Christine Ladevèze aborde le sujet dans La revue de la céramique et du verre N°180 -Octobre 2011. Venus de Chine de la dynastie des Song (960-1279), les Temmoku (ou tenmoku) comprennent des bruns noirs cuits en oxydation ou en réduction et servaient de revêtement à des bols-à-thé faits en argile commune riche en fer.
L’oxyde de fer est le colorant essentiel pour obtenir du noir, entre 6 et 15% selon la recette choisie. Le pourcentage est fonction de la teneur en calcium, alcalis et alumine.
Tuile 9 : base B2/diagramme 27 (aussi utilisée pour les rouges de fer
Recette: Feldspath 53 g Craie 14 g Kaolin 12 g Quartz 14 g Talc 7 g
+14 g d’oxyde de fer rouge
Formule molaire unitaire
0,324 KnaO 0,491 CaO 0,50 Al2O3 3,45 SiO2
0,185 MgO 0,30 Fe2O3
Noir semi-mat, anthracite si épais
Tuile 11 : diagramme 22
Base du Kudo-matto (RCV n° 180)
Base teintée aux oxydes de fer et cobalt
Recette: Feldspath 35 g Dolomie 22 g Quartz 25 g Talc 10 g Kaolin 8 g
+4 g d’oxyde de fer et 4 g de cobalt
Formule molaire unitaire 0,165 KnaO 0,5 MgO 0,27 Al2O3 2,57 SiO2
0,325 CaO
Noir miroir
Tuile 12 : diagramme 25
Base teintée aux oxydes de fer et cobalt
Recette: Feldspath 41 g Craie 16 g Quartz 25 g Kaolin 18 g
+4 g d’oxyde de fer et 4 g de cobalt
Formule molaire unitaire 0,314 KnaO 0,686 CaO 0,60 Al2O3 4,45 SiO2
Oxydation en four électrique. Courbe de cuisson: 100°/h pendant 11h jusqu’à 1100°C puis 60°/h pendant 2h40min jusqu’à 1265°C puis palier de nappage 35min soit 14h de cuisson.
Dilution: 75ml d’eau pour 100g soit une densité de 1,5-1,55
2/ Les émaux noirs des cendres de bois
Mes essais précédents sur les cendres de chêne, de peuplier et d’eucalyptus ont donné des résultats intéressants: OA 21, CVPR 11 et PVPR 11 (voir chapitre « fabriquer un émail »
OA 21: Diagramme 42, émail à base de cendres de chêne, mat, soyeux lisse, de couleur cuir vieilli
Recette: Cendre de chêne 33g, Feldspath ice 33g, Kaolin 33g, Oxyde de fer rouge 4g, Carbonate de cuivre 4g. Pour obtenir une couleur plus noire, augmenter dans les mêmes proportions Oxyde de fer rouge et Carbonate de cuivre: 5g/5g…8g/8g
Formule molaire 0,54 KnaO 0,25 CaO 0,12 Al2O3 1,32 SiO2
0,18 MgO 0,07 Fe2O3, 0,19 P2O5
Cendres de chêne, couleur cuir vieilli
CVPR11 : Diagramme 28, émail à base de cendres de chêne, semi-brillant
Recette: Cendres de chêne 40g, Feldspath potassique 40g, silice 20g, Oxyde de fer rouge 4g, Carbonate de cuivre 0,5g
Formule molaire : 0,41 KnaO 0,28 CaO 0,12 Al2O3 1,32 SiO2
0,29 MgO 0,05 Fe2O3, 0,08 P2O5
Cendres de chêne, couleur brunâtre
PVRP 11: Diagramme 26, émail à base de cendres de peuplier, semi-brillant
Recette: Cendres de peuplier 40g, Feldspath potassique 40g, silice 20g, Oxyde de fer rouge 4g, Carbonate de cuivre 0,5g
Formule molaire : 0,26 KnaO 0,73 CaO 0,12 Al2O3 1,26 SiO2
0,02 MgO 0,04 Fe2O3, 0,04 P2O5
cendres de peuplier, couleur brun-noir, brillant
Oxydation en four électrique. Courbe de cuisson: 100°/h pendant 11h jusqu’à 1100°C puis 60°/h pendant 2h45min jusqu’à 1280°C puis palier de nappage 30 min , décroissance et palier 10min à 1145°soit 14h de cuisson.
