Juxtapositions d’un émail vert

Comment juxtaposer des nuances d’émail vert ?

Choisir les types d’émaux à juxtaposer. Pour cela, je fais un choix d’oxydes parmi les différents émaux de couleur verte créés précédemment.

L’idée est de déposer au pinceau des strates d’émail juxtaposées et de voir si les couleurs attendues sont préservées ou modifiées.

1ère étape: composer chaque émail

Je compose 100g de base « Vienne 2025 » sans Oxyde d’étain et sans Oxyde de Chrome. J’ai divisé cette base en 4 pots de 25g chacun.

J’ajoute dans chacun des pots :

N°1 Oxyde de chrome 0,025g;

N°2 Oxyde de chrome 0,05g;

N°3 Oxyde de Cuivre noir 0,16g;

N°4 Ox. de Chrome0,082g+Ox. de Cuivre noir 0,082g+Carbonate de Cuivre 0,25g

Je ferme les pots avec leur couvercle et j’agite dans tous les sens pour mélanger la poudre de la base avec l’oxyde.

Je prépare de la CMC diluée dans l’eau à la concentration de 6g/l. J’ajoute 20ml d’eau + CMC dans chaque pot et mélange le tout avec un bâtonnet. Ceci permet d’étaler l’émail au pinceau sans laisser de traces de pinceau.

2ème étape: déposer sur un pot

J’applique les strates d’émail au pinceau en 2 couches selon les N° de pot .

Cuisson Cône 6 en oxydation au four électrique à 1200°C.

L’émail N°1 est vert très clair, comme attendu. Le N°2 ( oxyde de chrome à 0,20g/100g) est vert plus foncé, comme prévu. Aucune trace de l’émail N°3 Oxyde de Cuivre noir déposé en bande. Enfin, l’émail N°4 ne se distingue pas franchement du N°3.

Conclusion: l’application au pinceau de strates d’émail de concentration d’oxydes différentes crée des juxtapositions intéressantes. Mais cette juxtaposition d’oxydes différents entraîne cependant des modifications de couleur. Ici, l’oxyde de chrome a supprimé la couleur sombre attendue de l’oxyde de cuivre noir.

 

Fabriquer un émail vert

Comment faire un émail vert?

Il s’agit de faire un émail de couleur verte destiné à être appliqué sur du grès

Première étape: choisir la base de l’émail

J’ai opté pour un émail cône 6, c’est à dire cuit à 1200°C. Je vais dans Glazy.org

Je vais sur « Recipes » et coche dans mes recherches les rubriques: « White »/Oxydation/Cone6/Glossy/Opaque

J’obtiens une liste d’émaux blancs et en choisis un parmi mes préférés.

Dans cet essai, j’ai pris ma base Vienne 2025 utilisée habituellement pour l’émail rose, duquel j’ai retiré l’Oxyde d’étain et l’oxyde de Chrome.

Il reste la base:  Wollastonite: 25, Ferro Frit 3134: 20, Kaolin: 20, Silice: 20, Feldspath potassique: 15, Zircopax: 5 et Bentonite: 2

Email : BASE

 Vienne 2025

Auteur :

Daniel PORTALEZ

 
Wollastonite   25
Ferro Frit 3134   20
Kaolin   20
Silice   20
Potash Feldspar   15
Oxyde étain   5
Zircopax   5
Bentonite   2

Ensuite, 2ème étape

Deuxième étape: choisir les Oxydes

Aller sur Glazy.org et entrer les critères : « Green »/Oxydation/Cone6/Glossy/Opaque

Je n’ai changé que la couleur. On obtient une liste d’émaux. Je clique sur chacun d’entre eux et ne retiens que les oxydes utilisés. Les trois plus courants sont: Oxyde de Chrome, Oxyde de Cuivre Noir et Carbonate de Cuivre.

Je note les concentrations utilisées pour les types de vert proposés puis…

Troisième étape: faire les essais

OXYDES
1 Ox Chrome 0,66
2 Ox Cuivre noir 0,66
3 Carb Cuivre 0,66
4 Carb Cuivre 1,32
5 Carb Cuivre 2
6 Carb Cuivre 2,64
7 Ox Chr +Ox Cu Noir 0,33 + 0,33
8 Ox Chr + Ca Cu 0,33 + 1
9 Ox Cu N + Ca Cu 0,33 + 1
10 Ox Chr + Ox Cu Noir + Ca Cu 0,33+0,33+1

Je prends 100g de base. Attention, certains composants comme la wollastonite doivent être tamisés au tamis 80.  Je divise par 10 la concentration des oxydes données dans le tableau ci-dessus. Exemple: Oxyde de Chrome 0,066g…

J’ajoute chaque oxyde à la base dans 10 petits gobelets différents numérotés de 1 à 10. J’ajoute 7ml d’eau et mélange soigneusement avec un bâtonnet.

