Voir le blog-du-bol de Sarah qui explique ça très bien. En résumé: c’est une petite pièce de céramique en forme de cône qui est placée dans le four pour mesurer la quantité de chaleur au cours d’une cuisson. Lorsque le cône atteint une certaine quantité de chaleur, il va se courber plus-ou-moins. Il s’étale complètement si la chaleur est trop forte pour la mesure. Il sert donc à mesurerle degré de température pendant un temps déterminé.
Comprendre la notion de quantité de chaleur
Si je mets le doigt dans une casserole d’eau bouillante, je ressens la chaleur. Si je ne fais qu’un aller-retour rapide avec le doigt, je ne me brûle pas (ou pas trop). A laisser le doigt ne serait-ce que quelques secondes, je me brûle. Pareil pour faire cuire une viande au four, on pré-chauffe le four pendant 10min à 180° car c’est le temps qu’il faut pour atteindre cette température. Au total, le cône mesure la dynamique de cuisson.
Cônes pyrométriques ou montres fusibles ?
C’est la même chose: les cônes sont également appelés « montres fusibles », terme que je préfère car il indique à la fois la notion de temps et le procédé physique.
Pourquoi utiliser des cônes ?
Ils servent à connaître les performances du four. Celui-ci peut avoir des résistances altérées. Une panne intermittente d’électricité va altérer la cuisson. Ils complètent l’information d’une canne pyrométrique qui donne seulement la température interne instantanée du four.
Le tableau de SEGER
Une grande variété de cônes différents sont conçus pour fondre à une accumulation de chaleur déterminée. Le tableau de référence de Hermann Seger indique les numéros de cônes correspondant à une température déterminée pendant un temps donné au cours des 100 derniers degrés. Selon ce tableau, les 100 derniers degrés sont affichés à 60°C/h pendant 1h40, à 150°C/h pendant 40 min. ou à 15°C/h pendant 6h40 délivrant la même quantité de chaleur. Par exemple, pour le biscuit, on choisit des cônes entre 05 et 08 et pour les émaux des cônes entre 6 et 10.
Où se les procurer ?
On les trouve chez tous les distributeurs de produits pour la céramique, pour un prix d’environ 1,5€/cône, ce qui représente un budget. Il y a des cônes auto-portés qu’on place directement dans le four et des cônes nécessitant un support, un peu moins chers mais qu’il faut savoir disposer sur un support (acheté ou fabriqué en argile). Attention! : bien respecter l’angle d’inclinaison.
Trop cuit à gauche, pas assez cuit à droite, cuisson correcte au milieu
On utilise en général 3 cônes placés sur un support comme ci-dessus. Les 3 cônes sont différents et encadrent le cône de référence donné dans le tableau de Seger. Exemple: pour un émail référencé « cône 6 » dans Glazy.org , je choisis des cônes 5, 6 et 7 .
On ne met pas les montres fusibles à toutes les cuissons. Ils sont utiles lors de l’achat d’un four à la 1ère cuisson pour évaluer la cuisson du four . Ils nous informent que le programmateur étalonne correctement la cuisson demandée et que le four répond à la programmation affichée. Après une trentaine de cuisson, ils informent que le four conserve sa puissance sans altération des résistances. Enfin, ils sont utiles dès qu’on remarque une altération d’un émail par rapport à ce qu’on obtient d’habitude.
Faire une assiette, ça a l’air simple mais il faut qu’elle ait la bonne épaisseur, la bonne dimension, qu’elle soit bien plate et pas voilée, sans parler de la déco…comment faire?
On peut la tourner mais franchement je déconseille, c’est fastidieux et pas souvent réussi au séchage (voir l’article sur les fissures). Il faut mieux la modeler en étalant la pâte avec la crouteuse. Voyons les différentes étapes:
1/ Choisir un grès avec chamotte fine 0,2mm ( le grès est à usage alimentaire)
2/ En prélever environ 1Kg, l’aplanir à la main et l’étaler à la crouteuse
On fait plusieurs passages en réduisant progressivement l’épaisseur
A chaque passage on retourne la plaque d’argile et on la tourne d’1/4 de tour
jusqu’à l’épaisseur voulue, ici un demi-pouce (un pouce = 2,54cm). La demi-graduation égale 1/8 d’inch (pouce) soit 3,175mm d’épaisseur choisie pour une assiette de 25,4cm (10 pouces ) de circonférence (voir ajustement en fin d’article)
3/ Bien lisser la pâte avec une éponge fine humide afin d’enlever les traces de la toile. Mettre un rondeau par dessus et découper tout-autour
4/ Renverser le rondeau et le placer sur la girelle du tour
5/ Prendre le diamètre et découper à la dimension choisie
6/ Lisser avec l’éponge fine
On peut relever le bord à la demande avec un outil à bord mousse en contrôlant l’intérieur avec le doigt et le tour est joué.
7/ On laisse sécher sur un rondeau. Recouvrir d’un morceau de drap et un rondeau plus petit par dessus. Retourner l’ensemble matin et soir jusqu’au séchage.
8/ Tournassage: facile car c’est bien plat, juste affiner le bord avec un papier abrasif fin.
9/ Cuisson : température maximum 980°
10/ Déco: émaillage à haute-température car destiné à un usage alimentaire
J’ai réduit de moitié l’épaisseur des assiettes et des plats qui font désormais 1/16ème d’inch soit 1,588mm. Je les dépose entre deux rondeaux et recouvre d’un sac de sable. Je les laisse sécher une dizaine de jours avant de les poncer au papier-verre fin.
