Feux de bois et enfumage

En lessiveuse ou à feu vif ?

1/ A feu vif avec du buis sec : potiche P1 en grès , dégourdi blanc, à col large déposée sur feu vif recouverte d’herbe tondue et fauchée

Résultat décevant: 2 tâches noires , le reste blanc

 2/ Lessiveuse: la même potiche P1 est placée dans une lessiveuse préalablement percée  d’une séries de trous de diamètre 20mm espacés de 15mm sur 1/3 inférieur de sa hauteur. La lessiveuse a été emplie depuis le fond de paille, papier journal froissé, brindilles de pin, sciure. Potiche emplie de sciure et herbe fraîchement coupée, recouverte de sciure et herbe fraîche jusqu’en haut. Inflammation du papier par les trous avec une baguette fine, souffleur par les trous jusqu’à incandescence de tous les trous et attente jusqu’à combustion complète.

Au bout de 2h, feu éteint, herbe et sciure du dessus non brûlée, retirée, ajout de braises incandescentes de buis, recouverte d’aiguilles de pin , de sciure, de petit bois, soufflage et quand le feu est vif, couverture d’herbe verte et couvercle en fer aux 3/4 de fermeture. On va se coucher…

Le lendemain, consumation complète, résultat jugé insuffisant, quelques tâches noires en plus,  certaines partie restent blanches et intérieur noir foncé. On complète par un enfumage à l’air libre au papier journal en entourant la potiche au moyen d’un grillage à poule et tournée à volonté avec un bâton.

Résultat: gris foncé de tonalité variable, bien mais pas de tâche noire foncée.

 3/ Lessiveuse : 2ème potiche P2 dégourdi blanc à col étroit. Papier journal idem au fond, sciure alternée avec herbe verte et papier journal sur les côtés , recouverte d’herbe, de braises incandescentes et de sciure+ herbe.

Résultat 2h après: pas génial, couleurs plutôt marron foncé dans les dégradés mais pas de noir

 Différence essentielle entre les deux essais: potiche P1 à feu vif avant l’enfumage, mais est-ce bien ce pré-chauffage qui a donné la couleur noire ou une réduction plus intense?

3/ Lessiveuse : potiche P3 dans la lessiveuse, entourée de papier aluminium, de lavandes fraîchement coupées, d’herbe fraîche. La lessiveuse est placée sur le feu très vif au centre du feu, recouverte de bois.

Résultat: traces de noir, gris cendré, un peu de jaune mais décevant.

4/ Feu vif: P3 est sortie de la lessiveuse et placée sur les braises ardentes et recouverte de braises et de bois sec. En 10mn, P3 redevient toute blanche sauf la base qui était dans la cendre. On la retourne et expose la base à la flamme et la base devient blanche. Alors, on prend de l’herbe coupée depuis plusieurs jours et on la dépose par petits paquets au contact de P3. La fumée dégagée vient lécher P3 et y dépose des traces noires qu’on peut moduler à l’envie.

5/ Feu vif: P4 une potiche à col étroit en grès déjà enfumée avec des traces marron est exposée à feu vif et… elle redevient blanche sauf la base, idem P3. On y dépose par endroits du sulfate de cuivre trempée dans de l’eau et des herbes un peu décomposées.

Résultat: des couleurs foncées, noires, gris foncé, un peu rougeâtres par endroits

Finalement on a repris les 4 potiches + 2 nouvelles et leur avons fait subir le même sort dans le feu vif avec enfumage à l’herbe.

Conclusion: le feu vif est mieux que la lessiveuse car on peut contrôler en cours de cuisson. La base noire au contact des braises, c’est la réduction, par privation d’oxygène qui le donne. Le blanc c’est la flamme en contact direct, c’est l’oxydation et les tâches noires et grises c’est la fumée ou les dépôts qu’on ajoute.

Les 4 potiches exposées à feu vif et enfumage à l’herbe
Résultat: toutes les potiches soumises aux essais

05 mai 2023 Pas de nouvel essai d'enfumage, cette activité sera reprise dès qu'on aura construit le four à bois.



23/01/2024 CUISSON EN FOSSE, PIT-FIRING, PIT-KILN

Il s’agit de faire du « feu-en-fosse » ou de construire un « four-en-fosse » pour enfumer des poteries en utilisant des déchets organiques tels que peau de banane ou d’avocat, marc de café…des matières organiques tels que des algues,  et/ou des matériaux métalliques tels que fils de cuivre, copeaux d’aluminium ou de fer, sulfate de fer…

Jane White explique sa technique : elle a fait creuser une fosse, y a mis des herbes et des brindilles, des copeaux de bois au fond, a recouvert le tout par une grille en fer à béton sur laquelle ont été disposés ses pots qu’elle a recouvert des matières citées plus haut. Les pots ont été recouverts de fagots de bois. Allumage au chalumeau à gaz et entretien du feu pendant 3h. Le four a été recouvert de tôles et laissé tel quel pendant 70h avant récupération des pots. Résultat: des teintes aléatoires liées à la décomposition par la température des différents matériaux en oxydes.

Notre projet: créer un alandier à-même le sol sans fosse 1/Décaper le végétal et aplanir le sol. 2/ Mettre au sol des carreaux en brique de récupération recouverts d’argile du jardin/ 3 / Monter les parois du four avec des briques réfractaires. Hier nous avons acheté sur « le bon coin » 300 briques réfractaires en bon état, jamais utilisées pour un coût de 1,80€ la brique. On va les jointer avec du ciment réfractaire et laisser des ouvertures en bas qu’on pourra fermer avec une brique quand le feu aura bien pris. 4/ Après tout sera comme décrit plus haut avec grille, tôle et mode de fonctionnement