Je dépose au pinceau 3 couches alternées de ce mélange sur chaque tesson également numéroté. Enfin…

Quatrième étape: la cuisson et le résultat

Cuisson en four électrique à 1200°C (cône 6)

1=Ox.Chr 0,66 2=Ox.Cu noir 0,66 3=Ca. Cu 0,66
Ca Cu 3=0,66; 4=1,32; 5=2; 6=2,64

 

7=OxChr+OxCuNoir; 8=OxChr+CaCu; 9=OxCuNoir+CaCu; 10=OxChr+OxCuNoir+CaCu

Les couleurs varient entre le vert et le turquoise

Le plus difficile: faire un choix!

CMC (carboxy-methyl-cellulose)

La CMC ou carboxy-méthyl-cellulose

Qu’est-ce que c’est, à quoi ça sert et comment l’utiliser?

Gel d’origine synthétique, éther de cellulose très hydroscopique, c’est-à-dire qu’il se lie aux molécules d’eau pour former un gel.

Où le trouve-t-on? En pharmacie ou en droguerie ou le commander en ligne

En poterie, il a trois usages:

1/ Faire de la barbotine pour restaurer les fissures d’une poterie crue, avant cuisson.

Voyons la création de la barbotine: 30g/1L d’eau

Prendre 6 g de CMC et les diluer dans 10ml d’eau dans un petit pot en verre, en mélangeant avec un petit bout de bois. Cela donne une gélatine qui colle aux parois. Mélanger jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de grumeaux. Ne pas ajouter de vinaigre blanc comme je l’avais suggéré auparavant. J’ai essayé les deux (avec et sans vinaigre) et incontestablement l’ajout de vinaigre nuit à la propriété collante de la barbotine. Donc, mieux vaut éviter d’en ajouter.

Mettre cette solution dans 200ml d’eau et mélanger au mixeur

Ajouter 150g d’argile sèche, broyée et tamisée au tamis 80

Mélanger au mixeur

On obtient une bouillie épaisse : la barbotine. Elle est utilisée pour réparer les fissures des poteries non encore cuites, pour coller des anses. Si le pot est déjà un peu trop sec, l’humidifier au pulvérisateur là où on veut coller l’anse à plusieurs reprises avant la pose.

Pour l’utiliser, voir « les fissures d’un plat »

2/ Il sert également à restaurer un émail.

L’émail n’a pas collé partout sur la pièce. Par endroits, la terre nue apparaît. Rien de bien grave, chauffe ta pièce (soit sur le four que tu viens de lancer, soit dans le four de cuisine à 180°). Prépare l’émail et ajoute la CMC diluée dans de l’eau en très faible quantité (1g de CMC /10ml d’eau dont tu prélèves 1g pour ton échantillon d’émail). Ainsi, tu peux passer ton émail au pinceau sur la pièce chauffée et la faire recuire.

3/ Appliquer l’émail au pinceau sur un pot

Appliquer l’émail au pinceau sans laisser les traces du pinceau est délicat. Cela demande de l’habileté et de l’entraînement. L’ajout de CMC à l’émail (30g/litre) rend l’émail un peu gélatineux et permet de l’appliquer au pinceau sans laisser de traces. S’il y a encore des traces visibles ( c’est variable selon le type d’émail) on augmente la quantité de CMC jusqu’à 60g/litre).

 

Aplanir une assiette

Une série d’assiettes en grès a séché lentement, entre deux linges et deux rondeaux. Je les ai retournées matin et soir et après séchage, elles me paraissent bien planes.

Après cuisson à 980°C pour le dégourdi, le fond de plusieurs assiettes n’est pas plat. Si je les pose sur la table de la crouteuse, elles dansent un peu lorsque je les manipule.

Comment aplanir le fond d’une assiette?

La vidéo ci-dessous montre comment faire:

1/ Tamiser du sable roux avec le tamis 80  et le déposer sur la table.

