Histoire de la commande: au marché d’Auvillar, j’expose une fresque « les musiciens »
Stand à Auvillar
accompagnée d’un flyer qui propose de composer soi-même une fresque à partir de photos, souvenirs, un thème. Le prix est de 15€/carreau. Je propose de m’envoyer la requête à mon adresse mail.
offrez un carreau
Plusieurs personnes intéressées me posent des questions et rapidement, « Vélune » (nom d’emprunt) donne suite. Elle m’adresse une demande commune avec ses frères, en vue de retracer l’histoire de leurs parents. Il s’agit de la période des seventies: leur rencontre, leur mariage… Elle m’envoie quelques photos et décrit un scénario minutieusement préparé dans le détail. Je lui retourne une esquisse en restant fidèle au descriptif. Ayant reçu son accord, je prépare les 12 carreaux en terre noire comme demandé (voir la technique au chapitre carreaux d’argile). Je les colle sur un support de bois et les entoure d’un encadrement de bois. Vélune me déclare être satisfaite du résultat qui répond parfaitement à l’image qu’elle avait en tête.
Nous rapportons ici un témoignage d’un court séjour en Andalousie sur les azulejos (carreaux de céramique émaillés) décorent de nombreux édifices tels que palais et cathédrales. La visite du quartier de Triana à Séville et de la ville de Rambla-Cordoue vaut le détour.
LES AZULEJOS
Les azulejos se retrouvent en mésopotamie, en Egypte et en Perse antique. Ils se sont développés au travers de la culture islamique. Leur développement a été favorisé par la conquête musulmane de la péninsule ibérique au VIIIe siècle.
Les techniques ont évolué au cours des siècles pour atteindre leur apogée au cours de la période nasride des XIIIè et XIVe siècles. C’était peu avant la reconquista et le retrait des musulmans, chassés d’Espagne par les rois de Castille et d’Aragon, leur dernier bastion étant la ville de Grenade.
L‘intrication étroite des cultures chrétienne et musulmane au cours de ces siècles de cohabitation se retrouve au travers de plusieurs édifices. Les plus célèbres sont l’Alhambra de Grenade, l’Alcazar et la Casa de Pilatos à Séville et surtout la mosquée-cathédrale de Cordoue. Il s’agit là d’un immense édifice à base romaine sur laquelle a été érigée une mosquée aux multiples colonnades modifiée enfin en cathédrale. On y découvre une admirable juxtaposition des modes d’expression architecturaux et décoratifs des civilisations musulmane et judéo-chrétienne. Mais..
Les Azulejos de la Casa de Pilatos , sont les plus célèbres et les plus riches. Il s’agit de la résidence seigneuriale la plus importante de Séville. Tous les murs en sont recouverts. Ils représentent divers motifs dont les thèmes floraux, héraldiques ou géométriques. Ces azulejos sont typiques de la renaissance espagnole en première partie du XVIe siècle.
Voici ci-dessous des miniatures des azulejos dont est paré le rez-de-chaussée de la casa de Pilatos:
Voici quelques aperçus de la visite:
Azuelos de l’Alcazar
Alcazar de SévilleAlcazar de Séville
Azulejos de la Casa de Pilatos
Casa de PilatosCasa de Pilatos
Et ici dans la rue, sur les murs d’églises, sur les panneaux indicateurs…
Comment les azulejos ont-ils été réalisés?
Cela peut consister en assemblage de mosaïques juxtaposées » les alicatados » où des pièces de céramique monochrome sont découpées selon un modèle préalablement dessiné. L’apogée de cette technique date du royaume nasride qui siégeait à L’Alhambra de Grenade. Puis…
La technique de la « corde sèche » est un procédé d’origine musulmane, plus économique et plus simple à réaliser. Développée surtout au XVe siècle, elle est encore utilisée aujourd’hui. Elle consiste à délimiter sur le biscuit (au moyen d’une poire à bec fin) les champs de couleur des azulejos par un trait (appelé improprement corde). Celui-ci se compose d’un mélange d’huile et de pigments en poudre tel que l’oxyde de manganèse. Enfin…
On arrive à la technique de l’arête où la délimitation des champs de couleur se fait par de fines arêtes en relief. Il n’y a que 2 cuissons, celle du biscuit qui se fait à 980°C et une 2ème cuisson à basse température entre 980-1080°C après la corde sèche et application des émaux.
