La résilience du potier

Tout ça pour rien!

Je passe huit heures à monter une statue

Montage de la statue en grès chamotté sur un socle de grès rouge

Après la pose de sa cape, je retourne la statue et enfile l’orifice laissé pour le cou sur une tige métallique fixée à un support en bois. Jusque là tout va bien.

Pour façonner la tête je positionne la statue sur un support horizontal.

En un rien de temps, la statue s’est brisée

La statue brisée part dans la bassine pour recycler la terre

Et on recommence

Après l’échec, tu es dépité. Puis tu réfléchis. Je dois recommencer à zéro mais avec une meilleure méthode

Installer un support adapté

 

Barres métalliques verticales fixées au support

Utiliser des fils de Kanthal

Les jambes sont montées le long de fils de kanthal

 

L’inclinaison de la jambe suit l’axe d’une tige de métal

… et des croisillons pour l’armature interne

Pour assurer le solidité, je place des croisillons en argile à l’intérieur des tubes au fur et à mesure du modelage

Question : comment va-t-elle tenir debout?

La statue penche en avant au delà du centre de gravité afin de simuler la marche. Elle ne tient debout que grâce aux supports. Comment la faire tenir debout dans le four et après la cuisson?

Pour la cuisson, je la calerai au mieux dans le four. Après la cuisson je la soutiendrai au moyen d’un support métallique.

Ne pas dépasser la hauteur du four

La hauteur du four est de 64cm, hauteur à respecter pour la statue si je veux la cuire en un seul morceau.

*

Je coupe et recolle une jambe qui me parait trop longue. Pour soutenir les larges manches des bras j’incorpore des fils de kanthal se prolongeant dans le corps.

Je place la tête sur les épaules. Le chapeau sera posé dessus sans dépasser les 64cm de hauteur de l’ensemble afin de ne pas dépasser les limites du four. Le bâton du bras droit est un tube d’argile, fragile, ce qui fait sa valeur. Il faut également poser la veste sur les épaules mais je l’ai déjà fait, ce n’est pas très compliqué.

J’avance dans le projet mais plus je progresse et plus je m’interroge: comment faire tenir tout ça ensemble? comment assujettir ce corps penché vers l’avant avec ses bâtons posés au sol?

Je ne vois qu’une solution: une fois terminé le montage de la statue, je coule un sol en argile qui simulera le chemin et qui réunira les pieds et les bâtons.

14 Juillet 2025: la statuette est terminée

Prochaine étape: retirer délicatement les fils métalliques et la décoller de son support. Espérons qu’elle ne se brisera pas. Je dois aussi faire un trou dans le corps sous la cape. Après cuisson, ce trou me permettra d’y introduire un support métallique.

Nouvel échec

Après avoir mis des cales dans le four à bonne hauteur, je me prépare à l’y déposer. Sans voir rien heurté, les jambes, une main et les bâtons se brisent.

J’en tire comme leçon que faire une statue en déséquilibre avec des éléments aussi fragiles est une tâche trop difficile pour moi. Je dois revoir à nouveau ma copie.

Je laisse passer quelques jours et me remettre au travail.

19/07/2025 Restauration

Je restaure la statue en remodelant le bas des jambes, les pieds et une main. Du coup, je lui donne moins d’allure de mouvement. Je positionne le centre de gravité  entre les jambes pour la faire tenir debout. Je retire les bâtons et sculpte les mains pour y placer secondairement des bâtons en bois.

Enfin, je dépose une engobe de terre noire sur la cape et la place debout dans le four. Pourquoi une engobe noire ? Si la statue supporte la cuisson, je vais tenter de l’émailler. Je souhaite  superposer une émail blanc craquelé sur terre noire. Je la cale avec des pots déjà biscuités non émaillés.

Il manque le bouquet final lors de l’ouverture du four dès demain.

 

La courbe de cuisson en céramique

Une mauvaise cuisson des céramiques peut engendrer des défauts et aussi un risque de casse. Il faut assimiler les règles de base. Les subtilités viennent à l’usage.