Le livre RAKUVARIA 2 écrit par Ine et Ed Knops ( Sevenum-Pays-Bas) et traduit en 4 langues nous apporte des informations au chapitre 27, page 245 sur la cuisson en fosse. J’en dresse ci-dessous un résumé succinct.  « Préparation des objets: ils doivent être bien polis ce qui donne les meilleurs résultat. Utiliser de préférence de l’argile chamottée avec au moins 40% de chamotte et un grain de chamotte >ou= à 2mm. Le biscuitage se fait à 900°C.  Arrosage des objets avec la préparation : 3 recettes proposées pour 1 litre d’eau: 1/ 15g de sulfate de cuivre 2/ 50g de sulfate de cobalt 3/ 100g de sulfate de fer  Arroser, attendre 1minute, re-arroser et le refaire encore une fois. Attendre un séchage complet de l’objet pour le mettre à la cuisson. Matières organiques/feuille d’aluminium: Après préparation, arrosage et séchage décrits plus haut, emballer l’objet dans une feuille d’aluminium après l’avoir entouré de foin, de paille, de corde, de tissu sisal … quelques heures dans l’eau salée (1kg de sel marin dissous dans 5l d’eau). Procédé de cuisson:   Un trou est creusé dans la terre, les poteries sont disposées sur une couche de sciure de 5cm dans le fond de la fosse en laissant entre-eux une espace d’au moins 5cm et remplir ces espaces avec de petits morceaux de bois. Couvrir entièrement les objets qui doivent disparaître complètement sous le bois, ajouter des journaux froissés et du petit bois d’allumage et allumer le feu par dessus. Selon les auteurs, il est inutile de le couvrir avec une tôle métallique car ils obtiennent les mêmes couleurs sur les objets sans fumées gênantes (à condition d’utiliser du bois sec). Cependant, ceci est préférable pour les objets fragiles car les objets refroidiront plus lentement.  La grande chaleur n’est pas produite par les flammes mais par les braises incandescentes atteignant 1000°C à 1100°C lorsqu’elles deviennent blanches. Déchargement de la fosse: les objets sont sortis de la fosse après que le feu soit complètement éteint, ils sont lavés avec une éponge et de l’eau pour retirer les cendres. Ne pas gratter les pots au risque de les endommager. Ils apparaissent ternes après cuisson et pour les rendre brillants, appliquer de la cire d’abeille ou un enduit liquide. « 

01/02/2024 Le four d’enfumage construit avec un lot  200 briques réfractaires achetées à proximité sur « le bon coin » 350€ et assemblées avec 2 sacs de mortier réfractaire. Dimensions 110cm de côté extérieur et 85cm de côté intérieur

Au dessous, le fût métallique perforé à sa base et utilisé jusqu’à maintenant

Four d’enfumage
Tonneau d’enfumage

Le four est prêt, il reste à attendre la canne pyrométrique thermocouple, avec son boitier thermomètre qui a été commandée sur Ali-Express et les câbles commandés chez Degré 5 pour un coût total de 50 € suite aux informations procurées par Yves Le Goasteller, administrateur du groupe facebook « Dépannage, modifications, constructions de fours éléctrique, gaz, bois, raku3 »

28/02/2024 Préparation des pots avant cuisson. La potiche est trempée dans un jus d’oxyde, puis recouverte d’épluchures de divers végétaux collées dessus au moyen d’une faible quantité de colle à tapisser.

Préparation de la potiche
Emballage de la potiche avec 3 épaisseurs de feuille d’aluminium

20/04/2024 Dimanche, jour de la cuisson. J’ai testé la sonde pyrométrique par l’orifice du four électrique, elle ne fonctionne pas, je regarderai un tuto pour comprendre, on va s’en passer. Les pièces emballées ont été étiquetées et déposées sur la sciure au fond du four puis recouvertes de papier journal, cartons et petit bois. La pause-photo de Chantal et Nathalie qui ont créé, préparé et installé leurs pièces. Le four est allumé et le brasier est entretenu pendant 6 heures. Quand le feu a commencé à baisser, dépôt d’herbe tondue la veille en une couche de 10 à 15 cm et fermeture du four avec une tôle jusqu’au lendemain soir 24 heures avant le défournage. 

installation des pièces dans le four
Pots, potiches déposées au fond du four
Etiquette sur la potiche
Potiche étiquetée puis photo
Avant d'allumer le four
Photo avant l’allumage
Allumage du four
Entretien du feu pendant 6h
Le four a été surélevé par 6 rangs de briques au fur et à mesure de la cuisson pour améliorer la combustion et diminuer la fréquence de l’approvisionnement en bois

21/04/2024: Défournage. A l’ouverture du four, deux constats: les briques réfractaires pleines sont intactes, les briques réfractaires creuses ont éclaté, donc à ne jamais utiliser, même à un bon prix sur Le bon Coin. Je me suis fait avoir, je n’ai plus qu’à reconstruire le four. Tout le bois a été consumé et il n’y a qu’un petit matelas de cendres sous les pots que nous retirons délicatement.

Les potiches sont de couleur différentes et deux d’entre-elles sont belles,  couleur orangée et rouge-rosé, les autres ont été peu colorées. Pourquoi? Je suppose que le feu était trop vif mais on n’a pas pu mesurer la température pour le confirmer. Enfin, on se satisfait au moins qu’aucune potiche n’ait été brisée.

Après la cuisson
Le feu est éteint
Les potiches au fond du four
Les potiches après la cuisson

12 Septembre 2024: nouvel enfumage de potiches

On a remis ça dans les mêmes conditions, pit-firing après emballage dans du papier alu, un grand feu à l’air libre (le four en briques réfractaire n’avait pas survécu et a été détruit). On place les potiches au centre et on laisse le feu se consumer.

 

Le lendemain, découverte du résultat: aucune n’est cassée, les teintes sont variables mais globalement on a un assez beau résultat. Il reste à les nettoyer, passer de la cire, enfin, les rendre présentables.

