Coefficient de Dilatation thermique

Tu ouvres ton four et constates que ton émail a des fissures, ou des craquelures, des zones de tressaillage ou d’écaillage. Tu l’as peut-être recherché pour donner un effet décoratif. Mais ça peut aussi être un désastre pour tes pièces qui deviennent impropres à un usage alimentaire en raison de leur porosité.

C’est l’effet nuisible du Coefficient de Dilatation thermique (CDT). Nous verrons plus loin qu’il n’est pas seul en cause!

Le CDT: de quoi s’agit-il?

C’est la mesure du changement de longueur ou de volume du matériau en céramique sous l’effet de la température. Plus forte est l’expansion de la pièce pendant la cuisson, plus sera forte sa contraction pendant son refroidissement.

Le but de cette mesure est « de déterminer comment les matériaux et émaux peuvent s’ajuster réciproquement et leur possibilité de survivre à un réchauffement et à un refroidissement sans fissurer« .

Les valeurs d’expansion de l’argile et des émaux lors de la cuisson sont très faibles et se notent scientifiquement en mètre/mètre/°C . Ce CDT est mesuré par un dilatomètre. Sa valeur  (par exemple 6,5×10-7 ) se note 6,5 par simplification. Plus sa valeur est haute, plus forte est l’expansion. Une argile ou une glaçure s’allonge de 2 à 5mm par mètre si on les échauffe de 500°C soit 5 à 10 microns /° C.

La compatibilité terre-émail

Les fissures surviennent à distance de la cuisson

Ta pièce sort du four, sans fissure. Hélas, quelques jours plus tard, après un séjour au réfrigérateur apparaissent des fissures. Celles-ci  peuvent donc survenir plus tard, lors de contraintes thermiques au froid ou à la chaleur. Cela provient des variations d’expansion-contraction respectives de la terre et de la glaçure. La terre se dilate pendant la cuisson et se rétracte au refroidissement. La glaçure fond au cours de la cuisson et adhère au support de terre pendant le refroidissement.

L’interaction pâte-glaçure

Au cours de ces variations de température survient une interaction entre la terre et l’émail. Le plus souvent, ces variations sont sans effet visibles. Elles surviennent lorsque l’interaction terre-émail est trop forte,  lorsque l’émail se dilate trop par rapport à la contraction de la terre. Les glaçures résistent mieux à l’effort d’une compression qu’à celui d’une traction. Le tressaillage provient d’une contrainte de traction trop élevée appliquée à la glaçure, c’est-à-dire lorsque le CDT de l’émail est trop élevé par rapport à celui de la pâte.

La compatibilité terre-émail

L’objectif du potier est d’avoir une compatibilité terre-émail. Pour cela, il faut que l’écart des CDT entre celui de la pâte et celui de l’émail soit le plus faible possible. S’il existe un écart, il faut que le CDT de l’émail soit inférieur à celui de la pâte. Des tolérances sont acceptables, évaluées à 10 à 15 points pour la faïence et à 1 à 5 points pour le grès et la porcelaine. Par exemple: pour un grès sablé PRAI avec un CDT de 56, un CDT de l’émail de 51 convient.

CDT des argiles : fiches techniques du fournisseur

Expansion thermique de l’argile: un phénomène compliqué

L’expansion thermique est un phénomène très compliqué. C’est le produit résultant de grains minéraux qui peuvent rester inchangés ou avoir fondu ou coulé ou encore avoir inter-agi pour créer un nouveau minéral.

C’est aussi le produit complexe de plusieurs facteurs tels que le degré de vitrification, la courbe de cuisson, la taille des particules, la forme des matériaux et la distribution des particules. Cette complexité de la microstructure conditionne son expansion thermique.

La fiche technique du fournisseur

En pratique, recherche le CDT de la pâte que tu utilises dans la fiche technique du fournisseur.

A titre d’exemple, voici ci-dessous les CDT des grès que j’utilise et qui sont données par le fournisseur:

PRAI  56,  PRAF 56, PRNI 55, PRNG 50

En théorie, le CDT de ma glaçure doit être inférieur de à 1 à 5 points à celui de la pâte. Il faut donc qu’il soit compris entre 45 et 51.

Comment puis-je calculer le CDT de l’émail?

Calcul du CDT d’une glaçure

De quoi dépend l’expansion thermique de l’émail?

L’expansion thermique d’un émail dépend essentiellement de sa composition chimique. Le calcul fait intervenir les valeurs expérimentales sur la fraction molaire des oxydes. A titre d’exemple, voici l’action de quelques oxydes sur le CDT selon A.A. Appen entre 20 et 1300°C avec des CDT : K20 = 465, Na2O = 395, CaO = 130, MnO = 105, MgO = 60, Fe2O3 = 55, ZnO = 50, CoO = 50, Al2O3 = -30, SnO2 = -45 et = ZrO2 -60.

La composition chimique n’est pas seule en cause dans le CDT de l’émail

Certaines valeurs sont variables en fonction de la phase du matériau telles que SiO2 : 5 à 38, TiO2 : -15 à 30. Ainsi, la silice fondue (non cristalline) a un CDT proche de zéro lors du passage de la température de la pièce à 1093°C. Dans les mêmes conditions, le quartz minéral qui a la même composition chimique a une expansion importante de 1,5% ! Par comparaison, l’alumine fondue (à 1400°C) a un CDT de 0,9% et le zirconium à 0,8%.

En pratique, le calcul du CDT d’un émail est inutilisable

Comprendre le calcul du CDT de l’émail peut donner néanmoins une orientation au céramiste pour ajuster une glaçure en modifiant sa composition. Les glaçures ayant de hauts pourcentages en particules de quartz libre ont la plus haute expansion. Les porcelaines vitreuses (où le feldspath a dissous une bonne partie de la silice) et certains corps tels que la mullite ou la phyrophyillite ont les plus faibles expansions.