A titre d’exemple, clique sur le lien  » Courbe de cuisson Rhode » . Tu trouves un résumé en 2 tableaux de ce qu’il te faut connaître pour la cuisson en four électrique. 

Ci-dessous ces tableaux annotés:

Faïence

Biscuit de faïence 1020°C —->   Température à atteindre: 1020°C
Rmp1: 80°c/h                       —–>   1ère partie 80°c /h jusqu’à 600°C
jusqu’à Tmp1: 600°c                      soit 7h 30min
Rmp2: 100°c/h                     ——>  2ème partie 100°c/h jusu’à1020°c
jusqu’à Tmp2: 1020°c                    soit 4h 20min

Durée totale: 11h 50min

Émail de faïence 1000°C —->   Température à atteindre: 1000°C
Rmp1: 100°c/h                    —->   1ère partie 100°c /h jusqu’à 900°C
jusqu’à Tmp1: 900°c                    soit 9h
Rmp2: 80°c/h                       —->   2ème partie 80°c /h jusqu’à 1000°C
jusqu’à Tmp2: 1000°c                  soit 1h et 15min
T2: 1000°c pendant 15 min.—> palier à 1000°c pendant 15min

Durée totale : 10h 30min

Grès et porcelaine

Dégourdi de grès 980°C —->   Température à atteindre: 980°C
Rmp1: 80°c/h                    —–>   1ère partie 80°c /h jusqu’à 600°C
jusqu’à Tmp1: 600°c                  soit 7h 30min
Rmp2: 100°c/h                   —->   2ème partie 100°c /h jusqu’à 980°C
jusqu’à Tmp2: 980°c                  soit 3h 48min

Durée totale 11h 18min

Émail de grès 1260°C / 1280°C—-> Température à atteindre: 1260/1280°C
Rmp1: 100°c/h                            —–>   1ère partie 100°c /h jusqu’à 900°C
jusqu’à Tmp1: 900°c                             soit 9h
Rmp2: 80°c/h                               —->   2ème partie 80°c /h jusqu’à 1260°C
jusqu’à Tmp2: 1260°c                          soit 4h45min
T2: 1260°c pendant 15 min.     —–> palier 1260°C pendant 15min

Durée totale 15h

A titre d’exemple, ci-dessous une courbe de cuisson du « blog-du-bol »

Les 4 règles à bien connaître:

Pour le biscuit:  la faïence se cuit plus haut (1020°C) que le grès(980°C)

Et pour l’émail : c’est l’inverse

Le biscuit : 1ère partie plus lente (80°C/h) que la 2ème partie (100°C/h)

Et l’émail   : c’est l’inverse

Les 4 phases de la cuisson

Le séchage: 25 à 100°C

Les pièces sont plus ou moins sèches selon la saison, le temps de séchage avant cuisson, le type d’argile…La 1ère phase de cuisson vise à finir le séchage qui est atteint à 100 ºC.

Le Chauffage : 100° à 600°C

Transformation allotropique du quartz et évaporation de l’eau structurale des minéraux argileux.

La vitrification: 600°C à la fin de la cuisson

Véritable cuisson: changements physiques et chimiques qui transforment de manière irréversible l’argile en céramique durable.

Le refroidissement:

Décroissance de la température à four fermé (ne pas ouvrir avant d’avoir atteint les 50°C pour éviter un choc thermique). Selon la température extérieure, c’est plus ou moins long, le four ne consomme aucune énergie. Pour certains émaux il peut être utile des paliers de refroidissement.

Programmateur, sonde pyrométrique et cônes pyrométriques

La courbe de cuisson s’établit sur le programmateur du four. La température s’affiche sur l’écran au fur-et-à-mesure de la cuisson. La température de cuisson finale des pièces ne correspond pas à celle affichée par l’écran. L’écran affiche la température instantanée transmise par la sonde pyrométrique du four. Elle ne prend pas en compte le cumul de chaleur en fonction du temps d’exposition des pièces. La température réelle des pièces s’évalue grâce aux cônes pyrométriques (ou montres).