Azulejos artisanaux peints ou « à la corde sèche » exposés à la vente
LA POTERIE ANDALOUSE
Triana, quartier de Séville s’étend au bord du fleuve Guadalquivir, lieu ancestral de production de faïences et d’azulejos. C’es un quartier très animé où se trouve le musée de la céramique et des boutiques ou des ateliers de potiers. Les usines ont définitivement fermé leurs portes, la dernière en 2012 étant celle de Manuel Garcia Montalvan.
Entrée du musée de la céramique à La Triana – SévilleIntérieur d’un four avec cagettes à azulejos au fond
Les époques de la céramique à Séville
La renaissance connut l’arrivée à Séville d’un italien Nicoloso Francisco Pisano mort en 1529 à Séville. Il apporte à Séville la connaissance de l’ornementation de la renaissance italienne. Il introduit la peinture au pinceau qui se poursuivra jusqu’à aujourd’hui. Il met en action sa vision commerciale et développe une production semi-industrielle en créant en particulier l’azulejo de arista. Il s’agit de la technique » à l’arête » qui s’est substituée à celle de la corde sèche. Elle a permis à partir d’un moule la reproduction des azulejos à l’identique, avec pour conséquence le développement d’un commerce massif.
La renaissance espagnole
L’époque baroque: après un déclin économique et social de 1650 à 1700 survient au milieu du XVIIIe siècle une extraordinaire vitalité des peintures sur faïence. Elle se manifeste par un équilibre entre une technique plus raffinée et une décoration plus expressive
La période baroque
La révolution industrielle des 19e et 20e siècles est représentée par les méthodes d’un anglais, Charles Pickman (1808-1893). Il introduit d’Angleterre de nouveaux concepts de fabrication, de transport et de stratégies commerciales. Cette période est appelée la seconde renaissance de la céramique sévillane.
La révolution industrielle
La contestation des méthodes industrielles apparait dès le milieu du 19ème siècle. La production industrielle massive s’accompagne rapidement d’une revendication de retour aux méthodes pré-industrielles qui favorise la création artistique
La période contemporaine
Les boutiques et ateliers à la sortie et dans les rues de Triana:
Elles remplacent les usines et proposent à la vente une grande variété de produits de caractère standardisé.
Le musée est construit à proximité du terrain où étaient extraits deux types d’argile depuis l’antiquité. Il donne à voir quelques vases antiques comme ci-dessous.
Vase campaniforme-fin du chalcolithique 2000 a.C.
Il organise chaque année un concours et expose premiers prix obtenus par les artistes avec une grande variété.
Plats ayant obtenu le 1er prix
Masque covid entièrement en céramique
A la sortie de la ville, la zone polygonale industrielle est occupée par de véritables supermarchés de la céramique contigus dont voici un exemple et…
On se sent submergé devant une telle abondance qui ne satisfait pas notre besoin de dénicher des objets simples décorés avec moins d’ostentation. Alors…
On s’arrête au forum de la céramique à Séville : un marché potiers se tient à deux pas de notre hôtel. Découverte d’un stand de vente de matériel « esmalte y barro » intéressant à des prix attractifs et de contact très sympa (le vendeur m’a offert deux outils de sculpture) mais il faut voir le coût du transport. Arrêt au stand de Beatriz Renfigo Ruiz, qui a son atelier à La Triana et à qui j’achète 2 azulejos en photo ci-dessous. Et…
Azulejos de Beatriz Renfigo Ruiz réalisés « à la corde » selon la méthode traditionnelle.
On termine avec le stand d’Isabel Garcia de Valencina de la concepcion (qui s’exprimait très bien en français) dont les poteries en grès nous ont plu, sobres, délicates avec des émaux « maison » de belle composition.