2/ Déposer l’assiette sur le sable et la faire bouger avec la main placée dessus.

3/ En la retournant, on voit les traces de sable sur les endroits surélevés qu’on entoure au crayon de papier

4/ Poncer les marques à la meuleuse jusqu’à disparition

5/ Reposer l’assiette sur la table pour vérifier qu’elle est bien plane.

Si ce n’est pas le cas, recommencer l’opération plusieurs fois

Fabriquer des cônes pyrométriques

Cette idée de vouloir fabriquer ses propres cônes pyrométriques  m’est transmise par Michel Ponsa ( Narbonne). Nous l’avons rencontré au marché de printemps de Pech-Celeyran (Aude) le week-end dernier.

Ce potier amateur, créateur inventif, a fabriqué son propre tour, son four-à-gaz et bien d’autres choses… Ce qui va suivre est issu d’un document qu’il m’a remis en main propre. Il  décrit la fabrication d’une montre fusible (cône pyrométrique). En voici les 4 étapes:

Les 4 étapes de la fabrication d’un cône pyrométrique

1/ Disposer d’un moule en plâtre pour le cône

2/ Fabriquer la bouillie

3/ Assembler la poudre selon le type de cône pyrométrique

4/ Mélanger la bouillie et la poudre pour obtenir la pâte

Voyons ces 4 étapes

1/Fabriquer un moule en plâtre

Pour fabriquer un moule, voir la courte vidéo de Marc Duquesnoy  peut aider (remplacer le serpent par un cône). Il vaut mieux ne faire qu’un cône à la fois.

2/Fabriquer la bouillie

Le procédé est issu d’une communication de Clara Giorella, céramiste renommée de nationalité argentine. N’ayant pas retrouvé l’article originel, je reproduis ici le document de Michel Ponsa.

Solution A: 100ml d’eau tiède +3g de CMC * ( carboxy-méthyl-cellulose) disponible en pharmacie ou en droguerie.

Solution B: 40ml d’antigel de voiture (liquide de refroidissement) + 40ml d’eau + 20ml de solution A soit 100ml.

3/ Assembler la poudre avec les composants selon le cône choisi (encore appelée montre fusible)

Les composants sont les mêmes pour les cônes 05a, 06a et 07a destinés à contrôler la cuisson des dégourdis. Ils sont les mêmes pour les cônes 8 à 11 destinés à contrôler la cuisson des émaux haute-température appliqués sur les grès.

960°C – montre 0.7a  (g/%) : 38,2/76,4 Fritte 1254 – 11,8/23,6 Talc – 5,9/11,8 Craie – 23,5/47,0 Silice – 11,8/23,6 Alumine

980°C – montre 0.6a  (g/%) : 34,8/69,6 Fritte 1254 – 10,4/20,8 Talc – 7,8/15,6 Craie – 33,5/67,0 Silice – 13,4/26,8 Alumine

1000°C – montre 0.5a  (g): 30,8 Fritte 1254 – 9,2 Talc – 8,9 Craie – 37,8 Silice – 13,2 Alumine

1250°C – montre 8  (g/%): 21,1/42,2 Kaolin T – 23,5/47,0 Feldspath K  – 10,3/20,6 Craie – 45,1/90,2 Silice – 0/0 Alumine

1280°C – montre 9  (g/%): 21,1/42,2 Kaolin T – 21,1/42,2 Feldspath K  – 9,3/18,6 Craie – 47,9/95,8 Silice – 0,7/1,4 Alumine

1300°C – montre 10  (g): 19,3 Kaolin T – 19,3 Feldspath K  – 8,5 Craie – 51,1Silice – 1,9 Alumine

1320°C – montre 11  (g): 16,4 Kaolin T – 16,4 Feldspath K  – 7,2 Craie –  56,2 Silice – 3,7 Alumine

4/ Mélanger la poudre et la bouillie: la pâte

La préparation du mélange se fait dans un bocal de verre.  Pour 100g de poudre correspondant à la montre choisie (selon la composition ci-dessus) ajouter 35g de solution B. Fermer le couvercle du bocal et bien agiter pour obtenir une pâte homogène.  Pétrir la pâte sur un rondeau en plâtre  avec un couteau. Ensuite, estamper le colombin sur un film plastique qui recouvre la cavité du moule.  Il est recommandé de faire les montres une-à-une. C’est plus facile à manipuler et à démouler.