D’autres facteurs influencent le CDT de l’émail

Il faut compter aussi avec le degré de dissolution et d’homogénéité des différentes particules dans le mélange. Le degré auquel sont survenues la séparation de phases et la cristallisation au cours du refroidissement dans le four affectent également le CDT.  Comprendre le CDT d’un émail spécifique est donc le résultat de l’ensemble des variables qui participent au CDT.

En pratique, ceci ne peut se faire qu’au cours du temps et avec de l’expérience .

C’est par des calculs de composition d’émail et des tests répétés que l’ajustement de l’émail à l’argile peut être démontré.

Interaction pâte-glaçure

Jusqu’ici, on a considéré les CDT de la pâte et de la glaçure séparément mais quelle est leur interaction?

La glaçure en fusion va dissoudre la pâte en partie. Il en résulte une couche intermédiaire tesson-glaçure. Sa composition et ses propriétés sont fonction de la composition respective des deux matériaux, de la courbe de température et de l’épaisseur de la glaçure. Plus cette couche est épaisse et plus les tensions du tesson sur la glaçure sont faibles. En enrichissant la glaçure en silice, on réduit sa dilatation et on diminue le risque de tressaillage. De même, la re-cuisson d’une pièce peut faire disparaître le tressaillage par enrichissement de la glaçure en silice au niveau de la couche intermédiaire.

Pour éviter l’écaillage, il faut préserver la couche intermédiaire en favorisant au maximum la fixation de la glaçure au tesson. Donc, prévoir de bien dépoussiérer le dégourdi avant de l’émailler.

Comment prévoir si une glaçure va tressailler?

Mon conseil: clique sur le lien smart2000.fr

En résumé: émaille une face d’une plaquette biscuitée bien plane et fait la cuire. Si elle se déforme, c’est que tu as un risque de tressaillage.

Série de statuettes de marmottes en céramique

Comment faire une série de statuettes en céramique?

A la suite de la marmotte de 52 cm de hauteur,  je veux créer une série de 6 statuettes de marmottes mesurant 26 cm de hauteur chacune.

Voici les 6 étapes:

1-Préparation de la table:

6 rondeaux devant et sur la croûteuse en arrière, une plaque étirée de grès chamotté PRAF  de 5mm d’épaisseur.

Je place une feuille de papier journal sur chaque rondeau

2- Je découpe 6 ronds d’argile dans la plaque…

…et les place sur les feuilles de papier posées sur chaque rondeau…

Un trou dans chaque rond (pour éviter tout risque de casse à la cuisson). Puis un tube d’argile de 13cm de hauteur posé sur le premier rond

3- Début du modelage

Petits colombins dedans et dehors pour fixer le tube à sa base et pour la fermeture verticale

Découpe des pieds dans le rond….

Fin de découpe des pieds…

4- Mise en attente des ronds et poursuite du modelage

Je couvre de plastique les ronds en attente pendant que je travaille sur la première statuette…

Pour connaître la circonférence du tube, je place un bout-de-ficelle sur le tube…

Je le déroule ensuite sur la plaque…

J’en prends 13cm pour la hauteur …

Je place cette plaque sur le tube. Elle va former le deuxième tube. J’assemble les deux avec de la barbotine et de petits colombins …

Avec une cuillère, tapote la paroi intérieure pendant que les doigts (ou une palette) maintiennent la paroi extérieure.  Ainsi émerge la forme du corps.

En découpant deux demi-cercles, ferme le tube du haut

Pas joli, museau trop long. Ce n’est pas grave, tu le lui coupes …

Comme ça…

5- Temporisation nocturne

Fini pour ce soir, alors couvre le tout avec du plastique…

Le matin, découvre et humidifie chaque statuette avec le pulvérisateur…

6- La finition

Recouvre chaque statuette de barbotine en grès rouge et peigne les avec un pinceau en fils métalliques.

La deuxième et …

… ainsi-de-suite…

… jusqu’à la dernière.

Place les en sécurité pour le séchage avant cuisson de dégourdi.

Amusant: tu observes que la première statuette n’a que 4 orteils. Après correction en chemin elles ont bien toutes leurs 5 orteils au final!

Faire une fourrure d’animal en céramique

Comment faire des poils en céramique?

Tout d’abord choisir son modèle. Je prends celui d’une marmotte ou plutôt celui d’une photo de marmotte. Le modèle vivant est trop peu coopératif.

Le modelage est plus facile que celui du lièvre ou que celui du pèlerin.

Modelage en grès chamotté (argile PRAF de Céradel). Je prépare des bandes d’argile de 10cm et 5mm d’épaisseur étalées grâce à la croûteuse. La statue de la marmotte teint debout, bien droite et repose sur ses postérieurs biens solides.

Voici venu le but poursuivi: faire les poils.

Je me munis d’un extrudeur de cuisine pour les poils du corps

La fourchette à côté sert à scarifier la statue avant d’y apposer de la barbotine pour y coller les filaments qui représentent les poils.

La barbotine est  une engobe de grès brun humide. J’applique chaque filament extrudé sur l’engobe en respectant l’alignement des poils selon la direction observée sur la photo. Enfin, j’essaye, c’est pas évident et surtout ça prend du temps.

Je continue patiemment et recouvre tout le corps sauf la tête et les extrémités.

Il me reste à recouvrir la tête. Les poils faits avec l’extrudeur de cuisine sont trop gros. Je vais au magasin le plus proche acheter une râpe à ail et gingembre.

Enfin, il reste à faire quelques détails. Pour les globes oculaires, creuse des cavités dans les orbites et introduis-y deux billes de grès noir. Pour façonner les billes, prends deux petites quantités égales de grès. Tu les modèle sur la table en tournant avec le plat de la main. Puis, tu places chacune dans une tasse ronde que tu agites de manière aléatoire. Tu  badigeonnes de la barbotine tout autour de la cavité orbitaire et place les deux billes. Creuse un petit trou à la superficie de chaque bille et tu y déposes une infime pointe de porcelaine-papier que tu prélèves avec la pointe du couteau.  La porcelaine-papier sert aussi à faire les dents de la marmotte. Ce sont deux quenottes pointues en haut et en bas.