Une fissure apparaît au séchage sur le fond d’un plat.
Si elle n’est pas traversante on peut la réparer. Préparer de la barbotine de la même terre mélangée à du papier hygiénique broyé ( ou de la carboxy méthyl cellulose ou de la colle à papier peint) et à du vinaigre blanc. Pour un pot à yaourt , mettre 2 segments de papier hygiénique et une cuillère-à-café de vinaigre blanc avec la terre et de l’eau et bien mélanger à la cuillère. Humecter la fissure, la gratter au scalpel et lisser. Pour en savoir plus, consulter l’article d’Emilie des neo-céramistes
Si elle est traversante, inutile d’essayer de la réparer ça ne marche pas, elle revient au séchage.
Ci-dessous, fissure traversante d’un plat-à-tarte en terre-à-feu.
La fissure traversante se voit à l’endroit et à l’envers du fond du plat. Je l’ai observée sur nombre de plats-à-tarte. J’ai essayé au tournage de bien étaler la terre en la ramenant vers le centre et en l’écartant vers le bord plusieurs fois, de bien éponger le fond à l’éponge, rien n’y fait, une fois sur deux j’ai ce problème récurrent. Les plats partent systématiquement au recyclage. D’où cela vient-il ?
Cela provient d’une rétraction inégale de la terre, par inclusion d’une bulle. La solution ( mais peut-être n’est-ce pas la seule): en fin de préparation de la terre sur la plaque de plâtre, constituer un cône (image de gauche) puis installer la motte avec le cône inversé sur la girelle (image de droite). Cela évite d’emprisonner des bulles.
Résultat, je n’ai plus trop de souci sauf avec de la terre recyclée insuffisamment préparée qui peut contenir des bulles. Ci-dessous un plat sans fissure
Si la fissure apparaît après la cuisson du biscuit, le plat est mis au déchet, impossible de réparer.
Christine Ladevèze aborde le sujet dans La revue de la céramique et du verre N°180 -Octobre 2011. Venus de Chine de la dynastie des Song (960-1279), les Temmoku (ou tenmoku) comprennent des bruns noirs cuits en oxydation ou en réduction et servaient de revêtement à des bols-à-thé faits en argile commune riche en fer.
L’oxyde de fer est le colorant essentiel pour obtenir du noir, entre 6 et 15% selon la recette choisie. Le pourcentage est fonction de la teneur en calcium, alcalis et alumine.
Tuile 9 : base B2/diagramme 27 (aussi utilisée pour les rouges de fer
Recette: Feldspath 53 g Craie 14 g Kaolin 12 g Quartz 14 g Talc 7 g
+14 g d’oxyde de fer rouge
Formule molaire unitaire
0,324 KnaO 0,491 CaO 0,50 Al2O3 3,45 SiO2
0,185 MgO 0,30 Fe2O3
Noir semi-mat, anthracite si épais
Tuile 11 : diagramme 22
Base du Kudo-matto (RCV n° 180)
Base teintée aux oxydes de fer et cobalt
Recette: Feldspath 35 g Dolomie 22 g Quartz 25 g Talc 10 g Kaolin 8 g
+4 g d’oxyde de fer et 4 g de cobalt
Formule molaire unitaire 0,165 KnaO 0,5 MgO 0,27 Al2O3 2,57 SiO2
0,325 CaO
Noir miroir
Tuile 12 : diagramme 25
Base teintée aux oxydes de fer et cobalt
Recette: Feldspath 41 g Craie 16 g Quartz 25 g Kaolin 18 g
+4 g d’oxyde de fer et 4 g de cobalt
Formule molaire unitaire 0,314 KnaO 0,686 CaO 0,60 Al2O3 4,45 SiO2
Oxydation en four électrique. Courbe de cuisson: 100°/h pendant 11h jusqu’à 1100°C puis 60°/h pendant 2h40min jusqu’à 1265°C puis palier de nappage 35min soit 14h de cuisson.
Dilution: 75ml d’eau pour 100g soit une densité de 1,5-1,55
2/ Les émaux noirs des cendres de bois
Mes essais précédents sur les cendres de chêne, de peuplier et d’eucalyptus ont donné des résultats intéressants: OA 21, CVPR 11 et PVPR 11 (voir chapitre « fabriquer un émail »
OA 21: Diagramme 42, émail à base de cendres de chêne, mat, soyeux lisse, de couleur cuir vieilli
Recette: Cendre de chêne 33g, Feldspath ice 33g, Kaolin 33g, Oxyde de fer rouge 4g, Carbonate de cuivre 4g. Pour obtenir une couleur plus noire, augmenter dans les mêmes proportions Oxyde de fer rouge et Carbonate de cuivre: 5g/5g…8g/8g
Formule molaire 0,54 KnaO 0,25 CaO 0,12 Al2O3 1,32 SiO2
0,18 MgO 0,07 Fe2O3, 0,19 P2O5
Cendres de chêne, couleur cuir vieilli
CVPR11 : Diagramme 28, émail à base de cendres de chêne, semi-brillant
Recette: Cendres de chêne 40g, Feldspath potassique 40g, silice 20g, Oxyde de fer rouge 4g, Carbonate de cuivre 0,5g
Formule molaire : 0,41 KnaO 0,28 CaO 0,12 Al2O3 1,32 SiO2
0,29 MgO 0,05 Fe2O3, 0,08 P2O5
Cendres de chêne, couleur brunâtre
PVRP 11: Diagramme 26, émail à base de cendres de peuplier, semi-brillant
Recette: Cendres de peuplier 40g, Feldspath potassique 40g, silice 20g, Oxyde de fer rouge 4g, Carbonate de cuivre 0,5g
Formule molaire : 0,26 KnaO 0,73 CaO 0,12 Al2O3 1,26 SiO2
0,02 MgO 0,04 Fe2O3, 0,04 P2O5
cendres de peuplier, couleur brun-noir, brillant
Oxydation en four électrique. Courbe de cuisson: 100°/h pendant 11h jusqu’à 1100°C puis 60°/h pendant 2h45min jusqu’à 1280°C puis palier de nappage 30 min , décroissance et palier 10min à 1145°soit 14h de cuisson.
