Engobes, glaçure, émaux

12/10/2022 Nous débutons de nouveaux essais sur les couvertes, c’est à dire l’enduit qu’on va déposer sur les pots.

Un engobe est un mélange à base d’argile et d’oxydes ou de colorants qui est déposé sur un tesson sec et non cuit. Cet engobe a pour but de boucher les pores du tesson et de le décorer. Il faut s’assurer qu’il aura les mêmes propriétés de retrait que le tesson au séchage et à la cuisson  pour éviter qu’il se fendille, donc utiliser une argile de même type que le tesson. Après séchage, il sera cuit à 980° et la couleur de l’engobe après cuisson sera proche de celle déposée initialement.

Une glaçure ou émail est un enduit vitrifiable déposé à la surface du tesson pour boucher les pores, le durcir, le rendre imperméable et le décorer. Il est déposé sur le tesson déjà cuit à 980° appelé dégourdi ou biscuit et porté à haute température ( 1160-1250°). Les couleurs de l’émail sont différentes de sa couleur avant cuisson et plusieurs essais doivent être réalisés pour connaître le résultat après cuisson.

Le grès et la faïence ne se cuisent pas à la même température ni en première cuisson qui vise à évacuer l’eau et les sulfates, ni en deuxième cuisson qui vise à stabiliser une glaçure et à boucher les pores de l’argile. En première cuisson, pour obtenir un biscuit pour la faïence ou un dégourdi pour le grès, la température sera de 1020°-1050° pour la faïence et 980° pour le grès. En deuxième cuisson, la température sera de 980° pour la faïence et de 1200 à 1300° pour le grès.  On cuit donc la faïence à température plus élevée en première cuisson qu’en deuxième, à l’inverse du grès. Nous n’aborderons plus désormais que le grès et les émaux hautes températures, choix arbitraire qui exclut la faïence de nos essais.

Notre essai consiste à utiliser des minéraux récoltés dans la nature et à les assembler soit pour des engobes soit pour des émaux: ci-dessous un tableau montrant ceux recueillis au cours d’un voyage en Languedoc à partir de cailloux récoltés à même le sol dans des mines désaffectées ou des débris de rochers d’enrochement des plages, ou du sable de maçonnerie. Après fragmentation au marteau, broyage au pilon et tamisage, ils ont été placés sur de petites plaques de grès et cuits à 1250°

Emaux à partir de minéraux récoltés dans la nature
Essais d’émaux à partir de roches rouges d’une mine, de lave , de sable de maçon, et assemblage entre eux et cuits à 1250°
1 Cailloux rouges de la mine de St Laurent
2 Lave de rochers de Sète + Cailloux de St Laurent
3 Prag + Lave
4 Lave / Sable
5 Rouge de St Laurent / Lave / Sable

Essai N° 2

Emaux cuits à basse température
Assemblage – sur tesson de grès sauf le N°9 (engobe de porcelaine sur argile rouge qui adhère bien) (sauf le N° 7 sur argile rouge) – de bauxite pilée , de sable de maçon gris ou jaune, de cailloux de St Laurent, de lave, cuits à 980° sauf le N° 8 cuit à 1250°

1: Bauxite + sable, 2: bauxite pure, 3: sable gris, 4: sable jaune, 5: cailloux rouges de St Laurent pulvérisés, 6: Cailloux rouges de St Laurent concassés, 7: engobe de porcelaine sur argile rouge, 8: Mélange de poudre issue de caillox de St Laurent 9: Lave et St Laurent, 10: Lave 11: Lave/ sable 12: St Laurent/Lave/sable

Commentaire: On voit  que les couleurs sont conservées à 980° (essai N°2 sauf N°9) et non conservées à 1250° (essai N° 1) . Pour un émail cuit à 1250°, il faut trouver un minéral dont la teinte après cuisson à haute température s’altère, certes mais qui ne brûle pas .

3/11/2022 On continue nos essais et allons recouvrir l’argile locale avec un engobe local sur tesson cru un peu particulier car constitué d’argile locale 50g, de feldspath 20g, de kaolin 50g et de cendres d’eucalyptus 20g , donc pas tout à fait un engobe ni tout-à-fait un émail et cuit à 1060°

On prépare d’autre part un engobe issu d’un filon de terre blanche prélevé au bord du ruisseau

Enfin nous allons préparer des essais d’émaux à partir des minéraux récoltés au cours de nos ballades (voir plus haut).

24/11/2022 – Essai d’engobes
Tessons d'argile rouge crue après tournage et section
Tessons d’essais crus
Engobes sur tessons d'argile rouge
Engobe sur argile rouge
Engobes sur tessons cuits
Engobes sur tessons
2/12/2022- ESSAIS DE Jus d’Oxydes

Avant de passer aux émaux, nous avons essayé les jus d’oxydes qui sont des préparations mélangeant 2 à 3 oxydes déposés au pinceau sur un dégourdi cuit à 950° puis après dépôt du jus d’oxyde cuisson à 1180°. Il paraît que le jus d’oxyde peut interférer avec le support, alors on prend de l’argile rouge locale et comme témoin de l’argile blanche du commerce pour voir la différence. Pour les recettes, la référence est le livre de Philippe Pirard dont on a choisi les couleurs dans les tons vert et jaune.

On prend des pots à yaourt en verre avec couvercle dans lesquels on introduit nos mélanges pour 10ml d’eau. On prend  comme unité 5ml de poudre d’oxyde introduite dans une seringue sans pesage, et qu’on reproduit par facilité grâce à un petit couvercle correspondant à l’unité de mesure. Si 2 doses, 2 couvercles…et ainsi de suite. On mélange bien le tout en agitant fort le flacon et le dépose au pinceau sur les tessons en 3 couches alternées, vertical/horizontal. Après cuisson voici le résultat, les N° correspondent aux références de P. Pirard, sauf pour le N° 294 car on n’avait pas de Bi-chromate de Potasse, donc substitution par un mélange 1Sb -antimoine et 1-Ru-Rutile. Au total, on ne voit pas ou peu de différence de couleur entre les 2 argiles ce qu’on considère comme un succès. De plus les couleurs obtenues sont dans l’ensemble en accord avec celles énoncées dans le livre, on pourra donc les reproduire ce qui est aussi une bonne nouvelle.

Jus d'oxydes
Jus d’oxydes

Voici le tableau sur lequel on affiche nos tessons recouverts d’engobe, de jus d’oxydes, d’émail après cuisson et parmi lesquels on va faire notre choix pour recouvrir les objets en argile rouge (cuisson basse température 980°) et en grès (haute température 1250°)

Tableau d'essais d'émaux
Tableau avec tessons recouverts d’engobes, jus d’oxydes et émaux

Premiers résultats

1/ Engobe

Voici le pot en argile locale recouvert d’engobe blanc d’aubagne à l’intérieur et d’un engobe jaune orangé à l’extérieur cuit à 980° non émaillé

Engobe sur pot
Pot avec engobe intérieur et extérieur

2/ Email

Email bleu turquoise avec touches d'oxyde de cobalt
Email bleu turquoise oxyde de Cobalt
Email carbonate de cobalt
Email vert d’eau Carbonate de Cobalt

Résultat d’un essai d’émail bleu :

Néphéline syénite33%/Cendres de cheminées tamisées broyées33% / Silice 33% Oxyde de Chrome1% Oxyde de Cobalt 0,5% (même jour même cuisson 1250°; à gauche cendres lavées 2021 et à droite cendres non lavées 2023). On va essayer avec les cendres lavées et non lavées de même provenance. Ceci a été réalisé et nous n’avons pas observé de différence entre cendres lavées et non lavées. De plus, Emilie de l’atelier-qui-dépote nous avait dit que les cendres préparées en émail ne se conservaient pas et que l’émail serait probablement dégradé. Ceci ne s’est pas vérifié dans un essai sur tessons, les 2 tessons recouverts respectivement d’un émail récent et ancien étaient semblables.

30/03/2023 Emaillage au compresseur et pulvérisation

On s’est équipés d’un compresseur silencieux, pour un coût d’environ 150€ chez Leroy-Merlin, silencieux, bien adapté à l’émaillage.

Avant d’émailler il faut bien nettoyer l’objet qui a été cuit à 980° et qui a de petites aspérités à gratter, et on enduit de cire les parties qu’on ne veut pas émailler, le fond par exemple et on le souffle ou on le nettoie au pinceau. J’ai trouvé un paravent d’occasion, ai placé un carton devant et me suis installé dehors. Le pot est installé sur une girelle qu’on fait tourner lentement tout en pulvérisant en faisant deux à trois passages. Il faut tenir le pistolet à environ 25cm et régler la molette d’ouverture à demi, la molette de débit au niveau le plus faible. On place l’objet retourné sur un support tel qu’un pot-support un peu solide afin d’émailler l’extérieur Ensuite, on prend le pot par le fond d’une main et le pistolet de l’autre et on pulvérise l’intérieur en le faisant tourner. Bien sur il faut un masque de protection et une combinaison quand on émaille dehors car on peut en recevoir mais quand on le peut, on est plus à son aise qu’à l’intérieur.

Et puis, après avoir émaillé une dizaine de pièces, on fait un deuxième passage avec un autre émail ou avec le même (il paraît que pour recouvrir avec un autre émail il vaut mieux laisser sécher une nuit et recouvrir le lendemain après séchage).  Le lendemain, il faut nettoyer les culs des pièces là où on a mis la cire, réparer quelques manques là où on a laissé des marques en prenant les pots pour les déplacer, ça prend du temps, enfin on laisse sécher. Pour la consistance, il vaut mieux une densité de 1,2 à 1,3 que celle préconisée pour le trempage de 1,4-1,50 car certains émaux contiennent des particules qui peuvent boucher le pistolet, tel que le Pica-verde de la Bisbal en Espagne. Dans ce cas, il faut nettoyer à l’eau et au petit pinceau toutes les parties du pistolet entre chaque passage, c’est très long et fastidieux. L’avantage du pistolet c’est qu’on n’a pas besoin de préparer des tonnes d’émail comme pour le trempage, on prépare un litre, enfin, la quantité justifiée pour le nombre de pièces et c’est tout. De plus on peut focaliser le jet sur telle ou telle partie de la pièce, en protéger d’autres…

C-dessous deux pièces émaillées selon cette méthode:

Email bleu »prietto » recouvert de « pica verde »

30/03/2023 Comment éviter les picots. Sur certaines pièces émaillées apparaissent des picots, sortes de petits points en relief qui apparaissent surtout à jour frisant et qui déprécient l’objet. Ils sont apparus avec l’émail bleu cobalt Prietto, utilisé par Chantal avec succès depuis plusieurs années et ré-utilisés avec le même émail le même four et  la même température de cuisson. On a enquêté et interrogé: chez Céradel, sur Facebook…Rien de convaincant mais on a suivi les conseils: tout d’abord, vérification du four: résistances cassées, on a trouvé une cause, on les change mais pas de chance c’est idem. La terre utilisée: St-Amand, on change pour deux types grès haute température, rien à faire c’est pareil. On change la courbe du biscuit 60°/h jusqu’à 600° puis palier de 10min et 80°/h jusqu’à 980° et refroidissement lent: même chose. On change la courbe de l’émaillage et la contrôle avec des cônes 9 et 10, pas de changement, désespérant!! Alors qu’on n’a pratiquement pas de picots avec les autres émaux ! On décide alors de fabriquer cet émail en suivant la recette préconisée et là très peu ou pas de picots. Conclusion, certains émaux achetés peuvent causer des soucis. Peut-être ne faut-il pas les garder trop longtemps si pas utilisés, surtout s’ils ont été préparés; il y a peut-être une date de péremption. Affaire à suivre de près. On n’est pas sûrs à 100% d’en avoir trouvé la cause.