01/10/2024  Le papier journal : voilà peut-être la solution

Cinq nouvelles potiches installées dans un feu de bois sec. Initialement blanches, elles restent blanches à feu vif, sans beaucoup de fumée, c’est bien normal, on a vu ça précédemment.  Vers la fin, elles sont un peu teintées de gris ou de marron mais ce qui est resté en contact avec la braise est resté blanc. Alors qu’il n’y a plus de flammes mais que les potiches sont à haute température, on place à la main des feuilles de journal sur les parties blanches, maintenues avec une fourche. Le journal ne s’embrase pas mais se consume lentement et dépose une trace noire ou gris foncé. On a fait ça sur toutes les faces de toutes les potiches donnant un résultat d’assez belle qualité. Voilà enfin une méthode reproductible à reproduire.

 

Tournage

Comment faire pour tourner un pot?  Comment apprendre à tourner.

Juste quelques réflexions retirées de mon expérience toute fraîche mais depuis peu j’arrive à tourner sans avoir trop d’échec.

1/ Disposer d’un tour de potier facilement accessible

2/ S’y mettre tous les jours pendant 1 à 3h et NE PAS SE DECOURAGER

3/ Regarder des vidéos de potiers chevronnés et étudier leurs gestes. Les voir à chaque fois qu’on va tourner au début

4/ Prendre 500à 600g d’argile très plastique (malléable), surtout au début, et choisir une argile contenant un peu de chamotte, ça aide

5/ La pétrir sur un bloc de plâtre ou en placo à deux mains en faisant faire à l’argile « la tête de bélier  » pour bien la malaxer et la sécher un peu

6/ La tasser sous forme d’un cube en la laissant choir et façonner en forme d’obus la face qui sera placée sur le tour

7/ La plaquer d’un coup sec au centre du rondeau assujetti à la girelle (par de l’argile en boudins sur son bord ou une mince pellicule d’argile sous le rondeau

8/ Lancer la girelle au maximum, se mouiller les mains et centrer la terre

9/ Plaquer fort les deux mains, la gauche autour et la droite dessus en appuyant fort et avec les auriculaires écraser la base pour coller l’argile au rondeau et la centrer jusqu’à ce que vos mains soient immobiles. Si ça bouge c’est que ce n’est pas centré, inutile d’essayer d’aller plus loin, il faut absolument centrer la terre.

10/ Faire monter la terre, le but est d’en chasser les bulles prisonnières. Se caler les coudes au ventre et écraser fort la base de l’argile entre les deux mains soit devant-derrière soit latéralement. Les mains doivent se toucher jusqu’à ce qu’un boudin vertical émerge entre vos mains, qui doivent être humectées sinon gare, ça casse ou ça projette. On accompagne le boudin vers le haut en relâchant un peu la pression

11/ Faire descendre la terre: en fin de montée du boudin, appliquer la main gauche contre le boudin et le faire légèrement pencher à droite pendant que l’autre main l’écrase vers le bas jusqu’à obtenir un môle régulier à base large.

12/ Recommencer la manoeuvre de montée-descente au moins une fois

13/ Attaquer le tournage: ralentir la rotation de la girelle et placer un doigt vertical (le pouce ou l’index gauche) au centre du môle de terre et  l’enfoncer presque jusqu’au fond. Placer l’index droit en crochet au contact du pourtour du môle. Partir de la base avec les deux doigts placés en vis-à-vis le droit dedans, le gauche dehors, soit à la partie droite du môle soit devant vous, en vous penchant au dessus de la girelle. Le principe est de faire remonter la terre de bas en haut en lui imprimant un mouvement hélicoïdal par la pression conjuguée des deux doigts. Plus on monte plus on diminue la force. Il faut agrandir le trou jusqu’à passer deux doigts voire la main au centre. Le doigt extérieur contrôle la poussée sans forcer et les doigts intérieurs montent la terre. Au début, monter des cylindres, encore et encore jusqu’à ce que ça devienne facile (il ne faut pas se décourager, ça ne vient pas tout seul, il faut batailler). Si le môle s’élargit trop, alors, exercer la poussée par le doigt extérieur et contrôler la poussée avec le doigt intérieur. Répéter la manoeuvre plusieurs fois et plus on monte, plus on adoucit le geste, moins on presse la terre sinon elle se venge assez vite…Il faut garder de la terre à la base sinon ça s’effondre…Il ne faut pas non plus trop amincir le haut sinon ça part en volutes…

14/ Incident! La terre se met en tire-bouchon, on redresse en la caressant tout doucement avec les doigts dedans et les doigts dehors, en restant longtemps là ou vous sentez des irrégularités, et en progressant de bas en haut

15/ Incident ! Le haut s’effondre, prendre le fil à couper et sectionner en essayant de récupérer le bas

16/ Incident! La terre s’échappe, ne colle plus au rondeau, c’est fini, on recommence

17/ Incident! ! L’épaisseur est inégale, rester au même endroit avec la pulpe des doigts de part et d’autre , sans appuyer trop fort jusqu’à sentir disparaître le bourrelet.

18/ Incident! Le haut devient inégal avec un côté plus haut, sectionner comme en 15 et reprendre

19/ Tout va bien, alors les doigts de dedans peuvent modeler une forme évasée tout en contrôlant la pression avec les doigts extérieurs. Les doigts extérieurs peuvent resserrer en contrôlant la pression avec les doigts intérieurs

20/ Attention, dans tous les mouvements, les deux mains doivent toujours rester en contact 

21/ Si la pièce est montée et si les bords sont suffisamment fins, on peut alors araser le bord supérieur avec le fil et ajuster le pied au tournassin

22/ Avec l’aiguille, on mesure l’épaisseur du fond qui ne doit pas dépasser 1cm (5mm au mieux). Si c’est trop épais, ôter de la terre avec les instruments annulaires non coupants, à bord mousse. 

23/ Ne pas oublier de tamponner le fond à l’éponge, il ne doit pas rester d’eau au fond sous peine de craquelure au séchage.

24/ Retirer le rondeau et mettre la pièce à sécher 1 à 3 j selon le degré d’hygrométrie avant tournassage. 