Enfin, je badigeonne de la barbotine noire sur l’extrémité des doigts des quatre membres et c’est terminé. Une nuit de séchage seulement parce-que c’est l’été et que ça sèche très vite.

04 Août 2025: elle part en cuisson de dégourdi à 980°C.

Espérons que les poils vont tenir, c’est nouveau pour moi!

Après coup, je viens de faire une recherche internet mais n’ai rien trouvé de pratique sur le sujet. Par contre j’ai découvert une perle dans instagram: Cécile Fouillade alias Siqou crée des poils en porcelaine. Chaque poil est fait un-à-un à la main et  déposé ensuite sur un textile. Je t’invite à visiter son site, c’est bluffant!

05 Août 2025: Sortie de four

Deux plaques de grès se sont décollées sur la joue et la fesse gauche en entraînant les poils

Comment réparer? Avec du plâtre de rebouchage (voir le chapitre Modelage). Mais attention, après restauration au plâtre tu ne peux plus émailler!

Enduit de lissage: mortier pour collage des plaques de plâtre.

J’étale une couche de plâtre humide au couteau qui sert de support.

J’étire des filaments de plâtre un peu plus sec avec l’extrudeur et les dépose sur le plâtre humide.

Lorsque c’est sec, je me sers d’un pistolet à colle pour fixer les filaments d’argile et de plâtre, ce qui est un peu long.

Enfin, je prépare une patine de couleur tabac que je passe au pinceau.

 

 

 

 

La résilience du potier

Tout ça pour rien!

Je passe huit heures à monter une statue

Montage de la statue en grès chamotté sur un socle de grès rouge

Après la pose de sa cape, je retourne la statue et enfile l’orifice laissé pour le cou sur une tige métallique fixée à un support en bois. Jusque là tout va bien.

Pour façonner la tête je positionne la statue sur un support horizontal.

En un rien de temps, la statue s’est brisée

La statue brisée part dans la bassine pour recycler la terre

Et on recommence

Après l’échec, tu es dépité. Puis tu réfléchis. Je dois recommencer à zéro mais avec une meilleure méthode

Installer un support adapté

 

Barres métalliques verticales fixées au support

Utiliser des fils de Kanthal

Les jambes sont montées le long de fils de kanthal

 

L’inclinaison de la jambe suit l’axe d’une tige de métal

… et des croisillons pour l’armature interne

Pour assurer le solidité, je place des croisillons en argile à l’intérieur des tubes au fur et à mesure du modelage

Question : comment va-t-elle tenir debout?

La statue penche en avant au delà du centre de gravité afin de simuler la marche. Elle ne tient debout que grâce aux supports. Comment la faire tenir debout dans le four et après la cuisson?

Pour la cuisson, je la calerai au mieux dans le four. Après la cuisson je la soutiendrai au moyen d’un support métallique.

Ne pas dépasser la hauteur du four

La hauteur du four est de 64cm, hauteur à respecter pour la statue si je veux la cuire en un seul morceau.

*

Je coupe et recolle une jambe qui me parait trop longue. Pour soutenir les larges manches des bras j’incorpore des fils de kanthal se prolongeant dans le corps.

Je place la tête sur les épaules. Le chapeau sera posé dessus sans dépasser les 64cm de hauteur de l’ensemble afin de ne pas dépasser les limites du four. Le bâton du bras droit est un tube d’argile, fragile, ce qui fait sa valeur. Il faut également poser la veste sur les épaules mais je l’ai déjà fait, ce n’est pas très compliqué.

J’avance dans le projet mais plus je progresse et plus je m’interroge: comment faire tenir tout ça ensemble? comment assujettir ce corps penché vers l’avant avec ses bâtons posés au sol?

Je ne vois qu’une solution: une fois terminé le montage de la statue, je coule un sol en argile qui simulera le chemin et qui réunira les pieds et les bâtons.

14 Juillet 2025: la statuette est terminée

Prochaine étape: retirer délicatement les fils métalliques et la décoller de son support. Espérons qu’elle ne se brisera pas. Je dois aussi faire un trou dans le corps sous la cape. Après cuisson, ce trou me permettra d’y introduire un support métallique.

Nouvel échec

Après avoir mis des cales dans le four à bonne hauteur, je me prépare à l’y déposer. Sans voir rien heurté, les jambes, une main et les bâtons se brisent.

J’en tire comme leçon que faire une statue en déséquilibre avec des éléments aussi fragiles est une tâche trop difficile pour moi. Je dois revoir à nouveau ma copie.

Je laisse passer quelques jours et me remettre au travail.

19/07/2025 Restauration

Je restaure la statue en remodelant le bas des jambes, les pieds et une main. Du coup, je lui donne moins d’allure de mouvement. Je positionne le centre de gravité  entre les jambes pour la faire tenir debout. Je retire les bâtons et sculpte les mains pour y placer secondairement des bâtons en bois.

Enfin, je dépose une engobe de terre noire sur la cape et la place debout dans le four. Pourquoi une engobe noire ? Si la statue supporte la cuisson, je vais tenter de l’émailler. Je souhaite  superposer un émail blanc réticulé sur terre noire. Je la cale avec des pots déjà biscuités non émaillés.

Il manque le bouquet final lors de l’ouverture du four dès demain.

20/07/2025: Ouverture du four : sauvé

Ouf!, pas de casse heureusement. Je le mets debout . Il tient grâce à une petite cale placée sous son pied gauche.

Je lime un peu la plante du pied droit afin de retirer la cale et le voilà prêt à être émaillé.

27/07/2025: l’émaillage.

Ce matin, je l’ai entièrement émaillé avec des émaux mats cône 6 à 1200°C. La cuisson finale, c’est la dernière ligne droite. Il sort comme il doit sortir, tu ne peux plus y toucher.

30/07/2025: la récompense

La statue sort du four intacte, les émaux sont de belle qualité, ouf!

Il reste à faire réaliser une plaque en métal hérissée de deux pointes qui pénètreront par l’orifice laissé dans chaque plante de pied et que je collerai.
Il reste aussi à faire deux bâtons en bois qui seront placés dans chaque main.