Notre solution au problème : après bien des essais, on a trouvé que si on recouvre l’émail bleu « Prieto » qui donne des picots par un autre émail Pica verde (voir le pot ci-dessus) qui lui n’en donne jamais, il n’y a plus de picots. On passe au pulvérisateur 2 couches d’émail bleu et l’autre émail juste après dans le même temps. On a aussi trouvé que si on a quelques picots qui ont résisté, on chauffe les pièces avec un sèche-cheveux puis on les recouvre de Glossy-Nuka dans lequel on mélange une pincée de colle à tapisserie ou de carboxy-méthyl-cellulose, puis on fait une cuisson d’émail les picots disparaissent. En conclusion, notre solution « maison » : si on a un émail qui « picote » : 1/soit on en change 2/soit on le recouvre d’un autre émail qui n’en donne pas dans le même temps 3/ soit on applique secondairement une glaçure transparente et on fait une 3ème cuisson.

01/04/2023 Emaillage pulvérisé d’un grand plat en grès de St Amand recouvert de Tenmoku 2 couches puis de de Glossy Nuka 2 couches

23/04/2023

Après bien des essais et quelques résultats, je me demande comment être sûr de reproduire sur un bol ou un pot ce qu’on a obtenu sur un tesson, ou bien reproduire une recette dont on a la composition mais sur quelle argile, à quelle température, avec quelle courbe de cuisson avec ou sans palier de cuisson ou de refroidissement…

LES EMAUX HAUTE TEMPERATURE

Je suis entré dans le vif du sujet en allant sur le site d’Yvon Le Douget, céramiste finistérien qui anime un stage sur les émaux de haute température auprès de l’Institut Européen des Arts Céramiques et qui a mis en ligne un cours détaillé dans lequel il montre qu’il ne prend pas les débutants pour des débiles. Il faut s’accrocher mais ça en vaut la peine.

05 mai 2023 Je reproduits ci-dessous un résumé commenté de ma lecture de la première partie de ce cours très pédagogique, en espérant ne pas introduire d’erreur et avec en italiques mes propres réflexions

Chapitre 1« Email en céramique, de la formule à la recette   https://ledouget.fr »

Pour commencer et d’après ce que j’ai compris de ma lecture de divers ouvrages sur les émaux, créer un émail, c’est trouver une proportion optimale entre des composants chimiques leur permettant de fondre à une température optimale et d’adhérer au support sans couler.

Les constituants

Un émail est composé de 3 éléments fondamentaux  disposés en 3 colonnes

Colonne 1 =  les 4 oxydes basiques:  CaO, MgO, K2O, NA2O de masses molaires respectives 56, 40, 94, 62, les deux derniers réunis sous KNaO, la somme de tous = 1 constituant la mole basique qui abaisse le point de fusion de la silice

Colonne 2 = oxyde amphotère: Alumine Al2O3 de m.m=102 qui rend l’émail fluide

Colonne 3 = oxyde acide: Silice SiO2 m.m= 60 qui représente le squelette de l’émail

Il faut trouver une proportion convenable entre ces  3 composants pour obtenir un compromis satisfaisant entre la fusion, la viscosité et l’adhérence au support. Les coloris de l’émail seront apportés par d’autres oxydes qui en même temps modifieront (ou pas) la composition des oxydes de base.

Le point de fusion de l’émail: les diagrammes de frère Daniel de Montmollin

On comprend la complexité de l’obtention d’un émail : celui-ci va varier selon la composition molaire de chaque élément, de leurs proportions respectives et de leur aptitude à la fusion, sachant que le point de fusion est dépendant de chacun des autres éléments, ce qu’on appelle eutexie (température de fusion d’un mélange chimique fondant à température constante inférieure au point de fusion de chaque constituant). Ainsi le CaO fond à 2585°, AL2O3 à 2050° et SiO2 à 1670°. Assemblés en des proportions calculées, ils vont fondre à 1250-1300°, température optimale pour l’usage en céramique haute-température. Il est fondamental de savoir calculer ces proportions en s’éloignant du point eutexique pour que l’émail fonde à la température optimale de 1250 à 1300° car trop près de ce point il sera trop fusible et donc visqueux et trop loin il ne fondra pas assez.

Ces difficultés majeures ont été étudiées par frère Daniel de Montmolin dans un ouvrage « Pratique des émaux 1300°C » en deux étapes :

1/ Obtention de 60 moles basiques en faisant varier la proportion des oxydes basiques CaO, MgO et KNaO, figurant dans un diagramme en forme de triangle où chaque élément est représenté en proportion croissante pour chaque côté du triangle (de 0,1 en 0,1 jusqu’ à 1 au sommet ).

Diagramme de moles basiques
Diagramme des 60 moles basiques

2/ Fusion de la silice et de l’alumine : pour chacune des 60 moles basiques précédentes, D. de Montmolin a établi un diagramme de fusion

Diagramme de fusion N° 17

Diagramme de fusion N°25
Diagramme de fusion N°25

 

Diagramme de fusion N° 17avec en ordonnées la proportion de SiO2 (0,5 / 0,5 moles) et en abscisse la proportion d’ Al2O3 (0,5/0,5moles) permettant de faire apparaître un triangle de fusion de ces deux éléments fondamentaux que sont la silice et l’oxyde d’alumine. La figure apparaissant dans le diagramme correspond aux limites du champ de fusion possible du couple Al2O3-SiO2 pour une concentration donnée des oxydes basiques CaO, MgO et KNaO et pour la température de prédilection des céramistes de 1280 à 1300°. Pas facile à comprendre, c’est vrai mais l’auteur nous aide en comparant cette carte à celle produite par un alpiniste qui établirait une courbe de niveau d’une montagne en en faisant le tour à une altitude de 1300 mètres. Ainsi, c’est en suivant le pourtour de cette courbe de fusion qu’on optimisera la possibilité de fusion à cette température. En dedans de la figure la fusion se fera à plus basse température. Le point central correspond à l’eutectique qui fond à 1165° dont il faut s’éloigner.  Ce pourtour ne constitue pas une limite nette de même que le bord d’un lac ne serait pas totalement sec puis mouillé. Deux diagrammes de fusion ont été reproduits ci-dessus: N° 17 (correspondant à 0,8 CaO et 0,2 KNaO) et N° 25 pour 0,7 CaO et 0,3 KNaO. La partie basse de ces deux diagrammes est ouverte à hauteur de 1,5-2 SiO2 représentant la ligne de sécurité au dessous de laquelle il peut y avoir un défaut de formation des silicates stables. La ligne verticale apparaissant dans le diagramme N° 25 pour 0,3 Al2O3 est la ligne de partage entre les émaux à base de feldspaths à droite, issus de matières premières naturelles et à des émaux faisant appel à une fritte du commerce à gauche. L’auteur propose de choisir une fritte de composition suivante: 0,8 KNaO 0,20 CaO  0,05 Al2O3  2 SiO

De la formule à la recette

Tout serait plus facile si on disposait des éléments  chimiques « purs » cités plus haut dont on connaît la masse molaire. La masse molaire d’un élément est la somme des masses molaires des atomes qui la composent, ex SiO2= Si 28 + O2 16×2 = 60 masse molaire de la silice. Tout se complique avec la source de ces éléments à partir des matières premières trouvées dans la nature. Ci-dessous et à titre indicatif la reproduction d’un tableau de correspondance succinct et imparfait (complété d’après la lecture de l’ouvrage cité plus haut) qui donne la provenance prédominante des oxydes principaux.

Oxydes <———————————Matières premières
CaO Craie Carbonate de chaux cendres végétales
MgO Talc ou stéatite Carbonate de magnesium ou magnésite Dolomie cendres végétales
KnaO Feldspath de potassium ou orthose Feldspath de sodium ou albite Néphéline syénite de teneur faible en silice cendres végétales
Al2O3 Kaolin hydraté Kaolin calciné ou molochite cendres végétales
SiO2 Talc Feldspath Kaolin Quartz broyé cendres végétales
Fe2O3 Hématite Argile à grès Néphéline syénite Feldspath cendres végétales

Remarquons au passage dans le bas du tableau l’introduction de l’oxyde de fer Fe2O3 présent dans de nombreuses matières premières et dont l’apport dans un émail entraîne une grande variation de couleurs mais qui ne fait pas partie des 60 diagrammes.

Et si on ajoutait ZnO et BaO aux oxydes de base, ce ne serait plus 60 mais 961 diagrammes à étudier…Arrêtons sinon on ne comprend plus rien mais c’est pour dire qu’il faut vraiment se limiter !

Il faut tout d’abord connaître la proportion de chaque élément fondamental à partir de la formule d’une matière première qui contient une partie de chaque élément fondamental en quantité variable.

Par exemple, le kaolin hydraté qui a une formule théorique Al2O3 SiO2 H2O de masse molaire 258 contient 33% de chaque élément AL2O3, SiO2 et H2O.

Prenons l’exemple de Mr Yvon Le Douget à partir du feldspath potassique Ceradel Socor de formule théorique K2O Al2O3 6SiO2 avec calcul de la formule

 

Analyse fournie

 

Sommes des bases

 

Diviser tout par 0,1552

Quantité moléculaire=

X masse molaire

SiO2 68%/60 1,1366moles 7,32  x   60 = 438,00
Al2O3 18%/102 0,1764 1,14  x 102 =  116,28
K2O 10,5%/94 0,1117 0,1552 0,72  x   94  =   67,68
Na2O 2,7%/62 0,0435 0,28  x   62  =   17,36
CaO 0,2%  

Négligeables

MgO 0,15%
Fe2O3 0,12%
TiO2 0,02%
Total 99,89% Formule calculée KnaO Al2O3 1,14 SiO2 7,32  Total=   639,32

Manquent les éléments négligés CaO, MgO, Fe2O3, TiO2. Pour simplifier et obtenir la masse molaire de ce feldspath 99,89 : 0,1552= 643

Personnellement j’aurais fait un calcul plus simple  : somme des bases KNaO= 0,1552 et diviser le % de la formule par 0,1552 pour chaque élément soit 68/0,1552=438…

Pour le transformer en pourcentage :

Si02      438 : 643= 0,68

Al2O3  116,28 : 643= 0,18

K2O    67,68 : 643 = 0,10

Na2O    17,36 : 643 = 0,027

Total 0,987 +  1,3% d’éléments négligés= 100%

On voit donc avec cet exemple que la formule calculée est un peu différente de la formule théorique. Cependant, la formule en pourcentage calculée est très proche de la formule théorique proposée, donc une marge d’erreur si faible me fait penser qu’il n’y a que les puristes qui trouveront le temps et l’énergie de recalculer la formule ! Comprenons que ceci est un exemple pour nous aider à comprendre les calculs.

Autre exemple : comment déterminer le choix des matières premières pour une formule comprenant 3 oxydes

0,2 CaO 0,9 Al2O3 8 SiO2
0,3 MgO
0,5 KNaO

 

CaO 0,2 MgO 0,3 KNaO 0,5 Al2O3 0,9 SiO2 8
Chaux 0,2 0,2/0
Talc 0,3 0,3/0 0,036/0,864 0,3/7,7
Feldspath 0,5 0,5/0 0,57/0,294 3,66/04,04
Kaolin 0,294 0,294/0 0,588/3,452
Quartz 3,452 3,452/0

Pour calculer les quantités disponibles d’éléments à partir de la matière première, prendre la formule du talc MgO 0,12Al2O3 SiO2 qui apporte la totalité du MgO 0,3 et apporte 0,3×0,12Al2O3 (0,036) et 0,3SiO2. Dans la ligne talc, il reste à fournir 0,9-0,036Al2O3 (0,864) et 8-0,3 SiO2 (7,7). On fait la même opération avec le feldspath potassique KnO 1,14Al2O3 7,32SiO2 et avec le Kaolin et enfin on ajoute le manque de 3,452SiO2  par le quartz.