Un conseil: ne programme pas cinquante courbes, tu vas t’y perdre. Choisis deux courbes pour la faïence (biscuit et émail) et quatre courbes pour le grès (une pour le dégourdi) et trois pour l’émail (  1200°C – 1260°C et 1280°C) c’est largement suffisant.

Modeler un lièvre

Je vais modeler deux lièvres, or, je ne me souviens plus comment j’ai fait les précédents

Je retrouve mon lièvre initial et prends les mesures pour en faire un dessin à l’échelle 1/2.  En hauteur, je prévois  64 cm jusqu’à la pointe des oreilles, limite autorisée par le four.

Je prends de l’argile chamottée (PRAF) et l’étale afin d’obtenir une plaque de 5-6mm d’épaisseur.

Ci-dessous voici ce qu’il ne faut pas faire

Selon les cotes de mon dessin, je prépare des tubes et des segments de corps et de pattes. Je prévois de les dresser et de les assembler. C’est une bonne idée selon moi sauf que ça ne marche pas. Le gros tube du corps s’effondre, les pattes ne tiennent pas… Je recycle l’argile et recommence de zéro.

Ci-dessous voilà ce qui marche bien

Le support

Je prépare deux plaques en contre-plaqué recouvertes d’une fine pellicule d’argile de même type. Celle-ci me sert à fixer la statue à la plaque de bois.

Les plaques-colombins

Je modèle deux lièvres en même temps en empilant des plaques de 4 à 5 cm  de hauteur disposées à la verticale selon la méthode du colombin. Le colombin est simplement remplacé par les plaques ce qui gagne du temps. A chaque fois je les assemble en utilisant de la barbotine (voir le chapitre CMC) et place un fin colombin en dedans et en dehors.

Le séchoir

Toutes les deux plaques, je durcis l’assemblage au séchoir pour m’assurer de la solidité du support. Pour les pattes, je reprends  les tubes déjà préparés, les assemble au corps et je sèche. Je termine avec la tête en procédant de la même façon. Je la soutiens avec une palette en bois et sèche l’ensemble.

Le pulvérisateur

Quand c’est solide, j’humidifie la statue au pulvérisateur. Je peaufine l’ensemble puis le racle, ajoute un peu d’argile par ci par là.  Je suis satisfait quand il ressemble à un lièvre et pas à un chat.

Le décollement

Après il faut le décoller du support d’argile de la plaque. Au cutter, je détoure tout ce qui colle à la plaque (pattes, arrière-train). J’humidifie au pulvérisateur jusqu’à pouvoir passer un fil métallique entre la statue et la plaque. Pour le premier lièvre, je casse deux pattes que je recolles immédiatement avec de la barbotine. Pour l’autre pas de souci, il se décolle en bloc sans dégât.

Les trous

Enfin, j’ajuste une mèche à la perceuse et perce de petit trous dans le fondement, entre les orteils, sous le menton. Je laisse libres les trous des oreilles qui communiquent avec la tête.

La cuisson

Je place chaque lièvre dans le four électrique à tour de rôle et cuis à 980°C.

Au final,

Tout s’est bien passé, pas d’éclatement, les deux lièvres sont sortis intacts. Je dois maintenant décider de les habiller de leur fourrure: émail, vernis, patine?

 

 

 

Prévoir le diamètre d’une assiette

Question N°1: Quel est le diamètre d’une assiette finie ?

La réponse à cette question est relativement simple:

Une assiette plate mesure 25-26cm (diamètre maximum qui passe en lave-vaisselle standard). Pour une assiette creuse, prévoir 24-25cm. Enfin, une assiette à dessert fait 19-23cm, variable selon ses goûts de chacun.

Question N°2: comment calculer le diamètre d’une assiette crue?

Cela dépend du retrait de l’argile utilisée, disons du grès qui convient le mieux à l’usage alimentaire.