04/08/2025: il tient debout

Plaque en métal en forme de coquille St Jacques qu’a réalisé COMUA

Du ciment-colle (Mapei) est instillé par les orifices creusés dans la plante des pieds. Les deux piques soudées à la plaque de 10cm sont ensuite introduites et collées.

Il ne reste qu’à trouver les bâtons.

 

La courbe de cuisson en céramique

Une mauvaise cuisson des céramiques peut engendrer des défauts et aussi un risque de casse. Il faut assimiler les règles de base. Les subtilités viennent à l’usage.

A titre d’exemple, clique sur le lien  » Courbe de cuisson Rhode » . Tu trouves un résumé en 2 tableaux de ce qu’il te faut connaître pour la cuisson en four électrique. 

Ci-dessous ces tableaux annotés:

Faïence

Biscuit de faïence 1020°C —->   Température à atteindre: 1020°C
Rmp1: 80°c/h                       —–>   1ère partie 80°c /h jusqu’à 600°C
jusqu’à Tmp1: 600°c                      soit 7h 30min
Rmp2: 100°c/h                     ——>  2ème partie 100°c/h jusu’à1020°c
jusqu’à Tmp2: 1020°c                    soit 4h 20min

Durée totale: 11h 50min

Émail de faïence 1000°C —->   Température à atteindre: 1000°C
Rmp1: 100°c/h                    —->   1ère partie 100°c /h jusqu’à 900°C
jusqu’à Tmp1: 900°c                    soit 9h
Rmp2: 80°c/h                       —->   2ème partie 80°c /h jusqu’à 1000°C
jusqu’à Tmp2: 1000°c                  soit 1h et 15min
T2: 1000°c pendant 15 min.—> palier à 1000°c pendant 15min

Durée totale : 10h 30min

Grès et porcelaine

Dégourdi de grès 980°C —->   Température à atteindre: 980°C
Rmp1: 80°c/h                    —–>   1ère partie 80°c /h jusqu’à 600°C
jusqu’à Tmp1: 600°c                  soit 7h 30min
Rmp2: 100°c/h                   —->   2ème partie 100°c /h jusqu’à 980°C
jusqu’à Tmp2: 980°c                  soit 3h 48min

Durée totale 11h 18min

Émail de grès 1260°C / 1280°C—-> Température à atteindre: 1260/1280°C
Rmp1: 100°c/h                            —–>   1ère partie 100°c /h jusqu’à 900°C
jusqu’à Tmp1: 900°c                             soit 9h
Rmp2: 80°c/h                               —->   2ème partie 80°c /h jusqu’à 1260°C
jusqu’à Tmp2: 1260°c                          soit 4h45min
T2: 1260°c pendant 15 min.     —–> palier 1260°C pendant 15min

Durée totale 15h

A titre d’exemple, ci-dessous une courbe de cuisson du « blog-du-bol »

Les 4 règles à bien connaître:

Pour le biscuit:  la faïence se cuit plus haut (1020°C) que le grès(980°C)

Et pour l’émail : c’est l’inverse

Le biscuit : 1ère partie plus lente (80°C/h) que la 2ème partie (100°C/h)

Et l’émail   : c’est l’inverse

Les 4 phases de la cuisson

Le séchage: 25 à 100°C

Les pièces sont plus ou moins sèches selon la saison, le temps de séchage avant cuisson, le type d’argile…La 1ère phase de cuisson vise à finir le séchage qui est atteint à 100 ºC.

Le Chauffage : 100° à 600°C

Transformation allotropique du quartz et évaporation de l’eau structurale des minéraux argileux.

La vitrification: 600°C à la fin de la cuisson

Véritable cuisson: changements physiques et chimiques qui transforment de manière irréversible l’argile en céramique durable.

Le refroidissement:

Décroissance de la température à four fermé (ne pas ouvrir avant d’avoir atteint les 50°C pour éviter un choc thermique). Selon la température extérieure, c’est plus ou moins long, le four ne consomme aucune énergie. Pour certains émaux il peut être utile des paliers de refroidissement.

Programmateur, sonde pyrométrique et cônes pyrométriques

La courbe de cuisson s’établit sur le programmateur du four. La température s’affiche sur l’écran au fur-et-à-mesure de la cuisson. La température de cuisson finale des pièces ne correspond pas à celle affichée par l’écran. L’écran affiche la température instantanée transmise par la sonde pyrométrique du four. Elle ne prend pas en compte le cumul de chaleur en fonction du temps d’exposition des pièces. La température réelle des pièces s’évalue grâce aux cônes pyrométriques (ou montres).

Un conseil: ne programme pas cinquante courbes, tu vas t’y perdre. Choisis deux courbes pour la faïence (biscuit et émail) et quatre courbes pour le grès (une pour le dégourdi) et trois pour l’émail (  1200°C – 1260°C et 1280°C) c’est largement suffisant.

Modeler un lièvre

Je vais modeler deux lièvres, or, je ne me souviens plus comment j’ai fait les précédents

Je retrouve mon lièvre initial et prends les mesures pour en faire un dessin à l’échelle 1/2.  En hauteur, je prévois  64 cm jusqu’à la pointe des oreilles, limite autorisée par le four.

Je prends de l’argile chamottée (PRAF) et l’étale afin d’obtenir une plaque de 5-6mm d’épaisseur.

Ci-dessous voici ce qu’il ne faut pas faire

Selon les cotes de mon dessin, je prépare des tubes et des segments de corps et de pattes. Je prévois de les dresser et de les assembler. C’est une bonne idée selon moi sauf que ça ne marche pas. Le gros tube du corps s’effondre, les pattes ne tiennent pas… Je recycle l’argile et recommence de zéro.

Ci-dessous voilà ce qui marche bien

Le support

Je prépare deux plaques en contre-plaqué recouvertes d’une fine pellicule d’argile de même type. Celle-ci me sert à fixer la statue à la plaque de bois.

