Comment se lancer dans la poterie?

Il semble que ce soit une activité qui a le vent en poupe. Quand on n’y connaît rien, comment se lancer ? Comment savoir si ça va vraiment me plaire, est-ce que c’est cher, ai-je des aptitudes ou bien est-ce trop difficile pour moi, que me faudra-t-il comme équipement chez moi?…

A mon avis il ne faut pas s’emballer et tu peux commencer à la maison avec de l’argile auto-durcissante qui coûte 20€/5Kg ou bien acheter un pain de grès ou de faïence à 10€/10Kg et la faire durcir en l’enduisant d’huile de lin. Regarde des tutos sur internet et commence en façonnant des objets à la main, en étalant ta pâte au rouleau à pâtisserie ou en sculptant une motte avec des instruments de cuisine. Tu laisses cours à ton imagination et tu peux même partager cette activité entre amis. Navigues sur la toile et lis quelques articles

Si ça te plaît et que tu brûles d’envie d’aller plus loin alors le mieux est sans doute de s’inscrire à un cours de poterie près de chez toi en commençant par le tournage.  Tu pourras ainsi répondre à toutes les questions énoncées plus haut. Le coût dépend de la durée du stage. Un cours d’une heure coûte environ 15 à 30€, c’est plus ou moins cher si c’est un cours individuel ou collectif, s’il faut apporter sa terre ou si elle est fournie mais qu’elle doit être achetée (le plus souvent).  Un stage d’une journée coûte de 70 à 90€,  un stage de 2 jours au cours d’un week-end coûte environ 150 à 200€ et une semaine coûte environ 280 à 350€. C’est cher sans aucun doute mais si tu veux t’équiper toi-même d’emblée  tu vas payer plus cher encore car il te faudra acheter les équipements et la formation d’après les tutos sera beaucoup plus longue et laborieuse que si tu prends des cours. Essaie de trouver un stage d’abonnement au mois ce qui n’est pas mal car tu t’obliges à y aller régulièrement, la formation est progressive et les tarifs sont plus attractifs. Les cours te permettent de poser des tas de questions et de comparer tes progrès à ceux des autres ce qui est toujours enrichissant. Surtout, ne te décourage pas et dis toi que la poterie c’est une école de patience et d’humilité. Si tu échoues, tu recommences et c’est valable pour les débutant comme pour les professionnels car les obstacles sur la route sont multiples. Pour être un bon tourneur il faut 10 ans d’expérience au minimum, ceci m’a été confirmé par de nombreux professionnels. Sache que pour faire une série identique de pots, de bols ou autres poteries il te faudra aussi une bonne dizaine d’années de pratique et encore, beaucoup n’y arrivent pas. Tu as fait de jolies pièces, tu les mets à cuire et déception certaines sont fendues et inutilisables. C’est normal, ça nous arrive à tous car il y avait des bulles prisonnières dans l’argile, un défaut de tournage ou un défaut de séchage…

Bon d’accord, tu es mordu(e)s, tu veux t’équiper (tout en continuant les cours) et tu veux aller encore plus loin. Alors tu te poses et tu réfléchis: que veux-tu faire ? C’est pour le plaisir ou pour essayer d’en vivre? Dans tous les cas il te faut un local, un accès à l’eau et à l’électricité et un budget d’équipement pour disposer d’un tour et d’un four sans compter les outils et les consommables. Le local c’est important d’y réfléchir parce-que la cuisson au four électrique dégage des gaz et qu’il faut un local bien ventilé, un garage ou un appentis par exemple. Pense aussi au raccordement électrique car un four peut nécessiter une alimentation triphasée. L’eau c’est moins important de l’avoir à proximité car tu peux disposer de bassines ou de bidons pour l’apporter. Il te faut aussi des étagères à l’abri du soleil et des intempéries pour faire sécher tes pièces. Pense à disposer ton petit atelier en 2 parties distinctes: humide pour la préparation de l’argile et la confection des pièces et sèche pour la cuisson et la décoration. Le budget d’équipement va peut-être d’aider à réfléchir car la poterie c’est une activité relativement onéreuse. Un tour de potier on en trouve à 200€ certes mais si tu veux réellement travailler tous les jours ou du moins plusieurs fois par semaine, alors il te faudra acquérir un tour plus robuste pour un budget de 1200 à 1800€. Un four électrique c’est environ deux fois plus cher mais tu peux tomber sur une bonne occasion. Méfie toi, regarde bien l’état des céramiques à l’intérieur car si elles sont cassées le coût de la restauration sera élevé. Vérifie bien les résistances qui ont une durée de vie limitée selon le nombre de cuissons et dont le remplacement coûte environ 300€.  Pense aussi à la consommation électrique qui est de 10€/ cuisson environ. Tu peux aussi faire cuire tes pièces à l’atelier où tu prends des cours mais attention au choix de la terre car la faïence et le grès ne se cuisent pas à la même température. Si c’est pour essayer d’en vivre, vois si tu peux bénéficier d’une formation financée et reporte-toi au chapitre « peut-on vivre de la poterie ? ». Surtout, ne quitte pas la proie pour l’ombre comme dit le dicton car si aveuglé(e) par ton désir de poterie au point que tu envisages de quitter ton emploi actuel (qui te fais vivre) réfléchis plutôt deux fois qu’une car ce n’est pas demain que tu pourras en vivre. Au début, conserve ton emploi, fais de la poterie ton activité de loisirs principale en attendant de faire le grand saut.

