Céramiques à usage alimentaire

Des contrôles récents sur les marchés et dans les ateliers agitent les réseaux des collègues potiers. Nombre d’entre-eux décident de ne plus faire de poteries à usage alimentaire car ils ne peuvent pas supporter les frais occasionnés par les tests d’émaux en laboratoire (environ 250€). Ils ré-orientent leur activité vers la décoration, tel un mug ou une tasse qui devient un porte-crayon ou un pot à brosse-à-dents… Faut-il suivre leur exemple ou bien se mettre en règle? Choix délicat car dans le 2ème cas, il faut pouvoir suivre techniquement et financièrement

Actualisation des règlements

J’actualise ici les dispositions règlementaires françaises et européennes concernant l’usage alimentaire des poteries destinées à la vente. Comme pour toutes les dispositions de matériau-vigilance, il faut pouvoir assurer à la personne à qui on vend un article de son innocuité pour un usage alimentaire. Cela repose sur le principe de garantie d’inertie du matériau vis-à-vis des denrées alimentaires.

La DGCCRF (Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes qui dépend du ministère des finances publie une fiche qui résume la règlementation actuelle:

Dans son introduction, l’article de la DGCCRF précise: le règlement (CE) n°1935/2004 du 27 octobre 2004 prévoit dans son article 3 que les matériaux et objets destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires, sont fabriqués conformément aux bonnes pratiques de fabrication.

L’objectif est  triple, dans des conditions normales ou prévisibles de leur emploi, ils : 1/  ne cèdent pas aux denrées des constituants en une quantité susceptible de présenter un danger pour la santé humaine 2/ n’entraînent pas une modification inacceptable de la composition de la denrée 3/ n’altèrent pas  les propriétés organoleptiques de la denrée alimentaire.

Les textes d’application

Des textes d’application de ce règlement définissent, pour certaines catégories de matériaux, les règles (composition, critères de pureté, etc.) permettant d’assurer le respect de ce principe d’inertie. C’est ainsi que des directives spécifiques, comme dans le domaine des objets en céramique sont adoptées.

Un certain nombre de matériaux ne font pas encore l’objet d’une  réglementation spécifique, que ce soit au niveau de l’Union européenne ou au niveau national. Parmi les matériaux inorganiques, seuls les objets en céramique (dite « traditionnelle ») font actuellement l’objet d’une réglementation partielle de l’Union européenne avec la directive 84/500/CEE du 15 octobre 1984 transposée dans l’arrêté du 7 novembre 1985.

Des fiches d’orientation

En l’absence de texte réglementaire spécifique, la DGCCRF élabore des fiches pour les différents types de matériaux. Elles sont à destination première des services et laboratoires officiels de contrôle. Elles viennent préciser les critères et modalités de vérification de l’aptitude au contact alimentaire de ces matériaux. Plus particulièrement, elles définissent les modalités de vérification du principe d’inertie de l’article 3 du règlement (CE) n°1935/2004 du Parlement européen et du Conseil du 27 octobre 2004. Ces fiches font l’objet d’une consultation, en amont, des représentants des parties prenantes (laboratoires compétents dans le domaine des MCDA, fabricants et transformateurs de matériaux, industries agroalimentaires, distributeurs…). Leur publication sur le site Internet de la DGCCRF permet d’informer les opérateurs, en toute transparence, sur certains critères et modalités qui seront utilisés par ses services dans le cadre des contrôles officiels.

Les références de la règlementation

Ci-dessous les références de la règlementation européenne à laquelle se rattache la règlementation française:

  • Document 32007R0333 de la commission du 28 mars 2007 consolidé le 30 avril 2024
  • Règlements (CE):                                                                                                                      – n° 333/2007 de la Commission du 28 mars 2007 : il porte fixation des modes de prélèvement d’échantillons et des méthodes d’analyse pour le contrôle officiel des teneurs en plomb, en cadmium, en mercure, en étain inorganique, en 3-MCPD et en benzo(a)pyrène dans les denrées alimentaires (Texte présentant de l’intérêt pour l’EEE )                                                                                                                – n°1935/2004 du parlement et du conseil du 27 octobre 2004 : il concerne les matériaux et objets destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires et abrogeant les directives 80/590/CEE et 89/109/CEE                                                      – n°2023/2006 de la commission du 22 décembre 2006 relatif aux bonnes pratiques de fabrication des matériaux et objets destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires
  •  Arrêté du 7 novembre 1985 (transposition de la Directive 84/500/CEE du 15 octobre 1984) : limitation des quantités de plomb et de cadmium extractibles des objets en céramique.