Les plaques-colombins

Je modèle deux lièvres en même temps en empilant des plaques de 4 à 5 cm  de hauteur disposées à la verticale selon la méthode du colombin. Le colombin est simplement remplacé par les plaques ce qui gagne du temps. A chaque fois je les assemble en utilisant de la barbotine (voir le chapitre CMC) et place un fin colombin en dedans et en dehors.

Le séchoir

Toutes les deux plaques, je durcis l’assemblage au séchoir pour m’assurer de la solidité du support. Pour les pattes, je reprends  les tubes déjà préparés, les assemble au corps et je sèche. Je termine avec la tête en procédant de la même façon. Je la soutiens avec une palette en bois et sèche l’ensemble.

Le pulvérisateur

Quand c’est solide, j’humidifie la statue au pulvérisateur. Je peaufine l’ensemble puis le racle, ajoute un peu d’argile par ci par là.  Je suis satisfait quand il ressemble à un lièvre et pas à un chat.

Le décollement

Après il faut le décoller du support d’argile de la plaque. Au cutter, je détoure tout ce qui colle à la plaque (pattes, arrière-train). J’humidifie au pulvérisateur jusqu’à pouvoir passer un fil métallique entre la statue et la plaque. Pour le premier lièvre, je casse deux pattes que je recolles immédiatement avec de la barbotine. Pour l’autre pas de souci, il se décolle en bloc sans dégât.

Les trous

Enfin, j’ajuste une mèche à la perceuse et perce de petit trous dans le fondement, entre les orteils, sous le menton. Je laisse libres les trous des oreilles qui communiquent avec la tête.

La cuisson

Je place chaque lièvre dans le four électrique à tour de rôle et cuis à 980°C.

Au final,

Tout s’est bien passé, pas d’éclatement, les deux lièvres sont sortis intacts. Je dois maintenant décider de les habiller de leur fourrure: émail, vernis, patine?

 

 

 

Saint-Sulpice: exposition céramique- Paris 6e – 26/29 Juin 2025

En ce début d’été caniculaire, place Saint-Sulpice à Paris sont rassemblés 110 céramistes. Exposition très réussie, très fréquentée que nous parcourons, Chantal et moi-même en deux après-midis. Le premier jour, tu découvres, tu te familiarises. Le deuxième jour, tu approfondis, tu reviens sur un stand et tu poses des questions à l’artiste.

Mon propos est de partager quelques oeuvres qui nous ont « accroché » . L’artiste est parfois très jeune, débutant dans le métier et pourtant déjà bien affirmé dans son style. Il y côtoie des céramistes expérimentés, reconnus internationalement.

Je précise que j’ai obtenu de la part des artistes et de Saint-Sulpice-Céramique l’autorisation de publier cet article avec photos et commentaires. Je les en remercie chaleureusement.

Olivier LOUP (Châlon, France)

Collection fractales

Terres mélées fracturées à dessein  » De fractures en fissures, en crevasses, je modèle des paysages, nous offrant des chemins d’émotions, des rêves de voyages« .

Thierry BASILE (Toulouse, France)

Terres vernissées  » Après 15 ans de grès et de porcelaine, je suis arrivé à la terre vernissée plus colorée et plus adaptée au décor. Du spirituel dans l’art sinon rien! Hélas la poterie reste très gagne petit malgré l’énergie qu’elle dévore et le temps me manque pour la peinture…

Joëlle GERVAIS (Saint-Georges-sur-Cher, France)

« Un moment, une rencontre, une situation, un regard sont mes sources d’inspiration.

Entre humour et mélancolie, ils (les personnages)  sont empreints d’une part d’humanité : habillés, mis en scène en groupe, en famille, dans des voitures ou en landau, ils évoluent naturellement et évoquent avec poésie des scènes du quotidien »

Gaëlle VIRMONT (La Chapelle-Neuve, France)

« Dans le silence de mon atelier, entourée de forêts, je crée des oeuvres contemplatives, des objets de rêverie peints par le Feu. Lors d’un l’enfumage, mes sculptures sont posées dans le brasier, attendant l’expression de l’artiste. Intervient alors le Feu. Tel un peintre, il esquisse les empreintes de ses flammes et fossilise les éléments qui l’ont fait naître et alimenté dans les parois de l’argile.

Chaque matière minérale, végétale et organique qui alimente le feu est glanée en forêt, pour sa beauté, son authenticité. Chaque flamme, chaque fumée, chaque matière qui se consume au contact de mes sculptures révèlent des peintures abstraites et poétiques aux interprétations libres et infinies. ​

Le feu, matérialisé à jamais, révèle alors ses secrets et ses histoires silencieuses.​​​​​

Contempler le feu est le nom de ma collection d’œuvres enfumées. Elle souhaite provoquer la rencontre de l’ancestral et du contemporain, du ciel et de la terre, des éléments et des matières. Elle est une invitation au voyage intérieur et à la méditation ».

Zachary ALBERTS ( Salazac, France)

Américain installé dans le Gard, remarquable tourneur, dont le coeur balance entre des pots simples et raffinés et de grosses pièces entrelaçant émaux et pierres.

« Cette nouvelle collection marque un écart par rapport à ce que j’ai fait auparavant.

Elle se concentre sur des lignes épurées, des formes minimalistes et des volumes purs. Mais c’est aussi un défi personnel. Créer des pièces aussi simples que possible—tout en restant belles et significatives—m’a poussé à sortir de ma zone de confort.

Ce voyage m’a appris à voir la beauté dans la retenue. Ces pièces parlent d’équilibre, d’harmonie et des connexions discrètes que nous tissons avec les objets qui nous entourent.

Elles m’ont montré que la simplicité peut être aussi puissante que la complexité, et que parfois, les moments les plus silencieux portent en eux le plus de sens. »

ODU (Paris, France)

Passage extrait de Oeil de Ko: « Odu crée des objets sculpturaux qui font référence à des objets usuels. Odu est inspiré par les coraux, les coquillages et les fruits étranges de son pays d’origine, Les Philippines. Il en évoque des versions fantasmées. Chaque texture est obtenue en perçant l’argile avec divers outils plus ou moins coupants pour obtenir des empreintes organiques et vivantes« .