 

Les cônes pyrométriques

Cône pyrométrique: en quoi ça consiste?

Voir le blog-du-bol de Sarah qui explique ça très bien. En résumé: c’est une petite pièce de céramique en forme de cône qui est placée dans le four pour mesurer la quantité de chaleur au cours d’une cuisson. Lorsque le cône atteint une certaine quantité de chaleur, il va se courber plus-ou-moins. Il s’étale complètement si la chaleur est trop forte pour la mesure. Il sert donc à mesurer le degré de température pendant un temps déterminé.

Comprendre la notion de quantité de chaleur

Si je mets le doigt dans une casserole d’eau bouillante, je ressens la chaleur. Si je ne fais qu’un aller-retour rapide avec le doigt, je ne me brûle pas (ou pas trop). A laisser le doigt ne serait-ce que quelques secondes, je me brûle. Pareil pour faire cuire une viande au four, on pré-chauffe le four pendant 10min à 180° car c’est le temps qu’il faut pour atteindre cette température. Au total, le cône mesure la dynamique de cuisson.

Cônes pyrométriques ou montres fusibles ?

C’est la même chose: les cônes sont également appelés « montres fusibles », terme que je préfère car il indique à la fois la notion de temps et le procédé physique.

Pourquoi utiliser des cônes ?

Ils servent à connaître les performances du four. Celui-ci peut avoir des résistances altérées. Une panne intermittente d’électricité va altérer la cuisson. Ils complètent l’information d’une canne pyrométrique qui donne seulement la température interne instantanée du four.

Le tableau de SEGER

Une grande variété de cônes différents sont conçus pour fondre à une accumulation de chaleur déterminée. Le tableau de référence de Hermann Seger indique les numéros de cônes correspondant à une température déterminée pendant un temps donné au cours des 100 derniers degrés. Selon ce tableau, les 100 derniers degrés sont affichés à 60°C/h pendant 1h40, à 150°C/h pendant 40 min. ou à 15°C/h pendant 6h40 délivrant la même quantité de chaleur. Par exemple, pour le biscuit, on choisit des cônes entre 05 et 08 et pour les émaux des cônes entre 6 et 10.

Où se les procurer ?

On les trouve chez tous les distributeurs de produits pour la céramique, pour un prix d’environ 1,5€/cône, ce qui représente un budget. Il y a des cônes auto-portés qu’on place directement dans le four et des cônes nécessitant un support, un peu moins chers mais qu’il faut savoir disposer sur un support (acheté ou fabriqué en argile). Attention! :  bien respecter l’angle d’inclinaison.

Chez Cigale et fourmi
Cigale-et-fourmi
Support pour cônes pyrométriques
Grand modèle
Petit modèle
cône autoportant

On peut aussi fabriquer ses propres montres fusibles (voir l’article correspondant)

En pratique

image issue de cigale-et-fourmi

Trop cuit à gauche, pas assez cuit à droite, cuisson correcte au milieu

 

On utilise en général 3 cônes placés sur un support comme ci-dessus. Les 3 cônes sont différents et encadrent le cône de référence donné dans le tableau de Seger. Exemple: pour un émail référencé « cône 6 » dans Glazy.org , je choisis des cônes 5, 6 et 7 .

On ne met pas les montres fusibles à toutes les cuissons. Ils sont utiles lors de l’achat d’un four à la 1ère cuisson pour évaluer la cuisson du four . Ils nous informent  que le programmateur étalonne correctement la cuisson demandée et que le four répond à la programmation affichée. Après une trentaine de cuisson, ils informent que le four conserve sa puissance sans altération des résistances. Enfin, ils sont utiles dès qu’on remarque une altération d’un émail par rapport à ce qu’on obtient d’habitude.

Faire une assiette

Faire une assiette, ça a l’air simple mais il faut qu’elle ait la bonne épaisseur, la bonne dimension, qu’elle soit bien plate et pas voilée, sans parler de la déco…comment faire?