La recette pondérale sera : Carbonate de chaux 0,2×100 = 20 ; Talc 0,3×126=37,8 ; Feldspath potassique 0,5×643=321,5 ; Kaolin 0,294×258= 75,85 ; Quartz 3,452 x 60 = 207,12 Total 662,27

La recette en pourcentage sera Carbonate de chaux 20/662,27 x 100= 3% Talc 37,8/662,27 x 100 = 5,7%  ; Feldspath potassique 321,5/662,27 x 100= 48,5% Kaolin 75,85/662,27 x 100 = 11,5% ; Quartz 207,12/662,27 x 100 = 31,3%

Devant une infinité de possibilités telles que décrites dans les diagrammes de D. de Montmolin,  il apparaît difficile voire impossible d’adapter toutes ces connaissances à une création pratique. Il nous faut donc simplifier. Comment choisir les matières premières les plus judicieuses ?

Il est faux de penser qu’une formule complexe contenant de multiples éléments donnera un émail de plus grande qualité. Les matières premières essentielles sont les feldspaths, le talc, la chaux , la dolomie.

 Mode d’emploi des diagrammes

Je m’inspire du cours de Y. Le Douget qui a pris comme exemple le diagramme N° 33 et utilise en exercice le même raisonnement que lui en prenant le diagramme N°17

Choisir la mole basique N°17 dans le diagramme de gauche correspondant à 0,8 CaO et 0,2 KNaO et choisir la quantité de matières premières qui apportent ces 2 oxydes basiques: la chaux CaCO3 de m.m=100 et le Feldspath potassique de formule KNaO 1,14Al2O3  7,32SiO2 de m.m=643.  0,8 de chaux apportent le CaO demandé et 0,2 feldspath potassique apporte 0,2KNaO  avec en plus 0,2×1,14Al2O3 et 0,2×7,32 SiO2

 

Feldspath 0,2

Chaux 0,8

Point A

KNaO 0,2

0,2

 

0,2

CaO 0,8

 

0,8

0,8

Al2O3

0,27

 

0,27

SiO2

1,46

 

1,46

Plaçons les coordonnées du point A dans le diagramme N°17

Point A diagramme 17
Point A dans le diagramme N°17 par apport de feldspath et de craie

Calculons la recette pour ce point A:

Feldspath 0,2×643=128,6 Chaux 0,8×100=80,0

Feldspath 0,2 × 643 = 128,6 : 208,6 × 100 = 61,6
Carbonate de chaux 0,8 × 100 = 80,0 : 208,6 × 100 = 38,3
208,6

Il manque SiO2 donc apportons 0,4 moles de Quartz avec une recette recalculée pour ce point B dont SiO2= 5,46 et en faisant le même calcul:

Feldspath 0,2 × 643 = 128,6 : 448,6 × 100 = 24,6
Carbonate de chaux 0,8 × 100 = 80,0 : 448,6 × 100 = 17,8
Quartz 4,0 × 60 = 240,0 : 448,6 × 100 = 53,5
448,6

Plaçons  le point B sur le diagramme N°17

Point B diagramme 17
Point B dans le diagramme 17 par apport de quartz

Plaçons un point C par apport de Kaolin (dans sa forme calcinée Al2O3 2SiO2) à la recette du point A. En plus de la recette du point j’apporte 0,3 moles d’Al2O3 et 0,6 moles de SiO2

Point C dans le diagramme 17
Passage du point A au point C par apport de Kaolin

Recette pour le point C par apport de Kaolin

Feldspath 0,2 × 643 = 128,6 : 286,0 × 100 = 44,9
Carbonate de chaux 0,8 × 100 = 80,0 : 286,0 × 100 = 27,97
Kaolin 0,3 × 258 = 77,4 : 286,0× 100 = 27,06
286,0

Si on combine les 3 points A, B, C dans le diagramme N°17, on définit une zone entourée de vert correspondant à une gamme de recettes variées selon qu’on apporte plus de quartz ou plus de silice. Le problème est que KNaO est apporté en général par les feldspath qui apportent en plus de l’alumine et beaucoup de silice. Il faut donc avoir recours à des « frittes  » du commerce comme proposé par D. de Montmollin. Dans son cours, Y. Le Duget propose d’abaisser le point A en A’ en utilisant de la Néphéline Syénite qui contient moins de silice que les feldspaths.

Recettes pour les 3 points A, B, C du diagramme N°17
Zone des recettes possibles en combinant feldspath, craie, quartz et kaolin dans le diagramme N°17

Chapitre 2 Comment préparer ses essais?

Se munir d’une balance de précision, un tamis de 15 à 25cm maille 100, de mini gobelets en plastique

On veut préparer des essais des formules à partir du point A et du point C provenant du diagramme 17 vu plus haut dont on a calculé les recettes. Pour simplifier au maximum, réaliser un mélange en ligne:

Recette A : Feldspath(Fp) 61,6 et CaO 38,3

Recette C : Feldspath 44,9 CaO 27,9 et Kaolin 27,06

Prévoir d’enduire 6 tessons en L avec 5g de matière sèche/essai soit 30g en tout qu’on répartit en 15g pour la recette A et 15g pour la recette B :

Calcul des quantités

Recette A Fp 61,6×15/100=9,22g; CaO 38,3×15/100=5,75g                                    Recette C Fp 44,9×15/100=6,73g; CaO 27,9×15/100=4,18g;  K 27,06×15/100= 4,05g

Mélanger à sec chaque recette, passer 2 fois au tamis et introduire dans les pots

Echantillons de 2 recttes
6 échantillons de recettes A et B de poids croissant et décroissant

soit 6 essais

Cumul des échantillons
Cumul des échantillons des 2 recettes en une seule série

Ajouter de l’eau, plutôt déminéralisée ou de l’eau de pluie – il faut que ce soit fluide  (on ne peut pas mesurer la densité), bien mélanger et appliquer au pinceau sur le tesson. Personnellement j’applique 3 couches sur la face et deux sur le dos en alternant le sens d’application vertical/horizontal. D’autres trempent le tesson dans le gobelet. Sur le pied du tesson, noter un code sans oublier le N°17 du diagramme. Par exemple 17 5A0C, 17 4A1C…

Calculer la recette finale A+C en prenant l’exemple du tesson N°4: 17 A2C3             2 parts de A soit Fp61,6×2/5=24,64   CaO38,30×2/5=15,32                                               3 parts de C soit Fp44,9×3/5=26,94   CaO27,97×3/5=16,74  K27,06×3/5=16,23       Total :                                  Fp=51,58                    CaO=32,1                     K= 16,23               Diviser par la m.m.      51,58:643=0,08       32,1:100=0,32               16,23: 258=0,063

Multiplier ensuite la quantité molaire de chaque matériau par la quantité de chacun des oxydes indiqué dans sa formule Fp(KNaO 1,14 Al2O3 7,32SiO2)

CaO (CaO)  et K (Al2O3 2SiO2)

  • Fp : 0,08 KNaO, 0,08 × 1,14=0,09 Al2O3, 0,08 × 7,32=0,58 SiO2
  • CaO : 0,32 CaO ;
  • K: 0,063 Al2O3, 0,063 × 2 = 0,126 SiO2.
     Formule provisoire KNaO CaO Al2O3 SiO2
    Feldspath 0,08 0,08 0,09 0,58
    Chaux 0,32 0,32
    Kaolin 0,063 0,063 0,126
    Formule provisoire 0,08 0,32 0,153 0,706

    Ramener la mole basique à 1 => KnaO+CaO= 0,40 et diviser Al2O3 et SiO2 par 0,4

  • KNaO 0,08/0,4  =  0,2
  • CaO    0,32/0,4   = 0,8
  • Al2O3 0,153/0,4= 0,38
  • SiO2   0,132/0,4= 1,76

La formule unitaire de l’essai N°4 (17 A2C3) est:

0,2KNaO 0,8CaO 0,38Al2O3 1,76SiO2

qu’on reporte dans le diagramme

  • Mélange ternaire: Il s’agit de la même méthode adaptée aux3 points A, B, C définis plus haut, dont on calcule les recettes puis sur une échelle de 1g en 1g placée sur les côtés du triangle relier les droites pour obtenir un quadrillage à 21 points définissant 21 essais  dans 21 gobelets de 5g chacun
  • Mélange quaternaire: pour couvrir une plage plus large ajouter un 4ème point dans le diagramme de façon à obtenir un parallélogramme A, B, C, D puis   obtenir un quadrillage comme pour le mélange ternaire
  • Dosage en gouttes : plutôt que de faire des tessons recouverts de 5g d’émail chacun, creuser 36 alvéoles dans une plaque d’argile et y déposer grâce à un compte-gouttes une goutte d’émail composé du double d’eau/matière sèche permettant de réaliser 36 essais sur une même plaque.

Chapitre 3 Le nombre d’or des émaux les plus stables

Après la lecture de ce cours qui concerne la méthode pour l’ensemble des émaux haute température, et avant de commencer des essais, j’ai cherché à réduire le champ des possibles en me concentrant sur les diagrammes N° 25-33 de frère De Montmollin car considérés comme les plus polyvalents et en particulier le N°33 0,6 CaO/0,4KNaO excluant MgO. Dans mes recherches, ce ratio m’a conduit à découvrir « le nombre d’or d’un émail stable » sur le site de Joëlle Swanet.

Il faut commencer par le diagramme de R.T. STULL datant de 1912 ci-dessous:

Stull's predictive diagram
Diagramme prédictif de Stull pour ratio 0,3NaKO/0,7CaO

Dans ce diagramme concernant le ratio 0,3 moles de NaKO pour 0,7 moles de CaO, la variation du ratio Al2O3/SiO2 permet en théorie de prédire si l’émail sera plus ou moins mat ou plus ou moins brillant. Dans la zone des deux coins  opposés diamétralement en haut à gauche et en bas à droite, les émaux sont sous-cuits ou trop cuits. Les émaux seront mats pour un ratio Al2O3/SiO2 <4, brillants pour un ratio Al2O3/SiO2 >5 et semi-mats pour un ratio 4<Al2O3/SiO2>5. Bien d’autres paramètres interviennent en pratique pour modifier l’aspect de l’émail: l’apport d’autres oxydes, l’épaisseur de l’émail, le type de support, la courbe de cuisson et de refroidissement et il faut donc recourir à des essais avec ses propres ressources. En théorie ceci est très bien mais valable pour une cuisson à température élevée à cône 10-11. Est-il possible de conserver un tel avantage en cuisant à cône 6 en vue de préserver nos fours électriques et d’adoucir nos factures ? La réponse argumentée par Joëlle Swanet est OUI c’est possible: elle donne comme références les études de Matt Katz (NCECA 2012) et de Sue McLeod (NCECA 2018). Ils ont démontré que l’ajout de 0,15 mole de Bore (B2O3) aux concentrations respectives précédentes de 0,3NaKO-0,7CaO permettait de passer au cône 6 (M. Katz) et d’utiliser le diagramme de RT Stull dans les mêmes conditions qu’à cône 10-11.

Pour faciliter son utilisation, on peut choisir d’utiliser la méthode de Ian Currie préconisée par Joëlle Swanet .

Mise-au-point: j’ai demandé sur les réseaux comment connaître le point de fusion eutexique d’un émail de ma composition et comment abaisser la température car en mettant une recette dans le calculateur de glazy.org, j’ai vu que dans le diagramme, il y avait de nombreuse recettes proches de la mienne dont aucune ne cuisait à la même température. Donc, à quel cône peut-on cuire un émail qu’on a conçu?