La décoration des pièces c’est encore une autre activité pour laquelle il te faudra t’instruire et disposer de livres, documents, ne pas hésiter là aussi à prendre des cours. Ce n’est pas comme pour le tournage où c’est la main qui apprend grâce au contact répété avec la terre. Pour la décoration il faut disposer de connaissances artistiques dans le graphisme, le dessin, la peinture et en somme tous les arts plastiques te seront utiles pour utiliser les engobes qui sont des colorants à base d’argile appliqués plutôt sur la faïence que sur du grès pour en faire des objets de décoration. Pour les émaux qui recouvrent le grès et qui servent à faire des objets utilitaires d’usage alimentaire, c’est très différent. Les émaux sont composés par assemblage de substances chimiques dans des proportions  très rigoureuses et il te faudra donc acquérir des bases de chimie. Reporte-toi au chapitre « engobes-émaux« .

 

 

Peut-on vivre de la céramique?

16/12/2023 Peut-on vivre de la céramique?

Cela fait presque 18 mois que je me suis lancé dans la poterie aux côtés de ma compagne qui en faisait depuis 12 ans, suis devenu auto-entrepreneur, avec un N° de SIREN, une assurance professionnelle, ai investi en achetant un four électrique, une croûteuse, un tour, et la matière première, j’ai ouvert une boutique en ligne, nous avons beaucoup travaillé à créer des objets utilitaires et décoratifs, et à ce jour on a encaissé seulement 300€ au cours de deux marchés de Noël. Résultat, si on devait en vivre on serait à la rue et au pain sec. Une jeune amie potière  a ouvert sa boutique dans un village il y a 14 mois et a réussi à se payer un petit salaire au bout d’un an, les ventes et les cours ne permettant habituellement que de payer le loyer de la boutique, les taxes et la facture d’électricité (un four ça consomme!) soit environ 500€/mois. Un peu décevant et même si on est passionné on ne peut pas éviter la question de la commercialisation de son travail. Alors cet après-midi j’ai écouté la session organisée par le  » collectif-ceramistes.org »  animé par Jérome Roussel sur le thème « Optimiser la commercialisation de la céramique dans les petits ateliers d’aujourd’hui »

Il s’agit d’une intervention récente datant d’octobre 2023, organisée par le collectif national des céramistes en réponse à l’enquête menée par la commission qui a fait remonter cette question prioritaire parmi les potiers. Le marché de la céramique est en pleine transformation et s’il y a 30 ans on pouvait s’installer et vivre de son art, aujourd’hui cela paraît plus difficile au point qu’on se demande si on peut vivre de la transformation de la terre. Une enquête de conjecture menée par la commission aurait montré effectivement que le marché de la céramique ne se porte actuellement pas bien.