On peut la tourner mais franchement je déconseille, c’est fastidieux et pas souvent réussi au séchage (voir l’article sur les fissures). Il faut mieux la modeler en étalant la pâte avec la crouteuse. Voyons les différentes étapes:

1/ Choisir un grès avec chamotte fine 0,2mm ( le grès est à usage alimentaire)

2/ En prélever environ 1Kg, l’aplanir à la main et l’étaler à la crouteuse

On fait plusieurs passages en réduisant progressivement l’épaisseur

A chaque passage on retourne la plaque d’argile et on la tourne d’1/4 de tour

jusqu’à l’épaisseur voulue, ici un demi-pouce (un pouce = 2,54cm). La demi-graduation égale 1/8 d’inch (pouce) soit 3,175mm d’épaisseur choisie pour une assiette de 25,4cm (10 pouces ) de circonférence (voir ajustement en fin d’article)

3/ Bien lisser la pâte avec une éponge fine humide afin d’enlever les traces de la toile. Mettre un rondeau par dessus et découper tout-autour

4/ Renverser le rondeau et le placer sur la girelle du tour

5/ Prendre le diamètre et découper à la dimension choisie

6/ Lisser avec l’éponge fine

On peut relever le bord à la demande avec un outil à bord mousse en contrôlant l’intérieur avec le doigt et le tour est joué.

7/ On laisse sécher sur un rondeau. Recouvrir d’un morceau de drap et un rondeau plus petit par dessus. Retourner l’ensemble matin et soir jusqu’au séchage.

8/ Tournassage: facile car c’est bien plat, juste affiner le bord avec un papier abrasif fin.

9/ Cuisson : température maximum 980°

10/ Déco: émaillage à haute-température car destiné à un usage alimentaire

11/ Tests de résistance physique et test de l’émail en laboratoire avant de la proposer à la vente

18 mai 2025 Ajustements

J’ai réduit de moitié l’épaisseur des assiettes et des plats qui font désormais 1/16ème d’inch soit 1,588mm. Je les dépose entre deux rondeaux et recouvre d’un sac de sable. Je les laisse sécher une dizaine de jours avant de les poncer au papier-verre fin.

 

 

Les fissures d’un plat

Les fissures traversantes au fond d’un plat

Une fissure apparaît au séchage sur le fond d’un plat.

Si elle n’est pas traversante on peut la réparer.  Préparer de la barbotine de la même terre mélangée à du papier hygiénique broyé ( ou de la carboxy méthyl cellulose ou de la colle à papier peint) et à du vinaigre blanc. Pour un pot à yaourt , mettre 2 segments de papier hygiénique et une cuillère-à-café de vinaigre blanc avec la terre et de l’eau et bien mélanger à la cuillère. Humecter la fissure, la gratter au scalpel et lisser. Pour en savoir plus, consulter l’article d’Emilie des neo-céramistes

Si elle est traversante, inutile d’essayer de la réparer ça ne marche pas, elle revient au séchage.

Ci-dessous, fissure traversante d’un plat-à-tarte en terre-à-feu.

La fissure traversante se voit à l’endroit et à l’envers du fond du plat. Je l’ai observée sur nombre de plats-à-tarte. J’ai essayé au tournage de bien étaler la terre en la ramenant vers le centre et en l’écartant vers le bord plusieurs fois, de bien éponger le fond à l’éponge, rien n’y fait, une fois sur deux j’ai ce problème récurrent. Les plats partent systématiquement au recyclage. D’où cela vient-il ?

Cela provient d’une rétraction inégale de la terre, par inclusion d’une bulle. La solution ( mais peut-être n’est-ce pas la seule): en fin de préparation de la terre sur la plaque de plâtre, constituer un cône (image de gauche) puis installer la motte avec le cône inversé sur la girelle (image de droite). Cela évite d’emprisonner des bulles.

Résultat, je n’ai plus trop de souci sauf avec de la terre recyclée insuffisamment préparée qui peut contenir des bulles. Ci-dessous un plat sans fissure

Si la fissure apparaît après la cuisson du biscuit, le plat est mis au déchet, impossible de réparer.

 

L’émail noir: Temmokus?

12/02/2025 Choisir un émail noir

Christine Ladevèze aborde le sujet dans La revue de la céramique et du verre N°180 -Octobre 2011. Venus de Chine de la dynastie des Song (960-1279), les Temmoku (ou tenmoku) comprennent des bruns noirs cuits en oxydation ou en réduction et servaient de revêtement à des bols-à-thé faits en argile commune riche en fer.
L’oxyde de fer est le colorant essentiel pour obtenir du noir, entre 6 et 15% selon la recette choisie. Le pourcentage est fonction de la teneur en calcium, alcalis et alumine.

