utilise du grès ou de la faïence, changer de plaque de plâtre selon le type de terre pour éviter le mélange de terre chamottée ou non ou de couleur différente. 

01/12/2023: Recycler l’argile

Au cours du tournassage on élimine de la pièce tournée une certaine quantité de terre encore humide qui tombe dans le réceptacle du tour. A la fin de la séance, cette terre est récupérée et placée dans un bac contenant de l’eau. Lorsque le récipient est plein, bien remuer avec une spatule et étaler le tout sur une plaque de plâtre. Le lendemain matin, récolter cette argile qui se roule en mottes facilement et en faire des boules qui sont placées dans un sac en plastique afin de les préserver du séchage. Elles sont disponibles pour une ré-utilisation. En céramique, rien ne se perd.

L’argile étalée hier était ce matin de consistance parfaite, j’ai pu la récupérer, la pétrir, la rouler en pain puis la diviser en 6 boules de 1300g qui ont été mises sous plastique au pied du tour, prêtes à être utilisées.

27/05/2024 Visite à Thierry DOUBLET en Dordogne (24410 Parcoul) qui commercialise ses propres grès. C’est un vrai potier qui exerce ce métier depuis longtemps, ayant pris la suite de son père. Son atelier est immense, équipé de plusieurs fours à gaz, d’un four électrique. Son tour semble dater de Mathusalem, un tour à pied équipé d’un moteur, fabriqué à Angoulème mais les pots en séchage attestent d’eux-mêmes de sa qualité…et de celle de son maître. Les poteries, il y en a des centaines, triées par séries de pièces toutes identiques. En confidence il m’avoue que quand on peut aligner des séries, on sait enfin qu’on est devenu un vrai potier car c’est le travail le plus difficile. La salle d’exposition à la vente est tout aussi vaste, emplie de créations de toutes sortes. Enfin, on va voir l’entrepôt des argiles situé derrière. Des box juxtaposés abritent les argiles brutes dont certaines sont issues d’une carrière située à proximité. En face, sur des étagères sont empilées les différents modèles de terres. Je choisis plusieurs échantillons non chamottés : grès blanc, grès brun, grès rouge, grès culinaire, grès noir dont il vient d’achever la préparation. Enfin, je sollicite l’honneur de prélever 3 pains de grès « Castel » sur une palette destinée à l’usage personnel de Daniel Castel (voir chapitre cuisson-four). Il s’agit d’un mélange de grès blanc et de grès brun donnant une teinte beige assez commune. Dès mon arrivée à l’atelier, c’est celle que j’ai choisie pour me « faire les mains ». Elle se malaxe facilement sur la plaque de plâtre, un peu plus dure à monter et à centrer que le grès de St Amand mais c’est ensuite un plaisir de la tourner, car elle se tient bien, ne créée pas d’amas ou de grumeaux. J’ai tourné deux fois 5Kg avec le même plaisir et pu faire deux grands plats larges sans difficulté. J’attends avec impatience de voir le résultat avec les émaux.

Carreaux d’argile

Découpage du carreau en suivant le bord interne du gabarit en bois
Après étalement de la terre au rouleau, découpage du carreau d’après le gabarit en bois

Je me lance dans les carreaux avec la terre locale. J’en ai déjà fait quelques uns en écrasant la pâte au rouleau guidé par 2 règles en bois et en découpant d’après le moule carré. J’ai mis 5 carreaux sur une plaque en contre-plaqué recouverte d’un peu de sable très fin et recouvert d’une autre planche en contre-plaqué, puis écrasé avec des poteries par-dessus et retourné le tout tous les deux jours jusqu’au décollement. Puis encore séchage en retournant tous les deux jours sur des plaques sèches et ça a bien marché, côté cuisson aussi.

Carreau découpé
après découpage du carreau

Du coup, j’ai fait un moule pour 12 carreaux et procédé de la même façon, ça a bien marché mais c’est moins régulier que découpés un par un.

Le résultat après séchage est décevant, deux carreaux déformés, séchage long, donc pour la suite je suis retourné à la méthode initiale, carreau par carreau découpé au couteau en suivant le bord du gabarit en bois, récupéré avec une palette et déposé sur un contre-plaqué.