Jean Pierre Prieto m’a déconseillé vivement d’utiliser le diagramme de Stull et m’a dit que « cela ne dépend pas du ratio RO/R2O mais plutôt du ratio Silice/Alumine (comprendre « par rapport aux fondants » et pas seulement du ratio) pour preuve la façon dont Seger a défini ses cones: Al0,6/Si6 = cone 6, Al0,9/Si9 = cone 9 toujours avec un ratio Si/Al = 10. Une feuille Excel de calcul approximative se trouve sur Monsieur Pot méthode Martin Langersdorf »  Il y a aussi un calculateur de température de glaçures « online-glaze-calculator.com selon la réponse de Michel Ponsa. Alain Fichot m’a répondu en précisant que ces calculateurs tels que ceux cités plus haut de fusion des glaçures sont plus ou moins faux. De même Monsieur Pot m’a dit qu’il n’existe pas de calculateur vraiment fiable et que les résultats sont plus fiables quand on entre un plus grand nombre de données. Ils donnent une indication et seules les grilles de test sont efficaces. Autre réponse de Mateo Ecalcade : « il y a 2 grandes choses à regarder : quelle quantité de Bore ? pour cône 8 il faut au moins 0.05 et pour cône 6 0.15 et est-ce un émail Bristol (% particulier de Zinc + (Calcium ou Baryum ou Strontium) ceci pour dire que ce sont les bonnes techniques pour faire baisser la température d’un émail au dessous d’un cône 10. Un ratio très élevé de R2O et un niveau de Si/Al très bas peut aussi abaisser la température mais ce n’est pas idéal ». 

Quelle conclusion en tirer? Même si j’ai trouvé les calculateurs cités plus haut j’ai guère envie de les utiliser car ils paraissent peu fiables. En pratique, je vais cuire une base d’émail à cône 9-10 et la même avec 0.15 de bore à cône 6 et comparer les deux. Quel type de bore utiliser: acide borique, anhydre borique, fritte? Une réponse sur le réseau de Pauline Tbeur Céramique : choisir la fritte 3134 car la plus utilisée à cône 6 et soluble car l’acide borique ou l’anhydre ne restera pas sur le tesson. Autre réponse de JP Priéto: utiliser les frittes au bore de chez Solargil FR5, FR7, FR8… ou le gerstley borate qui marche aussi mais de composition plus variable puisqu’il est « naturel ». Je vais donc acquérir la fritte FR 8 et dispose déjà du gerstley borate que je vais comparer à cône 6.

Très utile : masse molaire des composants: une liste très utile et complète est donnée dans Smart.conseil

Chapitre 4. Glaze calculator

18 Mai 2023 J’ai franchi un pas en apprenant à me servir de Glaze Calculator, le calculateur de Glazy.org.

C’est très simple: aller sur créer pour ouvrir un compte (nom, adresse mail, mot de passe) comme pour tout logiciel . Il offre la possibilité de choisir une recette selon plusieurs critères d’entrée ou bien d’entrer ses propres recettes ce qui est très simple. Si une matière première n’y figure pas, on peut la rentrer en donnant sa formule, ce que j’ai fait en entrant oak ashes, eucalyptus ashes, feldspar ice: ces matières premières figurent désormais dans ma worklist. Il donne la composition finale et sa place dans le diagramme de Stull. Il reste à l’informer sur la cuisson, quel cône ? J’ai donc entré 4 recettes personnelles et importé une recette récente pour le tester, tout fonctionne bien, je retrouve mes recettes sans difficulté. Pour finir, j’ai publié ma recette créée en janvier dernier à base de cendres de chêne brulées dans la cheminée, tamisées au tamis maille 80 puis 100, lavées et séchées. Elle faisait partie de 15 essais dont celui-ci a été retenu car mat et soyeux. Pour ma part, je n’apprécie par trop les reflets jaunes probablement donnés par le rutile, je testerai. Je n’ai pas su entrer la courbe de cuisson qui est celle décrite dans le chapitre cuisson. Des progrès à faire !

28 Mai 2023 Essais de cendres d’Eucalyptus

Je me suis lancé dans des essais d’émaux à base de cendres d’eucalyptus.

Récolte de bois sec, le tas est brûlé progressivement dans une lessiveuse. Lavage des cendres avec de l’eau de pluie. Trois lavages, en retirant les cendres flottantes avec une passoire. Séchage dehors pendant 4 jours. Tamisage des cendres au tamis maille 80 puis maille 100: seulement 166g de cendres pour un volume de bois d’environ un quart de stère.

Les recettes ont été préparées en tenant compte des ratios KNaO-CaO-MgO des diagrammes de frère D de Montmollin, des ratios Base/Acide et Alumine/Silice donnant une prédiction de l’aspect mat ou brillant dans le diagramme de Stull. Elles ont été enregistrées dans mes recettes personnelles de Glazy.org

Emaux avec cendres d'eucalyptus
20 essais de recettes d’émail avec cendres d’eucalyptus avant cuisson

Au final sur les 10 essais de cendres d’eucalyptus, tous donnaient une couverte beige clair et seuls 4 ont été conservés car les autres ont soit tressaillé, soit coulé et je vais recommencer avec un seul d’entre eux : Cendres 30/ Feldspath Ice 30/ Kaolin 10 et Silice 24 avec des variantes : 0.5 Carbonate de cuivre / 0.5 Carbonate de Cobalt/ 1.0 Oxyde d’étain/ 1.0 Carbure de Silicium.

07/10/2023 Emailler au compresseur J’ai parlé plus haut du compresseur et des mesures de protection mais pas du pistolet et c’est pourtant essentiel. J’en ai essayé plusieurs. Surtout ne pas prendre un pistolet à peinture avec un grand pot ça dépose un film trop fin et ça nécessite d’attendre la pression maximum du compresseur. Les pistolets bas-de-gamme sont peu fiables et après des déboires j’ai du renoncer. J’ai trouvé un pistolet moyenne-gamme type Mignon 3 qui me donne toute satisfaction mais qui n’est plus sur le marché du neuf, remplacé par le Mignon 4 pour un prix actuel de …432€! : un sacré budget. Sur les réseaux certains ont fabriqué leur pistolet, d’autres arrivent à émailler avec des pistolets à bas prix de 10 ou 20€, à chacun son expérience. Ce que je peux dire c’est que même avec un pistolet comme le Mignon, il faut bien le nettoyer en démontant les éléments de la buse, passer un petit pinceau dans le trou du haut et une aiguille fine dans le trou de la buse, bien laver à chaque utilisation, surtout en fin d’émaillage afin d’éviter un séchage de l’émail à l’intérieur. Pour passer l’émail, installer le pot sur un vieux pot retourné lui-même placé sur une girelle qu’on fait tourner à la main. Le premier jet il faut l’envoyer sur un carton placé à côté puis appliquer régulièrement sous forme d’une couronne hélicoïdale tout en faisant de petits mouvements de haut en bas ce qui donne une application régulière et surtout ne pas rester au même endroit. On fait un passage depuis le haut du pot jusqu’en bas et on remonte jusqu’en haut. On émaille d’abord l’extérieur du pot puis l’intérieur. Si on veut passer un autre émail, il est recommandé d’attendre 6 à 7 h de séchage du premier émail. Il faut s’assurer que la densité de l’émail est comprise entre 1,45 et 1,50 avec un densimètre trempé dans une colonne d’émail contenue dans une haute burette ou dans un long pot étroit.

02/02/2024  Réflexions sur l’Utilisation de Glazy.org

Avec Glazy il est devenu aisé de composer une recette en se passant de calcul de môles qui rebute tant les débutants. En chargeant Glazy calculator on peut créer son propre registre de recettes et de formules dans « my studio » et facilement entrer les composants de la liste proposée mais aussi entrer un composant qui n’y est pas, soit en demandant à Glazy de le chercher et s’il ne le trouve pas, entrer la formule du composant et l’enregistrer dans « my studio ». Une fois entrés les composants et leur proportion, glazy affiche les résultats en termes de formule, donne tous les ratios utiles et positionne la recette dans le diagramme de Stull. Il faut renseigner la température de cuisson (en termes de cônes) après essais en allant dans la section « modifier les informations » et pas dans le calculateur. A l’inverse, si on veut obtenir une proposition de composants en entrant CaO, MgO, KNaO, SiO2, Al2O3 selon les données essentielles du livre de frère de Montmolin (pratique des émaux de grès) Jean-Pierre Priéto précise dans le groupe Facebook « Echange de recette d’emaux grès haute temperature » qu’il faut disposer d’un compte payant (que je n’ai pas encore).

04/02/2024 Emaux coulants, dégoulinants, gOUTTES
A gauche création de Chantal, inspirée d’une création de Marie Samson

Comment obtenir une coulure d’émail maîtrisée ?

Il y a des recettes d’émaux dans Glazy et une méthode détaillée par Joe Thompson

Ci-dessous explique Alain Fichot qui répond à une question sur Facebook:  » ce sont des émaux spéciaux et il faut que ça coule mais pas trop ». Il donne une recette à 1250°C : Feldspath EA4B 21, Silice 37, Chaux 8, Fritte 1252 6, Kaolin28, avec variation sur la fritte »

Le test de gauche a été réalisé en mettant des échantillons sous forme de colombins à califourchon sur le bord d’une tasse. Après cuisson ça a coulé et quand ça coule trop il se forme une goutte qui se détache ou reste reliée mais qui est fragileJ’en retiens qu’il  faut maîtriser l’émail et la cuisson et ajouterais  qu’il faut veiller à protéger les plaques du four en déposant les objets sur une plaque de grès condamnée car quand ça coule Danger ! pour la plaque.

05/02/2024  Emaux de cendres de fougères

Ramassage de fougères à 1700m d’altitude près de Sauto, joli village des Pyrénées orientales. A cette époque de l’année les fougères sont fanées, faciles à ramasser sur le bord des chemins, nous en emplissons 6 grands sacs. Ramenées à l’atelier elles sont brulées le soir même sans ajout de papier, car très inflammables. Le lendemain, elles sont tamisées au tamis à maille 50, puis 80 puis 100 jusqu’à obtenir 1kg de poudre noire comme du charbon utilisée telle quelle sans lavage. Quelle recette peut-on créer ? Incertitude: la composition chimique de la cendre car si une composition est bien proposée par Glazy, elle ne correspond peut-être pas à celle recueillie. C’est bien connu qu’elle est très riche en silice (40 à 50%), contenant aussi de la sylvite, du silicate, du phosphate, et de la kalsilite (KAl2Si2O8) et qu’elle participait autrefois à l’élaboration de certains verres et vitraux.  La kalsilite, combinée à la néphéline aurait la propriété de faciliter la cristallisation et la transparence selon l’article de Motoyuki Hirose. Je me suis à nouveau plongé dans le livre de frère de Montmolin qui donne des indications dans le dernier chapitre. J’ai concocté en tâtonnant une recette acceptable théoriquement qui s’inscrit au centre du diagramme N° 36 du livre « les émaux  » de frère de Montmolin et qualifiée de modérément brillant dans le diagramme de Stull.  Elle devrait convenir mais le résultat ne sera connu qu’après cuisson.

Le lendemain, j’ai préparé les tessons en grès de St Amand et en grès blanc pour les tessons droits  pour les coupelles en créant 3 recettes de la base visibles sur les 2 rangées du haut. Puis j’ai décliné chaque base en des variantes par ajout d’oxydes de fer jaune 3% rangée 4 , de fer noir 3% rangée 5 et de carbonate de cuivre 3% rangée 5. Puis cuisson de l’ensemble à cône 8-9 à 1250°C en oxydation dans le four électrique.

Essais de cendres de fougères
Recette N°1
Recette N°2
Recette N°3

Résultat satisfaisant en termes de propriété de l’émail qui ne coule pas, qui est  un peu brillant mais pas trop. La couleur ne varie pas trop selon le type de recette car toutes les trois contiennent 40% de cendres. D’où proviennent les points noirs, mystère? Je suis convaincu que la couche d’émail est trop légère car ce n’est pas couvert de façon homogène, ce qui peut arriver avec les cendres. Les oxydes à 3% ( probablement moins encore car dilués dans l’eau sans additif) font guère varier la couleur de l’émail.