Liens utiles :

# Arsenic, aluminium, cobalt: Morgane Louis-Gobin

# Quand l’émail est un poison : Joëlle Swannet

# Vos émaux sont-ils toxiques ? Axel-et-Bois

# Taux d’arsenic et d’aluminium trop élevés:  60 millions de consommateurs

# Taux d’arsenic testé en laboratoire trop élevé : Giom von Birgitta

Si je comprends bien la lecture des textes, il faut pouvoir prouver qu’une pièce de céramique à usage alimentaire ne présente pas de risque de migration de substances nocives. Seul un test en laboratoire est à même de l’assurer.

Mes 10 commandements

Voici les 10 commandements que je m’efforce d’appliquer pour la création de céramiques à usage alimentaire destinées à la vente à des particuliers

1/ Ne pas utiliser de composant prohibé: plomb et cadmium    2/ L’arsenic doit rester indétectable même s’il est contenu dans de nombreux composants
3/ Limiter l’usage du cobalt et du chrome  à des concentrations les plus faibles possibles.  4/ Exclure un émail de composition inconnue sauf à faire un essai en laboratoire (même si l’émail est acheté chez un fournisseur ) .  5/ Faire un essai en laboratoire pour tout émail ayant des constituants susceptibles de présenter un risque dans son usage alimentaire    6/ L’émail doit s’inscrire dans le champ de fusion du diagramme de D. de Montmolin auquel il correspond et s’inscrire dans le vecteur central (brillant ou semi-mat) du diagramme de Stull     7/ S’assurer de sa résistance par des »crash-tests » Réf tests de résistance des émaux)    8/ Etablir une traçabilité de tous les composants utilisés (argiles, composants utilisés pour l’émail) et des courbes de cuisson et précise le type d’énergie utilisé (électrique ou gaz)    9/ Remettre à l’acheteur un document garantissant l’usage de la pièce acquise: four, lave-vaisselle, micro-ondes   10/ Me tenir informé des règlementations en vigueur

Après réflexion, malgré toutes ces précautions et ces engagements, je suis conscient que je ne peux affirmer que l’émail qui recouvre ma pièce satisfait complètement à la règlementation. Or, le caractère « à usage alimentaire » est une notion strictement juridique. Donc je ne vais désormais utiliser que l’émail que j’ai déjà fait tester en laboratoire. Pour tout nouvel émail que j’utiliserai,  je ferai faire un test de laboratoire avant de lancer une série. Cette réduction volontaire de l’activité créatrice pour l’usage alimentaire sera compensée par des recherches de nouveaux émaux en décoration où l’on jouit par contre d’une totale liberté.

26 mars 2025: Echange de mails avec Joëlle Swanet:

Je reproduis ci-dessous un extrait de sa réponse :  » les analyses que nous réalisons portent sur 28 éléments + les limites que nous considérons sont celles qui sont proposées par l’EFSA (European Food Safety Agency).  La procédure est la suivante:

1. pour les recettes maison, possibilité de recevoir un rapport prédictif avant d’envoyer la pièce test – le prix : 60€ (gratuit si vous avez suivi la formation Surfaces alimentaires). Sur base de votre recette, il est possible de prédire si votre émail a toutes les chances d’être alimentaire ou s’il sera déséquilibré. Après réception de ce rapport prédictif, vous déciderez si vous faites analyser l’émail en laboratoire ou pas.

2. Préparation du colis: le ou les échantillon(s) doivent avoir une taille suffisante : la contenance doit être d’environ 200 ml. La surface à analyser sera du côté interne. Le colis sera constitué de deux boîtes avec suffisamment d’espace entre les 2 boîtes et du matériel amortissant les chocs pour que l’échantillon arrive entier. Nous insistons pour que le(s) bol(s) échantillons ne puissent pas bouger à l’intérieur du colis : votre boîte sera lancée et subira des chocs. Dans la boîte vous glisserez une feuille qui reprend les informations suivantes : La référence s’il s’agit d’un produit commercial, ou la recette exacte de l’émail que vous souhaitez faire analyser ainsi que la provenance des matières premières (nom du fournisseur – ou matière de cueillette). Ajoutez un maximum d’informations :  Température de cuisson (obligatoire) confirmée de préférence par des cônes,  Cuisson en oxydation ou en réduction,  type de terre, nature de l’engobe s’il y en a, présence de cendres ou matières de cueillette : soyez le plus précis possible et toute autre information qui peut aider à interpréter les résultats. »

L’adresse d’envoi : CCE2 SRL – c/o Eric Swanet – 15B rue de Hannut – 1350 Marilles – Belgique – Tél 0032 498 51 22 87.