Chantal me met au défi de constituer une fresque de carreaux pour la nouvelle poterie, au dessus de l’évier. Je me lance, fabrique 24 carreaux en argile rouge locale découpés comme vu plus haut. Je fais une maquette en carton figurant mes 24 carreaux et les dessine tous. Puis, on recouvre les carreaux d’une couche d’engobe d’Aubagne et je dessine sur chaque carreau d’après mon modèle au crayon de papier, puis je sgraffite le contour du crayon à la pointe fine et fais les ombres au scalpel.

Carreaux scraffités pas encore cuits
Carreaux d’argile rouge recouverts d’engobe blanche et scraffités non encore cuits

Les carreaux ont été cuits à 980° puis recouverts d’émail blanc transparent et recuits à 980°

D’autres sont en cours de cuisson, au total 24 carreaux composeront une fresque murale

C’est terminé, les carreaux ont été émaillés et cuits à 980° puis scellés au mur derrière l’évier de l’atelier

Carreaux émaillés et cuits à basse température
Carreaux finis, après émaillage transparent et cuisson à 980°

Panneau de carreaux au dessus de l'évier de l'atelier
Installés au dessus de l’évier de l’atelier

07/05/2023  Finalement j’ai renoncé à faire les carreaux avec le moule à 12 carreaux car trop d’irrégularités, difficile de les extraire. On ne gagne pas de temps, on en perd par rapport à la réalisation des carreaux un à un avec le gabarit en bois. On a aussi moins de déchet c’est-à-dire des carreaux déformés. Il faut donc être patient, respecter les consignes décrites ci-dessus, les retourner et changer les plaques en contre-plaqué qui absorbent bien l’humidité.

06/10/2023 Nouvelle série de carreaux avec la même terre, même procédé, séchage lent, retournement à 5 reprises entre deux plaques de contre-plaqué puis engobe par recouvrement à la louche puis séchage avec bon résultat, carreaux bien plats et réguliers mais au séchage après engobe plusieurs carreaux se sont délités sur les bords, probablement par imprégnation aqueuse trop importante. Puis, après cuisson, 2 carreaux se sont fendus : suspicion de bulle. Je vais changer de terre et utiliser une faïence rouge avec chamotte fine. Je pense également  épaissir les carreaux et  vais investir dans une crouteuse et un emporte-pièce en métal.

26/09/2023 Croûteuse et emporte pièce

Nouvel investissement: une croûteuse afin d’étaler l’argile et un emporte pièce pour découper les carreaux (chez Céradel :770 € et 40€)

Croûteuse

Emporte pièce

Un pain de 10kg de  faïence rouge a pu fournir 18 carreaux de 17cm de côté et 5mm d’épaisseur avec beaucoup plus de facilité et de finition qu’auparavant. Une toile fine a été déposée de chaque côté des carreaux et ceux-ci ont été placés deux-à-deux entre deux plaques de contre-plaqué de 5mm et séchés pendant deux jours puis frottés légèrement avec une grosse éponge fine et humide pour faire disparaître l’impression de la trame de la toile de la croûteuse. Les plaques de contre-plaqué sont retournées matin et soir pendant 6 jours car en ce moment de pluie prolongée le séchage est très lent mais c’est un atout car ça évite les fissures et les déformations. Après le séchage obtenant la texture « cuir humide » les carreaux sont engobés en les recouvrant à la louche sur une face et sur les côtés avec de l’engobe d’aubagne achetée chez un dépositaire de Solargil, Languedoc-céramique (près de Castelnaudary , très accueillants et très compétitifs au niveau prix). Ils sont laissés à l’air pendant 3 heures puis replacés entre les 2 toiles et les plaques de contre-plaqué, puis retournés matin et soir pendant 6 jours de plus. Il faut donc compter 12 jours au total pour avoir les carreaux finis. Sur 18 carreaux, 4 sont paris au rebut pour déformation ou fissures. Nouvelle série de 18 en cours à partir d’un pain de 10Kg pour espérer en avoir 24 au total afin de refaire une frise. En attendant je la dessine sur un carton à l’échelle ce qui permet d’attendre le séchage des carreaux

Dessins à partir de photos de presse à reproduire sur les carreaux

Il reste à reproduire ces dessins sur les carreaux en les sgraffitant c’est-à-dire en retirant à l’aiguille fine la pellicule d’engobe qui les recouvre afin de faire apparaître la faïence rouge sous-jacente.