Voici les questions que pose Jérome ROUSSEL :

1/ Quels sont mes clients? Un exemple de ce céramiste passionné d’encens qui veut vendre des céramiques pour contenir de l’encens. Après enquête, marché étroit, 15 acheteurs potentiels, bien sûr, c’est insuffisant et alors je continue ou je change ma production? Si je ne change pas, je vais dans le mur, heureux mais dans le mur. Jérome lui même a passé 4 ans a faire des marchés et zéro de chiffre d’affaire ce qui entraîne un doute sur soi-même, une remise en question. Donc il faut se poser la question: où sont mes clients? S’ils ne sont pas sur les marchés, où sont-ils, où vont-ils en vacances, de quel budget disposent-ils ? …Si je fais des théières, il me faut trouver les amateurs de thé, si je fais des pièces haut-de-gamme pour restaurants, dois-je faire du porte-à-porte pour trouver un restaurant qui me les prenne ou ne puis-je pas trouver d’un seul coup une centaine de restaurateurs qui accèdent à ma production? Donc: il me faut m’adapter à ma clientèle et savoir où je peux la trouver

2/ Quels sont mes concurrents? qui sont-ils et que font-ils, je dois regarder leur travail en toute objectivité. Si je fais de l’utilitaire, j’ai beaucoup beaucoup de concurrents dont IKEA (on peut ajouter Maisons du Monde, Centrakor… la liste est longue) qui produisent des articles dont le design est remis au goût du jour, pour un prix modique. Alors bien sûr le potier s’indigne  » oui mais moi c’est fait manuellement, chaque article est unique » oui certes mais est-ce un argument entendu par l’acheteur ? C’est pire sur Internet où l’acheteur doit trouver la réponse à sa quête sur votre site en 5 secondes sinon il zappe. Au début de son expérience personnelle, Jérome avait comme concurrents sur les marchés TOUS les potiers présents. Il les interrogeait, les observait, épiant même leurs ventes essayant de deviner ce qui pouvait attirer le client chez celui-ci plutôt que chez celui-là et se posant la question: comment s’y prennent mes concurrents et est-ce que ça marche?

3/ Qu’est-ce qui me distingue de mes concurrents? Pour m’insérer  dans une place, qu’est-ce qui va faire qu’on va venir m’acheter. Si je fais de la production utilitaire en faïence ou en terre vernissée, nombreux seront mes concurrents et quelle va être la plus-value de ma production par rapport à celle du voisin?, Qu’est-ce que j’apporte en plus? On peut se dire « on verra bien » mais si je souhaite communiquer sur mon travail, il va falloir que je mette en avant CE QUI ME CARACTERISE car il y a autant de sensibilités qu’il y a de potiers et l’acheteur va acheter une histoire. Donc: Identifier sa propre sensibilité et la mettre en valeur.

Faut-il envisager d’adhérer à une association, à un groupe, à un collectif de potiers..? car selon l’adage « l’Union fait la Force »

TROIS INTERVENANTS: 1/ Sarah Heng 2/ Frédéric Le Fur 3/ Fanny Dauthez

Sarah HENG, ancienne commerciale d’entreprises, reconvertie en « agent de céramistes  » qui a créé « Minuit céramique » en 2020  avec une amie potière. Elle intervient en tant qu’agent pour trouver une commercialisation avec un objectif financier, de commercialisation et de communication en reprenant le modèle de la gestion d’entreprise. Elle travaille avec une quarantaine de céramistes, organise des marchés de potiers en ligne et des ventes éphémères, des ventes thématiques. Entre les petits ateliers qui font une centaine de pièces et les manufactures qui en font 3000, il manque des céramistes qui pourraient répondre à une production de quelques centaines de pièces, d’où l’idée de grouper les petits ateliers en vue de commandes communes. Un agent prend en charge les commandes, négocie le prix, structure les artisans, présente un devis…Personnellement je trouve qu’on entre là dans « LE MARCHE » avec tout ce que cela implique et l’approche est plutôt industrielle qu’artisanale.

Frédéric LE FUR, potier lui-même, membre actif de deux associations du sud-ouest « Terre-et-terres » et « Terres neuves du Sud-Ouest » qui a ouvert 4 boutiques collectives à Montauban, Moissac, Carcassonne et St Cirq Lapopie. Les boutiques regroupent une vingtaine d’exposants qui se relaient environ 2j/mois pour tenir la boutique. Dans les lieux touristiques les boutiques ne sont ouvertes que pendant 6 mois alors qu’à Montauban c’est ouvert toute l’année pour un loyer de 800€, loyer beaucoup plus élevé à Carcassonne mais 2 millions de visiteurs/an. Le chiffre d’affaire est d’environ 7000 à 8000€/an en moyenne mais certaines peuvent faire 6000€ en un mois alors que l’autre boutique pendant le même mois ne fera que 250€. Les adhérents n’avancent aucun frais et paieront un fixe égalitaire et une part variable au prorata de leurs ventes respectives. Par exemple, celui qui aura vendu 20% des ventes de la boutique paiera 20% de la facture d’électricité. La décision d’ouvrir une nouvelle boutique se prend en assemblée générale. Ce travail d’équipe mérite les applaudissements et les encouragements, un bon exemple à suivre.