Contactez eric.swanet@gmail.com avant l’envoi pour être certain qu’il y aura quelqu’un de présent pour réceptionner votre colis.

Effectuer le paiement de 150 € TTC  (prix actuel, au moment de l’envoi de ce mail – et qui peut être modifié si le labo augmente ses prix)

Le compte bancaire est au nom de CCE2 SRL                                                             IBAN BE67 3631 5047 1187  –  BIC BBRUBEBB                                                               En communication : votre adresse mail                                                              L’extraction et l’envoi au labo ont lieu après réception du paiement. Pour les zones non-euro : les frais de change sont à votre charge. Si vous avez besoin d’une facture, communiquez vos coordonnées COMPLETES et exactes.  Si vous avez un numéro de TVA vous pouvez nous le communiquer (attention il faut être assujetti TVA, le numéro SIREN ne suffit pas) mais la TVA de 21% est due car la prestation d’analyse a lieu en Belgique. Le DELAI est généralement de 5 à 6 semaines, parfois un peu plus.    »                

Je lui envoie dès aujourd’hui une demande  de pré-analyse de l’émail rose Vienne 2025, adapté d’après la formule d’Andrew Taylor (Australie) avec nos composants européens. Sa réponse rapide est que  » l’émail n’a pas de déséquilibre manifeste, juste une petite carence en alumine. L’analyse semble utile pour rechercher une éventuelle migration de chrome VI et d’alumine. Je prépare les pièces à lui envoyer ».

Test de résistance des émaux : trucs et astuces

21/01/2025: Je me prépare à faire de nouveaux essais d’émaux en utilisant des cendres locales à base de peuplier, de chêne et d’eucalyptus issues de la forêt voisine (voir le chapitre fabrication d’émaux). Comment savoir si ces émaux seront résistants aux contraintes physico-chimiques d’un usage quotidien? ( les risques inhérents à la composition chimique de l’émail sont du ressort du test en laboratoire (voir le chapitre règlementation des émaux).

J’ai consulté le blog de Manon Picot et celui de Sarah du Blog-du-bol dont voici les deux versions résumées ci-dessous:

Mon conseil: avant de faire les essais prendre deux photos de la pièce sous deux angles et éclairages différents. Objectif attendu des essais: pas de trace visible (couleur, texture, brillance, fendillement, traces résistantes au nettoyage, étincelles au micro-ondes… ) Ci-dessous les 5 tests:

1/Résistance à l’acide: laisser la pièce dans un bol empli de vinaigre blanc pendant 3j. Laisser le jus d’un citron entier dans la pièce pendant une nuit. Objectif attendu: pas de trace visible (couleur, texture, brillance)

2/Résistance aux chocs thermiques: une goutte d’encre dans la pièce et la placer une nuit dans le congélateur. Après une nuit au congélateur, préchauffer le four de cuisine à 180°C et y placer la pièce pendant 5 min. Objectif attendu: pas de trace visible

3/ Résistance aux alcalis: tremper la pièce pendant 6h dans une solution à 5% de cristaux de soude simule approximativement 250 passages en lave-vaisselle. Placer la pièce dans le lave-vaisselle pendant plusieurs semaines.

4/ Test au micro-ondes: placer la pièce dans un micro-ondes avec un verre d’eau et stopper toutes les 10 sec. et attraper la pièce à mains-nues. Poursuivre la démarche jusqu’à ce que l’eau du verre soit bouillante: la pièce doit pouvoir être prise en main. Laisser la pièce emplie d’eau dans le micro-ondes pendant une minute. Le niveau d’eau ne doit pas diminuer.