Dilution: 75ml d’eau pour 100g soit une densité de 1,5-1,55
Commentaires: un peu trop haut en cuisson car aspect coulant des émaux au delà de la concentration 5/5g Oxyde de fer rouge/carbonate de cobalt. Donc revenir à une cuisson à 1260° selon la courbe de C. Ladevèze.
On obtient du rose avec 0,02g d’Oxyde Chrome et 5g de Dioxyde de Titane
A partir de 0,05g d’Oxyde de Chrome, on obtient du bordeaux
Le rose retenu est celui à 0,04g d’oxyde de chrome
L’ajout de Zirconium et de Bentonite pour 0,04g d’oxyde de chrome lui donne une couleur un peu plus soutenue, plus d’éclat, c’est cette recette qui est retenue in fine et appelée « Vienne 2025 » :Wollastonite 25%, Ferro Frit 3134 20%, Kaolin 20%, Silice 20%, Feldspath potassique 15%, Oxyde d’étain 5% et Oxyde de chrome 0,04% Zirconium 5% Bentonite 2%
26/02/2025: Préparation d’un seau d’émail de 4.481g : W1000g, F3134 800g, K 800g, S800g, FP 600g, OE 200g, OC 1,6g, Z 200g, B 80g. Résultat sur deux coupelles: un rose très pâle. Je m’en doutais car 1,6g d’oxyde de chrome dilué dans une telle quantité d’émail peut entraîner une dispersion moléculaire inhomogène. J’en ai ajouté 0,8g en le diluant dans 10ml d’eau et les nouveaux essais sont concluants, le rose est plus foncé.
26/02/2025 Comment personnaliser cet émail ?
Avant de passer à la production, tentons de nouveaux essais sans changer la recette. J’essaye d’obtenir un liseré de couleur différente sur la bordure du haut :
Essais bordure N°1
Je trempe tous les tessons une seule fois dans le seau d’émail Vienne 2025 et me munis de 11 gobelets. Dans chaque gobelet est introduit 4g de l’émail Vienne 2025 prélevé dans le seau d’émail déjà préparé. Dans chaque gobelet est ajouté successivement: 1/ Ox.Fer Rouge 0,032g 2/ Ox. Fer Rouge 0,064g 3/ Ox. Chrome 0,0036g 4/ Ox. Fer Jaune 0,035g 5/ Ox. Fer Noir 0,035g 6/ Carb. Cobalt 0,035g 7/ Ox. Cobalt 0,002g 8/ Rutile 0,035g 9/ Carb. Manganèse 0,035g 10/ OA23 prélevé dans le seau d’émail OA 23. La conversion en pourcentage correspond à une concentration de: 1/ Ox.Fer Rouge 0,8% 2/ Ox. Fer Rouge 1,6% 3/ Ox. Chrome 0,09% 4/ Ox. Fer Jaune 0,8% 5/ Ox. Fer Noir 0,8% 6/ Carb. Cobalt 0,8% 7/ Ox. Cobalt 0,05% 8/ Rutile 0,8% 9/ Carb. Manganèse 0,8% 10/ OA23 au pinceau
Email rose Vienne 2025 et bordures avec oxydes
L’émail Vienne 2025 sort renforcé en bordure par l’Oxyde de Fer Rouge, par l’Oxyde de Chrome, surtout par le Rutile, un peu par le Carbonate de Manganèse. Peu ou pas d’effet avec l’Oxyde de fer Jaune ou Noir. L’Oxyde de Cobalt et le Carbonate de Cobalt sont de couleur bleu foncé et claire, sans surprise. L’OA 23 à base de cendres de chêne détruit la couleur rose de l’Oxyde de chrome qui devient vert.
Essais bordure N°2
Préparation d’un nouveau seau d’émail Vienne 2025 en respectant scrupuleusement les concentrations puis grattage au scalpel et essuyage soigneux de la bordure du haut et application en deux couches au pinceau d’un nouvel émail :
N°1 Feldspath potassique 50g Craie 10g Kaolin 12g Rutile 20g N°2 Idem + Rutile 20g + Carb. de Manganèse 10g N°3 Idem + Rutile 20g +Ox.Fer Rouge 10g N°4 Idem + Titane 20gN°5 Idem + Ox. Fer Jaune 10gN°6 Idem + Titane 10g + Ox. Fer Noir 10gN°7 Vienne 2025* + Rutile 10gN°8 Vienne 2025* + Titane10gN°9 Vienne 2025* + Rutile 10g + Titane 10gN°10 Vienne 2025* + Rutile 10g + Carbonate de Manganèse 10g N°11 Vienne 2025* + Titane 10g + Carbonate de Manganèse 10g
* : Deux trempages successifs des tessons dans le nouveau seau d’émail rose
Question en suspens:la courbe de cuisson? car l’émail rose se cuit à cône 6 à 1200° alors que les autres se cuisent à cône 8 – 1260°. Que va-t-il sortir de cet assemblage d’émaux à la cuisson de 1200° cône 6?