Dilution: 75ml d’eau pour 100g soit une densité de 1,5-1,55
Commentaires: un peu trop haut en cuisson car aspect coulant des émaux au delà de la concentration 5/5g Oxyde de fer rouge/carbonate de cobalt. Donc revenir à une cuisson à 1260° selon la courbe de C. Ladevèze.
On nous sert un délicieux schnitzel dans une assiette rose tirant légèrement sur le violet, d’aspect un peu granité avec un bord doré. Conquis, on décide de se mettre en quête d’une recette d’émail rose dès notre retour.
10/02/2025: recherche d’un émail rose dans Glazy.org
La recherche me conduit a trouver la recette « magique » de David Tsabar (Vancouver) en 2017, dérivée de celle de Tony Hansen20×5. Elle se poursuit par l’histoire amusante décrite par Andy Taylor (Australie) en 2019, qui publie une variante intéressante de la recette de Tsabar.
» Le rose provient d’une réaction entre l’oxyde d’étain (utilisé pour opacifier un émail clair) et l’oxyde de chrome (de couleur verte et c’est un moyen commun de créer un émail vert). Trouver la bonne proportion entre l’étain et le chrome me prend presque une année, au travers d’échanges de groupes Facebook. Ils proposent un ratio de 80 :1 d’étain au chrome qui est censé créer une réaction rose. Trop de chrome et ça vire au terne et au vert, il ne faut donc que très peu de chrome. La 1ère tentative ajoute 14% d’étain et 0,18% de chrome à la base existante (80:1) et obtient un vert assez dégoûtant. Un autre groupe propose d’abaisser l’étain à 5% et d’abaisser le chrome en proportion, échanger la granulation de la silice de 200 à 350 et la Fritte de 3134 à 3124 mais hélas, nouvel échec.
La publication sur Glazy de la recette de David Tsabar change tout. Ratio Etain : Chrome = 250 :1 et même encore moins. Mais le plus important est le changement de la base de l’émail. Un article de John Britt dans une revue de céramique précise que le Calcium dans la base doit être élevé (10-15% ou 0,7-0,9 moles). Il ne faut pas avoir de zinc dans la base car sinon l’émail vire au brun. Il faut réduire l’Alumine et certains recommandent l’oxyde de Magnésium (talc, dolomie, carbonate de magnésium) dans la recette de la base pendant que d’autres introduisent de l’Oxyde de Magnésium pour obtenir des couleurs rouges /bordeaux.
La base : David part de la base de Tony Hansen 20×5. Il y apporte des modifications : en abaissant le feldspath à 15% (qui apporte un taux important d’alumine) et en augmentant la wollastonite à 25% qui apporte plus de CaO (oxyde de calcium).
Les tests: après un succès qui me donne un rose très pale avec 0.02% de chrome, je veux savoir comment faire varier la couleur rose en faisant des lignes d’essais à partir de 5% d’étain et 0,02% à 0,20% de chrome. Je suppose que la couleur progressera du rose pâle au rouge. Le résultat est une variation chromatique agréable de roses entre 0,02% et 0,06%. A partir de 0,10% la couleur vire à la couleur puce au lieu du rouge, pendant que le vert du chrome prend le dessus: une couleur intéressante mais clairement pas rouge. Sur les tuiles, le rose apparait mieux sur une pure argile blanche. Ma théorie est que 5% d’étain est suffisant pour opacifier un émail clair et que l’étain est en quelque sorte « usé » par le chrome. L’ajout de Zircopax (un autre opacifiant) semble l’illuminer.
Encore des tests: l’étain coûte 120$ le kilo aussi mieux vaut en utiliser le moins possible. Un rose pâle pourrait être obtenu avec le ratio le plus haut (80 :1) mais à condition d’abaisser le volume des deux (ex. 2,5% étain et 0,03% chrome). L’ajout de zirconium 4% opacifie l’émail de la base. Il améliore la toile de fond pour le rose mieux que ne peut le faire l’argile blanche pure. John Britt mentionne que l’ajout de MgO pourrait donner du rouge / bordeauxen augmentant le % de chrome mais cela reste à voir »
En résumé, voici les deux recettes retenues:
La recette de David Tsabar: Vansil W-30 Wollastonite 25% / Ferro Frit 3134 20%, EP Kaolin 20%, Silica 20%, Custer new 15%, Oxyde d’Etain 5%, Oxyde de Chrome 0,02%
On voit qu’Andy conserve la base de David, qu’il double la concentration de chrome en ajoutant du Zircopax et de la Bentonite contenant du MgO.