5/ Résistance aux griffes: faire fonctionner un fouet métallique dans la pièce

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Si tous ces tests sont passés avec succès, la pièce est déclarée résistantes aux chocs physico-chimiques de la vie domestique ce qui est déjà très bien. Pour être en accord avec la législation, il reste à s’assurer de son absence de nocivité pour l’usage alimentaire grâce à un test de laboratoire.

 

Réglementation des céramiques à usage alimentaire

DESCRIPTIF DES BONNES PRATIQUES DE FABRICATION DANS UN PETIT ATELIER DE CÉRAMIQUE

Nom de l’entreprise : CMSJ (Céramiques de Mont-St-Jean)

Adresse: 2, route du burgaud 82600 Aucamville

N° SIRET: 328 192 398 00225

Nom du gérant: PORTALEZ Daniel

(Document mis à jour au 17 juillet 2023)

 MODE DE FABRICATION : Je fabrique dans mon atelier une production soit rattachée aux arts de la table soit artistique, entièrement faite à la main en pièce unique ou en très petites séries (en moyenne 15 à 20 pièces maximum). Chaque pièce sortant de mon atelier est passée entre mes mains et j’ai effectué manuellement toutes les opérations du début à la fin. Cela explique les différences que l’on peut noter d’une pièce à l’autre ce qui fait que se vérifie dans ma production le principe caractéristique des ateliers de métiers d’art : « le même n’est pas l’identique ». Ainsi deux bols qui pourraient sembler être les mêmes ne sont en aucun cas identiques comme le sont deux bols issus d’une chaîne de fabrication industrielle.

J’assure personnellement le contrôle qualité à toutes les étapes de la fabrication et écarte systématiquement les pièces défectueuses en les recyclant le cas échéant. Ce contrôle est extrêmement sévère : il en va de la réputation de mon entreprise et de sa survie dans un marché très pointu.

TECHNIQUE GÉNÉRALE UTILISÉE : Le règlement 2023/2006 CE du 22 décembre 2006 outre l’obligation de transformer les matières premières conformément aux « Bonnes Pratiques de Fabrication » (BPF)

La technique de fabrication que j’utilise conformément aux « Bonnes pratiques de Fabrication » (BPF) du règlement 2023/2006 CE du 10 décembre 2006, est inspirée de celle qu’employaient les artisans traditionnels de mon secteur géographique mais n’utilise ni les mêmes matières premières ni les mêmes processus de fabrication. Ce n’est donc pas une terre vernissée traditionnelle ou une terre à brique comme on la rencontrait dans cette région mais un grès de haute température tout à fait apte au service des arts de la table. Les matières premières utilisées sont toutes autorisées et conformes comme le montrent les fiches de données de sécurité jointes à ce dossier. Elles sont transformées en respectant strictement les préconisations des fournisseurs ainsi qu’il est expliqué dans le présent document. Les pièces que je mets sur le marché sont donc nécessairement conformes et ne présentent aucun risque pour le consommateur final. Le certificat de conformité joint à ce dossier l’atteste.

ARGILES utilisées : provient des fournisseurs Céram Décor et Solargil, utilisées selon le cas:

– au tour: Grès de St-Amand GSA T40 Lisse / GSA culinaire / Porcelaine Southern Ice pour le tournage

– pour le modelage, l’estampage et la sculpture : Witgert 11 sfo-0,2 chamotte 25% 0-0,2mm/ PRAF Sio-2 blanche/ PGRF Sio-2

FAÇONNAGE : L’argile est tournée, estampée ou modelée à la main. L’eau utilisée dans les processus de fabrication est celle délivrée par la commune d’Aucamville 82600 qui est déclarée potable et l’eau de pluie pour les émaux. Aucun adjuvant n’est ajouté à l’eau de façonnage.

SÉCHAGE : Les pièces sont séchées lentement et naturellement à l’air libre.

DÉCOR : Il est entièrement réalisé à la main par mes soins en sculptant dans la masse à l’aide d’un outil pointu

CUISSON DE BISCUIT : Les pièces sont cuites en four électrique en oxydation, une première fois à la température de 980°C. Cette température est celle préconisée pour la cuisson de biscuit par les fournisseurs de l’argile. Les deux fours que j’utilise sont équipés de la même régulation, pilotée par microprocesseur qui garantit une grande stabilité des courbes de cuisson et une précision au degré près de la température à l’intérieur du four, y compris celle de fin de cuisson.