Résultat:
La couleur rose tirant sur le violet est réussie. De 1 à 11 l’émail est issu du petit seau d’émail que j’ai refait, il est uniforme. Pour le 12 l’émail est issu du grand seau pour lequel j’avais un doute sur la concentration. Il est plus clair et il demande seulement un ajout de chrome. La cuisson est bonne, les 2 couches d’émail sont homogènes.
Pour les bordures, je n’aime pas du tout. L’émail que j’ai ajouté est mat et jaune ou marron. Consolation, je sais désormais faire un jaune mat.
Ci-dessous l’essai de Chantal: une bordure d’Oxyde de Fer Rouge dilué dans de l’eau directement sur le tesson puis émail rose. On obtient une bordure gris clair assez jolie.
Essais bordures N°3
Application de la méthode ci-dessus en utilisant de l’oxyde de fer noir, jaune ou rouge utilisé seul ou avec un autre oxyde Rutile, Titane, Carbonate de Manganèse. Ils sont dilués dans l’eau et appliqués sous ou sur l’émail Vienne 2025. Dans quel objectif?
Il y a deux objectifs :
1/ rehausser la couleur de la bordure 2/ estomper la limite avec l’émail rose, la rendre moins nette.
Seuls les essais avec uniquement un ajout de Fer (1, 2, 3) sont acceptables. Tous les autres essais avec un autre oxyde n’apportent rien de plus.
A gauche, oxyde de Fer au dessous de l’émail rose, à droite, oxyde de fer au dessus de l’émail rose.
Donc j’applique l’oxyde de fer rouge (le jaune ou le noir n’apportent rien de plus) au dessous de l’émail pour donner cette couleur grise. J’évite un trait rectiligne en me servant de la petite poire pour l’appliquer. Une fois l’émail rose appliqué par dessus l’oxyde de fer rouge, je parsème quelques touches d’oxyde de fer rouge par dessus avec la poire.
Finalement, seul l’oxyde de fer rouge est intéressant en bordure:
Il est intéressant non seulement par sa couleur brune mais aussi par le fait qu’il ne présente pas de risque pour un usage alimentaire, en étant déposé sur le bord « buvant » de la pièce.
Il reste seulement à savoir comment le déposer: au pinceau ou simple appui sur une assiette en contenant ?
Réponse : au pinceau!
J’ai essayé la poire, l’application directe, mais seul le pinceau fin donne un beau résultat. Si je veux obtenir une ligne brun-doré, j’applique au pinceau le jus d’oxyde de fer par dessus l’émail rose (over-glaze). Si je veux du gris clair je le mets en-dessous (under-glaze).
7 juin 2025: Deux courbes de cuisson
donnent deux teintes différentes
Cuisson four électrique A gauche: 1280°C A droite 1200°C
Cet émail se cuit normalement à 1200°C (cône 6). A droite, cuisson en four électrique en oxydation, ce qui donne un rose pâle. Le même émail dans le même four avec une cuisson à 1280°C (cône 9) donne un rose foncé.
L’émail a bien résisté à 1280°C. Ce n’est pas recommandé, il vaut mieux pour obtenir un rose plus foncé enrichir l’émail décrit ci-dessus en oxyde de chrome à 0,06 ou 0,08% en ajoutant Zyrconium et Bentonite comme précisé plus haut
21/01/2025: Je me prépare à faire de nouveaux essais d’émaux en utilisant des cendres locales à base de peuplier, de chêne et d’eucalyptus issues de la forêt voisine (voir le chapitre fabrication d’émaux). Comment savoir si ces émaux seront résistants aux contraintes physico-chimiques d’un usage quotidien? ( les risques inhérents à la composition chimique de l’émail sont du ressort du test en laboratoire (voir le chapitre règlementation des émaux).
Mon conseil: avant de faire les essais prendre deux photos de la pièce sous deux angles et éclairages différents. Objectif attendu des essais: pas de trace visible (couleur, texture, brillance, fendillement, traces résistantes au nettoyage, étincelles au micro-ondes… ) Ci-dessous les 5 tests:
1/Résistance à l’acide: laisser la pièce dans un bol empli de vinaigre blanc pendant 3j. Laisser le jus d’un citron entier dans la pièce pendant une nuit. Objectif attendu: pas de trace visible (couleur, texture, brillance)
2/Résistance aux chocs thermiques: une goutte d’encre dans la pièce et la placer une nuit dans le congélateur. Après une nuit au congélateur, préchauffer le four de cuisine à 180°C et y placer la pièce pendant 5 min. Objectif attendu: pas de trace visible
# commentaire: mieux vaut utiliser l’encre. Congeler et placer dans le four n’est probablement pas une bonne idée car même si l’émail résiste, c’est le grès qui risque de casser.
3/ Résistance aux alcalis: tremper la pièce pendant 6h dans une solution à 5% de cristaux de soude simule approximativement 250 passages en lave-vaisselle. Placer la pièce dans le lave-vaisselle pendant plusieurs semaines.