25/ Le tournassage, c’est la finition qu’on peut commencer lorsque la pièce s’est décollée du rondeau. On verra ça plus tard

Grès en place sur le rondeau posé sur la girelle du tour avant tournage
Pot en fin de tournage

1er Décembre 2022: enfin je vais avoir mon propre tour, réalisé par mon fils dans son entreprise Comua. Le voici prêt à être habillé. On ne peut le bloquer avec les deux mains et selon lui je pourrai tourner plus de 30Kg enfin… le tour peut peut-être le faire mais moi il va me falloir du temps et beaucoup d’entraînement.
Tour créé par COMUA
Tour fait main

Ci-dessous, le voici terminé et je l’ai déjà utilisé. Oui, c’est vrai, il est puissant, 10 cm plus haut que les tours du commerce, ce qui m’arrange car plus confortable pour le dos, et avec ses pieds réglables en hauteur, il est adaptable.

Tour terminé

Le tour réalisé par Comua. Il pèse environ 50Kg. On retire le bac en métal en ôtant la girelle avec une clé de 13. Le dégagement frontal permet de passer les pieds ce qui est confortable.

Les étapes successives pour tourner un pot, après avoir monté et descendu l’argile 3 fois:

Argile rouge qui a été montée ét desendue 3 fois ici prête à être tournée
Prêt à tourner
Tournage vertical cylindrique sans forme
Tournage en hauteur sans galbe
 Fin du tournage du pot
Le pot terminé

Et si on faisait une théière? C’est un objet courant qui paraît il fait partie des épreuves du CAP de poterie alors allons-y, Chantal fait la sienne et moi la mienne. On tourne le pot, le couvercle, façonnons le bec verseur et enfin l’anse. Voici le résultat en cuisson de dégourdi non encore émaillé, on cherche chacun son émail.

Théières
théières en cuisson de dégourdi, non encore émaillées Chacun la sienne

23/04/2023 Où trouver l’inspiration pour acquérir les bons gestes. En direct en allant sur des marchés de potiers avec démonstrations ou mieux en s’inscrivant à des cours de tournage près de chez vous, tel que celui cité de l’atelier du carbassou qui le présente aussi en vidéo sur youtube

06/05/2023 Le tournassage

C’est la finition du pot après une courte durée de séchage à consistance « cuir » de l’argile. Si on ne peut le faire le lendemain ou surlendemain du tournage, placer le pot sous sac plastique et le reprendre plus tard. Placer le pot à l’envers sur la girelle et le centrer par rapport aux anneaux en faisant tourner doucement. On arrête on déplace, on fait tourner, on replace jusqu’à ce que le centre du pot ne bouge plus, au besoin mettre le doigt dessus. Si on a du mal, mettre le bout de l’index bien fixe au contact du bord du pot et faire tourner doucement afin de mesurer l’écart à corriger. On peut aussi utiliser un trusquin dont la pointe remplace le bout de l’index. Faut-il fixer le pot ? Pas obligé si on appuie assez fort sur le dessus du pot, ou si on le place sur une peau de chamois humide. On peut aussi se faire offrir un grip de tournassage, le luxe…

Le tournassage consiste à retirer et à régulariser une certaine quantité d’argile du pied ou de l’enveloppe du pot au moyens d’outils: tournassin, estèque, palette, grattoir, mirette, couteau, perforateur, éponge chaque outil ayant une fonction particulière.

On ne mouille pas le pot, le laisser tel quel après le séchage de courte durée.

Pour le pied, faire tourner doucement et égaliser le fond du pied pour le rendre bien plat et horizontal au moyen d’une estèque ou une palette métallique à bord droit. Puis, prendre un tournassin à pointe fine qui trace un sillon régulier au bord du pied en appuyant fermement un doigt de l’autre main sur le centre du pot afin que le pot reste bien collé à la girelle. Tracer un autre sillon plus en dedans à la distance choisie pour ce qui constituera le pied du pot. En dedans et en dehors, l’argile sera délicatement retirée au moyen d’une mirette coupante, d’un tournassin à bord rectangulaire ou d’une estèque rectangulaire. Attention à ne pas laisser l’outil déraper sur le bord car à la moindre estafilade, il faudra à nouveau aplanir le pied et recommencer. Attention de ne pas trop enlever d’argile au centre car on risque de percer et là adieu le pot… Comment savoir? grâce à l’expérience au travers des échecs, mais aussi en tapotant le fond avec l’ongle ou un petit bout de bois et « écouter » le pot, ce qui est aussi valable pour l’enveloppe.

Pour l’enveloppe, prendre une estèque métallique courbe ou une mirette à bord tranchant et faire tourner un peu plus vite que pour le pied mais toujours en maintenant le pot plaqué à la girelle avec le doigt de l’autre main. On racle de haut en bas et de bas en haut plus ou moins fort selon l’épaisseur et on retire des copeaux plus ou moins épais et larges selon l’outil utilisé. A la jonction entre l’enveloppe et le pied, faire tourner très doucement et utiliser une petite mirette à bord tranchant pour être bien régulier. terminer en polissant avec une estèque  en silicone ou une éponge fine humide. 

Et l’intérieur du pot? Un bon tourneur n’y touche pas! L’intérieur du pot  doit avoir été fignolé au tournage mais… On peut utiliser une mirette à bord rond non tranchant en appuyant son extrémité de forme ronde contre la paroi du pot et son extrémité droite pour le fond. Elle évite d’accrocher l’argile et de percer le pot.

Pour finir, retourner le pot sur son pied: est-il bien droit et pas bancal ? sinon il faut égaliser et horizontaliser le pied à nouveau. Le bord est-il bien régulier, a-t-il été endommagé au tournassage? Avec une éponge humide à grain fin, faire tourner délicatement et régulariser le bord.