Recette N°1 Fesh ash 40-1 publiée dans Glazy.org N°424263

Recette N°2 Fern Ash 40-2 publiée dans Glazy.org N°424262 avec Rutile 3%

Recette N°3  Fern Ash 40-3 non publiée: suppression de la Néphéline Syénite

Conclusion: encourageant mais à reprendre en couvrant avec 3 passages et séchage entre chaque passage et ajouter d’oxydes en proportion croissante

10/02/2025 : Pour les essais: tessons ou plaques?
tessons en grès tournés

Pour faire des tessons rien de plus simple, on les tourne sur un rondeau et avec 800g de grès on en obtient une bonne trentaine. On presse le centre avec les index jusqu’au rondeau   puis on écarte les index en appuyant sur le dessus avec les pouces jusqu’à amener la terre au bord, on remonte alors la terre en la courbant vers l’intérieur et  on leur donner de l’assise avec un petit rebord intérieur.

Plaques en grès pour test d’émaux

Pour faire des plaques, encore plus simple, on étale au rouleau ou à la croûteuse une plaque de grès à 4-5mm d’épaisseur puis on crée des séparations en petits carrés en appliquant le bord d’une baguette de bois en la tapotant au marteau. Ensuite, on peut imprimer un relief dans le coin qui servira à évaluer l’émail dans ses propriétés de bordures.

Pourquoi les deux ? Et bien avec les plaques on étudie l’émail sur un plan et d’autre part on peut faire comme ici 52 tests qui occupent peu de place dans le four ou pour les ranger. Ici on a étudié la variation de l’émail en fonction de son épaisseur et du pourcentage d’oxydes différents ajoutés à la base. Avec les tessons on étudie l’émail sur paroi verticale, est-ce qu’il coule ou non?

Personnellement, je teste une nouvelle recette d’abord sur tessons en commençant par établir sur Galzy.org calculator une recette de la base (sans oxydes) et en déclinant celle-ci en 3 possibilités. Je prends un seul élément constant par exemple ici 40% de cendres de fougères et fais varier les autres composants (feldspath potassique, silice, néphéline syénite, dioxyde de titane…)  afin d’étudier l’adhérence, l’absence de coulure, l’aspect mat ou brillant, enfin les propriétés physiques mais pas la couleur. J’applique ces 3 bases à la fois sur des tessons en grès blanc et aussi en GSA (grès de St-Amand qui contient du Fe2O3 qui inter-agit avec l’émail) en faisant varier l’épaisseur, c’est-à-dire en appliquant 1, 2, 3 couches en laissant sécher quelques secondes entre les applications.  Au vu du résultat, je choisis une des trois recettes de la base et vais y incorporer les différents oxydes ( cuivre noir, fer noir, carbonate de cuivre, oxyde de cuivre, oxyde de cobalt,…) et appliquer au pinceau sur les carrés de la plaque en faisant une cinquantaine d’essais de couleurs dans des proportions d’oxydes de 1 à 3% , sans changer la base.  Pour finir, on peut faire des superpositions de 1 ou 2 oxydes.

Ainsi, ci-dessous apparaissent 45 essais de cendre de fougères non lavées (sur argile blanche), cuits à cône 8 (1250°). Colonne de gauche en partant du bas, épaisseur progressive de l’émail de base (publié dans Glazy.org) avec une seule couche en bas et 5 couches en haut. Colonne 2 à 5 ajout de 8 oxydes différents en concentration progressive de bas en haut. Le résultat ne me plaît pas mais il fallait le faire pour le savoir.

Tests de cendres de fougères
Test émaux cendres de fougères
25/03/2024 Sortie de four: quand l’émail a coulé que faire?

Deux tasses collées à la plaque d’enfournement : comment la récupérer?

Oui, on s’équipe d’un petit marteau et d’un couteau à  lame fine et souple dont on coupe le bout pointu pour en faire un bout droit bien affuté. On place l’extrémité du couteau dans la base de l’émail qui a coulé, juste à la jonction avec l’engobe de la plaque et par petits coups secs on fait sauter l’émail délicatement. La lame du couteau doit être inclinée à environ 10 – 20° par rapport à la plaque pour ne pas risquer de la briser. Quand l’objet est décollé on procède de la même façon avec tous les petits bouts d’émail incrustés dans la plaque jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Travail de patience oui mais payant et évitant… d’acheter une nouvelle plaque. La leçon à tirer: quand l’émail coule c’est que le rapport Al2O3/SiO2 n’est pas bon donc revoir la recette avant de recommencer.

Décollement des pots

 

 

Désincrustation de la plaque d’enfournement
03/04/2024 Preparation d’un essai de superposition d’emaux

L’idée est d’utiliser 3 terres différentes et soit superposer un émail de couleur sur un fond d’émail blanc soit recouvrir d’une couverte un émail de couleur

Les 3 terres: porcelaine/ grès PRAI / grès GSA(St-Amand) verra-t-on une différence? Probablement car il y a des inter-actions entre l’émail et le type de terre

Les 5 émaux blancs: Aline Lafolie / 6053 La Bisbal / PCM Post Ca Mat / MG1 / Laure Manecher

Les 3 couvertes: Céradel satiné / Céradel brillant / Céradel mat

Les 6 émaux: Noir céradel / Noir Tenmoku / Noir création / Email Bleu vert création Vert KG / Jaune création

Méthode: 1/ Deux plaques de chaque terre  de 30x20cm cuites à 980° (dégourdis) appelées POR1 et POR2, PRA1 et PRA2, GSA1 et GSA2s

2/ Chaque plaque N°1 est enduite horizontalement de 5 bandes d’émail blanc et verticalement par dessus les 6 émaux. Sur chaque plaque N°2 sont d’abord déposées 3 lignes de 6 émaux ensuite recouvertes des 3 couvertes.

3/ Cuisson Cône 8 (1250°C) de toutes les plaques

01/05/2024 Une première gamme d’essais en cuisson à 1200°C pour 4 plaques A et D = GSA, B et C = porcelaine en conservant les mêmes objectifs:  les superpositions d’un émail blanc sur un émail de couleur ou inversement donnent elles le même résultat?  Les mêmes opérations sur porcelaine (blanc pur) et grès de St-Amand (GSA qui contient du fer) donnent elle se même résultat? Application en bandes verticales (de faible épaisseur en haut et plus épaisse en bas) sur A, B et C . En D émail épais dans les médaillons du bas, moins épais sur les bandes verticales.

Emaux de couleur déposé sur la terre/ émail blanc en superposition (de gauche à droite)

En A (GSA)  : Noir céradel, Noir céradel, Noir céradel, KG bleu, KG bleu, KG bleu /   MGN, PC mat, 6053, MGN, PCM, 6053

En B (Porcelaine) : Noir céradel, Noir céradel, Noir céradel, KG bleu, KG bleu, KG bleu, KG gris / MGN, PC mat, 6053, MGN, PCM, 6053, MGN

En C (Porcelaine) : KG gris, KG gris, AA (vert), AA (vert), AA (vert), C/C 3%Cobalt, C/C 3%Cobalt, C/C 3%Cobalt / PCM, 6053, MGN, PCM, 6053, MGN, PCM, 6053

Email blanc déposé sur la terre / émail de couleur en superposition ( de gauche à droite)

En D (GSA) : MGN, MGN, MGN, MGN, MGN, PCM, PCM, PCM, PCM / Noir céradel, KG bleu, KG vert, KG gris, CC3%Cobalt, Noir céradel, KG bleu, KG vert, KG gris

A: émail couleur sur GSA recouvert d’émail blanc
B: émail couleur sur porcelaine recouvert d’émail blanc
C: Email couleur sur Porcelaine recouvert d’émail blanc
D: émail blanc sur GSA recouvert d’émail de couleur en couche épaisse dans les médaillons du bas

Comparaisons:

1/ A/B ( terre – émail): pas d’interaction du type de terre sur les émaux noirs mais forte influence sur les émaux bleus (qui ne deviennent pas bleus mais marrons ou gris) sont plus foncés et mieux réussis sur GSA que sur porcelaine

2/ A/A GSA et B/B  porcelaine (émail couleur recouvert d’émail blanc) : interaction du type d’émail blanc sur les émaux noirs et sur les émaux bleus. MGN donne un noir mat peu réussi, PCmat donne du gris mat réussi et 6053 donne du gris foncé brillant plus foncé sur GSA ( trésaillé) que sur porcelaine.

3/ C/C porcelaine (émail couleur recouvert d’émail blanc): très forte interaction des émaux blancs sur les gris (le même émail est noir en 1 et marron en 2), faible interaction sur les verts, interaction modeste sur les bleus(violet-bleu)

4/ D/D GSA ( émail blanc recouvert d’émail couleur): Pas d’interaction sur l’émail noir (1 et 6). Forte interaction sur les émaux bleu, vert et gris (2, 3, 4) qui deviennent tous marron-clair. Très forte interaction sur bleu (7) qui est réussi alors que le même en B (5) est raté. Pas d’interaction sur le vert et le gris.

Conclusions pour une cuisson à 1200°C:  Conclusion générale, on confirme l’interaction à la fois de la terre sur l’émail, de l’émail blanc sur l’émail de couleur et sur le type d’application (blanc sur couleur ou inversement.

Selon le type d’émail:

1/ les émaux noirs ne sont pas  modifiés par le type de terre ou par l’inversion de leur application (blanc sur noir ou blanc sur noir). Par contre ils sont modifiés par le type d’émail blanc tout en restant de couleur noire ou gris-foncé. 2/ les émaux bleus sont  modifiés par le le type de terre, par le type d’émail blanc et par l’inversion de la superposition avec un beau résultat en D7 (KG bleu sur blanc sur GSA). Les émaux verts sont peu modifiés par le type d’émail blanc ou par le type de terre. Les émaux gris deviennent marron clair dans tous les cas.

Selon l’épaisseur: la qualité de l’émail se dégrade pour certain en couche épaisse  alors que s’est l’inverse pour d’autres. Par exemple en D couche épaisse dans les médaillons du bas, plus fine en haut : en 7 mieux en couche fine qu’épaisse, en 2, 3, 4 mieux en couche épaisse qu’en couche fine.

Que faire de ces résultats complexes? Nous préférons la GSA car elle semble  améliorer les couleurs de l’émail par rapport à la porcelaine qui apparait  neutre dans son interaction avec l’émail. L’émail blanc sera appliqué en premier sur la terre puis recouvert de l’émail de couleur car le rendu est plus prometteur et aussi parce-qu’on ne risque pas de contaminer le seau d’émail blanc avec de la couleur.  Quel type d’émail blanc ?: MGN est sans doute le meilleur, donnant en particulier un beau résultat sur le noir céradel . PCMat peut convenir avec un bel effet pour des objets de design mais pour de l’utilitaire. 6053 est trop aléatoire selon le type d’émail de couleur et n’a pas notre préférence.

Prochaine étape: cuisson à 1260°C avec des émaux différents .

Feux de bois et enfumage

En lessiveuse ou à feu vif ?

1/ A feu vif avec du buis sec : potiche P1 en grès , dégourdi blanc, à col large déposée sur feu vif recouverte d’herbe tondue et fauchée

Résultat décevant: 2 tâches noires , le reste blanc

 2/ Lessiveuse: la même potiche P1 est placée dans une lessiveuse préalablement percée  d’une séries de trous de diamètre 20mm espacés de 15mm sur 1/3 inférieur de sa hauteur. La lessiveuse a été emplie depuis le fond de paille, papier journal froissé, brindilles de pin, sciure. Potiche emplie de sciure et herbe fraîchement coupée, recouverte de sciure et herbe fraîche jusqu’en haut. Inflammation du papier par les trous avec une baguette fine, souffleur par les trous jusqu’à incandescence de tous les trous et attente jusqu’à combustion complète.