4/ Test au micro-ondes: placer la pièce dans un micro-ondes avec un verre d’eau et stopper toutes les 10 sec. et attraper la pièce à mains-nues. Poursuivre la démarche jusqu’à ce que l’eau du verre soit bouillante: la pièce doit pouvoir être prise en main. Laisser la pièce emplie d’eau dans le micro-ondes pendant une minute. Le niveau d’eau ne doit pas diminuer.
5/ Résistance aux griffes: faire fonctionner un fouet métallique dans la pièce
Si tous ces tests sont passés avec succès, la pièce est déclarée résistantes aux chocs physico-chimiques de la vie domestique ce qui est déjà très bien. Pour être en accord avec la législation, il reste à s’assurer de son absence de nocivité pour l’usage alimentaire grâce à un test de laboratoire.
07/01/2025 Achat d’un petit four électrique pour préparation des émaux
La création d’émaux nécessite de faire de multiples essais sur de petits volumes, sur des tuiles, des tessons. Les fours électriques de 100L de l’atelier ne correspondent pas à cette utilisation.
Je cherche un four de 15 à 20L max, vertical ou frontal montant à 1300°C. Le programmateur doit me donner 6 programmes sur au moins 10 segments.
Ce four doit permettre de faire varier la décroissance de température. Enfin, il doit être possible d’établir des paliers en descente comme en montée de température.
Après enquête, je suis allé à Ceram Décor à StAgnan (Tarn) où j’ai commandé le Top16R de Nabertherm de contenance 16L, avec programmateur adéquat. Installation prévue dans 2 semaines.
Ce four de 16 litres alimenté en courant continu me donne satisfaction. Je l’utilise pour le dégourdi des tessons, tasses et petits gobelets et pour la cuisson des émaux lors des essais ou de petites pièces.
Le programmateur doit être choisi en même temps que le four
Il existe 3 types de programmateurs Nabertherm 500 :
Contrôleur de Base B500/B510 : 5 programmes/ 4 étapes
Contrôleur Confort C 540/C550: 10 programmes/ 20 étapes
Précise à l’avance quel type de programmateur tu choisis car celui-ci correspond à chaque type de four. Le constructeur allemand étalonne le four et le programmateur avant l’expédition. Le type contrôleur Confort que j’ai choisi offre une gamme de programmes et d’étapes largement suffisante, permettant de faire des paliers aussi bien en montée de température qu’en descente.
Composer ses propres émaux est un travail de recherche et de laboratoire.
I/ Prenons un exemple concret qu’on appellera OA (Oak Ashes)
Objectif: créer un émail noir ou brun sombre, mat ou semi-mat à partir de cendres de chêne sur grès GSA ( grès de St-Amand ) La composition moyenne du GSA est : Si02 72,07-Al2O3 19,29- MgO 0,4 – Na2O 0,15 – CaO traces – K2O 2,07 – F2O3 1,95 – MnO 0,02 – TiO2 1,18) . Noter qu’elle contient 1,95 de Fe2O3 qui interagit avec l’émail. On essaiera aussi sur un grès blanc W11 (Ceram Decor).
Ia /Le travail de recherche : * Composition de base / **Ajout d’oxydes–
* la composition de base
Pour les émaux sombres, je choisis d’utiliser un émail dont la base sera : cendres de chêne 33% – Feldspath ice 33% – Kaolin 33%:
Composition des cendres de chênes de Céradel : SiO2 1- Na2O 2- K2O 35- MgO 17- CaO 23- P2O5 17- MnO 3- Fe2O3 2
Les 3 éléments de base pour appliquer le diagramme de Daniel de Montmolin sont: 0,4 KNaO / 0,28 CaO / 0,29 MgO : cet émail s’inscrit dans le diagramme N° 36
Dans ce diagramme, on place en ordonnées 1,36 SiO2 et en abcisse 0,39 Al2O3. Le rond rouge à l’intersection montre que cet émail est à l’intérieur du tracé. Ceci signifie que le champ de fusion de l’émail est optimal pour la fusion entre 1280° et 1300°. S’il était plus à gauche de la ligne verticale du diagramme, il serait nécessaire d’utiliser une fritte qui apporterait des alcalis.
Deux observations importantes:
Observe les 2 ratios donnés dans Glazy : 1/ ratio SiO2:Al2O3 = 3,46 placé en étoile dans le diagramme de Stull au sein des émaux de type mat ( ratio SiO2/Al2O3 <4 = mat, ratio ratio SiO2/Al2O3 >5 = brillant). 2/ ratio R2O : RO = 0.40 : 0.6 Ce ratio détermine la stabilité de l’émail se rapprochant du « nombre d’or » expliqué par Joëlle Swanett R2O: RO = 0.3 : 0,7
Note bien que la cendre de chêne contient du phosphore en quantité non négligeable. Le Phosphore agit dans les bleus de fer en oxydation « pour une concentration de 0,05 à 0,075, en maintenant la couleur et en intensifiant l’opacité de l’émail » ( cf Daniel de Montmolin page 196). Il paraît inutile d’en ajouter mais on va quand-même en faire varier la concentration pour en juger en ajoutant de la cendre d’os . Sa suppression donnerait un vert-bouteille pâle.
** L’ajout d’oxydes = choix de la couleur.
Le livre de John Britt sur les émaux haute-température et celui de Philippe Pirard sur les jus d’oxydes m’aident à me décider.