01/12/2023 Préparation d’une participation à la fête de l’école Notre-Dame de l’Aurore

Il nous a été demandé de venir exposer des articles utilitaires tels que tasses, bols, pots de petite taille à la fête de l’école en même temps que d’autres artisans. Chantal et moi nous installons sur nos tours respectifs et on enchaîne le tournage des pots. Dehors le temps est très pluvieux aussi allume-t-on le poêle pour hâter le tournassage et le séchage. Le lendemain, tournassage et signature au tampon ou à la pointe fine selon le degré de séchage.

Tasses, bols, coupes, saladier, assiettes : le travail de la journée

Une petite précision, installer la motte et comment retirer la pièce après tournage? Soit on utilise un rondeau en bois qui est centré et assujetti à la girelle avec des colombins d’argile humide placés en bordure du rondeau et ce dernier sera retiré en même temps que sa pièce à la fin, soit on place la motte sur la girelle et à la fin on retire avec un tournassin le bord de l’argile à la base du pot puis on mouille un peu derrière la pièce et on fait passer plusieurs fois le fil en nylon ou en métal sous la pièce en le ramenant vers soi tout en emmenant avec le fil un peu de l’eau qui glisse sous la pièce, ainsi on attire le pot en dehors du centre et on glisse les deux derniers doigts des deux mains de part et d’autre sous la pièce pour la soulever légèrement tout en la maintenant sur le bord supérieur avec les 3 autres doigts des deux mains. Dans le 2ème cas on risque de déformer un peu la pièce mais l’avantage c’est qu’on n’a pas à attendre que le rondeau veuille bien se décoller, on peut tournasser dès le lendemain.

03/05/2024 Atelier de tournage

Le week-end dernier, Emilie, la fille de Chantal installée à Saverdun dans l’Ariège (Atelier qui dépote) est venue spécialement dans notre atelier à Aucamville (82)  pour enseigner le tournage à 6 personnes en même temps. Pour cela elle avait amené 2 de ses tours Whisper, trois tours « Louise » neufs  (entreprise COMUA) lui ont été prêtés et Chantal a mis a disposition son propre tour Shimpo. Tout s’est très bien passé avec tournage le samedi matin et tournassage le dimanche soit au total une trentaine de pièce en séchage avant cuisson-dégourdi. Emilie était satisfaite de ce stage et souhaiterait le renouveler 3 fois/an, à Pâques, en été et à Toussaint. Chez elle à Saverdun, ce sont plusieurs week-ends dans l’année qu’elle consacre à cette activité de formation d’adultes et d’adolescents.

09/05/2024 Trop sec, trop tard pour tournasser ?

La poisse, j’ai oublié de tournasser un plat que j’avais mis à sécher, il est dur comme de la pierre et impossible de le tournasser. Le remède tenté avec succès: deux lingettes mouillées et re-mouillées pendant 24h sur le fond en respectant le centre

2 éponges mouillées pendant 24h
Tournassage le lendemain sans problème

24/05/2024: Un pas en avant vers les grands plats!    J’ai vu et revu des vidéos de tournage dont celles de Jean-Marie THUILLIER « tournage d’un grand bol » mais en cherchant sur Youtube on en trouve d’autres pour tourner de grands plats qui sont toutes très bien présentées. Je m’en suis inspiré pour le placement des mains, pour contrôler un geste précis et régulier,  afin d’arriver à faire de grands saladiers, de grands plats ( 35-40cm de large, je ne fais pas mieux pour l’instant) en essayant d’être toujours plus plat tout en évitant que la terre s’effondre mollement comme un chapeau flasque. Je déconseille formellement de prendre de la terre recyclée pour ce type de pièce:  j’ai essayé plusieurs fois et patatras, à la fin le beau plat s’aplatit sur le rondeau. La terre chamottée avec de la chamotte à 0,2/40%  a bien marché, ce qui m’a encouragé à poursuivre avec un pain de grès lisse neuf : aucun problème. Un ami potier m’a dit: « mouille très peu, juste ce qu’il faut pour que ta terre se tienne bien et ne se ramollisse pas trop », conseil suivi avec succès. Il est habituellement recommandé dans les stages de monter une sorte de « tour de refroidissement nucléaire » puis de l’évaser progressivement. Effectivement ceci fonctionne bien pour un saladier mais pas pour un grand plat très évasé. Dans ce cas j’y arrive mieux en élargissant la pièce progressivement de l’intérieur vers l’extérieur tout-en-laissant une large base de terre près du bord du rondeau qu’on peut retirer ultérieurement. Il faut « monter » suffisamment de terre jusqu’au bord, surtout au début car à la fin c’est beaucoup plus délicat de ramener de la terre du centre vers la périphérie. Il faut aussi régulariser le bord régulièrement en le lissant ou en le coupant au fil afin d’éviter les ondulations qui ne manquent pas d’apparaître avec la force centrifuge. Penser aussi à régulariser régulièrement le fond dont on a testé l’épaisseur au début mais qui doit rester à l’épaisseur voulue. Plus la pièce est large, plus il faut tourner lentement, plus il faut être délicat et au bout-du-bout on a l’impression de la caresser pour qu’elle veuille bien rester d’aplomb.

06/06/2024 Pas satisfait? Revenir aux sources en revoyant les vidéos de base

J’ai pu tourner de grands plats, des saladiers, des pichets mais ne suis pas satisfait parce que trop épais, d’épaisseur encore trop inégale, ou bien pas tout-à-fait rond. Comment s’améliorer? J’ai choisi de revoir quelques vidéos de base:

En premier: le centrage de la terre parce que c’est l’étape essentielle: je reviens à la vidéo N°1 de Jean-Marie GIORGIO: atelier du carbassou          

             Qu’ais-je appris que je ne faisais pas bien? il faut toujours s’auto-critiquer pour progresser. 1/ Je dois m’efforcer de bien tenir ma terre à la base en attirant la terre vers moi grâce à  mes doigts repliés de la main droite tout en la poussant ma main droite en direction de la base de ma main gauche bien calée contre mon ventre.  2/ Ne pas faire de creux sur le sommet en montant car il se remplit de barbotine qui fragilisera le pot. Donc, écarter les bords du creux vers l’extérieur et reprendre la montée. 3/ Incliner la colonne à 30° et l’écraser avec la paume de la main droite pendant que l’autre main accompagne la descente en contrôlant la périphérie qui doit rester bien régulière. 4/ En fin de descente, attendre au moins 3 rotations de la girelle en maintenant les deux mains en pression contre la motte avant de relâcher tout DOUCEMENT la pression. 