Il semble que ce soit une activité qui a le vent en poupe. Quand on n’y connaît rien, comment se lancer ? Comment savoir si ça va vraiment me plaire, est-ce que c’est cher, ai-je des aptitudes ou bien est-ce trop difficile pour moi, que me faudra-t-il comme équipement chez moi?…
A mon avis il ne faut pas s’emballer et tu peux commencer à la maison avec de l’argile auto-durcissante qui coûte 20€/5Kg ou bien acheter un pain de grès ou de faïence à 10€/10Kg et la faire durcir en l’enduisant d’huile de lin. Regarde des tutos sur internet et commence en façonnant des objets à la main, en étalant ta pâte au rouleau à pâtisserie ou en sculptant une motte avec des instruments de cuisine. Tu laisses cours à ton imagination et tu peux même partager cette activité entre amis. Navigues sur la toile et lis quelques articles
Si ça te plaît et que tu brûles d’envie d’aller plus loin alors le mieux est sans doute de s’inscrire à un cours de poterie près de chez toi en commençant par le tournage. Tu pourras ainsi répondre à toutes les questions énoncées plus haut. Le coût dépend de la durée du stage. Un cours d’une heure coûte environ 15 à 30€, c’est plus ou moins cher si c’est un cours individuel ou collectif, s’il faut apporter sa terre ou si elle est fournie mais qu’elle doit être achetée (le plus souvent). Un stage d’une journée coûte de 70 à 90€, un stage de 2 jours au cours d’un week-end coûte environ 150 à 200€ et une semaine coûte environ 280 à 350€. C’est cher sans aucun doute mais si tu veux t’équiper toi-même d’emblée tu vas payer plus cher encore car il te faudra acheter les équipements et la formation d’après les tutos sera beaucoup plus longue et laborieuse que si tu prends des cours. Essaie de trouver un stage d’abonnement au mois ce qui n’est pas mal car tu t’obliges à y aller régulièrement, la formation est progressive et les tarifs sont plus attractifs. Les cours te permettent de poser des tas de questions et de comparer tes progrès à ceux des autres ce qui est toujours enrichissant. Surtout, ne te décourage pas et dis toi que la poterie c’est une école de patience et d’humilité. Si tu échoues, tu recommences et c’est valable pour les débutant comme pour les professionnels car les obstacles sur la route sont multiples. Pour être un bon tourneur il faut 10 ans d’expérience au minimum, ceci m’a été confirmé par de nombreux professionnels. Sache que pour faire une série identique de pots, de bols ou autres poteries il te faudra aussi une bonne dizaine d’années de pratique et encore, beaucoup n’y arrivent pas. Tu as fait de jolies pièces, tu les mets à cuire et déception certaines sont fendues et inutilisables. C’est normal, ça nous arrive à tous car il y avait des bulles prisonnières dans l’argile, un défaut de tournage ou un défaut de séchage…
Bon d’accord, tu es mordu(e)s, tu veux t’équiper (tout en continuant les cours) et tu veux aller encore plus loin. Alors tu te poses et tu réfléchis: que veux-tu faire ? C’est pour le plaisir ou pour essayer d’en vivre? Dans tous les cas il te faut un local, un accès à l’eau et à l’électricité et un budget d’équipement pour disposer d’un tour et d’un four sans compter les outils et les consommables. Le local c’est important d’y réfléchir parce-que la cuisson au four électrique dégage des gaz et qu’il faut un local bien ventilé, un garage ou un appentis par exemple. Pense aussi au raccordement électrique car un four peut nécessiter une alimentation triphasée. L’eau c’est moins important de l’avoir à proximité car tu peux disposer de bassines ou de bidons pour l’apporter. Il te faut aussi des étagères à l’abri du soleil et des intempéries pour faire sécher tes pièces. Pense à disposer ton petit atelier en 2 parties distinctes: humide pour la préparation de l’argile et la confection des pièces et sèche pour la cuisson et la décoration. Le budget d’équipement va peut-être d’aider à réfléchir car la poterie c’est une activité relativement onéreuse. Un tour de potier on en trouve à 200€ certes mais si tu veux réellement travailler tous les jours ou du moins plusieurs fois par semaine, alors il te faudra acquérir un tour plus robuste pour un budget de 1200 à 1800€. Un four électrique c’est environ deux fois plus cher mais tu peux tomber sur une bonne occasion. Méfie toi, regarde bien l’état des céramiques à l’intérieur car si elles sont cassées le coût de la restauration sera élevé. Vérifie bien les résistances qui ont une durée de vie limitée selon le nombre de cuissons et dont le remplacement coûte environ 300€. Pense aussi à la consommation électrique qui est de 10€/ cuisson environ. Tu peux aussi faire cuire tes pièces à l’atelier où tu prends des cours mais attention au choix de la terre car la faïence et le grès ne se cuisent pas à la même température. Si c’est pour essayer d’en vivre, vois si tu peux bénéficier d’une formation financée et reporte-toi au chapitre « peut-on vivre de la poterie ? ». Surtout, ne quitte pas la proie pour l’ombre comme dit le dicton car si aveuglé(e) par ton désir de poterie au point que tu envisages de quitter ton emploi actuel (qui te fais vivre) réfléchis plutôt deux fois qu’une car ce n’est pas demain que tu pourras en vivre. Au début, conserve ton emploi, fais de la poterie ton activité de loisirs principale en attendant de faire le grand saut.