01/12/2023 Gainsbourg-Birkin

Les photos de presse des sixties et seventies ont inspiré les dessins des deux personnages. Le dessin sur carreau se fait au crayon, sans gomme mais au scalpel qui retire le trait si nécessaire. Les côtes du dessin à partir des bords sont les mêmes que sur le dessin sur carton car les cadres sont de 16cm de côté dans les 2 cas. Le sgraffittage à la pointe fine est délicat : attention au dérapage il n’y a pas de gomme. Après délinéation des contours à la pointe fine vient le moment des traits plus épais et des ombres au moyen du scalpel à pointe fine ou arrondie. Ci-dessous les 7 portraits de Gainsbourg en attente de la première cuisson.

02/12/2023 Essais d’engobes sur carreaux en faïence

J'ai préparé des mini-carreaux en faïence rouge, blanche et noire. J'ai préparé également de l'engobe à partir de ces 3 faïences en laissant sécher des morceaux que j'ai ensuite broyés puis tamisés et enfin hydratés et re-tamisés. Je pense au motif central de la fresque qui est en cours et qui utilisera un assemblage de ces 3 argiles.

Préparation des essais de faïences rouge, noire et blanche sur carreaux recouverts d’engobe de même type de façon croisée (rouge sur blanc, blanc sur noir…)

Colonne de gauche, aucune engobe servant de référence aux rangées de droite où les carreaux sont recouverts d’engobe en alternance.

07/12/2023 Les essais de dessin sur tessons de faïence blanche et noire avec engobe d’une autre couleur ont été concluants mais échec de la confection des carreaux. Après les avoir enduits d’engobe je les ai laissés à découvert une demi-journée et cela a suffi pour qu’ils se déforment. La tentative de rattrapage en les humectant et en les comprimant a conduit à des fêlures et des cassures, bref tout est à recommencer. J’ai pris la décision de ne pas changer de carreaux et utiliser ceux déjà prêts en faïence rouge avec engobe d’aubagne .

J’ai terminé les portraits de Jane Birkin, plus difficiles à réaliser que ceux de Serge pour obtenir une ressemblance. Les voici ci-dessous:

Il me reste à terminer le dessin sur les 6 carreaux du centre avant de tous les cuire à 1020°, température de cuisson de la faïence dont le biscuit se cuit à plus haute température que le grès (980°).

13/12/2023 Remplacement de la crouteuse

Séjour bref en Espagne pour retirer une commande à Bisbal Ceram. On est reparti avec notre commande mais aussi avec une crouteuse de plus grandes dimensions que la précédente, achetée 992€ TTC emballée dans 4 cartons. Au retour, montage de la table et mise en vente de la petite crouteuse sur le site facebook « Annonces vente de matériel de potier céramique »

Croûteuse en cours de montage

Croûteuse montée

26/12/2025: L’utilisation de la croûteuse est simple: pour une assiette, je pétris environ 1,5Kg de PRAI , grès blanc chamotté à la chamotte impalpable, en vente chez la plupart des fournisseurs. Je place la motte entre les deux nappes de tissu sur la croûteuse, j’écrase la motte avec la paume de la main pour lui donner une forme à-peu-près ronde. Je monte le cylindre à 1,5 pouces avec le petit volant du haut (l’autre est synchronisé) et je tire à moi les 2 nappes pendant que je tourne le grand volant sur le côté qui les fait passer entre les deux cylindres. Puis, je descends le curseur d’1/4 de pouce, retourne la plaque d’argile et la fais pivoter d’1/4 de tour et la repasse dans l’autre sens toujours en tirant les nappes pendant que je tourne le volant dans l’autre sens. Je répète cette manoeuvre jusqu’à obtention de l’épaisseur voulue d’1/2 pouce (12,5mm) pour ce type d’assiette. C’est simple, ça ne gondole pas, il n’y a rien à mettre sur le tissu, la plaque d’argile se décolle bien du tissu, c’est rapide, reproductible et efficace.