Très bien, on a les deux recettes mais problème:
Problème: les matériaux utilisés sont pour partie vendus aux USA ou en Australie, pas en Europe. Que devient la recette avec de la wollastonite, du kaolin, du Feldspath potassique commercialisés en Europe? Cela a été publié en 2022 par Hanna avec mise-à-jour aujourd’hui même (Oh surprise, une chance incroyable!). Elle a pris la même recette que celle de David : Wollastonite 25%, Ferro Frit 3134 20%, Kaolin 20%, Silice 20%, Feldspath potassique 15%, Oxyde d’étain 5% et Oxyde de chrome 0,02%. Elle obtient un très joli rose, donc l’adaptation de la recette avec nos produits semble bien fonctionner.
Email rose d’Hanna avec matériaux européens
L’adaptation aux matériaux européeens est validée, quel objectif peut-on se fixer ?
Mon objectif: obtenir un rose clair et un rose plus foncé. Pour cela je vais utiliser les recettes de David et d’Andy (dont l’originelle de David a été validée par Hanna) et faire progresser la concentration en chrome de 0,02 à 0,06 pour celle de David et de 0,04 à 0,09 pour celle d’Andy
15/02/2025: Résultats de nos essais
1/ Recette de David Tsabar, reprise par Hanna avec composants européens: Wollastonite 25%, Ferro Frit 3134 20%, Kaolin 20%, Silice 20%, Feldspath potassique 15%, Oxyde d’étain 5% et Oxyde de chrome 0,02%
Pink Cône 6 Ox. Chrome 0.02/0.03/0.04g
2/ Celle d’Andy Taylor avec des composants européens:
Idem ci-dessus + Zircopax 5%, Bentonite 2%.
Pink Cône 6 Ox. Chrome 0.04 à 0.08g
3/ Enfin, la même que ci-dessus avec ajout de Carbonate de Magnésium 4g
Pink Cone 6 Ox Chrome 0.04-0.08 + MgO 4g
Retour d’expérience:
# On obtient du rose avec 0,02g d’Oxyde Chrome et 5g de Dioxyde de Titane
# A partir de 0,05g d’Oxyde de Chrome, on obtient du bordeaux
# Le rose retenu est celui à 0,04g d’oxyde de chrome
# L’ajout de Zirconium et de Bentonite pour 0,04g d’oxyde de chrome lui donne une couleur un peu plus soutenue, plus d’éclat, c’est cette recette qui est retenue in fine et appelée « Vienne 2025 » :Wollastonite 25%, Ferro Frit 3134 20%, Kaolin 20%, Silice 20%, Feldspath potassique 15%, Oxyde d’étain 5% et Oxyde de chrome 0,04% Zirconium 5% Bentonite 2%
26/02/2025: Préparation d’un seau d’émail de 4.481g : W1000g, F3134 800g, K 800g, S800g, FP 600g, OE 200g, OC 1,6g, Z 200g, B 80g. Résultat sur deux coupelles: rose très pâle. Je m’en doutais car 1,6g d’oxyde de chrome dilué dans une telle quantité d’émail peut entraîner une dispersion moléculaire. J’en ai ajouté 0,8g en le diluant dans 10ml d’eau et les nouveaux essais sont concluants, le rose est plus foncé.
26/02/2025 Comment personnaliser cet émail ?