La décoration des pièces c’est encore une autre activité pour laquelle il te faudra t’instruire et disposer de livres, documents, ne pas hésiter là aussi à prendre des cours. Ce n’est pas comme pour le tournage où c’est la main qui apprend grâce au contact répété avec la terre. Pour la décoration il faut disposer de connaissances artistiques dans le graphisme, le dessin, la peinture et en somme tous les arts plastiques te seront utiles pour utiliser les engobes qui sont des colorants à base d’argile appliqués plutôt sur la faïence que sur du grès pour en faire des objets de décoration. Pour les émaux qui recouvrent le grès et qui servent à faire des objets utilitaires d’usage alimentaire, c’est très différent. Les émaux sont composés par assemblage de substances chimiques dans des proportions très rigoureuses et il te faudra donc acquérir des bases de chimie. Reporte-toi au chapitre « engobes-émaux« .
La création à partir de la porcelaine est souvent délicate et nécessite un apprentissage en particulier parce-que la porcelaine conserve la mémoire de la forme et qu’il faut savoir la tourner ou la modeler d’un seul jet sans avoir à s’y reprendre. D’autre-part elle est plus fragile que le grès à la cuisson et on a souvent de la casse.
On peut y remédier en utilisant de la porcelaine papier qu’on achète chez son fournisseur habituel, attention au coût : 40€ le pain! . Elle peut s’étaler au rouleau ou à la croûteuse en de fines lamelles avec lesquelles on façonne ses créations comme c-dessous
Porcelaine papier provenant d’AustralieFragment du pain posé sur la croûteuseAprès étalement de la pâte, découpe d’après schémaMontage d’un papillon pour applique murale
01/05/2024 La pièce s’est brisée en la prenant délicatement par le bord des ailes car très fragile en cours de séchage. Peut-être parce que je n’avais assemblé à la barbotine que le dessus des jonctions entre le corps et les ailes et pas encore le dessous mais comment faire pour la retourner sans prendre le risque de la briser? Bonne leçon, à refaire en plus solide dans les jonctions et plus délicat dans la manipulation.
22/11/2023 Un projet de commande pour une amphore à vin en vue pour élaborer un vin du terroir dans sa terre d’origine, idée originale qui va nous amener à comprendre les mécanismes d’échange entre le raisin et son environnement. On part de zéro et tout ce qu’on a fait sur l’argile du jardin va nous servir à produire une argile qui était depuis 2 siècles utilisée par une centaine de potiers qui rayonnaient dans la région. Avant de se lancer dans la fabrication du contenant, un travail préparatoire s’annonce: bien connaître cette argile, dont la composition est déjà connue et référencée mais dont on ne connaît pas la porosité ce qui est essentiel pour le vin. Ceci conditionnera l’épaisseur du vase. Etant limités par le volume du four 65cm de hauteur sur 45cm de largeur, on a décidés de commencer par une amphore ovoïde qui puisse entrer dans le four comme ci-dessous.
Type d’amphore projeté
24/04/2024 En panne car le client n’a plus donné de nouvelles et n’a pas apporté l’argile spécifique donc on va s’orienter vers un autre projet: réaliser une amphore ou une grande vasque qui sera modelée et cuite sur place, inspirée de la coutume africaine. Les réseaux me donnent des pistes: Maryse Sudre « montée très très lente « / Raymonde Duque Vanlerberghe « bien la protéger de l’humidité, du soleil tournant »/ Francis Schmitt « contacter Thiébaut Chaguier à Taintrux dans le Vosges qui a fait un four éphémère pour une oeuvre monumentale/ Yveline Kerdaffrec – La terre en feu « les terres Apache et Rif qui sont micassées et qui polies deviennent très dures et fermées, on peut ajouter de la sigilée de la même terre. La terre doit être parfaitement sèche et la courbe de cuisson très lente les deux premières heures, juste pré-chauffage avec du charbon de bois ou du coke, voir son blog http://laterreenfeu.canalblog.com . Problème de la sole, de l’alandier, faire la pièce sur la sole, c’est jouable » et Françoise Laurent » utiliser une terre réfractaire qui supporte les chocs thermiques et en grosse chamotte: terre Baillet couleur de pastille bleue ou verte pour du grès beige, PRAM pour le grès blanc et RIF qui est ma préférée, rouge avec des paillettes de mica qui convient très bien aux cuissons primitives Les conseils de >Solargil RIF chamotte 35% 0-1,5mm . Cuite vers 800°C résiste aux chocs thermiques, cuite entre 1000°C et 110°C résiste au gel »/
Nous avons commandé 50Kg de terre du RIF chez Solargil et azllons préparer ce projet qui sera mis en oeuvre dans un mois quand la météo sera plus clémente car il ne faut pas trop d’humidité mais temps pas trop sec non plus.
26/04/2025: Aucune nouvelle du demandeur, projet enterré