10/01/2024 Carreaux Gainsbourg-Birkin

Sortie de four de la frise représentant au centre une reproduction de « Eros et Psyché » statue de Canova exposée au Louvre et en périphérie 7 portraits de Gainsbourg et 7 portraits de Birkin. Surprise, le rendu du dessin est noir alors que la terre est rouge, par oxydation de Fe2O3 probablement . Il y a eu 2 cuissons, un dégourdi faïence à 1020°C : 100°/h pendant 3h jusqu’à 300° puis 50°/h pendant 2h jusqu’à 500°C, puis 100°/h pendant 5h20 jusqu’à 1020°C sans pallier. Après émaillage, même type de courbe avec palier en fin de cuisson pendant 20min. Aucun dégât, juste une mini-fissure sur un carreau, bon résultat.

Fresque Gainsbourg-Birkin

10/02/2024 Crédence de cuisine

Je dois réaliser une crédence pour une nouvelle cuisine réalisée par Socoo’c à Montauban. Les dimensions sont de 80 cm de largeur et 65 cm de hauteur. Il me faudra donc 20 carreaux de 16cm finis en tenant compte du retrait au séchage et à la cuisson.

Projet d’installation d’une crédence en carreaux sous la hotte

Commençons par faire les carreaux, choisir et préparer l’argile. Le pain de faïence rouge est un peu sec pour l’étaler mais suffisamment humide pour le découper au couteau en des bandes de 4cm d’épaisseur que je dépose sur un plastique et que j’humecte sur les deux faces à 3 reprises. Puis, je les étale à la croûteuse et les re-humecte sur les 2 faces avant de les empiler.

Je les repasse à la croûteuse  à l’épaisseur 1,8 inch (4,5cm). Le maillage de la toile de la croûteuse s’est imprimé sur la plaque d’argile: il faut l’effacer avec une éponge humide avant ou après la découpe du carreau. La plaque d’argile est alors déposée sur un contre-plaqué de 40x50cm de côté recouvert d’un morceau de toile-chiffon sèche.  Le carreau est découpé avec l’emporte pièce de 17cm de côté en tapant sur le dessus avec un petit marteau.

Retirer l’argile extérieure à l’emporte-pièce puis appuyer sur la barre au dessus du ressort et retirer l’emporte-pièce.

Finir en arasant les bords avec une lame de couteau et passer un coup d’éponge sur les bords pour finir, voilà le carreau est terminé.

Le carreau est recouvert d’une autre toile et d’un autre contre-plaqué et placé avec les autres carreaux sur une table dans le garage pour qu’il sèche pas trop vite, en le retournant matin et soir pendant une semaine.

Avec un pain d’argile on fait une vingtaine de carreaux.

27 août 2024 Pose de la crédence dans la cuisine

Crédence au dessus de la plaque de cuisson

16 Septembre 2024 Pose des carreaux sur support en bois

J’ai sorti les carreaux des boîtes et les ai collés sur des plaques de bois reconstitué: contreplaqué, triplex, aggloméré de 12mm d’épaisseur. Pour la colle j’ai utilisé un tube de colle tous usages en déposant une goutte dans chacun des quatre angles de chaque carreau. On dispose de 10 minutes avant la  qui permet de les ajuster les uns aux autres. J’ai fait les joints  avec du plâtre afin de pouvoir éventuellement les retirer de leur support de bois. J’ai fait un essai et j’ai pu décoller délicatement le carreau avec une lame de cutter.