J’examine les paquets de terre à ma disposition:

Comme exemple, je prends la PRAI qui contient 40% de chamotte fine 0-0,2mm et qui convient bien pour les assiettes.

Le retrait affiché est de 5,9% au séchage et de 7% à la cuisson.

Je connais le diamètre de l’assiette plate finie après cuisson: 26cm

Je calcule le diamètre de l’assiette sèche avant cuisson:                                26cm+(7×26)/100= 27,82cm 

Puis, calcul du diamètre de l’assiette humide avant séchage: 27,82cm+(5,9×27,82)/100= 29,46cm qui est le diamètre initialement découpé dans la plaque d’argile

Attention, ceci vaut pour une assiette plate, ultra-plate sans rebord. Pour avoir le même diamètre de 26cm fini avec un rebord un peu relevé, il faut ajouter 5 à 10mm selon le type de rebord. De plus il faut prévoir que toutes les assiettes doivent avoir le même diamètre pour pouvoir s’empiler facilement. Donc, prendre dans cet exemple un diamètre de 30cm, relever le bord avec le même outil et la même épaisseur pour toutes les assiettes.

Enfin, il n’y a pas toujours les informations sur le paquet d’argile et je dois aller les chercher sur internet ou bien appeler mon fournisseur. C’est ce que j’ai fait pour le grès W11 de couleur blanche fourni par Ceram Décor:

Retrait séchage 5% et retrait 5,9% après cuisson à 1200°C

On voit ici que le retrait après cuisson dépend de la température de cuisson.  Celle-ci dépend du type d’émail utilisé. Pour le grès émaillé haute-température, ce sera une cuisson à 1200°C pour les cônes 6 et 1280°C pour les cônes 8. Je prendrai donc 6% de retrait à 1280°C.

 

Assiettes pour belles tables ?

Créer une assiette cela paraît simple car la forme varie peu. Le diamètre est de 22 et 31cm. La réalisation n’est pas très compliquée (voir chapitre en question)

Pour quel usage et pour quelle table?

La réponse est plus compliquée

Voyons ce que proposent les industriels

Pour une assiette plate standard, un diamètre de 26 à 27 cm convient pour les lave-vaisselles. Pour les petites assiettes, la taille est de 22 à 24 cm. Les assiettes creuses font 22 à 23cm.

On trouve de grandes assiettes telle que ci-dessous de 27,5 cm au prix de 8,95€

Assiette Degrenne 27,5cm

ou des assiettes de 31,5cm qualifiées d’assiettes de présentation, de grand plat ou de plat à tarte telle que celle-ci affichée au prix de 229€

     Plat-le-brésil d’Haviland 31,5cm

Ou ci-dessous cette assiette de présentation Bernardeaud ultra-plate de 31cm au prix de 249€

Benardeaud AuxOiseaux 31cm

Mieux encore, la coupe de luxe de 41cm Raynaud de Limoges au prix de 865€

Grande coupe Olivier Maillefer 41cm

Et enfin la pièce de collection en porcelaine de Sèvres. Cadeau royal français du XVIIIème siècle au prix de 7000€! mais là on n’est plus dans l’assiette, on est dans la vitrine…!

Assiette en porcelaine de Sèvres

Pourquoi cet écart de prix? A première vue, la première est en faïence, les autres sont en porcelaine. Il y a d’autres critères, l’épaisseur, le décor (industriel ou peint à la main), le type de porcelaine, les finitions, la signature, la rareté, la pièce de collection…

Voyons maintenant ce que proposent les artisans

Le magazine « La revue de la CERAMIQUE et du VERRE » de mai-juin 2025, met à l’honneur la céramiste Perrine POTTIEZ . Ses créations reçoivent les faveurs de Flavien GUARATO chef du Mertensia à Lyon.