1/ Test des tuiles 9, 11 et 12 de Christine Ladevèze

Tuile 9 : base B2/diagramme 27 (aussi utilisée pour les rouges de fer
Recette: Feldspath 53 g Craie 14 g Kaolin 12 g Quartz 14 g Talc 7 g
+14 g d’oxyde de fer rouge

Formule molaire unitaire
0,324 KnaO 0,491 CaO 0,50 Al2O3 3,45 SiO2
0,185 MgO 0,30 Fe2O3
Noir semi-mat, anthracite si épais

Tuile 11 : diagramme 22
Base du Kudo-matto (RCV n° 180)
Base teintée aux oxydes de fer et cobalt
Recette: Feldspath 35 g Dolomie 22 g Quartz 25 g Talc 10 g Kaolin 8 g
+4 g d’oxyde de fer et 4 g de cobalt
Formule molaire unitaire 0,165 KnaO 0,5 MgO 0,27 Al2O3 2,57 SiO2
0,325 CaO

Noir miroir

Tuile 12 : diagramme 25
Base teintée aux oxydes de fer et cobalt
Recette: Feldspath 41 g Craie 16 g Quartz 25 g Kaolin 18 g
+4 g d’oxyde de fer et 4 g de cobalt
Formule molaire unitaire 0,314 KnaO 0,686 CaO 0,60 Al2O3 4,45 SiO2

Oxydation en four électrique. Courbe de cuisson: 100°/h pendant 11h jusqu’à 1100°C puis 60°/h pendant 2h40min jusqu’à 1265°C puis palier de nappage 35min soit 14h de cuisson.

Dilution: 75ml d’eau pour 100g soit une densité de 1,5-1,55

2/ Les émaux noirs des cendres de bois

Mes essais précédents sur les cendres de chêne, de peuplier et d’eucalyptus ont donné des résultats intéressants: OA 21, CVPR 11 et PVPR 11 (voir chapitre « fabriquer un émail »

OA 21: Diagramme 42, émail à base de cendres de chêne, mat, soyeux lisse, de couleur cuir vieilli

Recette: Cendre de chêne 33g, Feldspath ice 33g, Kaolin 33g, Oxyde de fer rouge 4g, Carbonate de cuivre 4g. Pour obtenir une couleur plus noire, augmenter dans les mêmes proportions Oxyde de fer rouge et Carbonate de cuivre: 5g/5g…8g/8g

Formule molaire 0,54 KnaO 0,25 CaO 0,12 Al2O3 1,32 SiO2
0,18 MgO 0,07 Fe2O3, 0,19 P2O5

 

Cendres de chêne, couleur cuir vieilli

CVPR11 : Diagramme 28, émail à base de cendres de chêne, semi-brillant

Recette: Cendres de chêne 40g, Feldspath potassique 40g, silice 20g, Oxyde de fer rouge 4g, Carbonate de cuivre 0,5g

Formule molaire : 0,41 KnaO 0,28 CaO 0,12 Al2O3 1,32 SiO2
0,29 MgO 0,05 Fe2O3, 0,08 P2O5

Cendres de chêne, couleur brunâtre

PVRP 11: Diagramme 26, émail à base de cendres de peuplier, semi-brillant

Recette: Cendres de peuplier 40g, Feldspath potassique 40g, silice 20g, Oxyde de fer rouge 4g, Carbonate de cuivre 0,5g

Formule molaire :  0,26 KnaO 0,73 CaO 0,12 Al2O3 1,26 SiO2
0,02 MgO 0,04 Fe2O3, 0,04 P2O5

cendres de peuplier, couleur brun-noir, brillant

Oxydation en four électrique. Courbe de cuisson: 100°/h pendant 11h jusqu’à 1100°C puis 60°/h pendant 2h45min jusqu’à 1280°C puis palier de nappage 30 min , décroissance et palier 10min à 1145°soit 14h de cuisson.

Dilution: 75ml d’eau pour 100g soit une densité de 1,5-1,55

Commentaires: un peu trop haut en cuisson car aspect coulant des émaux au delà de la concentration 5/5g Oxyde de fer rouge/carbonate de cobalt. Donc revenir à une cuisson à 1260° selon la courbe de C. Ladevèze.