En deuxième: le perçage et le montage: vidéo N°2 de J.M. GIORGIO

Déjà vue plus haut le 23/04/2023 quelles leçons puis-je en tirer aujourd’hui ?     1/ Pour le perçage, on introduit un pouce au centre puis les deux et on écarte vers l’extérieur en maintenant toujours la terre à l’extérieur avec les doigts. Il faut toujours avoir un contrôle sur la paroi extérieure. 2/ On va ensuite en profondeur en dedans avec l’index gauche et on contrôle la base avec l’index droit afin d’évaluer le degré de profondeur pour laisser une épaisseur d’environ 5mm et c’est le vis-à-vis des deux doigts qui peut l’estimer. 3/ Pour monter droit il faut POUSSER la terre de l’extérieur vers l’intérieur car la force centrifuge tend à l’évaser et à nous donner un saladier plutôt qu’un tube. 4/ Quand on monte, partir du bas avec la main gauche en dedans qui pousse avec le majeur et guide avec l’index pendant que la main droite en dehors pousse avec l’index replié en crochet et guide avec le pouce. On n’est pas obligé d’aller jusqu’en haut. 5/ Bien étaler le fond sans laisser un monticule au centre et bien à plat jusqu’à la jonction avec le côté pour essayer d’avoir un angle droit. 6/ Lisser avec une estèque ou une carte de crédit à l’extérieur tout en poussant avec le majeur en dedans. 6/ Enfin, pour affiner et lisser le bord, une bande caoutchouc ou un morceau de chambre à air semble mieux que les doigts ou l’éponge.

♠ Messages: Revenir aux sources / Se corriger périodiquement

29/08/2024 Acquérir un tour

Je me suis rendu compte en fréquentant des personnes qui viennent suivre des cours chez Emilie à l’atelier-qui-dépote (Saverdun) ou des personnes qui viennent essayer puis acheter un tour chez Régis (COMUA) que la décision d’acquérir un tour de potier peut s’avérer difficile. En ce qui me concerne, je n’ai pas eu ce problème car j’ai acheté le 2ème tour fait par Régis et depuis presque 2 ans je travaille sur ce tour dont la seule modification a été le remplacement de la pédale. Si je voulais acheter un tour aujourd’hui, quels seraient les critères qui guideraient mon choix? D’abord je consulterais le blog-du-bol dans lequel je trouverais un article de Sarah, très intéressant (comme toutes ses rubriques, bien documentées et très pédagogiques). Et puis, j’irais voir les tours proposés par les institutionnels (Céradel, Solargil, Céram-Décor, Cigale-et-Fourmi…) et je contacterais directement les fabricants français (Breizh, Comua…) proches de chez moi afin d’essayer.

Dans quelle disposition mentale serais-je pour guider mon choix? Je crois que c’est du même acabit que pour le choix d’une voiture. Si on est jeune conducteur, limité en budget, on choisit une voiture d’occase pas trop chère, donc voir les sites en ligne qui font de la revente. Si on est un peu plus aguerri et que je suis un individu plutôt rationnel, je vais privilégier les arguments techniques : motorisation, robustesse, confort, ergonomie, longévité… Si je laisse s’exprimer mon côté poète, esthète, artiste, je me laisserai plutôt séduire par le design, la carrosserie, la couleur, l’attrait esthétique, l’histoire du modèle. Et puis si c’est pour équiper un atelier en vue de donner des cours, je chercherai un fabricant pas trop éloigné de chez moi qui m’assure un contrat d’entretien et une garantie d’au moins 3 ans.

Dans la vie quotidienne, ce n’est jamais aussi catégorique, il y a un peu de tout ça mélangé ce qui fait que c’est parfois une rencontre, un coup-de-coeur, une visite sur place, un essai pratique qui emporte apparemment subitement la décision alors que celle-ci avait muri subrepticement en intégrant tous les paramètres précédents sans qu’on en ait été très conscient.

19/11/2024 Plats à four et saladiers

Ce matin, tournage de grands plats en argile culinaire qui peuvent être utilisés au four pour gratins, soufflés, lasagnes, … tout s’est bien passé, en 2 h j’ai utilisé un pain d’argile pour 5 grands plats (30-35cm et 10cm de haut) soit 2kg d’argile /plat. Ce que j’ai retenu et essaie de t’expliquer :  après avoir monté et descendu 2 fois la terre, obtiens une motte plane, aux bords réguliers, bien centrée et creuse le centre avec deux doigts, tire vers l’extérieur mais pas trop car à chaque fois il te faut égaliser le fond par des aller-venues des deux doigts de chaque main depuis le centre jusqu’au bord jusqu’à ce que le fond soit bien plat. Re-régulariser le haut et l’extérieur avec les doigts. Re-tire vers l’extérieur, et répète les opérations précédentes jusqu’à avoir un rebord épais et régulier en périphérie. Refais plusieurs passages sur le fond puis réduis un peu la vitesse du tour et monte le bord bien régulièrement,  en coupant le haut du bord au fil lorsqu’il est irrégulier. Fais attention à l’angle de raccordement entre le fond et le bord qui doit être un angle droit. A la fin, prends une estèque droite ou une carte bancaire et dresse l’extérieur du bord bien droit. Le haut du bord sera lissé avec un morceau de chambre à air. Termine en lissant le fond avec une éponge.