Perrine récolte elle-même ses terres en arpentant la région autour de Toulouse. Elle prépare ses pâtes et y dépose de la sigillée, souvent à base de cendres. La cuisson au bois cède désormais la place au gaz à 1150°C. Elle n’émaille pas ses pièces, pratique des dépôts de cendres. Résultat: des couleurs telluriques qui rappellent la nature, les sous-bois, les bords de ruisseaux.

Dans son mensuel de mars-avril 2025, la même revue présente Marion GRAUX. Elle crée des assiettes roses pour Hélène DARROZE, célèbre cheffe étoilée de plusieurs restaurants.

Marion vit à Port-Louis dans le Morbihan. Elle crée ses émaux, les dépose sur des grès cuits à haute température en four électrique. Elle s’est très jeune prise d’affection pour la couleur rose qui orne son parcours.

Voyons enfin ce qu’en pensent les chefs

Découvrons la vision des arts de la table des chefs Eric Trochon, Christophe Raoux, Julien Hennote, Pierre Hermé et Christian Le Squer.

Ci-dessous des extraits de cet article :

Eric Trochon a la nostalgie des tables de son enfance, entre la porcelaine et l’argenterie des grandes occasions. Ce chef recherche l’harmonie, le confort et l’ergonomie dans un « mix and match » de matières hétéroclites. En bon esthète, il aime marier pièces en terre, en céramique, en porcelaine… et mêler le contemporain à des produits chinés.

Christophe Raoux, chef exécutif de l’école Ducasse estime que les tables ont une âme, le nouveau dressage est épuré pour magnifier le prestige des plats.

Pour Julien Hennote, les arts de la table sont le reflet d’une parfaite cohérence entre le lieu et l’esprit de la cuisine. Sa vaisselle de prédilection est contemporaine, sobre et blanche.

Pierre Hermé n’hésite pas à marier pièces blanches épurées et objets très décorés, avec toujours, une préférence pour l’artisanat français et japonais.

Pour Christian Le Squer, une belle table est avant tout une histoire d’émotion. La vaisselle est partie prenante de la beauté des plats et doit accompagner la création et la dégustation avec cohérence et esthétisme. Adepte du blanc, le chef aime marier le neutre avec les explosions de couleurs, les pièces familiales avec des objets contemporains rapportés de ses voyages.

Quelles conclusions en tirer ?

Pour dresser une belle table, je retiens qu’il faut savoir marier des pièces simples à des objets plus sophistiqués ou hétéroclites.

Pour le potier, c’est laisser libre cours à son imagination, à sa sensibilité. Peu importe la forme, la taille, la couleur de ses pièces. Ce qui compte c’est d’exprimer à travers ses assiettes sa propre vision de la table.

Car, une assiette, c’est fait avant-tout pour mettre en valeur le met qu’on se prépare à déguster.

 

 

Juxtapositions d’un émail vert

Comment juxtaposer des nuances d’émail vert ?

Choisir les types d’émaux à juxtaposer. Pour cela, je fais un choix d’oxydes parmi les différents émaux de couleur verte créés précédemment.

L’idée est de déposer au pinceau des strates d’émail juxtaposées et de voir si les couleurs attendues sont préservées ou modifiées.

1ère étape: composer chaque émail

Je compose 100g de base « Vienne 2025 » sans Oxyde d’étain et sans Oxyde de Chrome. J’ai divisé cette base en 4 pots de 25g chacun.

J’ajoute dans chacun des pots :

N°1 Oxyde de chrome 0,025g;

N°2 Oxyde de chrome 0,05g;

N°3 Oxyde de Cuivre noir 0,16g;

N°4 Ox. de Chrome0,082g+Ox. de Cuivre noir 0,082g+Carbonate de Cuivre 0,25g

Je ferme les pots avec leur couvercle et j’agite dans tous les sens pour mélanger la poudre de la base avec l’oxyde.

Je prépare de la CMC diluée dans l’eau à la concentration de 6g/l. J’ajoute 20ml d’eau + CMC dans chaque pot et mélange le tout avec un bâtonnet. Ceci permet d’étaler l’émail au pinceau sans laisser de traces de pinceau.