Recherche sur un émail rose

On obtient du rose avec 0,02g d’Oxyde Chrome et 5g de Dioxyde de Titane

A partir de 0,05g d’Oxyde de Chrome, on obtient du bordeaux

Le rose retenu est celui à 0,04g d’oxyde de chrome

L’ajout de Zirconium et de Bentonite pour 0,04g d’oxyde de chrome lui donne une couleur un peu plus soutenue, plus d’éclat, c’est cette recette qui est retenue in fine et appelée « Vienne 2025 » :Wollastonite 25%, Ferro Frit 3134 20%, Kaolin 20%, Silice 20%, Feldspath potassique 15%, Oxyde d’étain 5% et Oxyde de chrome 0,04% Zirconium 5% Bentonite 2%

26/02/2025: Préparation d’un seau d’émail de 4.481g : W1000g, F3134 800g, K 800g, S800g, FP 600g, OE 200g, OC 1,6g, Z 200g, B 80g. Résultat sur deux coupelles: un rose très pâle. Je m’en doutais car 1,6g d’oxyde de chrome dilué dans une telle quantité d’émail peut entraîner une dispersion moléculaire inhomogène. J’en ai ajouté 0,8g en le diluant dans 10ml d’eau et les nouveaux essais sont concluants, le rose est plus foncé.

26/02/2025 Comment personnaliser cet émail ?

Avant de passer à la production, tentons de nouveaux essais sans changer la recette. J’essaye d’obtenir un liseré de couleur différente sur la bordure du haut :

Essais bordure N°1

Je trempe tous les tessons une seule fois dans le seau d’émail Vienne 2025 et me munis de 11 gobelets. Dans chaque gobelet est  introduit 4g de l’émail Vienne 2025 prélevé dans le seau d’émail déjà préparé. Dans chaque gobelet est ajouté successivement: 1/ Ox.Fer Rouge 0,032g 2/ Ox. Fer Rouge 0,064g  3/ Ox. Chrome 0,0036g  4/ Ox. Fer Jaune 0,035g  5/ Ox. Fer Noir 0,035g 6/ Carb. Cobalt 0,035g 7/ Ox. Cobalt 0,002g 8/ Rutile 0,035g 9/ Carb. Manganèse 0,035g 10/ OA23 prélevé dans le seau d’émail OA 23. La conversion en pourcentage correspond à une concentration de: 1/ Ox.Fer Rouge 0,8% 2/ Ox. Fer Rouge 1,6%  3/ Ox. Chrome 0,09%  4/ Ox. Fer Jaune 0,8% 5/ Ox. Fer Noir 0,8% 6/ Carb. Cobalt 0,8% 7/ Ox. Cobalt 0,05% 8/ Rutile 0,8% 9/ Carb. Manganèse 0,8% 10/ OA23 au pinceau

Email rose Vienne 2025 et bordures avec oxydes

L’émail Vienne 2025 sort renforcé en bordure par l’Oxyde de Fer Rouge, par l’Oxyde de Chrome, surtout par le Rutile, un peu par le Carbonate de Manganèse. Peu ou pas d’effet avec l’Oxyde de fer Jaune ou Noir. L’Oxyde de Cobalt et le Carbonate de Cobalt sont de couleur bleu foncé et claire, sans surprise. L’OA 23 à base de cendres de chêne détruit la couleur rose de l’Oxyde de chrome qui devient vert.

Essais bordure N°2

Préparation d’un nouveau seau d’émail Vienne 2025  en respectant scrupuleusement les concentrations puis grattage au scalpel et essuyage soigneux de la bordure du haut et application en deux couches au pinceau d’un nouvel émail :

N°1  Feldspath potassique 50g Craie 10g Kaolin 12g  Rutile 20g                               N°2  Idem + Rutile 20g + Carb. de Manganèse 10g                                                         N°3  Idem + Rutile 20g + Ox.Fer Rouge 10g                                                                N°4  Idem + Titane 20g                                                                                                           N°5  Idem + Ox. Fer Jaune 10g                                                                                            N°6  Idem + Titane 10g  + Ox. Fer Noir 10g                                                                      N°7  Vienne 2025* + Rutile 10g                                                                                             N°8  Vienne 2025* + Titane10g                                                                                             N°9  Vienne 2025* + Rutile 10g + Titane 10g                                                                    N°10 Vienne 2025* + Rutile 10g + Carbonate de Manganèse 10g                              N°11 Vienne 2025* + Titane 10g + Carbonate de Manganèse 10g 

* : Deux trempages successifs  des tessons dans le nouveau seau d’émail  rose

Question en suspens: la courbe de cuisson?  car l’émail rose se cuit à cône 6  à 1200° alors que les autres se cuisent à cône 8 – 1260°. Que va-t-il sortir de cet assemblage d’émaux à la cuisson de 1200° cône 6?