Au bout de 2h, feu éteint, herbe et sciure du dessus non brûlée, retirée, ajout de braises incandescentes de buis, recouverte d’aiguilles de pin , de sciure, de petit bois, soufflage et quand le feu est vif, couverture d’herbe verte et couvercle en fer aux 3/4 de fermeture. On va se coucher…

Le lendemain, consumation complète, résultat jugé insuffisant, quelques tâches noires en plus,  certaines partie restent blanches et intérieur noir foncé. On complète par un enfumage à l’air libre au papier journal en entourant la potiche au moyen d’un grillage à poule et tournée à volonté avec un bâton.

Résultat: gris foncé de tonalité variable, bien mais pas de tâche noire foncée.

 3/ Lessiveuse : 2ème potiche P2 dégourdi blanc à col étroit. Papier journal idem au fond, sciure alternée avec herbe verte et papier journal sur les côtés , recouverte d’herbe, de braises incandescentes et de sciure+ herbe.

Résultat 2h après: pas génial, couleurs plutôt marron foncé dans les dégradés mais pas de noir

 Différence essentielle entre les deux essais: potiche P1 à feu vif avant l’enfumage, mais est-ce bien ce pré-chauffage qui a donné la couleur noire ou une réduction plus intense?

3/ Lessiveuse : potiche P3 dans la lessiveuse, entourée de papier aluminium, de lavandes fraîchement coupées, d’herbe fraîche. La lessiveuse est placée sur le feu très vif au centre du feu, recouverte de bois.

Résultat: traces de noir, gris cendré, un peu de jaune mais décevant.

4/ Feu vif: P3 est sortie de la lessiveuse et placée sur les braises ardentes et recouverte de braises et de bois sec. En 10mn, P3 redevient toute blanche sauf la base qui était dans la cendre. On la retourne et expose la base à la flamme et la base devient blanche. Alors, on prend de l’herbe coupée depuis plusieurs jours et on la dépose par petits paquets au contact de P3. La fumée dégagée vient lécher P3 et y dépose des traces noires qu’on peut moduler à l’envie.

5/ Feu vif: P4 une potiche à col étroit en grès déjà enfumée avec des traces marron est exposée à feu vif et… elle redevient blanche sauf la base, idem P3. On y dépose par endroits du sulfate de cuivre trempée dans de l’eau et des herbes un peu décomposées.

Résultat: des couleurs foncées, noires, gris foncé, un peu rougeâtres par endroits

Finalement on a repris les 4 potiches + 2 nouvelles et leur avons fait subir le même sort dans le feu vif avec enfumage à l’herbe.

Conclusion: le feu vif est mieux que la lessiveuse car on peut contrôler en cours de cuisson. La base noire au contact des braises, c’est la réduction, par privation d’oxygène qui le donne. Le blanc c’est la flamme en contact direct, c’est l’oxydation et les tâches noires et grises c’est la fumée ou les dépôts qu’on ajoute.

Les 4 potiches exposées à feu vif et enfumage à l’herbe
Résultat: toutes les potiches soumises aux essais

05 mai 2023 Pas de nouvel essai d'enfumage, cette activité sera reprise dès qu'on aura construit le four à bois.



23/01/2024 CUISSON EN FOSSE, PIT-FIRING, PIT-KILN

Il s’agit de faire du « feu-en-fosse » ou de construire un « four-en-fosse » pour enfumer des poteries en utilisant des déchets organiques tels que peau de banane ou d’avocat, marc de café…des matières organiques tels que des algues,  et/ou des matériaux métalliques tels que fils de cuivre, copeaux d’aluminium ou de fer, sulfate de fer…

Jane White explique sa technique : elle a fait creuser une fosse, y a mis des herbes et des brindilles, des copeaux de bois au fond, a recouvert le tout par une grille en fer à béton sur laquelle ont été disposés ses pots qu’elle a recouvert des matières citées plus haut. Les pots ont été recouverts de fagots de bois. Allumage au chalumeau à gaz et entretien du feu pendant 3h. Le four a été recouvert de tôles et laissé tel quel pendant 70h avant récupération des pots. Résultat: des teintes aléatoires liées à la décomposition par la température des différents matériaux en oxydes.

Notre projet: créer un alandier à-même le sol sans fosse 1/Décaper le végétal et aplanir le sol. 2/ Mettre au sol des carreaux en brique de récupération recouverts d’argile du jardin/ 3 / Monter les parois du four avec des briques réfractaires. Hier nous avons acheté sur « le bon coin » 300 briques réfractaires en bon état, jamais utilisées pour un coût de 1,80€ la brique. On va les jointer avec du ciment réfractaire et laisser des ouvertures en bas qu’on pourra fermer avec une brique quand le feu aura bien pris. 4/ Après tout sera comme décrit plus haut avec grille, tôle et mode de fonctionnement

Le livre RAKUVARIA 2 écrit par Ine et Ed Knops ( Sevenum-Pays-Bas) et traduit en 4 langues nous apporte des informations au chapitre 27, page 245 sur la cuisson en fosse. J’en dresse ci-dessous un résumé succinct.  « Préparation des objets: ils doivent être bien polis ce qui donne les meilleurs résultat. Utiliser de préférence de l’argile chamottée avec au moins 40% de chamotte et un grain de chamotte >ou= à 2mm. Le biscuitage se fait à 900°C.  Arrosage des objets avec la préparation : 3 recettes proposées pour 1 litre d’eau: 1/ 15g de sulfate de cuivre 2/ 50g de sulfate de cobalt 3/ 100g de sulfate de fer  Arroser, attendre 1minute, re-arroser et le refaire encore une fois. Attendre un séchage complet de l’objet pour le mettre à la cuisson. Matières organiques/feuille d’aluminium: Après préparation, arrosage et séchage décrits plus haut, emballer l’objet dans une feuille d’aluminium après l’avoir entouré de foin, de paille, de corde, de tissu sisal … quelques heures dans l’eau salée (1kg de sel marin dissous dans 5l d’eau). Procédé de cuisson:   Un trou est creusé dans la terre, les poteries sont disposées sur une couche de sciure de 5cm dans le fond de la fosse en laissant entre-eux une espace d’au moins 5cm et remplir ces espaces avec de petits morceaux de bois. Couvrir entièrement les objets qui doivent disparaître complètement sous le bois, ajouter des journaux froissés et du petit bois d’allumage et allumer le feu par dessus. Selon les auteurs, il est inutile de le couvrir avec une tôle métallique car ils obtiennent les mêmes couleurs sur les objets sans fumées gênantes (à condition d’utiliser du bois sec). Cependant, ceci est préférable pour les objets fragiles car les objets refroidiront plus lentement.  La grande chaleur n’est pas produite par les flammes mais par les braises incandescentes atteignant 1000°C à 1100°C lorsqu’elles deviennent blanches. Déchargement de la fosse: les objets sont sortis de la fosse après que le feu soit complètement éteint, ils sont lavés avec une éponge et de l’eau pour retirer les cendres. Ne pas gratter les pots au risque de les endommager. Ils apparaissent ternes après cuisson et pour les rendre brillants, appliquer de la cire d’abeille ou un enduit liquide. « 

01/02/2024 Le four d’enfumage construit avec un lot  200 briques réfractaires achetées à proximité sur « le bon coin » 350€ et assemblées avec 2 sacs de mortier réfractaire. Dimensions 110cm de côté extérieur et 85cm de côté intérieur

Au dessous, le fût métallique perforé à sa base et utilisé jusqu’à maintenant

Four d’enfumage
Tonneau d’enfumage

Le four est prêt, il reste à attendre la canne pyrométrique thermocouple, avec son boitier thermomètre qui a été commandée sur Ali-Express et les câbles commandés chez Degré 5 pour un coût total de 50 € suite aux informations procurées par Yves Le Goasteller, administrateur du groupe facebook « Dépannage, modifications, constructions de fours éléctrique, gaz, bois, raku3 »

28/02/2024 Préparation des pots avant cuisson. La potiche est trempée dans un jus d’oxyde, puis recouverte d’épluchures de divers végétaux collées dessus au moyen d’une faible quantité de colle à tapisser.

Préparation de la potiche
Emballage de la potiche avec 3 épaisseurs de feuille d’aluminium

20/04/2024 Dimanche, jour de la cuisson. J’ai testé la sonde pyrométrique par l’orifice du four électrique, elle ne fonctionne pas, je regarderai un tuto pour comprendre, on va s’en passer. Les pièces emballées ont été étiquetées et déposées sur la sciure au fond du four puis recouvertes de papier journal, cartons et petit bois. La pause-photo de Chantal et Nathalie qui ont créé, préparé et installé leurs pièces. Le four est allumé et le brasier est entretenu pendant 6 heures. Quand le feu a commencé à baisser, dépôt d’herbe tondue la veille en une couche de 10 à 15 cm et fermeture du four avec une tôle jusqu’au lendemain soir 24 heures avant le défournage. 

installation des pièces dans le four
Pots, potiches déposées au fond du four
Etiquette sur la potiche
Potiche étiquetée puis photo
Avant d'allumer le four
Photo avant l’allumage
Allumage du four
Entretien du feu pendant 6h
Le four a été surélevé par 6 rangs de briques au fur et à mesure de la cuisson pour améliorer la combustion et diminuer la fréquence de l’approvisionnement en bois

21/04/2024: Défournage. A l’ouverture du four, deux constats: les briques réfractaires pleines sont intactes, les briques réfractaires creuses ont éclaté, donc à ne jamais utiliser, même à un bon prix sur Le bon Coin. Je me suis fait avoir, je n’ai plus qu’à reconstruire le four. Tout le bois a été consumé et il n’y a qu’un petit matelas de cendres sous les pots que nous retirons délicatement.

Les potiches sont de couleur différentes et deux d’entre-elles sont belles,  couleur orangée et rouge-rosé, les autres ont été peu colorées. Pourquoi? Je suppose que le feu était trop vif mais on n’a pas pu mesurer la température pour le confirmer. Enfin, on se satisfait au moins qu’aucune potiche n’ait été brisée.

Après la cuisson
Le feu est éteint
Les potiches au fond du four
Les potiches après la cuisson

12 Septembre 2024: nouvel enfumage de potiches

On a remis ça dans les mêmes conditions, pit-firing après emballage dans du papier alu, un grand feu à l’air libre (le four en briques réfractaire n’avait pas survécu et a été détruit). On place les potiches au centre et on laisse le feu se consumer.

 

Le lendemain, découverte du résultat: aucune n’est cassée, les teintes sont variables mais globalement on a un assez beau résultat. Il reste à les nettoyer, passer de la cire, enfin, les rendre présentables.

01/10/2024  Le papier journal : voilà peut-être la solution

Cinq nouvelles potiches installées dans un feu de bois sec. Initialement blanches, elles restent blanches à feu vif, sans beaucoup de fumée, c’est bien normal, on a vu ça précédemment.  Vers la fin, elles sont un peu teintées de gris ou de marron mais ce qui est resté en contact avec la braise est resté blanc. Alors qu’il n’y a plus de flammes mais que les potiches sont à haute température, on place à la main des feuilles de journal sur les parties blanches, maintenues avec une fourche. Le journal ne s’embrase pas mais se consume lentement et dépose une trace noire ou gris foncé. On a fait ça sur toutes les faces de toutes les potiches donnant un résultat d’assez belle qualité. Voilà enfin une méthode reproductible à reproduire.

 

Tournage

Comment faire pour tourner un pot?  Comment apprendre à tourner.