2ème étape: déposer sur un pot

J’applique les strates d’émail au pinceau en 2 couches selon les N° de pot .

Cuisson Cône 6 en oxydation au four électrique à 1200°C.

L’émail N°1 est vert très clair, comme attendu. Le N°2 ( oxyde de chrome à 0,20g/100g) est vert plus foncé, comme prévu. Aucune trace de l’émail N°3 Oxyde de Cuivre noir déposé en bande. Enfin, l’émail N°4 ne se distingue pas franchement du N°3.

Conclusion: l’application au pinceau de strates d’émail de concentration d’oxydes différentes crée des juxtapositions intéressantes. Mais cette juxtaposition d’oxydes différents entraîne cependant des modifications de couleur. Ici, l’oxyde de chrome a supprimé la couleur sombre attendue de l’oxyde de cuivre noir.

 

Fabriquer un émail vert

Comment faire un émail vert?

Il s’agit de faire un émail de couleur verte destiné à être appliqué sur du grès

Première étape: choisir la base de l’émail

J’ai opté pour un émail cône 6, c’est à dire cuit à 1200°C. Je vais dans Glazy.org

Je vais sur « Recipes » et coche dans mes recherches les rubriques: « White »/Oxydation/Cone6/Glossy/Opaque

J’obtiens une liste d’émaux blancs et en choisis un parmi mes préférés.

Dans cet essai, j’ai pris ma base Vienne 2025 utilisée habituellement pour l’émail rose, duquel j’ai retiré l’Oxyde d’étain et l’oxyde de Chrome.

Il reste la base:  Wollastonite: 25, Ferro Frit 3134: 20, Kaolin: 20, Silice: 20, Feldspath potassique: 15, Zircopax: 5 et Bentonite: 2

Email : BASE

 Vienne 2025

Auteur :

Daniel PORTALEZ

 
Wollastonite   25
Ferro Frit 3134   20
Kaolin   20
Silice   20
Potash Feldspar   15
Oxyde étain   5
Zircopax   5
Bentonite   2

Ensuite, 2ème étape

Deuxième étape: choisir les Oxydes

Aller sur Glazy.org et entrer les critères : « Green »/Oxydation/Cone6/Glossy/Opaque

Je n’ai changé que la couleur. On obtient une liste d’émaux. Je clique sur chacun d’entre eux et ne retiens que les oxydes utilisés. Les trois plus courants sont: Oxyde de Chrome, Oxyde de Cuivre Noir et Carbonate de Cuivre.

Je note les concentrations utilisées pour les types de vert proposés puis…

Troisième étape: faire les essais

OXYDES
1 Ox Chrome 0,66
2 Ox Cuivre noir 0,66
3 Carb Cuivre 0,66
4 Carb Cuivre 1,32
5 Carb Cuivre 2
6 Carb Cuivre 2,64
7 Ox Chr +Ox Cu Noir 0,33 + 0,33
8 Ox Chr + Ca Cu 0,33 + 1
9 Ox Cu N + Ca Cu 0,33 + 1
10 Ox Chr + Ox Cu Noir + Ca Cu 0,33+0,33+1

Je prends 100g de base. Attention, certains composants comme la wollastonite doivent être tamisés au tamis 80.  Je divise par 10 la concentration des oxydes données dans le tableau ci-dessus. Exemple: Oxyde de Chrome 0,066g…

J’ajoute chaque oxyde à la base dans 10 petits gobelets différents numérotés de 1 à 10. J’ajoute 7ml d’eau et mélange soigneusement avec un bâtonnet.

Je dépose au pinceau 3 couches alternées de ce mélange sur chaque tesson également numéroté. Enfin…

Quatrième étape: la cuisson et le résultat

Cuisson en four électrique à 1200°C (cône 6)

1=Ox.Chr 0,66 2=Ox.Cu noir 0,66 3=Ca. Cu 0,66
Ca Cu 3=0,66; 4=1,32; 5=2; 6=2,64

 

7=OxChr+OxCuNoir; 8=OxChr+CaCu; 9=OxCuNoir+CaCu; 10=OxChr+OxCuNoir+CaCu

Les couleurs varient entre le vert et le turquoise

Le plus difficile: faire un choix!