Les quatre saisons

Le lac

Ecclosion

Psyché

29/09/2024  Décollement de l’émail

J’ai terminé une dernière fresque de 16 carreaux intitulée « les musiciens de rue » et lors de la cuisson de l’émail celui-ci s’est décollé  par endroits uniquement sur 3 carreaux que rien ne distingue des autres, tant par la terre, l’engobe ou la couverte transparente. J’ai vu sur les réseaux que certains remettent de l’engobe, re-émaillent et recuisent dans les mêmes conditions que lors de la première cuisson, ce que j’ai fait. Et bien oui, ça a réparé les zones décollées mais d’autres décollements sont apparus ailleurs et il faut donc refaire ces 3 carreaux. Pourquoi ça s’est décollé? La cause en est très certainement la poussière qui par endroits a recouvert l’engobe avant émaillage

Décollement d’émail sur le bord droit

Décollement d’émail à droite en haut et à gauche

Tenir compte du retrait de la faïence:  ne disposant plus de faïence rouge lisse CF 501R Céradel ,  je me préparais à refaire 3 carreaux avec une autre faïence rouge lisse R§R Normande FA 200 CéramDécor. Le problème est que la première affiche un retrait au séchage de 5,5% et 0,6% en cuisson alors que pour la deuxième c’est 10% et 2% d’où un problème de dimensions des carreaux car j’utilise un emporte-pièce de 17cm et au final des carreaux de 16 cm de côté. Avec la 2ème argile j’aurais des carreaux de 15 cm soit 1cm de plus que les autres alors j’ai trouvé des résidus de faïence rouge CF501R et des carreaux non cuits de la même terre que j’ai concassé, mouillés et ré-utilisés.

Essais de céramique sur terre du jardin

28/09/2022 Ceci est un blog pour céramistes et potier(e)s , c’est la toute première page et on n’a pas d’expérience de cet usage mais tentons le. 

Nous proposons ce blog à ceux et celles qui débutent la céramique ( comme moi, Daniel) et qui découvrent un univers fait de terre, de feu, d’eau (pas trop), de substances aux noms étranges, d’assemblages divers et variés, de couleurs, de dessins, mais surtout un monde qui demande de la rigueur, de la persévérance et de l’imagination créative. On s’écarquille les yeux et on tend les oreilles sur les marchés de potiers pour saisir quelques recettes et on revient avec l’envie de faire mais aussi avec un peu de découragement tant la tâche paraît ardue. 

Pour moi (Chantal), j’ai débuté il y a 12 ans et j’ai un peu de bouteille, empirique certes, mais aussi enrichie de quelques cours  et après beaucoup d’effort, j’ai pu accéder à maîtriser le tour, les colombins, les montages à la plaque, (presque rien en moulage), la cuisson des grès au four électrique, l’enfumage, et j’ai acquis quelques connaissances dans les couvertes et les émaux. J’ai très envie de communiquer avec les céramistes qui comme moi se posent des tas de questions sans savoir à qui les poser.

Nous échangeons beaucoup tous les deux et nous souhaiterions partager avec vous le fruit de notre apprentissage, de nos essais, de nos échecs car il y en a, de nos espoirs et recevoir de vous sinon des réponses, du moins des avis, des conseils, des observations, des remarques.

Étape 001: le choix de l’argile. Bien sûr qu’on apprend à tourner sur une argile du commerce, le grès en l’occurrence mais on sait qu’en Midi-Pyrénées l’argile est reine, ce n’est pas pour rien qu’on appelle Toulouse la ville rose car la brique y est partout. Donc, peut on utiliser l’argile de notre jardin pour la céramique. Nous avons établi un plan de bataille, avons préparé deux balances, récolté l’argile et au boulot. On vous livrera prochainement les résultats de notre quête mais si quelqu’un a déjà tenté l’expérience, merci d’éclairer notre lanterne. Questions: comment la préparer, que doit-on y intégrer pour pouvoir la tourner et l’utiliser en céramique, c’est à dire avec une cuisson à haute température?