ÉMAILLAGE : L’émaillage est fait manuellement par trempage compté à 5 pour les assiettes et objets plats et/ou par pulvérisation au pistolet en 2 à 4 couches successives avec séchage entre chaque application pour les pièces plus volumineuses. Les émaux utilisés sont fabriqués uniquement par mon entreprise qui n’utilise aucun matériau prohibé par les Directives Européennes. Les ratios R2O/RO sont compris entre 0.27 :0.73 et 0.50 :0.50 et les ratios SiO2 : Al2O3 sont compris entre 5.74 et 6.17La densité (1.4-1.5) mesurée au moyen d’un densimètre garantit une bonne épaisseur et une couche d’émail suffisante en surface afin de ne pas avoir les inconvénients d’un émail trop « maigre ».

 CUISSON D’ÉMAIL : La cuisson d’émail est faite en four électrique en oxydation. La température finale est de 1250°C, température de cuisson conseillée par les fournisseurs pour la terre. Pour l’émail, la température a été testée sur différents tessons à des degrés de cuisson différents mesurés par l’utilisation de cônes d’Orton : les cônes 8-10 à haute-température ont obtenu les meilleurs résultats en termes d’adhérence et d’homogénéité sur le support. La durée de cuisson est en moyenne de 24 h (refroidissement compris). Le palier final de 1 h, permet la parfaite fusion, nappage et inclusion des éléments fusibles et de ceux qui ne le sont pas. Le refroidissement se fait naturellement et lentement (12h minimum) et le défournement à une température toujours inférieure à 50°C. Tous les éléments minéraux inclus (décors) sont donc parfaitement silicatés et par conséquent parfaitement inertes.

ASSURANCE ET CONTRÔLE DE LA QUALITÉ : 

Les émaux utilisés seront prochainement testés par le laboratoire SFC, Société Française de Céramique 6/8 rue de la réunion, Les Ulis, 91955 COURTABOEUF cedex  https://ceramique.fr  et auclerc.sfc@ceramique.fr(voir ci-dessous la réponse du laboratoire). Mon atelier de céramique,  qui n’emploie pas de personnel, est un atelier de métiers d’art et a de ce fait une production limitée par le temps dont je dispose pour fabriquer moi-même les produits proposés à la vente.  Dans un contexte de circuits courts et de ventes directes au consommateur, il en va de ma crédibilité et de la survie de mon entreprise de proposer un produit d’une qualité irréprochable. C’est pour cette raison qu’à toutes les étapes de la fabrication que j’effectue moi-même, chaque œuvre mise en vente passant entre mes mains, je contrôle scrupuleusement la qualité de mon travail, en écartant et détruisant systématiquement les pièces qui ne correspondent pas à l’idée que je me fais du travail bien fait. En particulier sont éliminés les produits fendus, fragmentés, ou dont l’émail est fendillé ou jugé insuffisamment épais. J’applique l’esprit des ateliers de métiers d’art où le geste, le temps passé, le savoir-faire complexe l’emportent sur toutes notions de productivité et de rentabilité. Ce faisant, je crois donc répondre parfaitement à l’article 5 du règlement (CE) n° 2023/2006 du 22 décembre 2006 des « bonnes pratiques de fabrication » à propos du contrôle qualité.

05/08/2023: Réponse du laboratoire

Sophie AUCLERC Responsable du Laboratoire LC2M – Caractérisations Chimiques, Microstructurales, Physiques et Contact Alimentaire

auclerc.sfc@ceramique.fr
Société Française de Céramique
6 – 8 Rue de la réunion  – Les Ulis – 91955 Courtaboeuf Cedex
Tel : +33 (0)6.74.79.60.31
www.ceramique.fr

Bonjour Mr Portalez

La réglementation européenne impose de vérifier l’innocuité des céramiques en recherchant le relargage éventuel de Plomb et Cadmium ; la DGCCRF, organe de contrôle du marché français impose quant à elle en plus des limites de relargage des éléments Aluminium, Cobalt, Arsenic depuis quelques années. Ces essais sont à réaliser même si vos matières premières ne sont pas censées contenir ces éléments et sur pièces prêtes à la vente.