CMC (carboxy-methyl-cellulose)

La CMC ou carboxy-méthyl-cellulose

Qu’est-ce que c’est, à quoi ça sert et comment l’utiliser?

Gel d’origine synthétique, éther de cellulose très hydroscopique, c’est-à-dire qu’il se lie aux molécules d’eau pour former un gel.

Où le trouve-t-on? En pharmacie ou en droguerie ou le commander en ligne

En poterie, il a trois usages:

1/ Faire de la barbotine pour restaurer les fissures d’une poterie crue, avant cuisson.

Voyons la création de la barbotine: 30g/1L d’eau

Prendre 6 g de CMC et les diluer dans 10ml d’eau dans un petit pot en verre, en mélangeant avec un petit bout de bois. Cela donne une gélatine qui colle aux parois. Mélanger jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de grumeaux. Ne pas ajouter de vinaigre blanc comme je l’avais suggéré auparavant. J’ai essayé les deux (avec et sans vinaigre) et incontestablement l’ajout de vinaigre nuit à la propriété collante de la barbotine. Donc, mieux vaut éviter d’en ajouter.

Mettre cette solution dans 200ml d’eau et mélanger au mixeur

Ajouter 150g d’argile sèche, broyée et tamisée au tamis 80

Mélanger au mixeur

On obtient une bouillie épaisse : la barbotine. Elle est utilisée pour réparer les fissures des poteries non encore cuites, pour coller des anses. Si le pot est déjà un peu trop sec, l’humidifier au pulvérisateur là où on veut coller l’anse à plusieurs reprises avant la pose.

Pour l’utiliser, voir « les fissures d’un plat »

2/ Il sert également à restaurer un émail.

L’émail n’a pas collé partout sur la pièce. Par endroits, la terre nue apparaît. Rien de bien grave, chauffe ta pièce (soit sur le four que tu viens de lancer, soit dans le four de cuisine à 180°). Prépare l’émail et ajoute la CMC diluée dans de l’eau en très faible quantité (1g de CMC /10ml d’eau dont tu prélèves 1g pour ton échantillon d’émail). Ainsi, tu peux passer ton émail au pinceau sur la pièce chauffée et la faire recuire.

3/ Appliquer l’émail au pinceau sur un pot

Appliquer l’émail au pinceau sans laisser les traces du pinceau est délicat. Cela demande de l’habileté et de l’entraînement. L’ajout de CMC à l’émail (30g/litre) rend l’émail un peu gélatineux et permet de l’appliquer au pinceau sans laisser de traces. S’il y a encore des traces visibles ( c’est variable selon le type d’émail) on augmente la quantité de CMC jusqu’à 60g/litre).

 

Aplanir une assiette

Une série d’assiettes en grès a séché lentement, entre deux linges et deux rondeaux. Je les ai retournées matin et soir et après séchage, elles me paraissent bien planes.

Après cuisson à 980°C pour le dégourdi, le fond de plusieurs assiettes n’est pas plat. Si je les pose sur la table de la crouteuse, elles dansent un peu lorsque je les manipule.

Comment aplanir le fond d’une assiette?

La vidéo ci-dessous montre comment faire:

1/ Tamiser du sable roux avec le tamis 80  et le déposer sur la table.

2/ Déposer l’assiette sur le sable et la faire bouger avec la main placée dessus.

3/ En la retournant, on voit les traces de sable sur les endroits surélevés qu’on entoure au crayon de papier

4/ Poncer les marques à la meuleuse jusqu’à disparition

5/ Reposer l’assiette sur la table pour vérifier qu’elle est bien plane.