Argile rouge

Extraction de l’argile à 30cm de profondeur , déposée sur une table et exposée au soleil et aux intempéries pour la faire « murir »

Extraction, malaxage, lévigation, tamisage, séchage

Pelle mécanique pour extraire l'argile
Mini-pelle pour extraction
Betonniere électrique pour malaxage
Malaxage à la bétonnière

Puis lévigation sur des tuiles disposées en pente et tamisage au tamis 60

Enfin séchage dehors sur plaques de plâtre

Séchage de l'argile sur carreaux de plâtre
Argile tamisée déposée sur des carreaux de plâtre de 7cm d’épaisseur
Argile roulée après une nuit de séchage
Récolte après une nuit de séchage dehors
Argile étalée sur carreaux de plâtre dans la poterie
Séchage à l’intérieur pendant 24h

Enfin, le lendemain, pétrissage et façonnage de briques enveloppées dans des sacs en plastiques placés dans des seaux en plastiques fermés avec un couvercle et stockés dans la poterie,

On peut alors démarrer  les essais :

Pétrissage à la main des pots
Les pots façonnés à la main contiennent de l’argile crue (N°1 en bas à droite)) ou de l’argile mélangée à du sable fin et/ou à de la chamotte en quantité progressive 5%-10,15, 20, 25%
Pots cuits en four électrique à 980°
Aucun pot ne s’est fendillé après cuisson à 980°
Cuits à haute température, ces 3 pots n’ont pas fondu, ils sont devenus de couleur noirâtre par oxydation du fer. On peut en conclure que cette argile locale est une argile ferrugineuse non fusible
Tournage et cuisson de  3 pots en argile rouge
Tournage : ces 3 pots en argile rouge ont pu être tournés facilement, l’argile est très plastique. Après cuisson à 980°, ils sont de couleur orange clair et aucun ne s’est fendillé.
Cuisson des pots au feu de bois ouvert
Après cuisson au feu à bois très vif: celui de droite était au centre du feu et a cassé, les deux autres un peu à l’écart ont résisté

Dans cette première expérience d’utilisation de l’argile locale, nous avons opté pour l’ajout à l’argile de composants hors-commerce: de la silice provenant d’un sable fin non tamisé issu des Saintes Maries de la Mer ( 5 à 25 volumes ) puis de la chamotte provenant de la réduction en poudre d’un dégourdi en grès dans les mêmes proportions. 

On va aller chercher une autre argile, claire celle-ci, qu’on a repéré et tenter une nouvelle expérience

ARGILE BLANCHE LOCALE

Nous voilà revenu avec un seau et un sac de cette argile repérée au bord d’un ruisseau qui était sec cet été mais la dernière pluie nous a imposé de mettre les bottes pour en récupérer. Après fragmentation dans une bassine et retrait des impuretés, feuilles, épines, branches… je la tamise avec un tamis de maçon à mailles de 1mm. Puis je mets le même volume d’eau ( de pluie car non calcaire) et je la brasse avec un manche à balai en écrasant les morceaux contre la paroi de la bassine. Quand j’ai obtenu une bouillie crémeuse je retire ce qui flotte en suface, végétaux, insectes… et je verse le tout dans une autre bassine en réservant le fond qui ne s’est pas fragmenté ni dissous. Je laisse reposer la nuit. Au matin, je prends ma balance, 16 pots en plastque à fromage blanc et verse 250g d’argile crémeuse dans chaque pot. Dans les 7 premiers pots, je ne mets que cette argile blanche. Dans les 9 autres pots je mets 250g d’argile rouge locale et mélange le tout . Pour les pots N° 1 et 8 je laisse l’argile seule. Pour les autres pots j’ajoute du kaolin sec 5, 10, 15, 20g pour les pots 2, 3, 4, 5, 9, 10, 11, 12 et Kaolin + sable fin 20g/10g dans les pots 6 , 13 et 20g/20g dans les pots 13 et 14. Enfin, pour les pots 15 et 16, fantaisie, ajout de poudre de bauxite rouge violacée récoltée dans une mine désaffectée à raison de 10g et 20g. On attend une journée puis on retire l’eau surnageante de tous les pots avec une petite poire en caoutchouc. On répète l’opération le lendemain et après 48h, la pâte est étalée sur deux blocs de plâtre bien sec en numérotant les dépots. Apès 24h, elle est prête à être utilisée. Après malaxage, on façonne par pétrissage des boudins qu’on replie en forme d’anneau (donuts) pour évaluer la plasticité. Celle-ci est excellente pour tous les donuts. Puis on les roule en boules et on enroule chaque boule dans une feuille de plastique fine alimentaire ( rouleau) pour les conserver sans qu’ils se désèchent et qu’on numérote. Enfin, on commence à les tourner les uns apès les autres et miracle, ils se tournent bien sans se fragmenter. On les laisse sécher sur une planche en contre-plaqué pendant 2 jours et on les cuit au four électrique à 980°.