Juste quelques réflexions retirées de mon expérience toute fraîche mais depuis peu j’arrive à tourner sans avoir trop d’échec.

1/ Disposer d’un tour de potier facilement accessible

2/ S’y mettre tous les jours pendant 1 à 3h et NE PAS SE DECOURAGER

3/ Regarder des vidéos de potiers chevronnés et étudier leurs gestes. Les voir à chaque fois qu’on va tourner au début

4/ Prendre 500à 600g d’argile très plastique (malléable), surtout au début, et choisir une argile contenant un peu de chamotte, ça aide

5/ La pétrir sur un bloc de plâtre ou en placo à deux mains en faisant faire à l’argile « la tête de bélier  » pour bien la malaxer et la sécher un peu

6/ La tasser sous forme d’un cube en la laissant choir et façonner en forme d’obus la face qui sera placée sur le tour

7/ La plaquer d’un coup sec au centre du rondeau assujetti à la girelle (par de l’argile en boudins sur son bord ou une mince pellicule d’argile sous le rondeau

8/ Lancer la girelle au maximum, se mouiller les mains et centrer la terre

9/ Plaquer fort les deux mains, la gauche autour et la droite dessus en appuyant fort et avec les auriculaires écraser la base pour coller l’argile au rondeau et la centrer jusqu’à ce que vos mains soient immobiles. Si ça bouge c’est que ce n’est pas centré, inutile d’essayer d’aller plus loin, il faut absolument centrer la terre.

10/ Faire monter la terre, le but est d’en chasser les bulles prisonnières. Se caler les coudes au ventre et écraser fort la base de l’argile entre les deux mains soit devant-derrière soit latéralement. Les mains doivent se toucher jusqu’à ce qu’un boudin vertical émerge entre vos mains, qui doivent être humectées sinon gare, ça casse ou ça projette. On accompagne le boudin vers le haut en relâchant un peu la pression

11/ Faire descendre la terre: en fin de montée du boudin, appliquer la main gauche contre le boudin et le faire légèrement pencher à droite pendant que l’autre main l’écrase vers le bas jusqu’à obtenir un môle régulier à base large.

12/ Recommencer la manoeuvre de montée-descente au moins une fois

13/ Attaquer le tournage: ralentir la rotation de la girelle et placer un doigt vertical (le pouce ou l’index gauche) au centre du môle de terre et  l’enfoncer presque jusqu’au fond. Placer l’index droit en crochet au contact du pourtour du môle. Partir de la base avec les deux doigts placés en vis-à-vis le droit dedans, le gauche dehors, soit à la partie droite du môle soit devant vous, en vous penchant au dessus de la girelle. Le principe est de faire remonter la terre de bas en haut en lui imprimant un mouvement hélicoïdal par la pression conjuguée des deux doigts. Plus on monte plus on diminue la force. Il faut agrandir le trou jusqu’à passer deux doigts voire la main au centre. Le doigt extérieur contrôle la poussée sans forcer et les doigts intérieurs montent la terre. Au début, monter des cylindres, encore et encore jusqu’à ce que ça devienne facile (il ne faut pas se décourager, ça ne vient pas tout seul, il faut batailler). Si le môle s’élargit trop, alors, exercer la poussée par le doigt extérieur et contrôler la poussée avec le doigt intérieur. Répéter la manoeuvre plusieurs fois et plus on monte, plus on adoucit le geste, moins on presse la terre sinon elle se venge assez vite…Il faut garder de la terre à la base sinon ça s’effondre…Il ne faut pas non plus trop amincir le haut sinon ça part en volutes…

14/ Incident! La terre se met en tire-bouchon, on redresse en la caressant tout doucement avec les doigts dedans et les doigts dehors, en restant longtemps là ou vous sentez des irrégularités, et en progressant de bas en haut

15/ Incident ! Le haut s’effondre, prendre le fil à couper et sectionner en essayant de récupérer le bas

16/ Incident! La terre s’échappe, ne colle plus au rondeau, c’est fini, on recommence

17/ Incident! ! L’épaisseur est inégale, rester au même endroit avec la pulpe des doigts de part et d’autre , sans appuyer trop fort jusqu’à sentir disparaître le bourrelet.

18/ Incident! Le haut devient inégal avec un côté plus haut, sectionner comme en 15 et reprendre

19/ Tout va bien, alors les doigts de dedans peuvent modeler une forme évasée tout en contrôlant la pression avec les doigts extérieurs. Les doigts extérieurs peuvent resserrer en contrôlant la pression avec les doigts intérieurs

20/ Attention, dans tous les mouvements, les deux mains doivent toujours rester en contact 

21/ Si la pièce est montée et si les bords sont suffisamment fins, on peut alors araser le bord supérieur avec le fil et ajuster le pied au tournassin

22/ Avec l’aiguille, on mesure l’épaisseur du fond qui ne doit pas dépasser 1cm (5mm au mieux). Si c’est trop épais, ôter de la terre avec les instruments annulaires non coupants, à bord mousse. 

23/ Ne pas oublier de tamponner le fond à l’éponge, il ne doit pas rester d’eau au fond sous peine de craquelure au séchage.

24/ Retirer le rondeau et mettre la pièce à sécher 1 à 3 j selon le degré d’hygrométrie avant tournassage. 

25/ Le tournassage, c’est la finition qu’on peut commencer lorsque la pièce s’est décollée du rondeau. On verra ça plus tard

Grès en place sur le rondeau posé sur la girelle du tour avant tournage
Pot en fin de tournage

1er Décembre 2022: enfin je vais avoir mon propre tour, réalisé par mon fils dans son entreprise Comua. Le voici prêt à être habillé. On ne peut le bloquer avec les deux mains et selon lui je pourrai tourner plus de 30Kg enfin… le tour peut peut-être le faire mais moi il va me falloir du temps et beaucoup d’entraînement.
Tour créé par COMUA
Tour fait main

Ci-dessous, le voici terminé et je l’ai déjà utilisé. Oui, c’est vrai, il est puissant, 10 cm plus haut que les tours du commerce, ce qui m’arrange car plus confortable pour le dos, et avec ses pieds réglables en hauteur, il est adaptable.

Tour terminé

Le tour réalisé par Comua. Il pèse environ 50Kg. On retire le bac en métal en ôtant la girelle avec une clé de 13. Le dégagement frontal permet de passer les pieds ce qui est confortable.

Les étapes successives pour tourner un pot, après avoir monté et descendu l’argile 3 fois:

Argile rouge qui a été montée ét desendue 3 fois ici prête à être tournée
Prêt à tourner
Tournage vertical cylindrique sans forme
Tournage en hauteur sans galbe
 Fin du tournage du pot
Le pot terminé

Et si on faisait une théière? C’est un objet courant qui paraît il fait partie des épreuves du CAP de poterie alors allons-y, Chantal fait la sienne et moi la mienne. On tourne le pot, le couvercle, façonnons le bec verseur et enfin l’anse. Voici le résultat en cuisson de dégourdi non encore émaillé, on cherche chacun son émail.

Théières
théières en cuisson de dégourdi, non encore émaillées Chacun la sienne

23/04/2023 Où trouver l’inspiration pour acquérir les bons gestes. En direct en allant sur des marchés de potiers avec démonstrations ou mieux en s’inscrivant à des cours de tournage près de chez vous, tel que celui cité de l’atelier du carbassou qui le présente aussi en vidéo sur youtube

06/05/2023 Le tournassage

C’est la finition du pot après une courte durée de séchage à consistance « cuir » de l’argile. Si on ne peut le faire le lendemain ou surlendemain du tournage, placer le pot sous sac plastique et le reprendre plus tard. Placer le pot à l’envers sur la girelle et le centrer par rapport aux anneaux en faisant tourner doucement. On arrête on déplace, on fait tourner, on replace jusqu’à ce que le centre du pot ne bouge plus, au besoin mettre le doigt dessus. Si on a du mal, mettre le bout de l’index bien fixe au contact du bord du pot et faire tourner doucement afin de mesurer l’écart à corriger. On peut aussi utiliser un trusquin dont la pointe remplace le bout de l’index. Faut-il fixer le pot ? Pas obligé si on appuie assez fort sur le dessus du pot, ou si on le place sur une peau de chamois humide. On peut aussi se faire offrir un grip de tournassage, le luxe…

Le tournassage consiste à retirer et à régulariser une certaine quantité d’argile du pied ou de l’enveloppe du pot au moyens d’outils: tournassin, estèque, palette, grattoir, mirette, couteau, perforateur, éponge chaque outil ayant une fonction particulière.

On ne mouille pas le pot, le laisser tel quel après le séchage de courte durée.

Pour le pied, faire tourner doucement et égaliser le fond du pied pour le rendre bien plat et horizontal au moyen d’une estèque ou une palette métallique à bord droit. Puis, prendre un tournassin à pointe fine qui trace un sillon régulier au bord du pied en appuyant fermement un doigt de l’autre main sur le centre du pot afin que le pot reste bien collé à la girelle. Tracer un autre sillon plus en dedans à la distance choisie pour ce qui constituera le pied du pot. En dedans et en dehors, l’argile sera délicatement retirée au moyen d’une mirette coupante, d’un tournassin à bord rectangulaire ou d’une estèque rectangulaire. Attention à ne pas laisser l’outil déraper sur le bord car à la moindre estafilade, il faudra à nouveau aplanir le pied et recommencer. Attention de ne pas trop enlever d’argile au centre car on risque de percer et là adieu le pot… Comment savoir? grâce à l’expérience au travers des échecs, mais aussi en tapotant le fond avec l’ongle ou un petit bout de bois et « écouter » le pot, ce qui est aussi valable pour l’enveloppe.

Pour l’enveloppe, prendre une estèque métallique courbe ou une mirette à bord tranchant et faire tourner un peu plus vite que pour le pied mais toujours en maintenant le pot plaqué à la girelle avec le doigt de l’autre main. On racle de haut en bas et de bas en haut plus ou moins fort selon l’épaisseur et on retire des copeaux plus ou moins épais et larges selon l’outil utilisé. A la jonction entre l’enveloppe et le pied, faire tourner très doucement et utiliser une petite mirette à bord tranchant pour être bien régulier. terminer en polissant avec une estèque  en silicone ou une éponge fine humide. 

Et l’intérieur du pot? Un bon tourneur n’y touche pas! L’intérieur du pot  doit avoir été fignolé au tournage mais… On peut utiliser une mirette à bord rond non tranchant en appuyant son extrémité de forme ronde contre la paroi du pot et son extrémité droite pour le fond. Elle évite d’accrocher l’argile et de percer le pot.

Pour finir, retourner le pot sur son pied: est-il bien droit et pas bancal ? sinon il faut égaliser et horizontaliser le pied à nouveau. Le bord est-il bien régulier, a-t-il été endommagé au tournassage? Avec une éponge humide à grain fin, faire tourner délicatement et régulariser le bord.

01/12/2023 Préparation d’une participation à la fête de l’école Notre-Dame de l’Aurore

Il nous a été demandé de venir exposer des articles utilitaires tels que tasses, bols, pots de petite taille à la fête de l’école en même temps que d’autres artisans. Chantal et moi nous installons sur nos tours respectifs et on enchaîne le tournage des pots. Dehors le temps est très pluvieux aussi allume-t-on le poêle pour hâter le tournassage et le séchage. Le lendemain, tournassage et signature au tampon ou à la pointe fine selon le degré de séchage.