Si ce n’est pas le cas, recommencer l’opération plusieurs fois

Fabriquer des cônes pyrométriques

Cette idée de vouloir fabriquer ses propres cônes pyrométriques  m’est transmise par Michel Ponsa ( Narbonne). Nous l’avons rencontré au marché de printemps de Pech-Celeyran (Aude) le week-end dernier.

Ce potier amateur, créateur inventif, a fabriqué son propre tour, son four-à-gaz et bien d’autres choses… Ce qui va suivre est issu d’un document qu’il m’a remis en main propre. Il  décrit la fabrication d’une montre fusible (cône pyrométrique). En voici les 4 étapes:

Les 4 étapes de la fabrication d’un cône pyrométrique

1/ Disposer d’un moule en plâtre pour le cône

2/ Fabriquer la bouillie

3/ Assembler la poudre selon le type de cône pyrométrique

4/ Mélanger la bouillie et la poudre pour obtenir la pâte

Voyons ces 4 étapes

1/Fabriquer un moule en plâtre

Pour fabriquer un moule, voir la courte vidéo de Marc Duquesnoy  peut aider (remplacer le serpent par un cône). Il vaut mieux ne faire qu’un cône à la fois.

2/Fabriquer la bouillie

Le procédé est issu d’une communication de Clara Giorella, céramiste renommée de nationalité argentine. N’ayant pas retrouvé l’article originel, je reproduis ici le document de Michel Ponsa.

Solution A: 100ml d’eau tiède +3g de CMC * ( carboxy-méthyl-cellulose) disponible en pharmacie ou en droguerie.

Solution B: 40ml d’antigel de voiture (liquide de refroidissement) + 40ml d’eau + 20ml de solution A soit 100ml.

3/ Assembler la poudre avec les composants selon le cône choisi (encore appelée montre fusible)

Les composants sont les mêmes pour les cônes 05a, 06a et 07a destinés à contrôler la cuisson des dégourdis. Ils sont les mêmes pour les cônes 8 à 11 destinés à contrôler la cuisson des émaux haute-température appliqués sur les grès.

960°C – montre 0.7a  (g/%) : 38,2/76,4 Fritte 1254 – 11,8/23,6 Talc – 5,9/11,8 Craie – 23,5/47,0 Silice – 11,8/23,6 Alumine

980°C – montre 0.6a  (g/%) : 34,8/69,6 Fritte 1254 – 10,4/20,8 Talc – 7,8/15,6 Craie – 33,5/67,0 Silice – 13,4/26,8 Alumine

1000°C – montre 0.5a  (g): 30,8 Fritte 1254 – 9,2 Talc – 8,9 Craie – 37,8 Silice – 13,2 Alumine

1250°C – montre 8  (g/%): 21,1/42,2 Kaolin T – 23,5/47,0 Feldspath K  – 10,3/20,6 Craie – 45,1/90,2 Silice – 0/0 Alumine

1280°C – montre 9  (g/%): 21,1/42,2 Kaolin T – 21,1/42,2 Feldspath K  – 9,3/18,6 Craie – 47,9/95,8 Silice – 0,7/1,4 Alumine

1300°C – montre 10  (g): 19,3 Kaolin T – 19,3 Feldspath K  – 8,5 Craie – 51,1Silice – 1,9 Alumine

1320°C – montre 11  (g): 16,4 Kaolin T – 16,4 Feldspath K  – 7,2 Craie –  56,2 Silice – 3,7 Alumine

4/ Mélanger la poudre et la bouillie: la pâte

La préparation du mélange se fait dans un bocal de verre.  Pour 100g de poudre correspondant à la montre choisie (selon la composition ci-dessus) ajouter 35g de solution B. Fermer le couvercle du bocal et bien agiter pour obtenir une pâte homogène.  Pétrir la pâte sur un rondeau en plâtre  avec un couteau. Ensuite, estamper le colombin sur un film plastique qui recouvre la cavité du moule.  Il est recommandé de faire les montres une-à-une. C’est plus facile à manipuler et à démouler.