Cet après-midi, j’ai fait en 45 min 2 grands saladiers de 35-40cm et 25cm de haut, sans pied, avec un petit fond, donc bien évasés. J’ai tiré la terre comme pour les grands plats mais en lui donnant la courbe depuis le départ ce qui est difficile car j’avais beaucoup de terre de l’extérieur à remonter mais là aussi il faut y aller progressivement, remonter la terre extérieure jusqu’en haut en plusieurs passages et plus on monte, plus on ralentit la vitesse de rotation du tour. Toujours faire attention que la pièce soit bien centrée et qu’il n’y ait pas d’irrégularités d’épaisseur ou de hauteur sur la périphérie du bord. Couper au fil et retirer le morceau, là on voit si le bord est régulier en épaisseur. S’il ne l’est pas, on repart du bas et on remonte la terre jusqu’à obtenir une épaisseur égale sur tout le pourtour. Si tu sens de grumeaux ou une irrégularité d’épaisseur, repasser plusieurs fois à ce niveau jusqu’à la faire disparaître.

 

 

 

 

Essais de céramique sur terre du jardin

28/09/2022 Ceci est un blog pour céramistes et potier(e)s , c’est la toute première page et on n’a pas d’expérience de cet usage mais tentons le. 

Nous proposons ce blog à ceux et celles qui débutent la céramique ( comme moi, Daniel) et qui découvrent un univers fait de terre, de feu, d’eau (pas trop), de substances aux noms étranges, d’assemblages divers et variés, de couleurs, de dessins, mais surtout un monde qui demande de la rigueur, de la persévérance et de l’imagination créative. On s’écarquille les yeux et on tend les oreilles sur les marchés de potiers pour saisir quelques recettes et on revient avec l’envie de faire mais aussi avec un peu de découragement tant la tâche paraît ardue. 

Pour moi (Chantal), j’ai débuté il y a 12 ans et j’ai un peu de bouteille, empirique certes, mais aussi enrichie de quelques cours  et après beaucoup d’effort, j’ai pu accéder à maîtriser le tour, les colombins, les montages à la plaque, (presque rien en moulage), la cuisson des grès au four électrique, l’enfumage, et j’ai acquis quelques connaissances dans les couvertes et les émaux. J’ai très envie de communiquer avec les céramistes qui comme moi se posent des tas de questions sans savoir à qui les poser.

Nous échangeons beaucoup tous les deux et nous souhaiterions partager avec vous le fruit de notre apprentissage, de nos essais, de nos échecs car il y en a, de nos espoirs et recevoir de vous sinon des réponses, du moins des avis, des conseils, des observations, des remarques.

Étape 001: le choix de l’argile. Bien sûr qu’on apprend à tourner sur une argile du commerce, le grès en l’occurrence mais on sait qu’en Midi-Pyrénées l’argile est reine, ce n’est pas pour rien qu’on appelle Toulouse la ville rose car la brique y est partout. Donc, peut on utiliser l’argile de notre jardin pour la céramique. Nous avons établi un plan de bataille, avons préparé deux balances, récolté l’argile et au boulot. On vous livrera prochainement les résultats de notre quête mais si quelqu’un a déjà tenté l’expérience, merci d’éclairer notre lanterne. Questions: comment la préparer, que doit-on y intégrer pour pouvoir la tourner et l’utiliser en céramique, c’est à dire avec une cuisson à haute température?

Argile rouge

Extraction de l’argile à 30cm de profondeur , déposée sur une table et exposée au soleil et aux intempéries pour la faire « murir »

Extraction, malaxage, lévigation, tamisage, séchage

Pelle mécanique pour extraire l'argile
Mini-pelle pour extraction
Betonniere électrique pour malaxage
Malaxage à la bétonnière

Puis lévigation sur des tuiles disposées en pente et tamisage au tamis 60

Enfin séchage dehors sur plaques de plâtre

Séchage de l'argile sur carreaux de plâtre
Argile tamisée déposée sur des carreaux de plâtre de 7cm d’épaisseur
Argile roulée après une nuit de séchage
Récolte après une nuit de séchage dehors
Argile étalée sur carreaux de plâtre dans la poterie
Séchage à l’intérieur pendant 24h

Enfin, le lendemain, pétrissage et façonnage de briques enveloppées dans des sacs en plastiques placés dans des seaux en plastiques fermés avec un couvercle et stockés dans la poterie,

On peut alors démarrer  les essais :

Pétrissage à la main des pots
Les pots façonnés à la main contiennent de l’argile crue (N°1 en bas à droite)) ou de l’argile mélangée à du sable fin et/ou à de la chamotte en quantité progressive 5%-10,15, 20, 25%
Pots cuits en four électrique à 980°
Aucun pot ne s’est fendillé après cuisson à 980°
Cuits à haute température, ces 3 pots n’ont pas fondu, ils sont devenus de couleur noirâtre par oxydation du fer. On peut en conclure que cette argile locale est une argile ferrugineuse non fusible
Tournage et cuisson de  3 pots en argile rouge
Tournage : ces 3 pots en argile rouge ont pu être tournés facilement, l’argile est très plastique. Après cuisson à 980°, ils sont de couleur orange clair et aucun ne s’est fendillé.
Cuisson des pots au feu de bois ouvert
Après cuisson au feu à bois très vif: celui de droite était au centre du feu et a cassé, les deux autres un peu à l’écart ont résisté

Dans cette première expérience d’utilisation de l’argile locale, nous avons opté pour l’ajout à l’argile de composants hors-commerce: de la silice provenant d’un sable fin non tamisé issu des Saintes Maries de la Mer ( 5 à 25 volumes ) puis de la chamotte provenant de la réduction en poudre d’un dégourdi en grès dans les mêmes proportions. 