Je fais le choix du Fer Rouge Fe2O3. En oxydation à four électrique, il est possible d’obtenir des kakis (rouge sombre) ou des bleus de fer. Je choisis les bleus de fer et suis la recommandation de DDM de faire évoluer la formule vers le diagramme 25 (0,7 CaO, 0,3 KNaO). Mais ajouter de la craie aux cendres de chênes conduit à l’échec selon Glazy et les diagrammes DDM. Je vais donc rester dans les bruns-noirs-kakis.
J’ajoute un influenceur de couleur. L’oxyde de Cuivre ( CuO) est difficile à utiliser. Il abaisserait le point de fusion de la terre et peut donner des picots ou un aspect gondolé. Je vais plutôt utiliser le carbonate de cuivre (CCuO3) car c’est celui dont je dispose. L‘oxyde d’antimoine (Sb2O3) aurait une action illuminatrice surtout avec l’oxyde ferreux, prenant un aspect délavé.
Après la recherche, préparons le travail de laboratoire: 33 essais (Oak ashes), base identique : Cendres 33, Felsdspath Ice 33, Kaolin 33. OA1 : Base seule OA2-OA9: Fer Rouge 1-8% OA10-OA17: Fer Rouge 1-8% + Cendre Os 1-8% OA18-OA25: Fer Rouge 1-8% + Carb. Cuivre 1-8% OA26-OA34: Fer Rouge 1-8% + Oxyde d’antimoine 1-8%
Ci-dessous le tableau des 33 essais prévus: OA1, 2, 3…. A appliquer sur des tessons de 2 terres différentes soit 66 essais.
Liste des 33 essais à partir de la même base (cendres de chêne, feldspath, kaolin) en faisant varier l’oxyde de fer rouge
Ib – Le laboratoire
S’isoler pour 2 bonnes heures et couper le téléphone, il est capital de ne pas être dérangé.
Installer la balance, les mini-pots, les tessons déjà cuits en dégourdis des 2 terres GSA et W11. Marquer les tessons OA1…OA33 à l’engobe noire ou au crayon engobe (tessons préalablement cuits à 980°C)
Préparer 330g de base: 110g de cendres déjà lavées et tamisées (N°80), 110g de Feldspath ice et 110g de Kaolin. Mélanger le tout à sec dans une boîte hermétique. Prélever 10g du mélange pour chacun des 33 pots.
Préparation de la base 10g dans chaque pot en face de 2 tessons de même N° de 2 terres différentes: GSA et W11
Doser les oxydes: pour 1% d’oxyde, préparer [(1:100)x330]:33= 0,1g pour 8% d’oxyde, préparer [(8:100)x330]:33= 0,8g
Balance au millième de gramme
Utiliser une balance au millième avec collerette centrale pour déposer les oxydes
Dépôt des oxydes dans les pots et ajout de 8ml d’eau pour obtenir une densité de l’émail de 1,5
Ic – La courbe de cuisson
Il s’agit d’une cuisson en oxydation, au four électrique TR16 (Nabertherm) de 16 litres que je viens d’acheter spécialement pour la cuisson des essais voir chapitre four électrique). La courbe retenue est la suivante: 100°/h jusqu’à 900°C – 120°/h jusqu’à 1280°C – palier de 10min – palier de 10min à 1145°C puis refroidissement libre. On peut considérer qu’il s’agit d’une cuisson cône 8-9 à haute température
Id – Le résultat
OA1-OA9: Base + Oxyde de fer rouge en concentration croissante de 0% à 8%
Ajout progressif d’Oxyde de fer rouge de 0 à 8% de OA1 à OA9
Commentaires: cet émail est « réussi »
texture soyeuse de l’émail sur tous les tessons. Ne coule pas. Pas de différence entre le recto (2 couches d’émail) et le verso (3 couches)
Pas de différence de texture ou de couleur entre la terre blanche et la GSA
La couleur va de marron clair à marron foncé selon la concentration en Fer
Tesson retenus OA7, 8, 9
OA11-0A17 : Oxyde de fer rouge 1-8% et Cendre d’os 1-8%
Test sur l’apport de phosphore en ajoutant de la cendre d’os: OA10 à OA 17
Commentaires: Le but était de tester le même émail que ci-dessus contenant 1 à 8% d’oxyde de fer en ajoutant de la cendre d’os afin d’observer l’effet du phosphore, à priori inutile car la cendre de chêne en contient déjà. Ceci est confirmé par l’essai: cela ne change pas la texture de l’émail ni sa couleur. Par contre le phosphore abaisse le point de fusion et a fait couler l’émail. Aucun tesson retenu
OA18-OA25: Oxyde de fer rouge 1-8% + Carbonate de cuivre 1-8%
Test de l’apport de Carbonate de cuivre OA18 à OA 25
Commentaires: le marron vire au noir foncé à partir de 5% de carbonate de cuivre. OA21: à 4% de carbonate de cuivre, pas de coulage et couleur marron très foncé. Au delà, OA22 à 25: coulage de l’émail au bas du tesson. Donc le carbonate de cuivre abaisse le point de fusion et liquéfie l’émail mais il assombrit fortement la couleur de l’émail. Tesson retenu OA 21 à 4% Pour une concentration plus forte, tester une cuisson à 1250°C
OA26-OA34: Fer Rouge 1-8% + Oxyde d’antimoine 1-8%
Test de l’apport d’oxyde d’antimoine de OA26 à OA33
Commentaire: L’oxyde d’antimoine ne fait pas couler l’émail, il modifie les nuances de l’émail: il conserve la couleur due à l’apport d’oxyde de fer mais il lui donne un aspect « de cuir vieilli » un peu délavé, une couleur un peu inhomogène. Tessons retenus: OA 31-33 de 6 à 8%
21/01/2025 Préparation d’autres essais de cendres
Depuis quelques jours je recueille et tamise des cendres de bois de peuplier et d’eucalyptus . Je les lave, puis les sèche sur le poêle à bois de la maison et les re-tamise. Ci-dessous la préparation des essais
I/ Essai Cendres de peuplier
Pour la base, j’ai repris les essais réalisés en 2023 et retenu la base des 2 meilleurs que je nomme PA11 et PA21.