 Résultat:

La couleur rose tirant sur le violet est réussie. De 1 à 11 l’émail est issu du petit seau d’émail que j’ai refait, il est uniforme. Pour le 12 l’émail est issu du grand seau pour lequel j’avais un doute sur la concentration. Il est plus clair et il demande seulement un ajout de chrome. La cuisson est bonne, les 2 couches d’émail sont homogènes.

Pour les bordures, je n’aime pas du tout. L’émail que j’ai ajouté est mat et jaune ou marron. Consolation, je sais désormais faire un jaune mat.

Ci-dessous l’essai de Chantal:  une bordure d’Oxyde de Fer Rouge dilué dans de l’eau directement sur le tesson puis émail rose. On obtient une bordure gris clair assez jolie.

Essais bordures N°3

Application de la méthode ci-dessus en utilisant de l’oxyde de fer noir, jaune ou rouge utilisé seul ou avec un autre oxyde  Rutile, Titane, Carbonate de Manganèse.  Ils sont dilués dans l’eau et appliqués sous ou sur l’émail Vienne 2025. Dans quel objectif?

 Il y a deux objectifs :

1/ rehausser la couleur de la bordure                                                                          2/ estomper la limite avec l’émail rose, la rendre moins nette.

N°1b/1c: Ox.Fer Rouge   N°2b/2c: Ox. Fer Jaune  N°3b/3c: Ox. Fer Noir          N°4b/4c: OFR+Rutile       N°5b/5c: OFJ +Rutile      N06b/6c: OFN+Rutile                          N°7b/7c: OFR+C. Mn        N°8b/8c: OFJ+C. Mn       N°9b/9c: OFN+C.Mn                           N°10b/10c: OFR+Ti          N°11b/11c: OFJ+Ti          N°12b/12c:OFN+Ti                             N°13b/13c:OFR+Ti+Ru    N°14b/14c:OFJ+Ti+Ru   N°15b/15c:OFN+Ti+Ru                       N°16b/c:OFN+Ru+C.Mn  N°17b/c: OFJ+Ru+C.Mn N°18b/c:OFN+Ru+C.Mn

Résultat:

Seuls les essais avec uniquement un ajout de Fer (1, 2, 3) sont acceptables. Tous les autres essais avec un autre oxyde n’apportent rien de plus.

A gauche, oxyde de Fer au dessous de l’émail rose, à droite, oxyde de fer au dessus de l’émail rose.

Donc j’applique l’oxyde de fer rouge (le jaune ou le noir n’apportent rien de plus) au dessous de l’émail pour donner cette couleur grise. J’évite un trait rectiligne en me servant de la petite poire pour l’appliquer. Une fois l’émail rose appliqué par dessus l’oxyde de fer rouge, je parsème quelques touches d’oxyde de fer rouge par dessus avec la poire.

Finalement, seul l’oxyde de fer rouge est intéressant en bordure:

Il est intéressant non seulement par sa couleur brune mais aussi par le fait qu’il ne présente pas de risque pour un usage alimentaire, en étant déposé sur le bord « buvant » de la pièce.

Il reste seulement à savoir comment le déposer: au pinceau ou simple appui sur une assiette en contenant ?

Réponse : au pinceau!

J’ai essayé la poire, l’application directe, mais seul le pinceau fin donne un beau résultat. Si je veux obtenir une ligne brun-doré, j’applique au pinceau le jus d’oxyde de fer par dessus l’émail rose (over-glaze). Si je veux du gris clair je le mets en-dessous (under-glaze).

7 juin 2025: Deux courbes de cuisson

donnent deux teintes différentes

Cuisson four électrique A gauche: 1280°C A droite 1200°C

Cet émail se cuit normalement à 1200°C (cône 6). A droite, cuisson en four électrique en oxydation, ce qui donne un rose pâle. Le même émail dans le même four avec une cuisson  à 1280°C (cône 9) donne un rose foncé. 

L’émail a bien résisté à 1280°C. Ce n’est pas recommandé, il vaut mieux pour obtenir un rose plus foncé enrichir l’émail décrit ci-dessus en oxyde de chrome à 0,06 ou 0,08% en ajoutant Zyrconium et Bentonite comme précisé plus haut