Je vous transmets ci-dessous les tarifs des différents essais à réaliser par article à tester :- Migration spécifique du plomb et du cadmium sur 1 pièce (intérieur de pièce)  : 60€HT soit 72€TTC – Réalisation de 2 contacts supplémentaires + dosage des éléments Al, Co, As au dernier contact : 111€HT soit 133,20€TTC – Migration spécifique du plomb et du cadmium sur 1 pièce portée à la bouche si l’extérieur est décoré différemment de l’intérieur (zone du buvant)  : 60€HT soit 72€TTC

Si vous souhaitez réaliser ces essais, vous devez nous envoyer :

– 1 pièce de chaque référence que vous souhaitez tester accompagnée de sa désignation (identification que vous souhaitez voir apparaitre sur le rapport) – Le fichier client en pièce jointe rempli – votre règlement TTC par virement bancaire

A réception de l’ensemble, nous effectuerons les essais puis vous renverrons le rapport par mail (1 rapport/pièce testée) dans un délai d’une dizaine de jours à réception de vos pièces et règlement.

DÉCLARATION DE CONFORMITÉ A LA RÉGLEMENTATION RELATIVE AUX MATERIAUX, DES MATÉRIELS ET ÉQUIPEMENTS AU CONTACT DES DENRÉES ALIMENTAIRES, selon l’article 16 du Règlement (CE) N° 1935/2004

Je soussigné  Monsieur : PORTALEZ Daniel Société:CMSJ- N° SIRET : 328 192 398 00225 Adresse : 2,  Route du Burgaud agissant en qualité de directeur déclare que les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires et constitutifs de l’équipement référencé chez le client de la façon suivante  appartiennent aux familles de matériaux listées dans le tableau ci-après.  Je déclare ces matériaux conformes aux exigences :

  • du Règlement (CE) n°1935/2004 du 27 octobre 2004 modifié ;
  • du Règlement (CE) n°2023/2006 du 22 décembre 2006 modifié ;
  • des textes réglementaires et/ou autres textes de référence listés dans le tableau ci-dessous
Cocher les familles* de matériaux concernées Préciser les différents textes complémentaires applicables ci-dessous.Si aucun texte n’est applicable pour les matériaux cochés, le préciser
🗹 Céramiques Directive européenne 84/500/CE modifiée par la directive 2005/31/CE et arrêté du 7/11/1985 modifié par l’arrêté du 23/05/2006 (JO du 3/06/2006, texte 15/122)

*liste de l’Annexe 1 du Règlement (CE) n°1935/2004

Cette conformité s’entend : pour la référence de commande et sous réserve du respect des conditions de stockage, de manutention et d’utilisation préconisées par le déclarant et/ou définies au moment de l’appel d’offre : pour tous types d’aliments et tout mode opératoire de cuissons, transformations et nettoyages.

  • sous réserve de l’utilisation de pièces de rechange d’origine, et en tenant en compte des caractéristiques particulières du matériau ou de l’équipement.
    Modèle de déclaration de conformité – Version V3 (07/2014)

Cette déclaration de conformité a été établie sur la base des éléments suivants (cocher les cases pertinentes) :

🗹  Déclaration(s) des fournisseurs de matériaux, traitements, revêtements de surface ou composants utilisés pour la fabrication des matériels et équipements objet de la déclaration.

☐ Analyses de migration globale

Si concerné, préciser le(s) simulant(s) et les conditions de test

Simulants Temps Température
     
     

☐ Analyses des substances sujettes à restriction (dont la migration spécifique)

Si concerné, préciser la ou les substances sujettes à restriction et la (ou les) limite(s) admissible(s).

Simulants Conditions de test Nom / Identification (CAS, EINECS, etc.) Limite 
       
       
       

 ☐ Utilisation d’additifs à double fonctionnalité (additif alimentaire E ou substance aromatisante FL)1

Si concerné, préciser la ou les substances concernées :

Noms Numéro du E ou du FL Identification (CAS, EINECS, etc.)
     
     

 

☐  Présence de matériaux plastiques recyclés

Si concerné par le Règlement (CE) n°282/2008, préciser le type de matériau et le numéro d’autorisation du procédé

de recyclage, mentionné dans le registre CE du procédé :

……………………………………………………………………………………………………………………
☐  Présence de matériaux actifs ou intelligents

Si concerné par le Règlement (CE) n°450/2009, préciser la substance utilisée et le numéro mentionné dans le

registre communautaire :

……………………………………………………………………………………………………………………

☐ Autres (ex : biocides, substances non intentionnellement ajoutées « NIAS »,…)

Si concerné, préciser les substances :

Noms Identification (CAS, EINECS, etc.)