Essais Cendres Peuplier : Base + Variations Ox. Fer Rouge/Carb. Cuivre
* Kaolin calciné car les cendres de peuplier sont riches en calcium. Le kaolin calciné diminuerait le risque de tressaillage selon DDM (Daniel De Montmolin).
Composition des cendres de peuplier : CaCO3 64%, K2O 20%, P2O5 9%, SiO2 4%, MgO 1%, AL2O3 1%, Fe2O3 0,2%
Ils sont tous classés « brillants » dans le diagramme de Stull et répondent respectivement aux diagrammes DDM N°28, N°18 et N°36. Leur positionnement à gauche de la ligne verticale justifierait l’utilisation d’une fritte. Décidons de transgresser la règle et voyons le résultat.
Résultat: émail « réussi » , brillant, ce coule pas. Le plus lumineux est le peuplier, le plus doux au toucher est le chêne
Retenus: PC33-3 et CC33-3
15/02/2025 Résultat des essais avec courbe de cuisson Cône 7
Courbe de cuisson: 0-1100° en 11h; 1265° en 2h40, palier de nappage 1265° 30min
– Je retiens une dizaine des émaux les plus réussis et fais la même recette.
– Je fais des variations sur les 3 cendres de bois en conservant la base. V1CC, V2CC et V3CC: cendres de chêne, peuplier et eucalypyus avec 2g de carbonate de cuivre sans oxyde de fer.
– Je fais des apports de métaux broyés et calcinés à la même base des 3 cendres de bois: bronze et copeaux de Titane
– Enfin, je fais des superpositions d’émaux diverses et variées
Retour d’expérience:
Pas de différence notable sur l’ensemble des émaux concernant la cuisson qui est différente, ils sont stables et ne sont pas sous-cuits
Seuls deux émaux ont été retenus sur 150 essais:
# OA 23: cendres de chêne 33g – Feldspath ice 33g – Kaolin 33g- Oxyde de fer rouge 8g, Carbonate de cuivre 8g
Histoire de la commande: au marché d’Auvillar, j’expose une fresque « les musiciens »
Stand à Auvillar
accompagnée d’un flyer qui propose de composer soi-même une fresque à partir de photos, souvenirs, un thème. Le prix est de 15€/carreau. Je propose de m’envoyer la requête à mon adresse mail.
offrez un carreau
Plusieurs personnes intéressées me posent des questions et rapidement, « Vélune » (nom d’emprunt) donne suite. Elle m’adresse une demande commune avec ses frères, en vue de retracer l’histoire de leurs parents. Il s’agit de la période des seventies: leur rencontre, leur mariage… Elle m’envoie quelques photos et décrit un scénario minutieusement préparé dans le détail. Je lui retourne une esquisse en restant fidèle au descriptif. Ayant reçu son accord, je prépare les 12 carreaux en terre noire comme demandé (voir la technique au chapitre carreaux d’argile). Je les colle sur un support de bois et les entoure d’un encadrement de bois. Vélune me déclare être satisfaite du résultat qui répond parfaitement à l’image qu’elle avait en tête.
Nous rapportons ici un témoignage d’un court séjour en Andalousie sur les azulejos (carreaux de céramique émaillés) décorent de nombreux édifices tels que palais et cathédrales. La visite du quartier de Triana à Séville et de la ville de Rambla-Cordoue vaut le détour.
LES AZULEJOS
Les azulejos se retrouvent en mésopotamie, en Egypte et en Perse antique. Ils se sont développés au travers de la culture islamique. Leur développement a été favorisé par la conquête musulmane de la péninsule ibérique au VIIIe siècle.
Les techniques ont évolué au cours des siècles pour atteindre leur apogée au cours de la période nasride des XIIIè et XIVe siècles. C’était peu avant la reconquista et le retrait des musulmans, chassés d’Espagne par les rois de Castille et d’Aragon, leur dernier bastion étant la ville de Grenade.
L‘intrication étroite des cultures chrétienne et musulmane au cours de ces siècles de cohabitation se retrouve au travers de plusieurs édifices. Les plus célèbres sont l’Alhambra de Grenade, l’Alcazar et la Casa de Pilatos à Séville et surtout la mosquée-cathédrale de Cordoue. Il s’agit là d’un immense édifice à base romaine sur laquelle a été érigée une mosquée aux multiples colonnades modifiée enfin en cathédrale. On y découvre une admirable juxtaposition des modes d’expression architecturaux et décoratifs des civilisations musulmane et judéo-chrétienne. Mais..