Résultat: Après cuisson, le fond s’est fendu pour de nombreux pots, sauf les N°4 et 7 . C’est surprenant mais c’est probablement du à l’argile blanche car l’argile rouge initiale avait bien résisté. Par contre, la couleur est plutôt sympa. On n’abandonne pas, au lieu d’un mélange d’argile rouge et blanche 50/50 on va essayer d’autres mélanges avec argile rouge dominante.

 

Concassage de l'argile blanche récoltée
Concassage à sec avec un pilon de l’argile blanche récoltée
Malaxage de l'argile mélangée à l'eau de pluie (50%)
L’argile concassée est déposée dans une bassine et on ajoute un même volume d’eau , de pluie de préférence car non calcaire. On remue en écrasant les mottes sur les bords jusqu’à obtention d’une crême argileuse

Aspiration de l'eau surnageante avec une poire

Des échantillons de même poids de cette crême argileuse sont placés dans des pots en plastique. La moitié (1à 7) en argile blanche pure, et de 8 à 14 un mélange à 50% d’argile blanche et d’argile rouge, avec pour les deux catégories une proportion progressive de 0 à 25% de kaolin et pour les 6 ,7, 8, 15 un ajout de 10 à 15% de sable fin. L’eau surnageante est apirée avec une poire le lendemain

Après divers mélanges dans chaque pot, étalage et séchage on pétrit des donuts
Après divers mélanges dans chaque pot, étalage et séchage, on pétrit des donuts pour évaluer la plasticité de l’argile
Boules d'argile
Pétrissage de boules entourées d’un film de plastique fin et numérotées pour conservation avant tournage
Tournage des pots
Après tournage et séchage, les pots on bien résisté sauf un dont le fond est resté collé au rondeau.
Cuisson des pots à 980°
Après cuisson à 980°, le fond s’est fendillé sauf pour le 4 et le 7 composés d’argile blanche avec kaolin 15g pour le 4 et avec kaolin 30g et silice 15g pour le 7

03/11/2022

La production d’argile locale (la rouge) est désormais lancée avec la bétonnière qui malaxe, la lévigation sur tuiles romanes, le tamisage avec tamis de 60 puis 80 puis 100 l’argile étant à la fin du procédé de tamisage déposée dans un drap reposant dans un grand conteneur d’arbre percé au fond. Le drap contenant l’argile est ensuite placé sur une brouette, rentré à l’intérieur de la poterie et déposé sur une plaque en plâtre pour séchage.  Environ 30 Kg sont récoltés à chaque fois. Elle se tourne remarquablement bien, et après nos essais précédents il est clair qu’on n’a rien à y ajouter, on l’utilise crue.

Par ailleurs, on tamise l’argile blanche locale qui est impropre à réaliser des tessons comme on l’a vu mais qui pourrait convenir pour de l’engobe. Là aussi, malaxage à l’eau de pluie, tamis de 80 et de 100, puis dans des flacons de verre et chaque jour, aspiration de l’eau surnageante avec une poire, séchage à l’air pendant plusieurs jours, puis broyage dans un pilon jusqu’à obtenir une poudre fine qui servira de base à l’engobe (voir essais engobe)

01/12/2022 Une très bonne nouvelle, l’argile rouge qu’on a utilisée résiste à 1260°, elle devient brunatre mais ne fond pas, c’est donc une argile ferrugineuse non fusible qu’on va pouvoir émailler et utiliser en céramique, soit pure soit mélangée à d’autres argiles du commerce.

05/03/2023 Après divers essais, nous avons décidé d’arrêter d’utiliser la terre locale, pourquoi? Parce-que cela est énergivore et « time »comsuming » or du temps il en faut beaucoup pour toutes les autres activités. De plus, le résultat escompté n’était pas toujours au rendez-vous. On reprendra lorsqu’on aura un four à bois pour créer des objets de volume plus important.