Avant de passer à la production, tentons de nouveaux essais sans changer la recette j’essaye d’obtenir un liseré de couleur différente sur la bordure du haut :
Essais bordure N°1
Tous les tessons sont trempés une seule fois dans le seau d’émail Vienne 2025 et on se munit de 11 gobelets. Dans chacun des 11 gobelets est introduit 4g de l’émail Vienne 2025 prélevé dans le seau d’émail déjà préparé. Dans chaque gobelet est ajouté successivement: 1/ Ox.Fer Rouge 0,032g 2/ Ox. Fer Rouge 0,064g 3/ Ox. Chrome 0,0036g 4/ Ox. Fer Jaune 0,035g 5/ Ox. Fer Noir 0,035g 6/ Carb. Cobalt 0,035g 7/ Ox. Cobalt 0,002g 8/ Rutile 0,035g 9/ Carb. Manganèse 0,035g 10/ OA23 prélevé dans le seau d’émail OA 23. La conversion en pourcentage correspond à une concentration de: 1/ Ox.Fer Rouge 0,8% 2/ Ox. Fer Rouge 1,6% 3/ Ox. Chrome 0,09% 4/ Ox. Fer Jaune 0,8% 5/ Ox. Fer Noir 0,8% 6/ Carb. Cobalt 0,8% 7/ Ox. Cobalt 0,05% 8/ Rutile 0,8% 9/ Carb. Manganèse 0,8% 10/ OA23 au pinceau
Email rose Vienne 2025 et bordures avec oxydes
L’émail Vienne 2025 sort renforcé en bordure par l’Oxyde de Fer Rouge, par l’Oxyde de Chrome, surtout par le Rutile, un peu par le Carbonate de Manganèse. Peu ou pas d’effet avec l’Oxyde de fer Jaune ou Noir. L’Oxyde de Cobalt et le Carbonate de Cobalt sont de couleur bleu foncé et claire, sans surprise. L’OA 23 à base de cendres de chêne détruit la couleur rose de l’Oxyde de chrome qui devient vert.
Essais bordure N°2
Préparation d’un nouveau seau d’émail Vienne 2025 en respectant scrupuleusement les concentrations puis grattage au scalpel et essuyage soigneux de la bordure du haut et application en deux couches au pinceau d’un nouvel émail :
N°1 Feldspath potassique 50g Craie 10g Kaolin 12g Rutile 20g N°2 Idem + Rutile 20g + Carb. de Manganèse 10g N°3 Idem + Rutile 20g +Ox.Fer Rouge 10g N°4 Idem + Titane 20gN°5 Idem + Ox. Fer Jaune 10gN°6 Idem + Titane 10g + Ox. Fer Noir 10gN°7 Vienne 2025* + Rutile 10gN°8 Vienne 2025* + Titane10gN°9 Vienne 2025* + Rutile 10g + Titane 10gN°10 Vienne 2025* + Rutile 10g + Carbonate de Manganèse 10g N°11 Vienne 2025* + Titane 10g + Carbonate de Manganèse 10g
* : Deux trempages successifs des tessons dans le nouveau seau d’émail rose
Question en suspens:la courbe de cuisson? car l’émail rose se cuit à cône 6 à 1200° alors que les autres se cuisent à cône 8 – 1260°. Que va-t-il sortir de cet assemblage d’émaux à la cuisson de 1200° cône 6?
Résultat:
La couleur rose tirant sur le violet est réussie. De 1 à 11 l’émail est issu du petit seau d’émail que j’ai refait, il est uniforme. Pour le 12 l’émail est issu du grand seau pour lequel j’avais un doute sur la concentration. Il est plus clair et il demande seulement un ajout de chrome. La cuisson est bonne, les 2 couches d’émail sont homogènes.
Pour les bordures, je n’aime pas du tout. L’émail que j’ai ajouté est mat et jaune ou marron. Consolation, je sais désormais faire un jaune mat.
Ci-dessous l’essai de Chantal: elle a mis une bordure d’Oxyde de Fer Rouge dilué dans de l’eau directement sur le tesson puis elle a émaillé en rose. On obtient une bordure gris clair assez jolie.
Essais bordures N°3
Application de la méthode ci-dessus en utilisant de l’oxyde de fer noir, jaune ou rouge utilisé seul ou avec un autre oxyde Rutile, Titane, Carbonate de Manganèse. Ils sont dilués dans l’eau et appliqués sous ou sur l’émail Vienne 2025. Dans quel objectif?
Il y a deux objectifs :
1/ rehausser la couleur de la bordure 2/ estomper la limite avec l’émail rose, la rendre moins nette.
Seuls les essais avec uniquement un ajout de Fer (1, 2, 3) sont acceptables. Tous les autres qui ont une composition avec un autre oxyde n’apportent rien de plus.
A gauche, oxyde de Fer au dessous de l’émail rose, à droite, oxyde de fer au dessus de l’émail rose.