Les Azulejos de la Casa de Pilatos , sont les plus célèbres et les plus riches. Il s’agit de la résidence seigneuriale la plus importante de Séville. Tous les murs en sont recouverts. Ils représentent divers motifs dont les thèmes floraux, héraldiques ou géométriques. Ces azulejos sont typiques de la renaissance espagnole en première partie du XVIe siècle.
Voici ci-dessous des miniatures des azulejos dont est paré le rez-de-chaussée de la casa de Pilatos:
Voici quelques aperçus de la visite:
Azuelos de l’Alcazar
Alcazar de SévilleAlcazar de Séville
Azulejos de la Casa de Pilatos
Casa de PilatosCasa de Pilatos
Et ici dans la rue, sur les murs d’églises, sur les panneaux indicateurs…
Comment les azulejos ont-ils été réalisés?
Cela peut consister en assemblage de mosaïques juxtaposées » les alicatados » où des pièces de céramique monochrome sont découpées selon un modèle préalablement dessiné. L’apogée de cette technique date du royaume nasride qui siégeait à L’Alhambra de Grenade. Puis…
La technique de la « corde sèche » est un procédé d’origine musulmane, plus économique et plus simple à réaliser. Développée surtout au XVe siècle, elle est encore utilisée aujourd’hui. Elle consiste à délimiter sur le biscuit (au moyen d’une poire à bec fin) les champs de couleur des azulejos par un trait (appelé improprement corde). Celui-ci se compose d’un mélange d’huile et de pigments en poudre tel que l’oxyde de manganèse. Enfin…
On arrive à la technique de l’arête où la délimitation des champs de couleur se fait par de fines arêtes en relief. Il n’y a que 2 cuissons, celle du biscuit qui se fait à 980°C et une 2ème cuisson à basse température entre 980-1080°C après la corde sèche et application des émaux.
Azulejos artisanaux peints ou « à la corde sèche » exposés à la vente
LA POTERIE ANDALOUSE
Triana, quartier de Séville s’étend au bord du fleuve Guadalquivir, lieu ancestral de production de faïences et d’azulejos. C’es un quartier très animé où se trouve le musée de la céramique et des boutiques ou des ateliers de potiers. Les usines ont définitivement fermé leurs portes, la dernière en 2012 étant celle de Manuel Garcia Montalvan.
Entrée du musée de la céramique à La Triana – SévilleIntérieur d’un four avec cagettes à azulejos au fond
Les époques de la céramique à Séville
La renaissance connut l’arrivée à Séville d’un italien Nicoloso Francisco Pisano mort en 1529 à Séville. Il apporte à Séville la connaissance de l’ornementation de la renaissance italienne. Il introduit la peinture au pinceau qui se poursuivra jusqu’à aujourd’hui. Il met en action sa vision commerciale et développe une production semi-industrielle en créant en particulier l’azulejo de arista. Il s’agit de la technique » à l’arête » qui s’est substituée à celle de la corde sèche. Elle a permis à partir d’un moule la reproduction des azulejos à l’identique, avec pour conséquence le développement d’un commerce massif.
La renaissance espagnole
L’époque baroque: après un déclin économique et social de 1650 à 1700 survient au milieu du XVIIIe siècle une extraordinaire vitalité des peintures sur faïence. Elle se manifeste par un équilibre entre une technique plus raffinée et une décoration plus expressive
La période baroque
La révolution industrielle des 19e et 20e siècles est représentée par les méthodes d’un anglais, Charles Pickman (1808-1893). Il introduit d’Angleterre de nouveaux concepts de fabrication, de transport et de stratégies commerciales. Cette période est appelée la seconde renaissance de la céramique sévillane.
La révolution industrielle
La contestation des méthodes industrielles apparait dès le milieu du 19ème siècle. La production industrielle massive s’accompagne rapidement d’une revendication de retour aux méthodes pré-industrielles qui favorise la création artistique
La période contemporaine
Les boutiques et ateliers à la sortie et dans les rues de Triana:
Elles remplacent les usines et proposent à la vente une grande variété de produits de caractère standardisé.
Le musée est construit à proximité du terrain où étaient extraits deux types d’argile depuis l’antiquité. Il donne à voir quelques vases antiques comme ci-dessous.
Vase campaniforme-fin du chalcolithique 2000 a.C.
Il organise chaque année un concours et expose premiers prix obtenus par les artistes avec une grande variété.
Plats ayant obtenu le 1er prix
Masque covid entièrement en céramique
A la sortie de la ville, la zone polygonale industrielle est occupée par de véritables supermarchés de la céramique contigus dont voici un exemple et…
On se sent submergé devant une telle abondance qui ne satisfait pas notre besoin de dénicher des objets simples décorés avec moins d’ostentation. Alors…
On s’arrête au forum de la céramique à Séville : un marché potiers se tient à deux pas de notre hôtel. Découverte d’un stand de vente de matériel « esmalte y barro » intéressant à des prix attractifs et de contact très sympa (le vendeur m’a offert deux outils de sculpture) mais il faut voir le coût du transport. Arrêt au stand de Beatriz Renfigo Ruiz, qui a son atelier à La Triana et à qui j’achète 2 azulejos en photo ci-dessous. Et…
Azulejos de Beatriz Renfigo Ruiz réalisés « à la corde » selon la méthode traditionnelle.
On termine avec le stand d’Isabel Garcia de Valencina de la concepcion (qui s’exprimait très bien en français) dont les poteries en grès nous ont plu, sobres, délicates avec des émaux « maison » de belle composition.