On va aller chercher une autre argile, claire celle-ci, qu’on a repéré et tenter une nouvelle expérience

ARGILE BLANCHE LOCALE

Nous voilà revenu avec un seau et un sac de cette argile repérée au bord d’un ruisseau qui était sec cet été mais la dernière pluie nous a imposé de mettre les bottes pour en récupérer. Après fragmentation dans une bassine et retrait des impuretés, feuilles, épines, branches… je la tamise avec un tamis de maçon à mailles de 1mm. Puis je mets le même volume d’eau ( de pluie car non calcaire) et je la brasse avec un manche à balai en écrasant les morceaux contre la paroi de la bassine. Quand j’ai obtenu une bouillie crémeuse je retire ce qui flotte en suface, végétaux, insectes… et je verse le tout dans une autre bassine en réservant le fond qui ne s’est pas fragmenté ni dissous. Je laisse reposer la nuit. Au matin, je prends ma balance, 16 pots en plastque à fromage blanc et verse 250g d’argile crémeuse dans chaque pot. Dans les 7 premiers pots, je ne mets que cette argile blanche. Dans les 9 autres pots je mets 250g d’argile rouge locale et mélange le tout . Pour les pots N° 1 et 8 je laisse l’argile seule. Pour les autres pots j’ajoute du kaolin sec 5, 10, 15, 20g pour les pots 2, 3, 4, 5, 9, 10, 11, 12 et Kaolin + sable fin 20g/10g dans les pots 6 , 13 et 20g/20g dans les pots 13 et 14. Enfin, pour les pots 15 et 16, fantaisie, ajout de poudre de bauxite rouge violacée récoltée dans une mine désaffectée à raison de 10g et 20g. On attend une journée puis on retire l’eau surnageante de tous les pots avec une petite poire en caoutchouc. On répète l’opération le lendemain et après 48h, la pâte est étalée sur deux blocs de plâtre bien sec en numérotant les dépots. Apès 24h, elle est prête à être utilisée. Après malaxage, on façonne par pétrissage des boudins qu’on replie en forme d’anneau (donuts) pour évaluer la plasticité. Celle-ci est excellente pour tous les donuts. Puis on les roule en boules et on enroule chaque boule dans une feuille de plastique fine alimentaire ( rouleau) pour les conserver sans qu’ils se désèchent et qu’on numérote. Enfin, on commence à les tourner les uns apès les autres et miracle, ils se tournent bien sans se fragmenter. On les laisse sécher sur une planche en contre-plaqué pendant 2 jours et on les cuit au four électrique à 980°.

Résultat: Après cuisson, le fond s’est fendu pour de nombreux pots, sauf les N°4 et 7 . C’est surprenant mais c’est probablement du à l’argile blanche car l’argile rouge initiale avait bien résisté. Par contre, la couleur est plutôt sympa. On n’abandonne pas, au lieu d’un mélange d’argile rouge et blanche 50/50 on va essayer d’autres mélanges avec argile rouge dominante.

 

Concassage de l'argile blanche récoltée
Concassage à sec avec un pilon de l’argile blanche récoltée
Malaxage de l'argile mélangée à l'eau de pluie (50%)
L’argile concassée est déposée dans une bassine et on ajoute un même volume d’eau , de pluie de préférence car non calcaire. On remue en écrasant les mottes sur les bords jusqu’à obtention d’une crême argileuse

Aspiration de l'eau surnageante avec une poire

Des échantillons de même poids de cette crême argileuse sont placés dans des pots en plastique. La moitié (1à 7) en argile blanche pure, et de 8 à 14 un mélange à 50% d’argile blanche et d’argile rouge, avec pour les deux catégories une proportion progressive de 0 à 25% de kaolin et pour les 6 ,7, 8, 15 un ajout de 10 à 15% de sable fin. L’eau surnageante est apirée avec une poire le lendemain

Après divers mélanges dans chaque pot, étalage et séchage on pétrit des donuts
Après divers mélanges dans chaque pot, étalage et séchage, on pétrit des donuts pour évaluer la plasticité de l’argile
Boules d'argile
Pétrissage de boules entourées d’un film de plastique fin et numérotées pour conservation avant tournage
Tournage des pots
Après tournage et séchage, les pots on bien résisté sauf un dont le fond est resté collé au rondeau.
Cuisson des pots à 980°
Après cuisson à 980°, le fond s’est fendillé sauf pour le 4 et le 7 composés d’argile blanche avec kaolin 15g pour le 4 et avec kaolin 30g et silice 15g pour le 7

03/11/2022

La production d’argile locale (la rouge) est désormais lancée avec la bétonnière qui malaxe, la lévigation sur tuiles romanes, le tamisage avec tamis de 60 puis 80 puis 100 l’argile étant à la fin du procédé de tamisage déposée dans un drap reposant dans un grand conteneur d’arbre percé au fond. Le drap contenant l’argile est ensuite placé sur une brouette, rentré à l’intérieur de la poterie et déposé sur une plaque en plâtre pour séchage.  Environ 30 Kg sont récoltés à chaque fois. Elle se tourne remarquablement bien, et après nos essais précédents il est clair qu’on n’a rien à y ajouter, on l’utilise crue.

Par ailleurs, on tamise l’argile blanche locale qui est impropre à réaliser des tessons comme on l’a vu mais qui pourrait convenir pour de l’engobe. Là aussi, malaxage à l’eau de pluie, tamis de 80 et de 100, puis dans des flacons de verre et chaque jour, aspiration de l’eau surnageante avec une poire, séchage à l’air pendant plusieurs jours, puis broyage dans un pilon jusqu’à obtenir une poudre fine qui servira de base à l’engobe (voir essais engobe)

01/12/2022 Une très bonne nouvelle, l’argile rouge qu’on a utilisée résiste à 1260°, elle devient brunatre mais ne fond pas, c’est donc une argile ferrugineuse non fusible qu’on va pouvoir émailler et utiliser en céramique, soit pure soit mélangée à d’autres argiles du commerce.

05/03/2023 Après divers essais, nous avons décidé d’arrêter d’utiliser la terre locale, pourquoi? Parce-que cela est énergivore et « time »comsuming » or du temps il en faut beaucoup pour toutes les autres activités. De plus, le résultat escompté n’était pas toujours au rendez-vous. On reprendra lorsqu’on aura un four à bois pour créer des objets de volume plus important.