Cette déclaration est valable à la date de livraison du matériel ou de l’équipement. Elle devra être renouvelée dans tous les cas où la conformité à ce qui précède n’est plus assurée (changement de matériau, modification de la réglementation avant livraison du matériel ou de l’équipement).

Le déclarant tient à la disposition des autorités compétentes une documentation appropriée pour démontrer cette conformité.

Fait à ……………………..…, le ……………………

        Signature et cachet de la société ou organisme

 1 Règlement (CE) n°1333/2008 sur les additifs alimentaires et Règlement (CE) n°1334/2008 relatif aux arômes et à certains ingrédients

 13/12/2023 Interrogation sur l’utilisation de l’oxyde de Cobalt dans les émaux de couleur bleue

J’ai lancé une question sur Facebook dans le groupe « Echange de recettes d’émaux grès haute température » : nous avons l’habitude de faire des émaux en se servant d’une faible concentration d’oxyde de Cobalt à 0,5-1% ce qui donne une belle couleur bleue, différente selon la base utilisée. 1/ Faut-il craindre pour un usage alimentaire ( plusieurs potiers rencontrés sur les marchés nous ont déclaré avoir supprimé cet oxyde de leurs émaux et 2/  Par quoi le remplacer éventuellement ?

Les réponses sont intéressantes provenant de Nicolas Michel, Didier Descamps, Jérome Chevallier, Emelyne Claeys, Pauline Tbeur céramique, Happy Veda, Daniel Boivinpot, Ana-Bélen Montero, Sol Danelle pour ne citer que les contributeurs ayant répondu directement à la question posée: usage alimentaire et remplacement?

En résumé: pour l’usage alimentaire, tous les contributeurs sont rassurants et en principe pas d’inquiétude en restant à des concentrations faibles de l’ordre de 1% et en tout cas <3% mais seul un test de laboratoire peut le certifier. Pour le remplacer: bleus de rutile, bleus de fer mais difficile de ne pas virer au marron, s’applique très épais, c’est plus clair que le bleu de cobalt. Aussi, bleu de zinc, bleu de titane très aléatoire et selon la source Alain Valat : Zinc-Nickel , beau bleu clair mais ce n’est pas selon le bleu profond donné par le cobalt. Et puis, se pencher aussi sur les « Jun » (ou « Chun »). Enfin, pour Sol Danelle, contournement du problème en mettant à l’intérieur un émail alimentaire avec ou sans étain ou zircon mais sans titane et à l’extérieur un émail au cobalt. Conseil donné d’aller sur le site ou de suivre le stage de Joëlle Swanet sur la chimie des métaux et de son mari qui est chimiste. Une remarque aussi sur le fait qu’on peut aussi changer son regard sur ce qui nous plait et qui implique d’utiliser tel ou tel matériau. Bannir certaines substances, pour des raisons éthiques (comme Ana-Bélen Montero qui a rejeté le cobalt en raison des conditions d’extraction au Congo) ou pour des risques alimentaires éventuels ou pour des raisons plus personnelles, telles que faire plus simple, moins polluant, plus naturel me paraît être une évolution souhaitable. En attendant je vais envoyer un test de laboratoire pour ce qui concerne la production en cours contenant du cobalt et rechercher une alternative en tenant compte de tous ces précieux conseils.

10/02/2024 Résultat du test de laboratoire

J’ai demandé une analyse à la Société Française de Céramique (Les Ulis-Courtaboeuf) en vue de son utilisation alimentaire. Pour cela, j’ai envoyé une coupelle revêtue de l’émail que nous utilisons le plus, un assemblage de 2 émaux en superposition qui donne une couleur bleue tirant un peu sur le vert et dont je n’ai pas la composition.  Le test comporte 2 séries d’analyses pour un coût de 216€. Le résultat est revenu favorable, conforme à la législation pour les 2 analyses.

Pour les émaux de cendres que nous confectionnons nous-mêmes ou bien les recettes tirées de Glazy.org nous n’avons pas besoin d’une analyse de laboratoire car les compositions sont connues et il faut seulement s’assurer qu’elles ne contiennent pas des substances en désaccord avec la législation.

Actualisation le 12 Mars 2025: voir ce lien  » céramiques à usage alimentaire«