Hugo SABY (Saint-Denis, France)

« Sculpture documentaire »

Mon travail sculptural actuel est le fruit d’une réflexion sur la prise d’empreinte.

J’expérimente depuis plusieurs années différentes manières pour réaliser mes empreintes : contournement de formes, calque de surfaces ou de reliefs, moulages en négatif.

Dans l’idée de prendre l’empreinte des lieux, de situations ou mêmes d’évènements se produisant sous mes yeux, je travaille à différentes manières d’être en « contact » avec l’environnement qui m’entoure, avant de le transposer ensuite dans la terre.

Terre, qui une fois cuite à plus de 1200°, prendra sa forme pérenne. Dans les lieux qui sont voués à disparaître ou à se métamorphoser, les figer par le feu c’est garder une trace, créer des archives.

Françoise CHOLE (Besançon, France)

Titre de l’exposition: Tenir debout

« J’utilise un matériau très personnel que je vais récolter. L’enjeu est donc encore plus important puisqu’il s’agit de faire tenir ensemble des choses qui sont tombées. Je pars de rebuts auxquels je redonne vie en les assemblant. »

François KAMOUN ( Riantec, France)

Pour ce jeune-homme de 28 ans natif de Toulouse et demeurant à Port-Louis, la céramique est une découverte récente après des études aux beaux-arts. Sa formation en céramique le mène dans divers ateliers prestigieux dont la maison de la céramique et chez Bénédicte Vallet.

« Mon parcours artistique a commencé en Nouvelle-Calédonie, où les traditions kanakes et l’art du Vanuatu m’ont initié à une perception de la matière comme une force vivante, un élément en constante transformation.

J’ai développé ma pratique en arpentant les friches industrielles, le port de pêche, et les espaces urbains délaissés. C’est dans ces lieux que j’ai commencé à glaner des fragments de ruines et des matériaux abandonnés, que j’intégrais à mes installations, tissant ainsi un dialogue entre ces éléments bruts et les formes que je sculptais.

Ces explorations m’ont permis de travailler la matière comme un espace de mémoire, où chaque fragment conserve la trace des histoires et des usages passés.

Aujourd’hui, mes œuvres incarnent une quête de l’essence des choses, un processus où chaque geste laisse une empreinte, un écho des histoires silencieuses que la matière porte en elle.

Elke SADA (Leibzig, Allemagne)

La revue d’art  « Adrienne D » ne tarit pas d’éloges : « artiste de renommée internationale, son travail a été exposé dans le monde entier, notamment au Salon Art + Design de New York (2025), au Musée Ariana de Genève (2024) et à la Paris Design Week (2024).

Inspiration: ses pièces sont des vases expressifs en céramique inspirés d’un bol antique en cuivre provenant du musée d’histoire naturelle de Hallstatt, en Autriche. Ses créations reflètent des traditions artisanales séculaires, combinées à une approche contemporaine. Des palettes de couleurs vives, souvent inspirées du plumage des oiseaux, donnent vie à ses sculptures et leur confèrent un symbolisme unique. 

Technique: Sada travaille intuitivement en assemblant des fragments d’argile molle, laissant des traces de ses doigts visibles et des bords rugueux qui ajoutent au caractère dynamique.
Les vases combinent des formes céramiques avec une peinture puissante, en appliquant stratégiquement des couches de couleurs vibrantes. Après une cuisson en biscuit, elle ajoute une glaçure qui se fond harmonieusement avec la surface poudreuse des engobes. Elle expérimente des types d’argile tels que la faïence rouge rainurée, la poterie noire et la porcelaine, cuite entre 1150 et 1200°C. « 

Christophe LEGER (Neuilly-en-Sancerre, France)

Les Salières Cuisson en four anagama

Christophe travaille à La Borne aux côtés de nombreux artistes. La cuisson en four anagama requiert un travail d’équipe. Chacun des membres prend un quart de 6h  pour alimenter le four en cuisson pendant 5 jours et son refroidissement pendant plusieurs jours.

Le Centre céramique contemporaine La Borne (CCCLB) est un élément important d’un patrimoine potier unique en France. Le CCCLB est un équipement culturel et touristique de la Communauté de Communes Terres du Haut Berry. Lieu emblématique et incontournable de la scène céramique contemporaine ; le CCCLB déploie ses activités autour de la production, de la diffusion, de la médiation d’une culture céramique internationale.

Que dit de lui Bernard David lui aussi céramiste à La Borne:

« Installé près de ce lieu mythique, comme chaque passionné de cuissons longues, il aime préparer sa terre, traîner dans les carrières, glaner des argiles, en recycler, y ajouter des matières fondantes. Faire des pots constitue le socle de sa démarche, ainsi que l’utilitaire qu’il affectionne pour son quotidien. Mais ses contenants s’émancipent de leur fonction ; ne grossissent pas mais prennent le large. La dilatation de formes patrimoniales sculpte l’espace. Brouilleur de piste cet ancien barman entend bien distiller son cru à l’ivresse créative et brûler quelques arbres qu’il a plantés ».

Hélène SELLIER-DUPLESSIS (Langeais, France)

« Je travaille le grès et la porcelaine enrichi d’objets anciens, de collage de photos d’un autre siècle, de peinture et de touches d’or. Mes sources d’inspirations sont multiples: contes, mythes, éléments architecturaux, relations entre humain et nature sauvage. Une collection d’objets rares, nouveaux et singuliers, petites scènes oniriques et narratives: pendules rocailles, cartels, objets de vitrine, personnages hybrides entre minéral, végétal et animal. »

IXIO CERAMICA (Barcelone, Espagne)

Créations de Mia Llauder et Joan Serra
Grès chamotté brun et porcelaine émaillée

Les belles créations communes de ces deux artistes se particularisent par l’assemblage de grès brun très chamotté et de porcelaine fine émaillée en vert pâle.