Tasses, bols, coupes, saladier, assiettes : le travail de la journée

Une petite précision, installer la motte et comment retirer la pièce après tournage? Soit on utilise un rondeau en bois qui est centré et assujetti à la girelle avec des colombins d’argile humide placés en bordure du rondeau et ce dernier sera retiré en même temps que sa pièce à la fin, soit on place la motte sur la girelle et à la fin on retire avec un tournassin le bord de l’argile à la base du pot puis on mouille un peu derrière la pièce et on fait passer plusieurs fois le fil en nylon ou en métal sous la pièce en le ramenant vers soi tout en emmenant avec le fil un peu de l’eau qui glisse sous la pièce, ainsi on attire le pot en dehors du centre et on glisse les deux derniers doigts des deux mains de part et d’autre sous la pièce pour la soulever légèrement tout en la maintenant sur le bord supérieur avec les 3 autres doigts des deux mains. Dans le 2ème cas on risque de déformer un peu la pièce mais l’avantage c’est qu’on n’a pas à attendre que le rondeau veuille bien se décoller, on peut tournasser dès le lendemain.

03/05/2024 Atelier de tournage

Le week-end dernier, Emilie, la fille de Chantal installée à Saverdun dans l’Ariège (Atelier qui dépote) est venue spécialement dans notre atelier à Aucamville (82)  pour enseigner le tournage à 6 personnes en même temps. Pour cela elle avait amené 2 de ses tours Whisper, trois tours « Louise » neufs  (entreprise COMUA) lui ont été prêtés et Chantal a mis a disposition son propre tour Shimpo. Tout s’est très bien passé avec tournage le samedi matin et tournassage le dimanche soit au total une trentaine de pièce en séchage avant cuisson-dégourdi. Emilie était satisfaite de ce stage et souhaiterait le renouveler 3 fois/an, à Pâques, en été et à Toussaint. Chez elle à Saverdun, ce sont plusieurs week-ends dans l’année qu’elle consacre à cette activité de formation d’adultes et d’adolescents.

09/05/2024 Trop sec, trop tard pour tournasser ?

La poisse, j’ai oublié de tournasser un plat que j’avais mis à sécher, il est dur comme de la pierre et impossible de le tournasser. Le remède tenté avec succès: deux lingettes mouillées et re-mouillées pendant 24h sur le fond en respectant le centre

2 éponges mouillées pendant 24h
Tournassage le lendemain sans problème

24/05/2024: Un pas en avant vers les grands plats!    J’ai vu et revu des vidéos de tournage dont celles de Jean-Marie THUILLIER « tournage d’un grand bol » mais en cherchant sur Youtube on en trouve d’autres pour tourner de grands plats qui sont toutes très bien présentées. Je m’en suis inspiré pour le placement des mains, pour contrôler un geste précis et régulier,  afin d’arriver à faire de grands saladiers, de grands plats ( 35-40cm de large, je ne fais pas mieux pour l’instant) en essayant d’être toujours plus plat tout en évitant que la terre s’effondre mollement comme un chapeau flasque. Je déconseille formellement de prendre de la terre recyclée pour ce type de pièce:  j’ai essayé plusieurs fois et patatras, à la fin le beau plat s’aplatit sur le rondeau. La terre chamottée avec de la chamotte à 0,2/40%  a bien marché, ce qui m’a encouragé à poursuivre avec un pain de grès lisse neuf : aucun problème. Un ami potier m’a dit: « mouille très peu, juste ce qu’il faut pour que ta terre se tienne bien et ne se ramollisse pas trop », conseil suivi avec succès. Il est habituellement recommandé dans les stages de monter une sorte de « tour de refroidissement nucléaire » puis de l’évaser progressivement. Effectivement ceci fonctionne bien pour un saladier mais pas pour un grand plat très évasé. Dans ce cas j’y arrive mieux en élargissant la pièce progressivement de l’intérieur vers l’extérieur tout-en-laissant une large base de terre près du bord du rondeau qu’on peut retirer ultérieurement. Il faut « monter » suffisamment de terre jusqu’au bord, surtout au début car à la fin c’est beaucoup plus délicat de ramener de la terre du centre vers la périphérie. Il faut aussi régulariser le bord régulièrement en le lissant ou en le coupant au fil afin d’éviter les ondulations qui ne manquent pas d’apparaître avec la force centrifuge. Penser aussi à régulariser régulièrement le fond dont on a testé l’épaisseur au début mais qui doit rester à l’épaisseur voulue. Plus la pièce est large, plus il faut tourner lentement, plus il faut être délicat et au bout-du-bout on a l’impression de la caresser pour qu’elle veuille bien rester d’aplomb.

06/06/2024 Pas satisfait? Revenir aux sources en revoyant les vidéos de base

J’ai pu tourner de grands plats, des saladiers, des pichets mais ne suis pas satisfait parce que trop épais, d’épaisseur encore trop inégale, ou bien pas tout-à-fait rond. Comment s’améliorer? J’ai choisi de revoir quelques vidéos de base:

En premier: le centrage de la terre parce que c’est l’étape essentielle: je reviens à la vidéo N°1 de Jean-Marie GIORGIO: atelier du carbassou          

             Qu’ais-je appris que je ne faisais pas bien? il faut toujours s’auto-critiquer pour progresser. 1/ Je dois m’efforcer de bien tenir ma terre à la base en attirant la terre vers moi grâce à  mes doigts repliés de la main droite tout en la poussant ma main droite en direction de la base de ma main gauche bien calée contre mon ventre.  2/ Ne pas faire de creux sur le sommet en montant car il se remplit de barbotine qui fragilisera le pot. Donc, écarter les bords du creux vers l’extérieur et reprendre la montée. 3/ Incliner la colonne à 30° et l’écraser avec la paume de la main droite pendant que l’autre main accompagne la descente en contrôlant la périphérie qui doit rester bien régulière. 4/ En fin de descente, attendre au moins 3 rotations de la girelle en maintenant les deux mains en pression contre la motte avant de relâcher tout DOUCEMENT la pression. 

En deuxième: le perçage et le montage: vidéo N°2 de J.M. GIORGIO

Déjà vue plus haut le 23/04/2023 quelles leçons puis-je en tirer aujourd’hui ?     1/ Pour le perçage, on introduit un pouce au centre puis les deux et on écarte vers l’extérieur en maintenant toujours la terre à l’extérieur avec les doigts. Il faut toujours avoir un contrôle sur la paroi extérieure. 2/ On va ensuite en profondeur en dedans avec l’index gauche et on contrôle la base avec l’index droit afin d’évaluer le degré de profondeur pour laisser une épaisseur d’environ 5mm et c’est le vis-à-vis des deux doigts qui peut l’estimer. 3/ Pour monter droit il faut POUSSER la terre de l’extérieur vers l’intérieur car la force centrifuge tend à l’évaser et à nous donner un saladier plutôt qu’un tube. 4/ Quand on monte, partir du bas avec la main gauche en dedans qui pousse avec le majeur et guide avec l’index pendant que la main droite en dehors pousse avec l’index replié en crochet et guide avec le pouce. On n’est pas obligé d’aller jusqu’en haut. 5/ Bien étaler le fond sans laisser un monticule au centre et bien à plat jusqu’à la jonction avec le côté pour essayer d’avoir un angle droit. 6/ Lisser avec une estèque ou une carte de crédit à l’extérieur tout en poussant avec le majeur en dedans. 6/ Enfin, pour affiner et lisser le bord, une bande caoutchouc ou un morceau de chambre à air semble mieux que les doigts ou l’éponge.

♠ Messages: Revenir aux sources / Se corriger périodiquement

29/08/2024 Acquérir un tour

Je me suis rendu compte en fréquentant des personnes qui viennent suivre des cours chez Emilie à l’atelier-qui-dépote (Saverdun) ou des personnes qui viennent essayer puis acheter un tour chez Régis (COMUA) que la décision d’acquérir un tour de potier peut s’avérer difficile. En ce qui me concerne, je n’ai pas eu ce problème car j’ai acheté le 2ème tour fait par Régis et depuis presque 2 ans je travaille sur ce tour dont la seule modification a été le remplacement de la pédale. Si je voulais acheter un tour aujourd’hui, quels seraient les critères qui guideraient mon choix? D’abord je consulterais le blog-du-bol dans lequel je trouverais un article de Sarah, très intéressant (comme toutes ses rubriques, bien documentées et très pédagogiques). Et puis, j’irais voir les tours proposés par les institutionnels (Céradel, Solargil, Céram-Décor, Cigale-et-Fourmi…) et je contacterais directement les fabricants français (Breizh, Comua…) proches de chez moi afin d’essayer.

Dans quelle disposition mentale serais-je pour guider mon choix? Je crois que c’est du même acabit que pour le choix d’une voiture. Si on est jeune conducteur, limité en budget, on choisit une voiture d’occase pas trop chère, donc voir les sites en ligne qui font de la revente. Si on est un peu plus aguerri et que je suis un individu plutôt rationnel, je vais privilégier les arguments techniques : motorisation, robustesse, confort, ergonomie, longévité… Si je laisse s’exprimer mon côté poète, esthète, artiste, je me laisserai plutôt séduire par le design, la carrosserie, la couleur, l’attrait esthétique, l’histoire du modèle. Et puis si c’est pour équiper un atelier en vue de donner des cours, je chercherai un fabricant pas trop éloigné de chez moi qui m’assure un contrat d’entretien et une garantie d’au moins 3 ans.

Dans la vie quotidienne, ce n’est jamais aussi catégorique, il y a un peu de tout ça mélangé ce qui fait que c’est parfois une rencontre, un coup-de-coeur, une visite sur place, un essai pratique qui emporte apparemment subitement la décision alors que celle-ci avait muri subrepticement en intégrant tous les paramètres précédents sans qu’on en ait été très conscient.

19/11/2024 Plats à four et saladiers

Ce matin, tournage de grands plats en argile culinaire qui peuvent être utilisés au four pour gratins, soufflés, lasagnes, … tout s’est bien passé, en 2 h j’ai utilisé un pain d’argile pour 5 grands plats (30-35cm et 10cm de haut) soit 2kg d’argile /plat. Ce que j’ai retenu et essaie de t’expliquer :  après avoir monté et descendu 2 fois la terre, obtiens une motte plane, aux bords réguliers, bien centrée et creuse le centre avec deux doigts, tire vers l’extérieur mais pas trop car à chaque fois il te faut égaliser le fond par des aller-venues des deux doigts de chaque main depuis le centre jusqu’au bord jusqu’à ce que le fond soit bien plat. Re-régulariser le haut et l’extérieur avec les doigts. Re-tire vers l’extérieur, et répète les opérations précédentes jusqu’à avoir un rebord épais et régulier en périphérie. Refais plusieurs passages sur le fond puis réduis un peu la vitesse du tour et monte le bord bien régulièrement,  en coupant le haut du bord au fil lorsqu’il est irrégulier. Fais attention à l’angle de raccordement entre le fond et le bord qui doit être un angle droit. A la fin, prends une estèque droite ou une carte bancaire et dresse l’extérieur du bord bien droit. Le haut du bord sera lissé avec un morceau de chambre à air. Termine en lissant le fond avec une éponge.

Cet après-midi, j’ai fait en 45 min 2 grands saladiers de 35-40cm et 25cm de haut, sans pied, avec un petit fond, donc bien évasés. J’ai tiré la terre comme pour les grands plats mais en lui donnant la courbe depuis le départ ce qui est difficile car j’avais beaucoup de terre de l’extérieur à remonter mais là aussi il faut y aller progressivement, remonter la terre extérieure jusqu’en haut en plusieurs passages et plus on monte, plus on ralentit la vitesse de rotation du tour. Toujours faire attention que la pièce soit bien centrée et qu’il n’y ait pas d’irrégularités d’épaisseur ou de hauteur sur la périphérie du bord. Couper au fil et retirer le morceau, là on voit si le bord est régulier en épaisseur. S’il ne l’est pas, on repart du bas et on remonte la terre jusqu’à obtenir une épaisseur égale sur tout le pourtour. Si tu sens de grumeaux ou une irrégularité d’épaisseur, repasser plusieurs fois à ce niveau jusqu’à la faire disparaître.