Fanny DAUTHEZ de « l’Institut National des Métiers d’Art  » association qui dépend des ministères de la Culture, de l’Economie et de l’Education Nationale. J’ai personnellement trouvé que son intervention était décalée par rapport aux préoccupations des céramistes et par rapport au thème proposé, un peu trop « parisien chez les ploucs ».  Dommage, ce pourrait être un organisme fédérateur mais probablement trop dispersé.

28/02/2024: Comment vendre nos pièces?

Il n’y a pas 36 manières de pouvoir écouler sa production: exposer sur les marchés, les présenter dans une boutique, diffuser par Etsy.com ou par les  réseaux sociaux.

On a commencé par envoyer une candidature à 7 marchés de potiers. A ce jour 4 d’entre-eux ont répondu négativement arguant du fait qu’il y a pour la plupart plus de 100 candidats pour 10 à 20 places d’exposants. On attend les autres réponses mais ça paraît difficile. Comme tous ces marchés demandent si on adhère à une association de potiers, je suppose qu’adhérer à une association doit faciliter le ticket d’entrée.

Pour la boutique, il faut soit adhérer à une association comme décrit plus haut et s’engager à être présent physiquement dans la boutique de l’association une à 2 journées par mois. On peut aussi participer à des boutiques éphémères mais il faut également être présent. On peut aussi conclure un accord avec des commerçants locaux type boutique de cadeaux, fleuristes…

Il reste Etsy.com et les réseaux sociaux. Pour Etsy, les avis des internautes sur les réseaux de potiers sont très partagés: site non sécurisé, risque d’arnaque, d’autres sont enthousiastes, on n’a pas exclu ce choix mais on va tenter l’autre voie: les réseaux. Pour vendre en ligne, il faut tout-d’abord rendre le site visible, attrayant et que toute la chaîne d’envoi puisse suivre. Après avoir interrogé des céramistes qui ne commercialisent leurs produits que par ce moyen, toutes nous ont clairement dit qu’il faut être très actif sur instagram, tik-tok.. à savoir qu’il faut communiquer plusieurs fois par jour!  C’est une activité qu’il est difficile d’assumer aussi, pour nous lancer, on va faire appel à une jeune personne qui maîtrise parfaitement ce mode de communication et qui va nous aider à développer le site de vente en ligne.

Ta CREATION ne peut se VENDRE que si elle est VISIBLE, après on verra

15/04/2024 Quelques réflexions sur le même sujet. Si ce blog-ci est bien visité il n’en est pas de même de la boutique en ligne qui est au point mort. Il faut alors faire sa propre auto-critique: 1/ on n’entretient pas la boutique en ligne 2/ on ne communique pas grâce aux réseaux 3/ on n’a pas de ligne de production. Il ne faut donc pas en rester là et la décision a été prise en répondant à rebours aux 3 critiques: 1/ Préparer une ligne de production avec une série de bols, tasses, coupes et coupelles, assiettes…, ce qui veut dire travailler beaucoup 2/ Quand cette ligne de production sera prête, la faire connaître par les réseaux. J’ai déjà pris contact avec une personne qualifiée qui va m’initier  3/ Entretenir la boutique en ligne au quotidien en y mettant ou en retirant des articles, en embellissant le site et en le rendant attractif ce qui sera la dernière étape.

28/09/2024  Si tu ne bouges pas, tu n’avances pas

Pour la vente, on n’a pas avancé d’un pas mais pour la production on a beaucoup créé, motivés par le marché de potiers d’Auvillar auquel on va participer. J’avoue n’avoir  rien fait , ni pour les réseaux ni pour la boutique en ligne, ni pour Etsy…et donc, aucune vente. Je me dis que si nous n’avions que cette activité pour vivre on aurait certainement arrêté depuis longtemps mais… pas sûr car on aurait peut-être trouvé le temps, l’énergie et les moyens de se RENDRE VISIBLES.