Ils présentaient à Paris leurs oeuvres communes mais ils ont aussi une production personnelle qui n’était pas présentée. Je t’invite à la découvrir sur leur site, pour le plus grand plaisir des yeux…Mia Llauder Joan Serra

Top-Top Céramique (Nantes, France)

Créations de Lucas et Marie

« Top Top est un atelier de création utilisant comme moyen premier la céramique. Nous sommes à la recherche d’une esthétique poétique, sensible et colorée. La terre est utilisée comme un carrefour réunissant nos différents savoirs ou envies. Volume, photographie, peinture, design objet, sculpture et graphisme se mêlent jusqu’à l’objet fini. Nous aimons évoquer des moments universels, appartenant à chacun.e, des souvenirs choisis que nous figeons dans le temps ».

Daniela SCHLAGENHAUF (Sainte Eulalie , France)

Drapés en porcelaine

Texte pour catalogue, exposition au musée Palissy, « Le Blanc » :

depuis toujours j’ai aimé lire dans le regard des nuages

dans le regard des vents

alors j’ai ouvert portes et fenêtres aux nuages, aux vents, non point parce que je les découvre, ni ne veux les représenter

mais pour sentir et faire sentir l’autonomie des éléments et des formes avant qu’elles ne se concrétisent

– il y a équilibre ou rupture, plissement et enroulement, entrelacs, tassement –

vivre la porcelaine comme une force mise en action et la forme comme réservoir de mouvements pouvait devenir visibles.

Depuis le début, mon travail a été inséparable de l’écriture, ce sont deux méthodologies impliquées dans une recherche au-delà du sens.

Ainsi la feuille de porcelaine est aussi ma feuille blanche, telle la feuille blanche de l’écrivain. Elle se couvre de signes, textes, empreintes déposées dans la terre ; démarche ancestrale.

Dans les dernières pièces sous le titre Blown by the wind, la trame de mon récit s’est faite trame de tissu flottant au gré du vent. Évocation de ma récente résidence en Chine, les pièces colorés aux motifs géométriques sont inspirées par une veste en soie datant de la Dynastie Qing. Et pour cette exposition « Le Blanc » quoi de mieux que de laisser la porcelaine elle-même inventer un système de caractères, son langage et ainsi dire sa blancheur.

– quand le geste prend le relais de la parole

et l’oubli du geste, celui de la pensée

pour laisser advenir « 

Christophe JONNIAUX (Limal, Belgique)

« Céramiste, sculpteur, photographe.. Christophe Jonniaux explore plusieurs disciplines afin d’exprimer sa vision artistique du monde et des objets qui l’entourent ».

Clément PETIBON (La Chapelle Saint André, France)

Emaux sur grès retravaillés au chalumeau

La série Héritage(s) met en scène des réflexions sur l’Homme et notre Monde dans une danse à trois temps : construction – destruction – création. Héritage(s) est un archétype du contenant, dans son acception la plus simple : objet à usage domestique. Il est le berceau de l’humanité nourri par des siècles de récits et d’expériences. Je questionne mon apprentissage technique en activant la matière par la destruction. Le délabrement est avant tout une approche plastique et expérimentale.

Léa VAN IMPE (Paris, France)

Pièce créée en duo avec Odu

« Formée en textile et en céramique à l’école Duperré, Léa Van Impe dialogue depuis 15 ans avec l’argile. Elle crée des sculptures aux textures et aux formes singulières. A travers elles, et investie de son approche artistique affirmée, elle propose un espace de réflexion sur l’existence. C’est comme une proposition d’un regard d’apaisement dans le tragique de la vie ».

Louise FERCHAUD (Nantes, France)

 

Salut !  je suis céramiste diplômée du DMA (diplôme des métiers d’arts) de Duperré année 2017. Après ça je suis partie en Chine. Là-bas j’ai appris le tournage et pleins d’autres choses. Maintenant je fabrique des objets qui servent à prendre une pause café ! 🙂 Toutes mes pièces sont faites avec la porcelaine de Limoges et je pince cette merveilleuse matière jusqu’à obtenir des bols, tasses, mugs etc ! Puis je dessine dessus des personnages rigolos et poétiques qui nous accompagnent au quotidien. « .

Email alimentaire: test en labo

Je viens de recevoir les résultats du test en laboratoire de l’émail rose que j’ai publié précédemment.

Voici les conclusions d’Eric Swanet :

CCE2
Consultance en Chimie des Eaux Industrielles
Céramique et Chimie des Emaux
CCE2 S.R.L.
Rue de Hannut, 15B eric.swanet@gmail.com

Tel: +32 498 51 22 87
1350 Marilles TVA : BE 0791 559 986

CONCLUSION
Aucune migration d’élément potentiellement toxique n’est détectée.
L’émail est certifié compatible au contact alimentaire.
Aucune migration d’élément constitutif de l’émail n’est décelée.
L’émail est certifié très stable au contact acide.
Document annexé :
Fichier Excel (synthèse des analyses de la SWDE)
Rapport rédigé par :
Eric Swanet
Ingénieur Chimiste

Je peux désormais utiliser cet émail pour les poteries à usage alimentaire. Cette analyse de laboratoire vient confirmer mes crash-tests.

Prévoir le diamètre d’une assiette

Question N°1: Quel est le diamètre d’une assiette finie ?

La réponse à cette question est relativement simple:

Une assiette plate mesure 25-26cm (diamètre maximum qui passe en lave-vaisselle standard). Pour une assiette creuse, prévoir 24-25cm. Enfin, une assiette à dessert fait 19-23cm, variable selon ses goûts de chacun.

Question N°2: comment calculer le diamètre d’une assiette crue?

Cela dépend du retrait de l’argile utilisée, disons du grès qui convient le mieux à l’usage alimentaire.

J’examine les paquets de terre à ma disposition:

Comme exemple, je prends la PRAI qui contient 40% de chamotte fine 0-0,2mm et qui convient bien pour les assiettes.

Le retrait affiché est de 5,9% au séchage et de 7% à la cuisson.