Donc j’applique l’oxyde de fer rouge (le jaune ou le noir n’apportent rien de plus) au dessous de l’émail pour donner cette couleur grise. J’évite un trait rectiligne en me servant de la petite poire pour l’appliquer. Une fois l’émail rose appliqué par dessus l’oxyde de fer rouge, je parsème quelques touches d’oxyde de fer rouge par dessus avec la poire.
Le musée expose des oeuvres de la première manufacture de porcelaine de Vienne créée en 1718 par Claudius Innocentius du Paquier. En 1744, celle-ci devient propriété impériale. Les porcelaines baroques du fondateur sont exposées à côté de pièces datant des époques roccoco, classique et Biedermeier. Ne sont exposées que les oeuvres créées avant l’année 1864 qui voit la fin de la manufacture de porcelaine impériale.
En boutique sont présentées à la vente les oeuvres récentes.
Partie haute du four (1870-1980) au centre de l’exposition
Les figures en porcelaine sont de réalisation des plus difficiles. Chaque section de la pièce a son propre moule. Les sections sont assemblées et maintenues par des ponts stratégiques afin d’éviter la fragmentation pendant la cuisson à basse température du dégourdi. Ensuite vient la pose de l’émail et des décorations colorées qui sont déposées au-dessous de l’émail ou par-dessus. Enfin vient le polissage.
Homme écrivant une lettre d’amour (18ème)
L’ARCANUM: la vraie porcelaine requiert 3 composants essentiels : l’argile blanche chinoise ou « kaolin », nommée d’après la montagne chinoise Gao Ling (50%); le quartz qui constitue le squelette de la pâte (25%); et le feldspath ou « pierre chinoise » au titre de fluidifiant (25%). Après lavage, le mélange est remué, battu, puis stocké pendant plusieurs mois avant d’être tourné, moulé, modelé ou sculpté. La première cuisson entre 900 et 1000°C transforme la pâte en un corps dur. La pièce peut alors être trempée dans l’émail et être décorée avec des couleurs sous-émail. La cuisson à haute température de 1400°C crée un corps dur et très dense de porcelaine qui se rétracte d’environ un cinquième. Une décoration sur-émail au crayon ou à la brosse avec des émaux colorés peut être appliquée sur l’émail et cuit en une ou plusieurs fois à 900°C. Pour la dorure, la poussière d’or est appliquée en mélange avec de l’huile de clou-de-girofle et cuit aux environs de 700°C.
Fin 18ème, les décorations s’enrichissent de motifs floraux ou animaliers.
La manufacture impériale de Vienne ferme en 1864.
En 1923 est créée la nouvelle manufacture Augarten AG.
Dans la boutique sont présentées les créations récentes
L’expo temporaire: « Earth and Soul »
met en valeur les oeuvres de l’artiste japonais Ohi Toshio Chozaemon XI, né en 1958, successeur d’une lignée de potiers de la cérémonie du thé depuis le 15ème siècle, dont l’oeuvre est principalement centrée sur les « tea-bowls ».
Un peu d’histoire: en 1666, le 1er Chozaemon, fondateur de le la célèbre famille d’artistes arrive à Kanazawa avec le maître de la cérémonie du thé Senso Soshito et commence à travailler avec de l’argile locale de haute qualité au village éponyme de Ohi. Très estimé pour son travail, il reçoit en cadeau un émail de couleur d’ambre de la famille Raku de Kyoto. Le principe était et persiste encore aujourd’hui de créer de la beauté, mais aussi un trait-d’union avec les traces de ce qui caractérise les formes et les surfaces des céramiques issues de l’esthétique wabi avec ses irrégularités et sa spécificité.
Atelier de Toshio Ohi à KanazawaToshio Ohi Chozaemon XI
Ci-dessous quelques exemples d’oeuvres exposées:
Commentaire: on est frappé par la différence presque caricaturale entre les pièces en porcelaine de la manufacture d’Augarten et les oeuvres de Tohio Ohi.
D’un côté, des statuettes, des assiettes, des pièces extrêmement fines, subtilement décorées, témoignages d’une période de l’histoire aux goûts raffinés.
De l’autre, des oeuvres que je califierais de « telluriques » avec des surfaces irrégulières, de couleur ambre ou dorée, issues d’une tradition séculaire de la cérémonie du thé.
Clin d’oeil : Toshio Ohi a créé, pour l’occasion de cette exposition, des pièces fines « dans l’esprit de Vienne », manière de montrer qu’il sait faire mais que sa culture est différente