Je connais le diamètre de l’assiette plate finie après cuisson: 26cm

Je calcule le diamètre de l’assiette sèche avant cuisson:                                26cm+(7×26)/100= 27,82cm 

Puis, calcul du diamètre de l’assiette humide avant séchage: 27,82cm+(5,9×27,82)/100= 29,46cm qui est le diamètre initialement découpé dans la plaque d’argile

Attention, ceci vaut pour une assiette plate, ultra-plate sans rebord. Pour avoir le même diamètre de 26cm fini avec un rebord un peu relevé, il faut ajouter 5 à 10mm selon le type de rebord. De plus il faut prévoir que toutes les assiettes doivent avoir le même diamètre pour pouvoir s’empiler facilement. Donc, prendre dans cet exemple un diamètre de 30cm, relever le bord avec le même outil et la même épaisseur pour toutes les assiettes.

Enfin, il n’y a pas toujours les informations sur le paquet d’argile et je dois aller les chercher sur internet ou bien appeler mon fournisseur. C’est ce que j’ai fait pour le grès W11 de couleur blanche fourni par Ceram Décor:

Retrait séchage 5% et retrait 5,9% après cuisson à 1200°C

On voit ici que le retrait après cuisson dépend de la température de cuisson.  Celle-ci dépend du type d’émail utilisé. Pour le grès émaillé haute-température, ce sera une cuisson à 1200°C pour les cônes 6 et 1280°C pour les cônes 8. Je prendrai donc 6% de retrait à 1280°C.

 

Assiettes pour belles tables ?

Créer une assiette cela paraît simple car la forme varie peu. Le diamètre est de 22 et 31cm. La réalisation n’est pas très compliquée (voir chapitre en question)

Pour quel usage et pour quelle table?

La réponse est plus compliquée

Voyons ce que proposent les industriels

Pour une assiette plate standard, un diamètre de 26 à 27 cm convient pour les lave-vaisselles. Pour les petites assiettes, la taille est de 22 à 24 cm. Les assiettes creuses font 22 à 23cm.

On trouve de grandes assiettes telle que ci-dessous de 27,5 cm au prix de 8,95€

Assiette Degrenne 27,5cm

ou des assiettes de 31,5cm qualifiées d’assiettes de présentation, de grand plat ou de plat à tarte telle que celle-ci affichée au prix de 229€

     Plat-le-brésil d’Haviland 31,5cm

Ou ci-dessous cette assiette de présentation Bernardeaud ultra-plate de 31cm au prix de 249€

Benardeaud AuxOiseaux 31cm

Mieux encore, la coupe de luxe de 41cm Raynaud de Limoges au prix de 865€

Grande coupe Olivier Maillefer 41cm

Et enfin la pièce de collection en porcelaine de Sèvres. Cadeau royal français du XVIIIème siècle au prix de 7000€! mais là on n’est plus dans l’assiette, on est dans la vitrine…!

Assiette en porcelaine de Sèvres

Pourquoi cet écart de prix? A première vue, la première est en faïence, les autres sont en porcelaine. Il y a d’autres critères, l’épaisseur, le décor (industriel ou peint à la main), le type de porcelaine, les finitions, la signature, la rareté, la pièce de collection…

Voyons maintenant ce que proposent les artisans

Le magazine « La revue de la CERAMIQUE et du VERRE » de mai-juin 2025, met à l’honneur la céramiste Perrine POTTIEZ . Ses créations reçoivent les faveurs de Flavien GUARATO chef du Mertensia à Lyon.

Perrine récolte elle-même ses terres en arpentant la région autour de Toulouse. Elle prépare ses pâtes et y dépose de la sigillée, souvent à base de cendres. La cuisson au bois cède désormais la place au gaz à 1150°C. Elle n’émaille pas ses pièces, pratique des dépôts de cendres. Résultat: des couleurs telluriques qui rappellent la nature, les sous-bois, les bords de ruisseaux.

Dans son mensuel de mars-avril 2025, la même revue présente Marion GRAUX. Elle crée des assiettes roses pour Hélène DARROZE, célèbre cheffe étoilée de plusieurs restaurants.

Marion vit à Port-Louis dans le Morbihan. Elle crée ses émaux, les dépose sur des grès cuits à haute température en four électrique. Elle s’est très jeune prise d’affection pour la couleur rose qui orne son parcours.

Voyons enfin ce qu’en pensent les chefs

Découvrons la vision des arts de la table des chefs Eric Trochon, Christophe Raoux, Julien Hennote, Pierre Hermé et Christian Le Squer.

Ci-dessous des extraits de cet article :

Eric Trochon a la nostalgie des tables de son enfance, entre la porcelaine et l’argenterie des grandes occasions. Ce chef recherche l’harmonie, le confort et l’ergonomie dans un « mix and match » de matières hétéroclites. En bon esthète, il aime marier pièces en terre, en céramique, en porcelaine… et mêler le contemporain à des produits chinés.

Christophe Raoux, chef exécutif de l’école Ducasse estime que les tables ont une âme, le nouveau dressage est épuré pour magnifier le prestige des plats.

Pour Julien Hennote, les arts de la table sont le reflet d’une parfaite cohérence entre le lieu et l’esprit de la cuisine. Sa vaisselle de prédilection est contemporaine, sobre et blanche.

Pierre Hermé n’hésite pas à marier pièces blanches épurées et objets très décorés, avec toujours, une préférence pour l’artisanat français et japonais.

Pour Christian Le Squer, une belle table est avant tout une histoire d’émotion. La vaisselle est partie prenante de la beauté des plats et doit accompagner la création et la dégustation avec cohérence et esthétisme. Adepte du blanc, le chef aime marier le neutre avec les explosions de couleurs, les pièces familiales avec des objets contemporains rapportés de ses voyages.

Quelles conclusions en tirer ?

Pour dresser une belle table, je retiens qu’il faut savoir marier des pièces simples à des objets plus sophistiqués ou hétéroclites.

Pour le potier, c’est laisser libre cours à son imagination, à sa sensibilité. Peu importe la forme, la taille, la couleur de ses pièces. Ce qui compte c’est d’exprimer à travers ses assiettes sa propre vision de la table.

Car, une assiette, c’est fait avant-tout pour mettre en valeur le met qu’on se prépare à déguster.